Antoine Faivre Une collection maçonnique inédite : le fonds Bernard-Frédéric de
Antoine Faivre Une collection maçonnique inédite : le fonds Bernard-Frédéric de Turckheim (second article) In: Revue de l'histoire des religions, tome 175 n°2, 1969. pp. 165-191. Citer ce document / Cite this document : Faivre Antoine. Une collection maçonnique inédite : le fonds Bernard-Frédéric de Turckheim (second article). In: Revue de l'histoire des religions, tome 175 n°2, 1969. pp. 165-191. doi : 10.3406/rhr.1969.9446 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1969_num_175_2_9446 UNE COLLECTION MAÇONNIQUE INÉDITE : Le fonds Bernard-Frédéric de Turckheim (suite)1 — Une lettre de Charles Lefort. 1er août (s. a.), château de Turquestein, par Saarbourg. Charles Lefort a été au Ban-de-Ia-Roche. Il connaît le célèbre pasteur Oberlin, du Banc-de-la-Roche. — Dix lettres de Frédéric Lefort à Bernard de Turckheim ; deux sont datées de 1784 ; les autres, de 1788, sont presque toutes écrites à Richterswyl près de Zurich2. En 1788, Bernard de Turckheim met J.-C. Lavater en rapports avec F. Lefort qui doit se soigner à Richterswyl (13 mai, sans doute 1788). Le 2 juin 1788, F. Lefort écrit que Lavater lui a parlé de B. de Turckheim « avec tout l'intérêt possible, ainsi que de votre aimable et digne femme »3. J.-C. Lavater, « sa femme, ses enfans et ses amis rappellent véritablement l'âge d'or, et je ne puis vous exprimer le plaisir que j'ai éprouvé dans sa maison et notamment dans la société de Made Lavater ». Après avoir parlé de cette dame en termes 1) Suite de l'article publié dans ННП, janvier-mars 1969, p. 47-67. Un résumé de l'ensemble est donné en tète de la première livraison. Le présent texte poursuit l'inventaire des lettres trouvées dans le fonds maçonnique В.- F. de Turckheim. 2) Frédéric-Henry de Lefort (ah Elephanle), colonel en second du régiment de Bouillon, né en 1744. Il fait partie de la Maçonnerie écossaise d'Alsace ; son nom iisrure en 1782 sur le Tableau de la Loge de Ferdinand aux neuf Êloiles à Strasbourg ; en 1784, il est inscrit sur la liste des « dignitaires et officiers » de cette Loere cf. aussi l'article cité du Bulletin). Dans Mon portrait :<>p. cil., p. 147}, Saint-Martin nomme « les Lefort » parmi les personnes de Strasbourg qui l'ont intéressé ou qu'il a vues. 3} (Test-à-dire Lili Schônemann, l'ancienne amie de Gœthe, devenue Mme Bernard de Turckheim. 11 166 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS louangeux, il ajoute : « Parmi ceux des amis Zurichois de Lavater que j'ai vus, je distingue particulièrement le Diacre Pfenninger1, et le Dr. Hotze, chez qui je serai dans deux jours à demeure [...]. Ce Monsr Hotze est un homme peut-être plus distingué encore par ses vertus, que par son expérience. » Hotze connaît « les avantages et les inconvénients du magnét isme ». F. Lefort parle ensuite de Tieman et de Saint-Martin : « Je passerai l'hyver en Italie et probablement en grande partie à Pise voudries-vous, mon cher Turckheim, me faire le plaisir de sonder notre ami Tieman2, qui me parait avoir des loisirs pour savoir, si j'aurois le bonheur de l'intéresser assés, pour l'engager a devenir, ainsi qu'un de mes frères, mon compagnon de voyage ? [...] Au cas que vous voyiez que Tiemann ne puisse pas devenir mon compagnon de voyage, ne pourriés-vous pas proposer à St Martin, qui probablement ne serait pas fâché de retourner en Italie, de l'être ? Je sai qu'incessamment il sera des vôtres à Strasbourg et je vous en félicite de tout mon cœur ; dites-lui, en l'embrassant bien fraternellement pour moi, que j'ai fait concevoir au Dr Hotze et à Lavater l'espoir de le voir sur les bords du Lac de Zurich, bords ravissans et faits pour être admirés par un homme tel que St. Martin, et que je serois très fâché d'être obligé de faire renoncer ces deux excellens êtres à cet espoir r...j3. Je vous charge, mon cher ami, de mille choses tendres pour votre frère et pour Plessig*, l'un et l'autre ont quelquefois fait l'objet de mes entretiens à Zurich et à Richterswyl [...] Que la commission pour Tiemann reste entre vous, lui et moi. » Le 10 juin 1788, F. Lefort écrit : « L'excellent Pfenninger est de nouveau ici depuis deux jours, et Lavater vient d'arriver, pour passer quelques heures avec moi. Vous jugez si entre 1) Sur lui, cf. (juinaudeau, Lavaler, Paris, Alcan, 1924, index des rinnis propres. 2) Sur Tieman, cf. supra, 1er article, p. 59, n. 1. 3} Saint-Martin ne donnera pas suite à cette invitation, à supposer menu; qu'elle lui fût transmise. Il préférera demeurer à Strasbourg jusqu'en juillet 17'.)1, en retournant de temps à autre à Paris. 4^ C'est-à-dire Blessier. TNE COLLECTION MAÇONNIQUE INÉDITE H)7 nous deux, il sera question de vous. En vérité, mon frère1 et moi, croyons être à Richterswyl dans une société d'antres. » Lavater joint un mot à cette lettre2. Le 15 juin 1788, le Dr Hotze adresse un mot amical à B. de Turckheim, au bas d'une lettre écrite par F. Lefort. Ce dernier écrit le 1er juillet qu'il va se rendre le 1er juillet à Pfelïers (non loin de Zurich) avec son frère, et qu'ils se réjouissent d'y rencontrer « l'excel lent Prince Abbé de St Biaise » qui a beaucoup entendu parler des frères Turckheim. F. Lefort espère que B. de Turckheim viendra bientôt les rejoindre : « Lavater ainsi que sa femme, qui dernièrement sont encore venus passer "24 heures avec, nous ici, se font une fête aussi de vous serrer dans leurs bras, et M. et Made de Kascheloiï3, gens d'un mérite supérieur, désirent beaucoup faire votre connaissance. Made de Kasche- loff pourrait fort bien passer l'hiver prochain à Strasbourg. Je l'ai assuré qu'elle y trouverait une amie dans cette aimable femme, et ne crois pas m' être trop avancé à cet égard./ Voudriez vous, mon cher Turckheim, vous informer auprès de Tiemann ou d'autres personnes, de la meilleure manière de voyager pour se rendre à Pise, en prenant par le Tirol, de me dire, au cas que je fasse ce voyage, si je pourrai compter sur ledit Tiemann ou St-Martin, en cas de besoin, ou, si le Colonel Durckheim4, qui n'a rien au monde à faire, et à qui il n'en coûterait pas plus cher à Pise qu'ailleurs, serait d'humeur à faire ce voyage. Je ne tiens au séjour de Pise plutôt qu'à celui de Sienne, ou de quelque autre ville d'Italie, que parce qu'on m'assure que je pourrai y vivre comme à la campagne, le iîrrand Duc de Toscane lui-même y vivant absolument bourgeoisement. Tiemann et St-Martin pourrait vous dire si l'on m'a trompé ou non à cet égard, et si j'y trouverai quelques êtres intéressants par leur façon de penser et leurs senti- 1) CYst-à-dire Louis Lefort, dont on trouvera deux lettres infra. 2; Ce texte a été publié dans Bulletin, art. cité. .Ti Sur Kochelieff, cf. supra, 1er article, p. 67, n. 2. 4) Friedrich Eilbert von Durkheim (ЛЬ Ave), maître de, camp d'infanterie. Cf. Van Rijnberk, up. cil.. Il, 26, et Bulletin, art. cité 'où sont présentées quatre lettres de F. E. von Durkheim à B. do Turckheim). 168 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS ments. » Mais le 7 septembre, F. Lefort annonce qu'il n'ira pas à Pise ; il remercie des renseignements envoyés par Tie- mann sur les eaux de cette ville, et ajoute : « Embrassez pour moi votre frère1, St-Martin et Blessig2. Ne m'oubliez pas non plus auprès de Schonmann et du digne General de Balthasar. » Le 19 novembre (s. a., vraisemblablement 1788), F. Lefort écrit de Genève qu'il vient de se rendre à Lyon où il a reçu une lettre de son correspondant B. de Turckheim. Il explique à ce dernier qu'il a lu cette lettre à Willermoz : « Ce que j'en ai lu au f. ab Eremo a paru lui faire grand plaisir, et a fort contribué à l'accueil vraiment fraternel que j'ai reçu de lui. Je vous avouerai franchement que les trois entretiens que j'ai eus avec lui, m'ont ravi ; que je n'ai jamais entendu d'homme aussi consolant ; j'étais bien malade d'esprit lorsque je l'ai vu et il m'a remis ; c'est une obligation que je lui ai et que je n'oublierai jamais. Je ne puis le juger relativement à sa rel igion, ne l'ayant pas assez suivi pour cela ; mais ce qu'il m'a dit à cet égard m'a fait croire qu'elle était sublime et ne pouvait conduire qu'à Dieu. Il m'a répété plusieurs fois, notre ami a Navibus [= Bernard de Turckheim] ne m'a pas bien entendu, et parlé de vous avec l'intérêt le plus tendre. J'ai été si content de lui, que si ma santé se remet d'ici au printems je retournerai dans cette saison passer un mois à Lyon, persuadé alors de l'avantage d'y trouver réunis les iï les plus intéressans de cette ville, qui presque tous étaient en campagne au mois d'octobre, indépendamment du plaisir de continuer mes entretiens avec le f. ab Eremo. J'en ai eu beaucoup à faire la connaissance de l'excellent f. Braun3 uploads/Religion/ persee-antoine-faivre-une-collection-maconnique-inedite-le-fonds-turckheim.pdf
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- Publié le Oct 05, 2022
- Catégorie Religion
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