1 L'ESPRIT FAMILIAL DANS LA FAMILLE, DANS LA CITE ET DANS L'ETAT Par Mgr Henri

1 L'ESPRIT FAMILIAL DANS LA FAMILLE, DANS LA CITE ET DANS L'ETAT Par Mgr Henri Delassus , 1910 CHAPITRE XII LA FRANCE. SES ORIGINES ET SA MISSION Ego tuli te de pascuis ut esses dux super populum meum, fecique tibi nomen grande. Et ponam locum populo meo et plantabo eum. Suscitabo semen tuum post te, et firmabo re- gnum ejus, et stabiliam thronum regni ejus in sempiternum. Eqo ero ei in patrem, et ipse erit mihi in filium, Qui si inique aliquid gesserit, arguam eum in virgam virorum et in plagis filiorum hominum. Misericordiam autem meam non auferam ab eo. II REG., VII, 8-15. Toi, Jehovah, tu règnes éternellement ; Ton trône subsiste d'âge en âge. Pourquoi nous oublierais-tu à jamais, Nous abandonnerais-tu pour toute la durée de nos jours ? Fais-nous revenir à toi, Jehovah ! et nous reviendrons ; DONNE-NOUS DE NOUVEAUX JOURS COMME CEUX D'AUTREFOIS (Prière de Jérémie à la fin de ses Lamentations). Les jours d'autrefois ! rappelons-les. Renouvelons dans nos cœurs, dans un esprit de reconnaissance et dans un es- prit de prière, le souvenir des bienveillances que Dieu a manifestées pour nous dès nos origines. Écho de la tradition conservée par Hincmar, Surius, Marlot et autres, Baronius en fait ainsi le récit : "Dans la chapelle du palais dédiée à saint Pierre, saint Remy, Clovis et sainte Clotilde étaient assis, entourés des clercs qui avaient ac- compagné le Pontife, et des officiers du Roi et de la Reine. Le prélat donnait au Roi des enseignements salutaires, et lui inculquait les commandements évangéliques. Pour confirmer la prédication du saint évêque, Dieu voulut montrer visible- ment ce qu'il dit à tous les fidèles : "Quand deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux". Tout à coup, en effet, une abondante lumière, plus éclatante que celle du soleil, remplit toute la chapelle et l'on entendit en même temps ces paroles : "LA PAIX SOIT AVEC VOUS. C'EST MOI, NE CRAIGNEZ RIEN : DEMEUREZ DANS MON AMOUR". Puis, après ces paroles, la lumière disparut, et une odeur d'une incroyable suavité embauma le palais, afin de prouver avec évidence que l'auteur de la lumière, de la paix et de la douceur y était venu, car, l'évêque excepté, aucun des assistants n'avait pu le voir, parce qu'ils étaient éblouis par l'éclat de la lumière. Sa splendeur pénétra le Saint Pontife, et la lumière qu'il rayonnait illuminait le palais avec plus d'éclat que les flambeaux qui l'éclairaient... Un miracle digne des temps apos- toliques, pour me servir des expressions d'Hormisdas, succéda à cette apparition, comme le rapportent Aimoin et Hinc- mar, évêque de Reims ; je veux parler de l'ampoule du saint chrême apportée du ciel par une colombe, et qui servit à sa- crer Clovis et, à son exemple, tous les rois de France, ses successeurs"1. Par ces éclatants prodiges, poursuit le grand historien de l'Église, Dieu voulait manifester clairement de quel poids (quantæ molis erat) était la conversion du roi des Francs et de son peuple" (T. VI, p. 464. Année 499, XVIII). La miraculeuse conversion des Francs suivit celle du roi. Sur la demande de saint Remy, Clovis alla parler aux Francs. "Mais avant qu'il ait pris la parole, la puissance divine prend le devant, et tout le peuple s'écrie d'une seule voix : "Nous repoussons les dieux mortels, pieux prince ; nous sommes prêts à suivre le Dieu immortel annoncé par Remy". A cette nouvelle le Pontife, comblé de joie, ordonne de préparer le bain sacré. Tout le temple est embaumé d'une odeur di- vine, et Dieu accorde aux assistants une si grande grâce, qu'ils se croyaient parfumés des odeurs du ciel" (Id. p. 462, XX; éd. de Venise). Baronius ajoute : "Instruit de la voie de Dieu, le roi entra avec la courageuse nation des Francs par la porte de la lu- mière éternelle. Elle crut au Christ et devint une nation sainte, un peuple d'acquisition afin qu'en lui fût annoncée la puis- sance, de CELUI qui les appela des ténèbres à son admirable lumière". C'est une légende, dira-t-on ; mais Dieu ne peut-il faire des prodiges ? N'avait-Il point une raison suffisante d'en faire pour consacrer et engager à Son service le peuple dont il voulait faire Son bras droit ? Et enfin, comment nier un prodige raconté par de graves et saints historiens, implicitement affirmé par le témoignage du pape Hormisdas, qui écrit à saint Remy que des miracles égaux à ceux des temps apostoliques éclatèrent en France, confirmés par la Sainte Ampoule et 1 Voici ce que raconte Hincmar : "On était au baptistère ; le clerc qui portait le chrême, arrêté par la foule, ne put parvenir jusqu'aux fonts baptismaux ; le chrême allait manquer. Saint Remy se mit aussitôt en prières, et voici que, tout à coup, une colombe plus blanche que la neige, portant dans son bec une ampoule pleine d'un chrême sacré, dont le vénérable évêque versa le contenu dans les fonts baptismaux ; à l'instant se répandit une odeur plus suave que tous les parfums qu'on avait épanchés". Telle était, dès le IXè siècle, la tradition rémoise. Au sacre de nos rois, les onctions étaient faites avec un chrême préparé sur la patène d'or du calice de saint Remy, auquel on ajoutait une larme du baume contenu dans la Sainte Ampoule, tirée à l'aide d'une aiguille d'or. La Sainte Ampoule fut brisée le 8 octobre 1793, par Philippe Rühl, député du Bas-Rhin, sur le socle de la statue de Louis XV, place Royale. Mais la veille du jour où sa destruction fut ordonnée, MM. Seraine et Ph. Hourelle, ainsi que le constate un procès-verbal authentique, tirèrent, à l'aide de l'aiguille d'or, le plus qu'ils purent du baume miraculeux dans un papier et le conservèrent. Ces fragments permirent de reconstituer la Sainte Ampoule, qui fut employée comme autrefois pour le sacre de Charles X. On peut toujours voir cette Sainte Ampoule dans le trésor du Musée du Thau de Reims. 2 le don de guérir les écrouelles, témoignage scellé pour ainsi dire par le Christ Lui-même, qui appellera plus tard le roi de France "le fils aîné de Son Cœur sacré" ! "A dater de là, dit Mgr Pie, une grande nation, une autre tribu de Juda commença dans le monde. Les pontifes de Rome, d'accord avec les évêques de Gaule, ne s'y méprirent point. A travers l'obscurité profonde qui leur avait si long- temps et si douloureusement voilé le mystère de l'avenir ils saluèrent aussitôt l'astre nouveau qui se levait en Occident et ils conçurent des présages qui n'étaient point trompeurs". Un historien de ceux qui sont les moins disposés à voir dans les événements humains l'intervention divine, M. Th. La- vallée, a dit également : "La conversion de Clovis fut un immense événement, elle commença la grandeur des Francs et de la Gaule. Dès ce moment, ce pays devient le centre du catholicisme, de la civilisation et du progrès. Dès ce moment, il prend la magistrature de l'Occident qu'il pas cessé d'exercer". Les papes et les évêques entrevirent dès les premiers jours cette glorieuse carrière et la prophétisèrent. Le pape An- astase II écrivit à Clovis: "Nous louons Dieu qui a tiré de la puissance des ténèbres un si grand prince, AFIN DE POURVOIR L'EGLISE D'UN DEFENSEUR et l'a orné du casque du salut pour combattre ses pernicieux adversaires. Courage donc, cher et glorieux fils, afin d'attirer sur votre sérénissime personne et sur votre royaume la protection céleste du Dieu tout-puissant; qu'Il ordonne à Ses anges de vous garder dans toutes vos voies, et vous donne partout la victoire sur vos ennemis"1. "Et saint Remy, avant de mourir, dit Baronius, inspiré par l'Esprit-Saint, à la façon des patriarches, donna à la France une bénédiction consignée dans son testament, confirmée par la signature des évêques (saint Vaast, saint Médard, saint Loup) et dont voici les termes : "Si mon Seigneur Jésus-Christ daigne écouter la prière que je fais chaque jour pour la maison royale, afin qu'elle persévère dans la voie où j'ai dirigé Clovis POUR L'ACCROISSEMENT DE LA SAINTE EGLISE DE DIEU, puissent les bénédictions que l'Esprit-Saint a versées sur sa tète par ma main pécheresse s'accroître par ce même Esprit sur la tête de ses successeurs ! Que de lui sortent des rois et des empereurs qui feront la volonté du Seigneur pour l'ac- croissement de la Sainte Eglise et qui seront, par Sa puissance, confirmée et fortifiés dans la justice. Puissent-ils chaque jour augmenter leur royaume, le conserver et mériter de régner éternellement avec le Seigneur dans la Jérusalem cé- leste!" Saint Avitus, évêque de Vienne, qui n'avait pu assister au baptême de Clovis, écrivit aussi une lettre "où l'on ne sait, dit M. Godefrold Kurth, ce qu'il faut admirer le plus de l'élévation du langage, de la justesse du coup d'œil ou de l'inspira- tion sublime de la pensée" : "…De toute votre antique généalogie, vous n'avez rien voulu conserver que votre noblesse, et vous avez voulu que votre descendance uploads/Religion/ mgr-delassus-esprit-familial.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Mar 20, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1611MB