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Mon compte | MATTHEW SHARPE | Se déconnecter Accueil Recherche Table des articles Historique Panier Auteur : Jean LECLERCQ. Tome 4 - Colonne 1902 Titre de l'article : EXERCICES SPIRITUELS. — Les termes exercitium et exercitia, et même exercitatio, pour désigner les pratiques de la vie spirituelle, appartiennent au langage chrétien depuis les premiers siècles. Leur 1903 histoire est très homogène. Au moyen âge, les termes exercitium spirituale, exercitia spiritualia seront peu à peu utilisés pour désigner des « exercices de piété ». Le développement de ces expressions sera étudié 1) aux périodes les plus anciennes, celle de la formation de la terminologie de l'Église à l'époque des Pères et dans le haut moyen âge ; 2) aux 13e-15e siècles ; 3) dans la Devotio moderna jusqu'à saint Ignace de Loyola ; 4) un chapitre spécial présentera la doctrine du magistère sur les exercices de piété. I. ANTIQUITÉ ET HAUT MOYEN AGE1. L'ANTIQUITÉ.— 1° Sens profanes. — A la différence de ce qui est généralement le cas, le mot exercitium ne s'est pas imposé dans l'Église grâce à la Bible, où il ne se trouve qu'une fois (2 Mac. 4, 14). Il est issu de la langue profane, où il était employé dès l'époque classique. Il venait de exerceo, dérivé de ex et de la racine qui a donné arx, arca, arceo, mots qui évoquent l'idée de contenir, enfermer, protéger ; exercere, c'est d'abord faire sortir, poursuivre, ne pas laisser en repos, et, par suite, « travailler » la terre, par exemple ; par conséquent « pratiquer » (un art), l'«°exercer », et « s'exercer ». De exerceo est né exercitus, qui signifie premièrement « exercice », et fut bientôt réservé à l'exercice militaire ; le sens le plus général d'exercice passa alors à exercitium, exercitio, exercitatio (cf A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, 1932, p. 64). Dans le latin profane, exercitium désigne donc une action qui exige effort, en deux domaines principaux : celui de l'oeuvre à faire, — et il traduit alors les termes grecs γυμνασία et ἄσϰησις —, et celui de la réflexion : il équivaut surtout à ἀδολεσχία. Dans le premier sens, on l'applique aux athlètes, aux acteurs, aux danseurs, aux soldats surtout. Très tôt, le mot revêt une nuance militaire : il sert à désigner la marche, l'équitation, l'exercice en campagne (exercitium campestre), le port d'armes (armatura), bref toute forme du militare exercitium. Dans le second sens, il sert à désigner les arts, — médecine, musique, poésie, éloquence —, puis l'habileté qu'on y acquiert, l'effort pour s'y entraîner, c'est-à-dire l'étude, et même l'école. En ses deux sens, le mot donne naissance à des dérivés comme exercitor, exercitator (maître, entraîneur), exercitatorius (ce qui sert à l'entraînement). Sur ces mots et leurs sens dans la latinité ancienne, des témoignages sont cités et classés dans le Thesaurus linguae latinae, t. 5, 2, fasc. 9, Leipzig, 1939, col. 1367- 1400 ; pour exercitium en particulier, col. 1384-1387 ; pour la latinité chrétienne ancienne, quelques témoignages dans A. Blaise, Dictionnaire latin-français des auteurs chrétiens, Strasbourg, 1954, p. 327-328. 2° Sens chrétiens. — Dès le 3e siècle, saint Cyprien, parlant du Christ qui s'est plié aux épreuves de la vie humaine, écrit : « Christi adventu, qui exercitio et exemplo hominis fungeretur » (Quod idola dii non sint 12, PL 4, 579, et éd. G. Hartel, CSEL 3, 1, 1868, p. 29). D'autres auteurs chrétiens utilisent exercitium en son sens général. Mais le mot garde souvent sa résonance militaire, spécialement lorsqu'il est appliqué au martyre, à toute forme de lutte contre l'oisiveté et tous les vices ; il devient alors synonyme d'ascèse. Le texte latin de 1 Tim. 4, 7-8, dut avoir, sur ce point, de l'influence. Saint Paul avait écrit : « Exerce autem teipsum ad pietatem. Nam corporalis exercitatio ad modicum utilis 1904 est, pietas autem ad omnia utilis est ». Ce texte fut, pour une part, à l'origine d'une distinction, qui sera souvent émise plus tard, entre les « exercices corporels », c'est-à-dire surtout les pratiques de mortification, et les « exercices spirituels », c'est-à-dire les activités de prière, autrement dit les « exercices de piété ». Ainsi l'Ambrosiaster marque la différence entre l'exercitium corporale et la pietas, et il définit le premier : « Corporis autem exercitium nihil aliud quam canis frena sunt » (In Ep. 1 ad Tim. 4, PL 17, 473d-474b). Le mot « exercices » fait fortune dans le vocabulaire monastique : dans la traduction de l'Historia monachorum (laquelle devait avoir tant d'influence par l'intermédiaire des recueils de Vitae Patrum), on parle des monachorum exercitia (29, PL 21, 455c), des « exercices spirituels » (exercitia spiritualia, 7, 410d), des « exercices de vie spirituelle » (spiritalis vitae exercitia, 29, 453d), des « exercices de piété » (pietatis exercitia, prol., 387 et 390) ; Cassien parle des exercitia virtutum (Conlatio XXI, 15, 1, éd. M. Petschenig, CSEL 13, 1886, p. 590 ; PL 49, 1190d = gesta virtutum). Studium, servant à traduire ἄσϰησις, comme exercitatio, est l'équivalent de ce dernier mot : on parle de spiritualia studia, virtutum studia, salutaria studia, studium continentiae, etc (des textes sont cités dans L. Th. A. Lorié, Spiritual Terminology in the Latin Translations of the Vita Antonii, Nimègue, 1955, p. 70-71 et 98-99). Quant au mot exercitium, il est surtout associé à ce qui est particulièrement difficile et pénible : les jeûnes, les veilles, les durae crucis exercitia, comme dira saint Césaire d'Arles (Sermo 197, 1, éd. G. Morin, t. 1, Maredsous, 1937, p. 753). Plus encore qu'à propos d'un effort d'ascèse corporelle, on l'emploie pour désigner l'application de l'esprit, et spécialement cet effort de répétition, de mémoire et de réflexion qu'est la meditatio (sur le sens de ce mot, cf J. Leclercq, L'amour des lettres et le désir de Dieu, Paris, 1957, p. 19-23 et 72-73). Ce sens n'était pas inconnu des grammairiens anciens ; « exercitium est meditatio », avait écrit Servius (In Vergilii Aeneidos lib. IV commentarii, vers 171, éd. G. Thilo, Leipzig, 1881, p. 494, 5), et saint Isidore, à son tour, formulera la même équivalence : « exercitium dicitur, hoc est meditatio » (Origines seu Etymologiae XV, 2, 30, PL 82, 539a). En faveur du succès de ce mot, avec cette acception, joua, dans les milieux chrétiens, l'influence des anciennes versions bibliques latines. Exercere, exercitare et exercitatio y traduisaient, surtout dans les psautiers, ἀδoλεσχεῖν, qui est un hébraïsme correspondant à suḥ, plus souvent à siḥ. Saint Augustin disait d'ἀδολεσχεῖν : « ad animi exercitationem pertinet… Videtur mihi significare animi affectum studiosissime aliquid cogitantis cum delectatione cogitationis » (Quaestiones in Heptateuchum 1, 69, PL 34, 565d, et éd. J. Zycha, CSEL 28, 2, 1895, p. 35-36 ; dans le même sens, In ps. 118, 6, 4, CC 40, p. 1681), et ailleurs : « Exercetur quippe in justificationibus Dei laetus, et quodam modo garrulus, qui mandata ejus quae diligit, et cogitandi et operandi delectatione custodit » (In ps. 118, 14, 4, p. 1710). C'est en ce sens que exercere était appliqué, dans les anciennes versions latines du psautier, aux mystères de Dieu, à sa loi : il équivalait à « penser, proclamer, répéter pour s'en pénétrer », c'est-à-dire à meditari et à loqui, la mémorisation impliquant un effort réitéré des lèvres, qui redisent et « mâchonnent » le texte sacré. Ceci se vérifie, en particulier, dans le psautier romain et dans le gallican, qui est de saint Jérôme. Toutefois, quand Jérôme établit, plus tard, sa traduction du psautier 1905 Juxta Hebraeos, il élimina cette signification et le mot exercere lui-même, pour lui substituer meditari ou loqui. Des témoignages peuvent être trouvés dans le texte et l'apparat critique des psaumes 54, 3 ; 68, 13 ; 76, 4, 7 et 13 ; 118, 15, 23, 27, 48, 78, dans les éditions de R. Weber, Le Psautier romain et les autres anciens psautiers latins, Rome, 1953, et H. de Sainte-Marie, Sancti Hieronymi Psalterium iuxta Hebraeos, Rome, 1954, coll. Collectanea biblica latina 10 et 11. Bien qu'il ne fût pas dans la Bible avec cette signification, exercitium la revêtait à la faveur de formes verbales apparentées. Pour commenter le mot meditabitur du ps. 1, 2, l'Ambrosiaster écrira : « In Dei lege exercitium facit » (Quaestiones Veteris et Novi Testamenti 110, 9, PL 35, 2331c, et éd. A. Souter, GSEL 50, 1908, p. 275.) Dès les premiers siècles, le mot exercitium avait acquis droit de cité dans le langage des chrétiens pour désigner l'effort qu'exige la vie spirituelle dans les deux domaines de l'action (au sens ancien du terme : la pratique des vertus) et de la contemplation, autrement dit : de l'ascèse et de la mystique. 2. DANS LE HAUT MOYEN AGE, sans être l'un des plus fréquents du vocabulaire de la spiritualité, le mot exercitium reste traditionnel. On le trouve à toutes les époques, employé pour désigner soit l'ensemble des pratiques entre lesquelles doit être partagée la journée : dans sa Regula Complutensis, saint Fructueux de uploads/Religion/ leclercq-exercises-spirituels.pdf
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- Publié le Nov 29, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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