Traduction et commentaires de G. Strehly, 1893. Chapitre 1.....................
Traduction et commentaires de G. Strehly, 1893. Chapitre 1....................................................................................3 Chapitre 2..................................................................................12 Chapitre 3..................................................................................28 Chapitre 4..................................................................................46 Chapitre 5..................................................................................61 Chapitre 6..................................................................................71 Chapitre 7..................................................................................78 Chapitre 8..................................................................................92 Chapitre 9................................................................................117 Chapitre 10..............................................................................142 Chapitre 11..............................................................................152 Chapitre 12..............................................................................172 Chapitre 1 1Manou était assis, absorbé dans la méditation; les Grands Sages s'approchèrent de lui, et l'ayant dûment salué, lui tinrent ce langage : Manou : ce nom désigne quatorze ancêtres mythologiques de l'humanité, dont chacun gouverne la terre pendant une période de 308.720.000 ans, dite Manvantara (un âge de Manou). Le plus ancien de ces Manous est Svàyambhuva issu de Svayambhû (l'être existant par lui-même). C'est à ce premier de tous les Manous qu'est attribué le Livre des Lois. — Absorbé dans la méditation : mot à mot « ayant une seule fin », qui est l'identité du moi avec l'âme suprême. — Les Grands Sages : le nom de rshi (sage) désigne les personnages inspirés auxquels les hymnes védiques ont été révélés. Il y en a plusieurs classes parmi lesquels on distingue les Grands Sages ou Maharshis au nombre de sept. — Dûment : on peut aussi rattacher cet adverbe au verbe suivant. — Avant ce premier verset, certains manuscrits en insèrent un autre dont voici le sens : « Ayant adoré le Brahme existant par lui-même, dont le pouvoir est sans bornes, je vais dire les diverses lois éternelles promulguées par Manou. » J'emploie la forme Brahme pour traduire brahman, mot neutre qui désigne le dieu suprême impersonnel, l'absolu, et Brahmâpour traduire brahman, mot masculin qui désigne le créateur de l'univers. 2« Bienheureux ! Daigne nous exposer exactement et par ordre les devoirs de toutes les castes (principales) et des castes intermédiaires. Les castes principales : c'est-à-dire Brahmanes, Kchatriyas, Vaisyas et Soudras. Les castes intermédiaires sont celles qui sont issues du mélange des autres. Les trois premières castes sont appelées doija, deux fois nées, c'est-à-dire régénérées par le sacrement de l'initiation. Cette qualification désigne quelquefois plus particulièrement la caste brahmanique. 3Toi seul en effet, ô Seigneur, tu connais les effets, la vraie nature et le but de cet ordre universel (établi par) l'Être existant de lui-même, inconcevable et insondable. » On peut aussi faire de Svayambhuvah un adjectif se rapportant à vidhânasya : le sens est alors « ce système universel existant par lui-même ». C'est ainsi que traduit Loiseleur. [Je désignerai par L. la traduction de Loiseleur, par B. celle de Bühler et par B. H. celle de Burnell et Hopkins; par Kull. le commentaire de Kullüka.] L'Être existant par lui-même: c'est-à-dire Brahmâ. 4Ainsi dûment interrogé par eux, Celui dont le pouvoir est sans bornes, après avoir rendu à tous ces Sages magnanimes leurs salutations, répondit : « Écoutez ! » L'adverbe dûment peut aussi être rapporté au verbe qui signifie vénérer. 5Ce (monde) était obscurité, inconnaissable, sans rien de distinctif, échappant au raisonnement et à la perception, comme complètement dans le sommeil. Tamobhutam : « consistant en ténèbres ». Les commentateurs s'accordent à expliquer tamas par mùlaprakrti, la nature comme cause primordiale de tout ce qui est, conformément au système Sankhya. Ce dernier représente une des six écoles philosophiques de l'Inde et a été fondé par le sage Kapila. Sur les doctrines philosophiques des Hindous, consulter les Essais de Colebrooke. 6Alors l'auguste Être existant par lui- même, lui qui n'est pas développé, développant cet (univers) sous la forme des grands éléments et autres, ayant déployé son énergie, parut pour dissiper les ténèbres. On peut aussi réunir mahâbhûtàdi à vrttaujàh et en faire un seul composé de dépendance : le sens serait alors : « Ayant déployé son énergie sur les grands éléments et les autres (principes) » — par « grands éléments » il faut entendre les cinq suivants : terre, eau, feu, air, éther. Chapitre 1 7Cet (Être) que l'esprit seul peut percevoir, subtil, sans parties distinctes, éternel, renfermant en soi toutes les créatures, incompréhensible, parut spontanément. Parut « sous la forme du monde sensible ». Svayam udbabhau (que L. traduit par « déploya sa propre splendeur ») semble un jeu de mots étymologique pour expliquer Svayambhû, par une confusion volontaire des racines bhâ briller et bhù être. 8Voulant tirer de son corps les diverses créatures, il produisit d'abord par la pensée les eaux, et y déposa sa semence. Par la pensée, c'est-à-dire « rien qu'en le voulant ». — On peut aussi entendre abhidhyàya par « après avoir médité ». L. traduit : « Ayant résolu dans sa pensée de faire émaner, etc. ». — Sa semence ou bien d'une façon plus générale « une semence, un germe ». 9Cette (semence) devint un œuf d'or, aussi brillant que le soleil, dans lequel il naquit lui-même „(sous la forme de) Brahmâ, le père originel de tous les mondes. Lui-même ou encore « spontanément ». Svayam fait allusion au nom de Svayambhû dont Brahmâ est l'incarnation première. On peut aussi traduire « dans lequel naquit spontanément Brahmâ ». — Tous les mondes ou suivant L. « tous les êtres ». 10Les eaux sont appelées Nârâs, car elles sont filles de Nara; comme elles ont été son premier séjour (ayana), il en a pris le nom de Nârâyana. Explication par un jeu de mots du nom de Nârâyana (qui a pour séjour les eaux). Nara, l'homme, désigne ici l'homme par excellence, le prototype de l'humanité, Brahmâ. Dans les anciennes légendes théogoniques connues sous le nom de Purânas, ce surnom désigne ordinairement Vichnou. 11De cette cause (première) indistincte, éternelle, renfermant en soi l'être et le non-être, est issu ce Mâle connu dans le monde sous le nom de Brahmâ. Ce mâle, Purusha : allusion à l'hymne Purusha attribué à Nârâyana, Rig Véda, 10, 90. — Suivant les commentateurs, la cause première c'est l'Ame suprême, le Paramâtman. 12Dans cet œuf le bienheureux demeura toute une année; puis, de lui-même, par l'effort de sa seule pensée, il divisa l'œuf en deux. Le bienheureux : terme de vénération d'un emploi fort général : il s'applique non seulement aux divinités telles que Vichnou, etc., mais aussi à des mortels ayant un caractère de sainteté. Suivant Kull. il faut entendre ici par le mot année une année de Brahmâ. Sur la durée de celle-ci cf. le v. 72 du même livre. 13De ces deux moitiés il fit le ciel et la terre, et entre les deux l'atmosphère, et les huit points cardinaux, et l'éternel séjour des eaux. Les huit points cardinaux: c'est-à-dire les quatre principaux, N., E., S., O., et les quatre intermédiaires N.- E., S.-E., N.-O., S.-O. 14De lui-même il tira l'Esprit, renfermant en soi l'être et le non-être, et de l'Esprit il tira le sentiment du moi qui a conscience de la personnalité et qui est maître ; De lui-même: toujours le double sens de âtman qui est à la fois un substantif signifiant « l'âme, le moi » et un pronom réfléchi, ipse. L. traduit ici par l'âme suprême (?) — L'épithète de sadasadâtmakam, déjà employée au v. 11 est obscure ; suivant B. « qui est à la fois réel et non réel ». B. H. « qui est et qui n'est pas ». L. « qui existe par sa nature et n'existe pas (pour les sens) ». — Abhimantar est traduit dans le Dictionnaire de Saint-Pétersbourg par « celui qui désire ». B. H. traduit « gouverneur ». L. « moniteur ». Page 4 sur 182 Chapitre 1 15Et aussi le grand (principe), l'âme, et tous les (objets) qui possèdent les trois qualités, et successivement les cinq organes des sens qui perçoivent les.choses matérielles. Le grand principe, le mahat est appelé aussi l'intelligence (buddhi). Du reste on pourrait rapporter mahàntam à âtmânam, « le grand âtman ». Suivant Kull. le mahat est appelé l'âme « parce qu'il est produit par l'âme ou bien parce qu'il rend service à l'âme ». — Les trois qualités sont celles qui sont ênumérées au livre XII, v. 24: sattva, la bonté, rajas la passion, et tamas l'obscurité. 16(Prenant) des particules subtiles de ces six (principes) dont le pouvoir est illimité, (et les) combinant avec des éléments (tirés) de lui-même, il en créa tous les êtres. Ces six principes sont, suivant Kull., l'ahankâra ou sentiment du moi et les cinq tanmâtra ou éléments subtils qui produisent en se transformant les éléments plus grossiers, tels que l'éther, l'air, le feu, l'eau et la terre. Peut- être, comme le remarque B. H., ces six principes sont-ils tout simplement le manas ou sens interne combiné aux cinq grands éléments. 17Et parce que ces six (sortes de) particules subtiles (émanées) du corps de Brahmâ entrent (cri) dans ces (créatures), les Sages ont appelé sa forme visible corps (çarîra). Jeu de mots étymologique sans aucune valeur, comme tous ceux qui émaillent le texte de Manou : çri et çarîra n'ont aucun rapport. — La forme visible mûrti. Je traduis par cette périphrase à défaut d'un synonyme de corps. B. H. traduit : « Comme les éléments subtils des formes corporelles de cet un dépendent de ces six, les sages... etc. ». L. : « Et parce uploads/Religion/ lois-de-manou.pdf
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- Publié le Nov 13, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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