Pistes pour méditer Père Alphonse Goettmann imprimer tout le texte télécharger

Pistes pour méditer Père Alphonse Goettmann imprimer tout le texte télécharger le texte en zip télécharger le texte en pdf L'homme, en rompant avec Dieu, s'est fabriqué le mental pour survivre à son propre compte, dans une volonté d'indépendance farouche et d'apparente autonomie. Mais le mental ne cesse de mentir et jette l'homme dans la non vérité. Tous les rapports sont faussés. à soi, à l'autre, à Dieu, aux événements... Il n'y a plus aucune transparence au Réel. L'homme est aveugle et sourd à la plénitude de la Vie présente, offerte à chaque instant. D'où son immense nostalgie qui ne le laisse jamais en paix. Face à ce tragique d'une vie qui n'en est pas une, toutes les Traditions invitent d'abord au « silence du mental » et à la progressive disparition de l 'ego. Quand le mental se vide parce qu'il n y a plus de pensées, l'intellect, qu'il tenait captif descend vers le coeur. Alors l'homme s'unifie intérieurement. présence à soi, présence à Dieu. Cette totale présence au présent nous met en contact immédiat avec l'Etre. La sensation qui ne cesse de s'approfondir va jusqu'à l'absorption de l'ego et l'illumination. LA SENSATION DU DIVIN Dans l'assise méditative, l'exercice de détente dans le sentir du corps, une fois que l'on a atteint une certaine profondeur et un bien-être à entrer dans son corps, sous la peau en quelque sorte avec toute sa conscience, demeurer longuement et sans résistance dans la lourdeur de ses membres ; là, goûter le corps que je suis, percevoir avec toutes mes fibres le changement profond qui s'introduit peu à peu dans ma manière d'être là: cette absence de frontières, l'exclusion du moi dominateur, une chaleur inhabituelle qui n'a rien à faire avec la température du corps, le sentiment d'une force mystérieuse qui me porte et me soutient, l'impression d'une remise, d'un abandon total ; je ne m'appartiens plus et pourtant je suis plus moi que jamais, intensément recueilli en moi-même et cependant relié à tout l'uni vers... Ouverture de tout mon être à ce qui le dépasse infiniment, comme s'il venait de répondre à l'invitation secrète mais permanente du souffle de l'Esprit au fond de son coeur: Epheta - Ouvre-toi! (Mc 7,34). Et, en effet, la profondeur de chaque sensation, dirait Vittoz, est une recréation de soi, une véritable marche vers la liberté, c'est-à-dire l'éveil de la personne sous les cendres du petit moi. La détente au sens initiatique, loin d'une simple relaxation musculaire, ouvre les portes du mystère intérieur et offre le corps comme lieu d'alliance avec Dieu. Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi (Apoc 3,20) ... Offrez vos corps à Dieu... le corps est pour le Seigneur... Ne saviez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu? (Rom 12,1; 1 Cor 6,13 ). Mais, s'il est vrai que notre corps est le sanctuaire de la Présence divine, on peut dire avec saint Grégoire Palamas que nous sommes chair de Sa Chair et os de Ses Os... Dieu cesse enfin d'être un fantôme pour l'homme, nous pouvons le toucher (Lc 24,39) ! On ne le rencontre pas dans des abstractions ou des mots, ne rabâchez pas dit le Christ (Mt 6,7), touchez-moi! (Lc 24,39). S'il est en effet sorti de l'Abîme infranchissable de ce que nul oeil n'a vu, nulle oreille entendu..., c'est précisément pour devenir chair et s'assimiler à nous afin que nous puissions voir Sa Majesté de nos propres yeux (2 P 1,16), l'entendre de nos oreilles (Mt 13,9 et 16), le toucher de nos mains (1 Jn 1,1), le sentir avec tout notre être... et nous laisser saisir par Lui. Cette méditation par le sentir va de l'extérieur vers l'intérieur, de notre surface vers la profondeur. La sensation, telle une vague de l'océan, selon la belle image d' Aurobindo, est éphémère : elle apparaît et disparaît, ne dure qu'une fraction de seconde, mais comme la vague est reliée à l'immensité profonde de l'océan tout entier, ainsi la sensation est reliée à l'infini de notre conscience intérieure et, s'il y demeure pour l'approfondir, le méditant entre peu à peu dans ce que Claudel appelle, à la suite des Pères, la sensation du Divin... Le sentiment d'une Présence ineffable au contact du Mystère qui l'imprègne jusque dans la moindre de ses cellules. Comme le feu qui pénètre le fer lorsque celui-ci est jeté dans le brasier: le fer garde la substance du métal mais il devient et réalise le feu qui l'habite et le transfigure littéralement. Cette parabole merveilleuse utilisée pour la première fois par saint Macaire le Grand résonne à travers toute la tradition chrétienne, de l'Orient à l'Occident. Aujourd'hui comme hier, le Christ nous invite à gravir la Sainte Montagne pour entrer avec Lui dans ce feu divin. La méditation nous en ouvre le chemin concrètement... MÉDITER DANS LE SOUFFLE DE DIEU L'homme naît en recevant le premier souffle et meurt en rendant le dernier. La vie est dans le souffle, elle est un souffle de vie. Mais que notre langue est intellectuelle ici ! Sous l'apparente profusion des mots se cache déjà le péché de la division et la proéminence du mental dans notre culture : âme, souffle, respiration, haleine, vent, Esprit..., autant d'expressions que recouvre et contient le seul terme de Rouah en hébreu. La Bible n'a donc pas de complexe, en parlant du souffle ou de la respiration, à laisser s'ouvrir en même temps la porte sur un abîme de mystère... Et réciproquement, en parlant de l'Esprit, elle ne craint pas de désigner par là aussi Celui qui anime jusqu'à la moindre haleine pénétrant dans les narines de l'homme! Il faut un temps assez long de pratique pour comprendre réellement que ce n'est pas nous qui faisons la respiration, mais que ça respire en nous sans que nous y fassions quoi que ce soit. Quand on éprouve cela pour la première fois, c'est une des expériences les plus frappantes de cette grande Force qui nous habite et nous maintient en vie sans notre intervention. Nous ne vivons tous que parce que le souffle de Dieu nous pénètre constamment, comme il pénètre d'ailleurs dans tout ce qui existe et jusqu'au moindre grain de poussière; pas une cellule de notre corps qui ne soit continuellement animée par cette Présence créatrice et vivifiante. La respiration peut devenir le lieu de cet échange ineffable et plein d'Amour. Dans la méditation, il s'agit d'en devenir conscient, non en fixant ou en analysant, ce qui créerait une distance d'extériorité, mais, en épousant intérieurement ce mouvement de vie, se laisser saisir par lui. Arriver à vraiment écouter dans le silence comment chacune de nos expirations, dans la mesure où nous nous y abandonnons, nous conduit aux sources cachées de notre être profond et là, nous recrée dans une nouvelle inspiration. Mort-naissance, mouvement incessant qui nous fera entrer progressivement dans une plénitude indescriptible, et si nous y sommes fidèle, l'être essentiel nous envahira de sa présence. Le lâcher-prise des scléroses du moi et la plongée dans le feu purificateur de l'Etre unifient progressivement nos forces indivises autour d'un nouveau centre. Le coeur de pierre (EZ 36,26) qui durcit tout, fixe et objective, devient peu à peu un coeur de chair, dont la caractéristique essentielle est une capacité croissante d'aimer. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à cet amour que vous aurez les uns pour les autres (Jn 13,35). La renaissance dans l'amour est le signe qu'un autre nous a touchés, mieux : investis et transformés. C'est une conversion toujours plus saisissante à mesure que l'expérience progresse, la réalisation de la metanoïa (conversion) inscrite au creux de tout l'Evangile, le grand tournant de la vie sans lequel il n'y a pas de maturité humaine ni chrétienne possible. La méditation est de cet ordre ou elle n'est pas ! C'est une expérience rigoureuse et existentielle d'union avec le Christ dans sa mort afin d'avoir part à sa Résurrection. Tout ce qu'on dit à ce propos n'a de sens que si on peut le réaliser. Sinon le discours est creux (1 Tim. 6,20). Saint Paul insiste très fortement sur ce mode de connaissance, en particulier dans sa première épître aux Corinthiens. A côté de la sagesse rationnelle et dialectique, il y a celle qui est matière à expérience et qui dépasse la raison. Seule cette sagesse-là fait communiquer au Christ vivant en nous et donne accès à une vie totalement nouvelle, à condition cependant d'être libéré de la sujétion aux formules verbales et aux structures conceptuelles, la sagesse du langage (1 C0 1,17). La foi suppose donc tout autre chose qu'une simple adhésion intellectuelle à un donné doctrinal. L'expérience à laquelle elle invite est l'acceptation d'un dépouillement total, un lâcher-prise qui signifie en réalité être cloué sur la croix avec le Christ, de telle sorte que l'ego n'est plus le principe de nos actions les plus profondes, uploads/Religion/ pistes-pour-mediter-goettmann.pdf

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  • Publié le Mar 08, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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