1 ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHO
1 ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHODOXIE et MODERNITE ORTHODOXIE et MODERNITE L’Eglise au quotidien dans le monde, aujourd’hui « Aujourd’hui, c’est le principal de notre salut, et du mystère pré éternel la manifestation », célèbre la sainte Eglise le 25 mars, Moment où le Verbe, le Fils de Dieu, devient Homme. « Le Christ est ressuscité ! », attestons-nous au présent dans la joie et la force de l’Esprit. La proclamation du saint Evangile commence par εν καιρω εκεινω, « dans ce Moment-là », le moment absolu de la révélation divine. Le temps, l’Histoire et ses grands moments, comme l’espace lui-même, le temps chronologique (χρονοσ) comme le temps absolu (sorte de méta temporalité, αιων, où « tout est accompli »), en toutes leurs dimensions, appartiennent au Dieu Homme et à l’Esprit issu du Père qui, au travers du même Verbe devenu chair, devenu Homme, transfigure, sanctifie et inspire la créature à l’image et à la ressemblance de Dieu, l’être humain. Ce même Esprit réconfortait les saints apôtres et les disciples confrontés à leurs contemporains. A nous également, conscients de participer au même Moment de l’accomplissement du projet divin, fragiles pourtant devant notre époque (« Temps modernes », « époque contemporaine », « modernité » et « post-modernité », etc.), le Consolateur, avec la douceur qui lui est propre, dans l’Aujourd’hui de sa miraculeuse descente sur les croyants, dit à notre intelligence tournée vers le cœur : « n’aie pas peur, petit troupeau ! » (Luc 12, 32). Et Il nous console en nous montrant le Christ à la fois présent avec nous dans le monde et venant vers nous dans ce monde et pour « le siècle qui vient ». La modernité s’envisage ainsi dans un registre qui est celui de la seigneurie du Trois fois Saint sur et dans la temporalité, et donc l’actualité. Nous pouvons envisager l’Orthodoxie ecclésiale elle-même comme la modernité par excellence, mystère et sacrement de la Parousie, ouverte à la proue du monde vers le Royaume ; nous pouvons également parler de la modernité comme actualisation de l’Orthodoxie par le saint Esprit à travers la communauté des disciples ; mais le rapport de l’Orthodoxie à la modernité constitue finalement la responsabilité eschatologique des baptisés devant le Père. I. L’Orthodoxie nous apparaît comme modernité substantielle I. L’Orthodoxie nous apparaît comme modernité substantielle I. L’Orthodoxie nous apparaît comme modernité substantielle I. L’Orthodoxie nous apparaît comme modernité substantielle, comme actualité de la présence divino humaine du Christ dans son monde, comme réalité ecclésiale, angélique, humaine et cosmique de l’Union hypostatique ou Incarnation historique du Verbe. A. Quel problème la modernité nous pose-t-elle ? Et pourquoi fait-elle problème pour nous si notre conscience ecclésiale porte et contemple dans la Foi cette réalité de la présence du Verbe dans son monde ? a) prenons le nom d’Orthodoxie pour signifier la juste glorification du Seigneur trois fois Saint, un sens de la vérité qui s’enracine dans l’expérience ecclésiale. « Vraie foi », au sens de la Foi confessée par la vie de l’Eglise de façon holistique dès la Pentecôte, elle est en même temps un mode de vie communautaire – ecclésial – liturgique, censé glorifier précisément au quotidien la sainte Trinité. L’expérience de l’Eglise catholique c’est-à-dire « selon la totalité », plénitude de la pensée, de la prière et de la vie, demeure, enracinée 2 dans l’émerveillement des Myrhophores et des compagnons d’Emmaûs, et continuant à se manifester, dans la trame chronologique du temps, dans chaque chapitre de l’Histoire, y compris dans celui que notre génération écrit. Christos Yannaras parle, comme critère de l’Orthodoxie, de « persistance de l’Eglise a identifier la vérité à la vie, et la vie à son seul vecteur hypostatique : la personne » (FVE p.175). b) la modernité de l’Orthodoxie, sa permanente actualité, se distingue du modernisme – prétendue mise à jour à chaque époque du donné révélé –, du phénomène de la sécularisation qui opacifie la transparence de l’Histoire à la présence seigneuriale du Ressuscité ; elle se discerne d’une culture de l’objectivation du monde ou de l’institution ecclésiale, liée à une démarche de connaissance qu’elle propose de dépasser sans cesse, celle d’un objet par un sujet connaissant. La norme du salut se trouve dans la personne du Christ « toujours avec nous jusqu’à la fin du monde », et non dans le monde lui-même et sa culture des objets de convoitise et de possession. Et les membres du Seigneur, les baptisés que nous sommes, sont avec lui et en lui dans son monde. Il est vrai qu’ils ne sont pas « du monde », ils sont du Christ et de son Eglise, et ils tiennent leur nom de chrétiens de son Nom. Leur modernité est paradoxale. Le modernisme est un processus continuel et actif de relativisation ; il prend pour norme la mode, de même étymologie ; le latin modo veut dire récemment ; moderne dans un sens faible désigne ce qui vient d’arriver, le dernier cri, et ce qui passe. Il est né de l’objectivation de Dieu, de l’Homme et de la nature depuis la fin du Moyen Age occidental. La langue grecque a calqué le mot µοντερνισµοσ sur le mot latin, à défaut d’avoir un mot pour désigner une réalité si étrangère à l’esprit chrétien apostolique et patristique, qui était à la fois enraciné dans la genèse du monde (τα προτολογια), martyre dans le temps présent, et tendu vectoriellement vers l’accomplissement du vouloir divin (εσχατολογια). c) Le concept théologique de « modernité », le mot pris dans son acception la plus forte, correspond au mot grec συγχρονια qui a une vraie profondeur pour la conscience ecclésiale. La modernité pour l’Orthodoxie sera la « synchronie », la synthèse de l’éternel et du temporel ; elle est également « diachronique », c’est-à-dire en expansion dans tous les temps, contemporaine de tous les âges, du 21ème siècle comme des Pères apostoliques. Le terme de συγχρονια est antinomique. Les païens voient dans la synchronie la coexistence du divin et du monde, parce qu’ils ne connaissent par la distinction absolue révélée dans l’acte créateur. Mais la pensée biblique et ecclésiale, exprimée notamment par Méthode d’Olympe (ουκ ην τι συγχρονον τω θεω) et saint Jean Chrysostome, dénonce cette confusion, affirmant que rien ne peut être dit contemporain de Dieu, l’Eternel, le Souverain, Adonaï ! Dieu est en phase avec lui-même, c’est sa vie éternelle de Père, de Fils et d’Esprit, inconnaissable cohérence des hypostases dans l’unité de nature. Dans l’absolu, et hors-temps, Dieu n’est coexistant qu’avec lui-même ! Toutefois, et c’est là l’essentiel de notre méditation, συγχρονοσ désigne celui qui est contemporain (Clément d’Alexandrie, Str. 1, 21), celui qui « vit en même temps que » d’autres (Eusèbe de Césarée, H.E. 4, 7.9). C’est encore celui ou celle qui passe du temps avec un autre (Origène In Ps. 25, 4), celui qui se trouve εµπαθωσ selon l’expression de Marc l’Ermite. Telle est la modernité : synchronie et empathie, sympathie et donc compassion, avec ceux de tous les temps, du Paradis au Royaume, mais en particulier avec ceux du temps où l’on vit. Moderne, celui qui habite avec nous, comme le dit saint Jean du Verbe incarné (Jn. 1, 14) : qui « plante sa tente ». C’est une tente, signe du nomadisme de 3 l’Etranger, mais cette tente est plantée dans un sol précis, εν ηµιν, « parmi nous » : « le Christ est parmi nous ! Il l’est et Il le sera, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles ! », c’est-à-dire contemporain de tous les registres du temps. Précisément, notre Père parmi les saints Sophrone de Jérusalem, qui avec saint Maxime le Confesseur, fut appelé à témoigner de la réalité de l’Incarnation et de la présence du Christ vrai Dieu et vrai Homme dans l’Eglise et dans la création, parle de « synchronie » à propos de l’Incarnation du Verbe, la glorieuse Union hypostatique. C’est une affirmation qu’i faut poser en même temps que celle de saint jean Chrysostome : « Il a été dans le monde mais Il ne l’a pas été en tant que coexistant (συγχρονοσ) au monde » (Hom. 8 sur Jean). La divinité et l’humanité sont en lui totalement unies, mais sans confusion pour autant ! La compréhension orthodoxe de la modernité est dans la conscience simultanée de la coexistence réelle du Christ au monde par son humanité, et de sa transcendance non moins réelle, par sa nature et sa personne divines : le Christ est et n’est pas synchrone avec son monde, Il coexiste et ne coexiste pas avec son monde et avec nous. L’antinomie est souvent le sceau de la juste glorification ! Par ailleurs saint Jean dit encore du Seigneur habitant parmi nous, en nous et parmi nous, que nous contemplons sa gloire. La modernité selon la conscience ecclésiale est, non seulement la contemporanéité de Dieu par l’Incarnation, mais encore la révélation de cette glorieuse présence – Parousie - par le saint Esprit. Vivre l’esprit orthodoxe, c’est voir cette présence divino humaine ici et uploads/Religion/ orthodoxie-et-modernite-par-le-pere-marc-antoine-costa-de-beauregard.pdf
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- Publié le Aoû 15, 2022
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