Le Vatican, son histoire et ses trésors Paul Poupard Président émérite du Conse
Le Vatican, son histoire et ses trésors Paul Poupard Président émérite du Conseil pontifical pour la Culture Ancien président pour le dialogue interreligieux du Saint Siège De la tombe de Pierre sur laquelle se dresse la basilique Saint-Pierre, au successeur de Pierre dont la résidence a été érigée dans sa proximité immédiate, deux millénaires se sont inscrits en une continuité impressionnante. Le Vatican, qui en est le lieu, en est devenu le symbole, parce qu'il est le siège d'une entité originale, le Saint-Siège, expression juridique du gouvernement central de l'Église catholique, qui compte plus d'un milliard de fidèles de toutes langues et cultures, répandus dans le monde entier... S.E. le Cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la culture, auteur de nombreux ouvrages – dont, récemment, Le Christianisme à l'aube du nouveau millénaire et Ce Pape est un don de Dieu, publiés chez Mame/Plon – nous relate cette longue histoire à la lumière des œuvres qui l'ont illustrée. Une tombe, un palais, un État Au c°ur de la ville de Rome, la Cité du Vatican est un État souverain internationalement reconnu au lendemain des accords du Latran, le 11 février 1929. D'une modeste superficie de quarante-quatre hectares qui tiendraient aisément dans le bois de Boulogne, cet État singulier dont le pape est le chef, au rayonnement mondial sans proportion avec son aire géographique des plus exiguës, le nombre fort réduit de ses habitants ± 684 au total ± et l'absence de toute activité économique, tient son existence de la venue à Rome, voici deux millénaires, de Pierre, disciple du Christ, de son martyre et de sa sépulture. Sa tombe creusée sur la colline du Vatican attira les pèlerins, appela la construction d'une basilique, puis d'une résidence qui deviendrait la demeure des papes, successeurs de Pierre. Aussi le Vatican, comme on l'appelle familièrement, est-il tout à la fois une basilique, un musée, un palais, une capitale et un haut lieu spirituel. La colline du Vatican émerge de l'histoire comme un haut lieu de vaticinations, vaticinia, qui lui ont donné son nom. Sous l'Empire romain, les courses de chars se déroulaient dans le cirque du Vatican. Commencé par Caligula, il fut achevé par Néron, de sinistre mémoire. Le cruel empereur, nous le savons par Sénèque, y fit immoler des victimes humaines, à la lueur des flambeaux. Selon une tradition immémoriale, l'apôtre Pierre, venu à Rome implanter l'Église au c°ur de l'empire, périt de cette manière et sa mémoire est honorée comme martyr. Au début du IIIe siècle apparaît la tradition selon laquelle le pêcheur de Galilée aurait été crucifié la tête en bas, comme il est représenté dans un haut-relief du XVe, dans les grottes vaticanes, sous la basilique. Le premier édifice en l'honneur de l'apôtre fut construit par Constantin, premier empereur chrétien, sans doute vers 322, une dizaine d'années après la paix de l'édit de Milan. Cette basilique demeura substantiellement intacte jusqu'au XVe siècle. En 1506, le pape Jules II donna ordre à Bramante de jeter bas l'édifice pour ériger à nouveaux frais ce qui deviendrait l'actuelle basilique de Michel-Ange et du Bernin. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, le pape Pie XI exprima le désir d'être enterré au plus près de la tombe de Pierre. Pour accéder à ce v°u, son successeur Pie XII entreprit les travaux nécessaires. Ceux-ci mirent à jour le pavement de l'ancienne basilique constantinienne, puis, sous ce pavement, un grand nombre de sépultures chrétiennes, et enfin une nécropole romaine, qui remonte aux IIe et IIIe siècles. Deux campagnes de fouilles, menées de 1939 à 1949, puis de 1953 à 1958, révélèrent une donnée étonnante : pour créer la base nécessaire à l'édification de la basilique de Constantin, ses architectes avaient dû à la fois remplir de terre et entrecouper d'°uvres massives de soutènement une zone encore non utilisée de la nécropole, et en même temps entailler une partie de la colline du Vatican. Pourquoi avoir entrepris de tels travaux dans un lieu sacré, par ailleurs très incommode en raison du sol argileux qui demandait d'importants drainages et un terrassement considérable à flanc de coteau ? Tout aurait dû faire écarter ce site, s'il n'y avait pas eu la tradition constante de la présence du tombeau de Pierre près du lieu du martyre. La place Saint-Pierre et la colonnade du Bernin La première pierre de la basilique constantinienne avait été posée par le pape Sylvestre le 18 novembre 326. Après plus d'un millénaire, dans le climat de la Renaissance, l'idée se fit jour de construire une nouvelle basilique. La décision du pape Jules II fut menée à bien par ses successeurs Paul III, Sixte Quint, Paul V, avec le concours de cinq architectes prestigieux, Bramante, Michel-Ange, Giacomo della Porta, Maderno, le Bernin. Urbain VIII consacra la nouvelle basilique le 18 novembre 1626, treize siècles, jour pour jour, après la première. C'est Donato Lazzari, dit le Bramante, qui en avait jeté les premières fondations. Paul V fit allonger la nef pour de plus amples cérémonies et transformer la croix grecque en croix latine. Celle-ci apparaît au débouché de la via (rue) de la Conciliation, percée pour commémorer la signature du concordat entre Pie XI et le roi d'Italie, le 11 février 1929, et qui s'ouvre sur la majestueuse place Saint-Pierre. La colonnade du Bernin en est le plus bel ornement. Elle donne à la plus grande basilique du monde ± cent quatre-vingt-sept mètres de long et cent cinquante de large entre les extrémités des bras de la croix ± un atrium digne d'elle. Construite de 1657 à 1667, avec ses deux cent quatre-vingt-quatre colonnes, ses quatre-vingt-huit piliers et ses cent quarante statues de saints en marbre, la colonnade du Bernin accueille le pèlerin avec une immense majesté et l'invite à gravir les degrés du sanctuaire. La place Saint-Pierre, qu'elle enserre de ses deux bras grands ouverts, mesure trois cent quarante mètres de long, avec une largeur de deux cent quarante mètres. L'ampleur en est telle qu'elle donne l'impression de déboucher sur bien autre chose que le plus petit État du monde, l'État de la Cité du Vatican, où bat le c°ur de la chrétienté et se succèdent les pèlerins. En ce majestueux décor planté par un talentueux scénariste, les proportions harmonieuses font oublier les dimensions réelles : trois mètres pour les statues et dix-huit mètres soixante pour les colonnes de travertin. Incrustée dans le dallage entre l'obélisque central et les deux fontaines, une pierre ovale indique le lieu central d'où la double rangée de colonnes se fond en une immense rangée d'arbres. C'est Caligula qui, en l'an 39, fit transporter ce monolithe de marbre de quarante et un mètres vingt-trois de haut et d'un poids de trois cent douze tonnes, d'Héliopolis en Égypte au cirque dit plus tard de Néron, où Pierre périt, crucifié. Sixte Quint le déplaça en 1586 au centre de la place Saint-Pierre et le couronna d'une grande croix en fer forgé contenant une relique de la vraie croix. Sur la place, le ruissellement des deux fontaines se déverse en deux vasques superposées, après avoir jailli jusqu'à quatorze mètres de hauteur. Rendez-vous de la catholicité, la place Saint-Pierre, à l'heure de la télévision, est devenue une scène grandiose, admirablement adaptée aux célébrations liturgiques des grandes heures de la vie de l'Église. Le 11 octobre 1962 y vit la solennelle procession d'ouverture du second concile °cuménique du Vatican ± l'image étonnante s'est gravée en ma mémoire ±, avec deux mille évêques en chape et mitre blanche précédant le vieux pape Jean XXIII tassé sur la sedia gestatoria. Le 8 décembre 1965, Paul VI y clôtura le concile, en adressant ses messages au monde. C'est là que Jean Paul II inaugura son ministère pontifical, le 22 octobre 1978, après les trente-trois jours du pontificat de Jean Paul Ier, et que se sont déroulées les principales célébrations de l'Année sainte du Grand Jubilé de l'an 2000. Au fond de la place, un large perron en forme de terrasse, accessible en pente douce par le milieu, et flanqué des deux côtés de vingt-deux marches d'escalier, conduit à la basilique. Les deux statues monumentales de Pierre et Paul l'encadrent. Avec saint Jean-Baptiste, les apôtres entourent le Christ qui, de sa stature, domine l'immense façade, au-dessus de l'inscription en l'honneur de Paul V Borghèse, pontife de Rome, en l'an 1612, le septième de son règne. La façade a cent quinze mètres de long et quarante-cinq de haut. Le diamètre des colonnes est de deux mètres soixante-cinq, les statues du Christ et des apôtres mesurent cinq mètres soixante-dix. Le bourdon placé sous l'horloge de gauche a sept mètres cinquante de circonférence et pèse neuf tonnes trois. L'atrium de Maderno mesure cent quarante mètres. Il est flanqué de deux statues équestres : Constantin, à droite, du côté de la Scala Regia, est l'°uvre de Bernini (1670), et Charlemagne, à gauche, de Cornacchia (1725). La mosaïque de Giotto (1290) se trouve depuis l'Année sainte de 1975 au-dessus de l'entrée principale de la basilique. Les portes de la basilique Cinq portes monumentales donnent accès à uploads/Religion/ pdf-le-vatican-son-histoire-et-ses-tresors 1 .pdf
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- Publié le Oct 29, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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