Je vais expliquer rapidement les motifs de ma décision, je vais écrire un petit
Je vais expliquer rapidement les motifs de ma décision, je vais écrire un petit historique de mon cheminement et donner les arguments dogmatiques qui m’ont convaincu de mon erreur. Je n’ai parlé à personne sur ce Discord, ni d’un côté ni de l’autre, de ces interrogations et doutes qui ont précédé ma décision : ceci parce que tant que j’étais convaincu du sédévacantisme je ne voulais pas troubler d’autres âmes pour des doutes peut-être infondées. Hier encore j’étais sédévacantiste, même si cela faisait quelques semaines que tout était moins sûr, tant que je n’étais pas convaincu je rangeais les objections au rang de doute ou d’éléments réfutables. Quand j’ai admis l’existence de Dieu et la divinité de son Église il y a 4 ans, je suis directement allé à une messe tridentine, j’ai ensuite rapidement adopté la position doctrinale de la FSSPX, je l’ai fait mienne et l’ai défendu comme seule position entièrement justifiable. Peu à peu cependant j’ai compris les limites du discours de la FSSPX, je ne vais pas m’attarder sur ce point. Je m’en suis notamment rendu compte en m’attardant sur la doctrine de l’Église sur les canonisations. Pourtant je suis demeuré à la FSSPX plusieurs mois après ces doutes. Il y a ici un parallèle avec mes derniers mois (voire cette dernière année) dans le sédévacantisme. En effet, si le sédévacantisme a d’abord apaisé mes interrogations en montrant comment la FSSPX avait effectivement tort sur l’autorité du Magistère, il n’a pas manqué de susciter de nouvelles questions : je découvrais un pan de la doctrine catholique sur l’infaillibilité et l’indéfectibilité de l’Église. Je m’y intéressais surtout pour répondre aux arguments de la Fraternité, mais le sédévacantisme qui rappelle justement la nécessité de se soumettre au Magistère et d’autres points doctrines me fit aussi m’intéresser plus en avant aux arguments de ceux qui soutiennent la continuité doctrinale. Pour faire bref : ces derniers m’ont convaincu. On peut aussi citer la permanence des quatre notes, des miracles. A ce sujet il faut dire que les miracles eucharistiques post-conciliaires ne peuvent être rejetés si facilement, les examens qui sont faits sont souvent sérieux, et on ne peut supposer une intervention démoniaque, car Satan agit à partir du créé mais pas plus. Voyant la limite des arguments sédévacantistes sur plusieurs points1, j’ai reconsidéré plus pacifiquement et objectivement ce qui est en fait la doctrine fondamentale pour résoudre ces questions : l’indéfectibilité, et plus particulièrement en ce qui concerne l’élection du pontife. 1 Avant de me convaincre ils m’ont surtout ébranlé, au fur et à mesure des polémiques je voyais dans les arguments sédévacantistes des limites dans la lecture de l’enseignement conciliaire et postconciliaire. Je ne m’y étais pas intéressé en réalité au temps où j’étais à la FSSPX car je pensais qu’on pouvait ignorer (ou presque) le Pape : en approfondissant je voyais comment l’identité entre Corps du Christ et Église catholique était maintenue, comment l’État confessionnel n’était pas véritablement rejeté, comment l’œcuménisme avait déjà vécu avant le Concile etc.. Et je ne parle pas de ce que pensent la plupart des sédévacantistes, qui vont jusque croire à un indifférentisme formel, à une approbation absolue de l’État laïciste, ou à des fantaisies plus originales face à des textes comme Querida Amazonia. Cette doctrine est expliquée très clairement par les théologiens : Elle est ici résumée par le cardinal Journet, on peut la retrouver chez le docteur de l’Église saint Alphonse : « Peu importe que, dans les siècles passés, quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude ; il suffit qu’il ait été accepté ensuite comme pape par toute l’Église, car de ce fait il est devenu le vrai pontife. Mais, si pendant un certain temps, il n’avait pas été accepté vraiment et universellement par l’Église, pendant ce temps, alors, le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape. » Il y a deux choses à considérer, la doctrine en elle-même et le fondement de celle-ci. A la doctrine en elle-même le sédévacantisme répond en citant la bulle de Paul IV. La faiblesse de cet argument a commencé à m’apparaître quand j’ai découvert les débats entourant cette bulle en 1870 : jugée trop sévère, on avait voulu y voir un exemple d’errement pontifical. Les théologiens répondirent que la bulle était un acte pastoral de portée disciplinaire, et ne pouvait dès lors constituer un enseignement pontifical, encore moins un enseignement infaillible. C’est bien pour cette raison que les théologiens, qui connaissent sûrement cette bulle2, n’en enseignent pas moins la doctrine de la reconnaissance universelle comme signe infaillible. L’autre argument qu’on oppose à cette doctrine confine à l’argument circulaire. Chez l’abbé Belmont par exemple on trouve bien rappelée et expliquée la doctrine catholique, à propos de saint Jean XXIII il dit : « Ce n’est pas un principe [le fait qu’un Pape reconnu soit nécessairement pape] controuvé : il a toujours été mis en œuvre par l’église catholique, et étudié et professé par les théologiens, sous une forme ou sous une autre. Ainsi Billuart, savant commentateur de saint Thomas d’Aquin au XVIIIe siècle se pose la question : « est-il de foi que Clément XIV est souverain pontife ? » et il y répond par l’affirmative : « Probabilius videtur esse de fide - il apparaît plus probable que c’est de foi ». Puis il en donne la raison constituante : « Omnis homo acceptatus ab universa Ecclesia in Petri successorem est summus pontifex - tout homme reçu par l’église universelle comme successeur de saint Pierre est le souverain pontife » ; puis il précise la raison déterminante, qui explique pourquoi ce fait contingent tombe sous la lumière de la foi : « De fide est quod ecclesia errare non possit in acceptanda fidei regula — la foi nous assure que l’église ne peut se tromper dans l’acceptation de la règle de foi ». cf. Charles- René 118 Billuart, o. p., Cursus theologiæ, tome V, Tractatus de regulus fidei, dissertation IV, De summo Pontifice, article IX. Lyon 1839, pp. 225 et sqq. » Mais on comprend mal pourquoi il n’applique pas le même raisonnement à saint Paul VI, surtout qu’il le fait en disant : « Et pour l’affirmer [que Paul VI n’est pas pape, que le raisonnement donné plus haut ne vaut pas], je retourne l’argument : il est certain qu’il était impossible qu’il soit vrai pape le 7 décembre 1965 ; on en peut déduire, en raison de la promesse de Notre-Seigneur, qu’il n’a jamais vraiment été pape. » Mais il aurait fallu dire que puisque saint Paul VI a été universellement reconnu et accepté, on ne peut pas formuler une déduction qui conclurait « qu’il n’a jamais vraiment été pape », et que c’est la conclusion contraire qui s’impose. Si on pense pouvoir opposer quelque chose à cela, on doit nécessairement prouver qu’il n’y a pas eu acceptation, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu acceptation puisqu’on croit voir quelque chose qui contredit les conséquences ordinaires de l’acceptation3. 2 Ce n’est pas difficile à prouver, d’autant plus à partir du moment où elle fit débat à Vatican I. 3 On dit aussi qu’il n’y a pas acceptation universelle parce que l’acceptation signifie en fait l’adhérence au pontife comme règle de foi. La résistance des traditionalistes puis de la FSSPX prouverait donc que certains n’ont pas adhéré à Paul VI comme à la règle de leur foi. Il faudrait à ce compte là dire que depuis Jansénius, jansénistes, catholiques libéraux, gallicans et autres ont rendu vaine et inapplicable la doctrine de la reconnaissance universelle. On constate encore plus aisément dans les faits en quoi le sédévacantisme conduit à une idée fausse de l’Église, de même que l’Église indéfectible fantasmée par les dissidents des siècles précédents. « Car, comment l’Église sera-t-elle pour vous une mère, si vous n’avez pas pour pères les Pasteurs de l’Église, c’est-à-dire les évêques ? […] L’Église catholique est une ; elle n’est point déchirée, ni divisée. Votre Petite Église ne peut donc en aucune manière appartenir à l’Église Catholique. Car, de l’aveu même de vos maîtres, ou plutôt de ceux qui vous trompent, il ne reste plus aucun des évêques français qui soutienne et qui défende le parti que vous suivez. [...] Bien plus, tous les évêques de l’Univers Catholique, auxquels eux-mêmes en ont appelé, et à qui ils ont adressé leurs réclamations schismatiques imprimées sont reconnus comme approuvant les conventions de Pie VII et les actes qui se sont ensuivis, et toute l’Église catholique leur est désormais entièrement favorable. » (Léon XII, Pastoris aeterni) « Qu’ils ne s’appuient ni sur l’honnêteté de leurs mœurs ni sur leur fidélité à la discipline, ni sur leur zèle à garder la doctrine et la stabilité de la religion. L’apôtre ne dit-il pas ouvertement que tout cela ne sert de rien sans la charité (4) ? Absolument aucun évêque ne les considère et ne les gouverne comme ses brebis. Ils doivent conclure uploads/Religion/ explications-1.pdf
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- Publié le Aoû 23, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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