Les Cahiers d’Orient et d’Occident Lettre bimestrielle n°7 – mars/avril 2007 __

Les Cahiers d’Orient et d’Occident Lettre bimestrielle n°7 – mars/avril 2007 ____________________________________ Orient intérieur Ésotérisme occidental et oriental Romantisme allemand Documents littéraires rares ou inédits Libres destinations Tous droits réservés 2007 DE L’ORIENT INTERIEUR L’ARBRE DE L’ESOTERISME CHRETIEN L’arbre de l’ésotérisme chrétien plonge ses racines aux origines du christianisme, pourtant on prendra garde de ne pas confondre gnose et gnosticisme, dès qu’il s’agit précisément de cela aux commencements du christianisme. L’actualité a mis en lumière les évangiles apocryphes, le plus souvent d’influence gnostique. C’est une raison supplémentaire pour insister sur ce point. L’ésotérisme chrétien est une gnose, mais au sens d’une « gnose amoureuse », d’une Connaissance qui allie l’amour et la connaissance, et qui finalement n’a de relation que très marginale avec le gnosticisme alexandrin, et les théories d’un Valentin, par exemple, dont on sait qu’elles ont inspiré un certain nombre de courants hétérodoxes tout au long de l’histoire du christianisme occidental : les Cathares en sont l’exemple le plus connu. Les origines de l’ésotérisme chrétien dont nous parlons sont à rechercher ailleurs. Et cela est particulièrement évident lorsque nous évoquons les principales voies initiatiques qui le constituent, comme les branches d’un arbre, l’arbre de l’ésotérisme chrétien. Si nous recourons à cette image, c’est volontairement. Les racines en sont le christianisme lui-même, le christianisme des origines, et l’Évangile de Saint Jean ; ce n’est pas la gnose alexandrine. Le tronc ou les branches maîtresses en sont saint Clément d’Alexandrie et le pseudo-Denis, l’Aréopagite. Ni l’un ni l’autre ne sont évidemment des gnostiques, même s’ils parlent de gnose, mais au sens de connaissance (gnosis), pas de gnosticisme. Comme l’écrit Clément d’Alexandrie : « A Jacques le Juste, à Jean et à Pierre, le Seigneur après sa résurrection donna la gnose ; ceux-ci la donnèrent aux autres apôtres ; les autres apôtres la donnèrent aux 70, dont l’un était Barnabé » Pour autant ni saint Clément d’Alexandrie ni le pseudo- Denis, l’Aréopagite ne sont des mystiques. L’arbre de l’ésotérisme chrétien est à distinguer des fleurs mystiques du christianisme. 2 L’Église est un jardin où fleurissent les saints, les mystiques et que domine l’arbre de l’ésotérisme chrétien. Les saints exhalent leur parfum, le parfum de sainteté qui est le propre de la Charité ; les mystiques fleurissent, eux, dans l’amour du Christ - et les « initiés » chrétiens sont ceux en qui Dieu verdoie. Mais ce ne sont que des tendances. Les mystiques pratiquent évidemment la charité, les saints entretiennent une relation amoureuse avec le Christ - quant aux « initiés », ils ne dissocient pas l’Amour et la Connaissance. Simplement, si l’on parle d’ésotérisme chrétien, il faut avoir en tête cette distinction entre voie mystique et voie initiatique. C’est fondamental. La voie mystique, c’est l’union de l’âme avec le Christ Jésus - l’Époux, le Bien-aimé - tandis que la voie initiatique, c’est la réunion de l’homme Adam avec le Christ-Sophia, avec la Sagesse divine. * L’arbre de l’ésotérisme chrétien est ainsi formé de trois branches principales que représentent les voies suivantes : Métaphysique, Chevaleresque et Théosophique. On rencontre les mêmes voies dans le Soufisme, l’ésotérisme islamique, ou la Kabbale, qui est l’ésotérisme hébraïque. Les rapports qu’entretiennent ces différents ésotérismes sont nombreux et, à tout moment, il est possible d’opérer des rapprochements, qui sont quelquefois saisissants. Cependant, s’il est question d’ésotérisme chrétien, c’est qu’on ne saurait le confondre avec les autres arbres de l’ésotérisme occidental. D’un point de vue spirituel, l’arbre de l’ésotérisme chrétien s’enracine dans le Christ. Certes, selon René Guénon en particulier, chacune de ces traditions ne sont que secondaires par rapport à une Tradition qui est la Tradition primordiale ; on ne saurait nier, toutefois, une sorte de précellence de l’ésotérisme chrétien, en ce que c’est le sang du Christ qui l’irrigue, comme la sève irrigue l’arbre. Le Cœur du Christ est ce Graal qui a recueilli le sang du Christ sur la Croix - et la Blessure de ce Cœur est l’ésotérisme chrétien même. Pour cette raison, dans l’ésotérisme chrétien, ne peut prétendre au titre d’initié que celui qui a assisté au Coup de Lance, après avoir reposé sur la poitrine du Seigneur, et entendu les battements de son divin Cœur, comme lors de la dernière Cène ; autrement dit l’initié chrétien est celui qui aspire à la ressemblance du disciple que Jésus aimait et qui la réalise. C’est en cela que l’ésotérisme chrétien se distingue fondamentalement comme rameau unique de l’ésotérisme occidental, même si l’on parle de la Science sacrée ou divine qui est commune à l’ésotérisme chrétien, au Soufisme et à la Kabbale. 3 Dans l’ésotérisme chrétien, cette Science divine est contenue dans le Cœur transpercé du Christ. Et c’est dans le Cœur du Christ que l’initié chrétien inscrit sa démarche vers l’intérieur : l’intérieur de son propre cœur. Comme pour tout ésotérisme, en effet, il s’agit essentiellement dans l’ésotérisme chrétien de se tourner vers l’intérieur. Toutes les voies initiatiques sont des voies d’intériorité. Et il ne saurait en être autrement, même s’il faut remarquer ici qu’il n’est pas question d’extase, comme dans la voie mystique, mais d’un véritable cheminement vers l’intérieur. De l’intériorité « Où veux-tu aller chercher Dieu ? Dans l’abîme au-dessus des étoiles ? Tu ne le trouveras pas. Cherche-le dans ton cœur, dans le centre de l’engendrement de ta vie ». Jacob Boehme Toute voie initiatique se présente par conséquent comme un cheminement vers l’intérieur, de l’extérieur vers l’intérieur. Ce cheminement nécessite d’abord une initiation, ce en quoi il se distingue de la voie mystique. Qu’est-ce qu’une initiation ? C’est une influence spirituelle communiquée par un maître - or, qui est le maître, dans l’ésotérisme chrétien ? C’est, par excellence, le Christ. Il faut, ensuite, une méthode pour progresser sur le chemin - et, quelles sont ces méthodes dans l’ésotérisme chrétien ? Ce sont les sacrements, et le sacrement par excellence de l’ésotérisme chrétien, c’est l’eucharistie. Simplement, l’eucharistie n’est pas ce « repas partagé », cette vague cérémonie communautaire qu’elle est devenue, elle est une nourriture divine et elle est, dans l’ordre de l’ésotérisme chrétien, la nourriture de l’initié. Elle est en quelque sorte son viatique sur « le chemin mystérieux qui va vers l’intérieur ». C’est même ainsi que le Christ s’avance au devant de son disciple, sous les espèces du pain et du vin. Naturellement, il existe d’autres modes de réalisation spirituelle, mais pourquoi chercher ailleurs de quoi combler notre aspiration à la vie intérieure quand nous disposons d’un tel truchement ? Il faut croire qu’il existe une bien grande méfiance à l’égard de l’Église. Pourtant, le sacrement, lui, demeure indemne - il suffit de le comprendre en relation avec l’ésotérisme chrétien, dans l’esprit. 4 On en conclura que, de même que le Christ de l’ésotérisme chrétien est le Christ-Sophia, et non seulement Jésus-Christ, et qu’il est le Maître par excellence, de même le sacrement de l’Eucharistie en tant que mode de réalisation spirituelle se révèle le mode par excellence de l’ésotérisme chrétien. C’est l’initiation qui permet de le comprendre - et l’initiateur, c’est le Christ-Sophia lui-même, Sophia, la SAGESSE DIVINE. (C’est pourquoi l’œuvre de Jacob Boehme revêt cette importance exceptionnelle que nous lui attribuons.) DOCUMENTS D’ORIENT ET D’OCCIDENT 5 MARIE-MADELEINE DAVY Projections MERCI J’ai dit merci au vent qui soulève mes cheveux. J’ai dit merci aux arbres dans leur parure d’été et dans le dénuement de leur hiver. J’ai dit merci aux oiseaux car ils annoncent l’aurore. J’ai dit merci aux fleurs qui témoignent de la lumière. J’ai dit merci au brin d’herbe qui enseigne la sagesse. J’ai dit merci à l’eau qui révèle à chacun ses propres traits. J’ai dit merci à la terre dans laquelle le grain meurt pour germer. J’ai dit merci à la lune et j’ai mesuré mon ombre. Je ne savais pas comment remercier le soleil. J’ai accepté simplement la brûlure de sa flamme sur mon visage. Quand j’ai voulu remercier les hommes, je me suis retourné pour leur sourire, mais j’ai vu qu’ils couraient et n’avaient point le temps d’écouter. Je me suis trouvé seul et il n’y avait sur le sable aucune trace de leurs pas. Je les ai remerciés de ne s’être point attardés. Et j’ai dit merci au silence de m’avoir ouvert son secret. O NUIT O nuit, je te croyais sombre et j’ai cru qu’il fallait marcher à tâtons pour éviter les pierres des chemins. J’ai pensé qu’il convenait d’avancer les bras et les mains comme font les aveugles le jour. J’ai murmuré contre toi. Je te croyais hostile et je n’ai point hésité à te traiter comme une ennemie. Tu me paraissais close, ô nuit privée de fenêtres. Je te croyais si muette, ô nuit si profondément grave. Il me semblait que tu devais être éternelle, ô nuit qui paraît sans fin. J’ai voulu m’éloigner de toi et desserrer ton étreinte. J’ai tenté de te perdre, ô nuit, pour m’échapper. Tu noyais mes yeux et je voulais voir. Tu plaçais un verrou sur mes lèvres et je voulais parler. Tu attachais des poids lourds à mes pieds uploads/Religion/ les-cahiers-d-x27-orient-et-d-x27-occident-7.pdf

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  • Publié le Oct 25, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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