le maillon / 6 Le ministère pastoral ne se réduit pas à la prédication du diman

le maillon / 6 Le ministère pastoral ne se réduit pas à la prédication du dimanche matin. Mais il est d’une importance capitale que le troupeau qu’est l’Eglise locale soit bien nourri, et cela au premier chef par la parole prêchée1. Par la grâce de Dieu, plusieurs des récents diplômés de l’Institut sont doués pour apporter des prédications claires, fidèles, « nutritives » ; c’est aussi le cas de plusieurs des étudiants actuels. Si leurs messages bibliques sont souvent appréciés, la forme de leurs messages – qu’ils ont apprise pendant le cursus – revêt une certaine particularité. En effet, à l’Institut nous favorisons une approche en particulier : celle de la prédication « expositive »2. UNE DÉFINITION : VISER À EXPOSER UN TEXTE Toute prédication authentique comporte les éléments d’annonce de la part de Dieu et d’application aux auditeurs3. Dans une prédication qui se veut expositive, ces éléments sont censés émerger d’une portion particulière des Ecritures : à force d’étudier le passage biblique en question, on peut en discerner le sens et la signification, même si la spécificité de l’application peut varier d’un auditoire à un autre. Autrement dit, c’est le texte de la parole de Dieu qui dicte directement le message qui est livré. On parle ainsi de prédication textuelle, de prédication au service du texte ou de prédication exégétique ; « prédication inductive » pourrait également convenir4. Ce n’est pas au milieu anglophone qu’on doit cette approche de la prédication, même si elle a certainement été promue par le célèbre John Stott : il vaudrait mieux associer la prédication expositive à Esdras (Né 8,8) et au francophone Calvin ! Plusieurs numéros du Maillon de ces dernières années comportent des exemples de prédications expositives (qui peuvent être consultées en ligne). Voici un rappel des titres d’une prédication de ce genre qui a paru dans le numéro de printemps 2013 ; elle avait été apportée par Marc-Etienne Debaisieux, alors étudiant et, depuis quelques mois, pasteur à Cavaillon : Psaume 126 : En route vers la Jérusalem céleste – joie, prière, attente • En constatant que Dieu nous a ramenés de l’exil, nous exprimons notre joie autour de nous ! (v. 1-3) • En constatant que Dieu continue à ramener des captifs, nous prions avec audace ! (v. 4) • En constatant que c’est avec larmes que nous semons, nous attendons le triomphe de la moisson ultime ! (v. 5-6) Cette trame reflète le texte du psaume, interprété dans son contexte biblique global et appliqué aux chrétiens. Si l’Institut Biblique Belge n’a pas honte d’être associé avec cette forme de prédication – au contraire –, nous prenons néanmoins nos distances par rapport à deux idées qui ont parfois collé à la peau des adeptes de la prédication expositive. DEUX CLARIFICATIONS 1 Ce n’est pas le seul moyen légitime D’abord, nous ne croyons pas qu’il s’agisse du seul type de prédication qui soit légitime. Les prédications des genres suivants sont toutes légitimes si tant est qu’elles correspondent à une annonce fidèle de la parole de Dieu qui vise une réponse chez les membres de l’assemblée : • prédications doctrinales (p. ex., sur la justification par la foi seule) • prédications sous forme de théologie biblique (p. ex., sur la notion de cité telle que dévoilée progressivement au travers de l’histoire du salut) • prédications thématiques (p. ex., sur le mariage) • prédications lexicales (p. ex., sur le ... il est plus susceptible d’être doté d’autorité en tant que prédicateur. terme « gloire ») • prédications exposant un personnage biblique (p. ex., David) 2 D’autres prédications sont parfois préférables Un second malentendu que nous voudrions dissiper, c’est la suggestion selon laquelle une prédication expositive est immanquablement préférable à une prédication d’un autre genre. Soyons bruts dans l’affirmation : un bon message doctrinal est préférable à un mauvais message expositif ! Un grand nombre de facteurs jouent dans la réussite d’une prédication : dans un précédent numéro du Maillon, nous en présentons six5. Une prédication expositive n’est pas synonyme de remède contre le sommeil ! Mais nous sommes convaincus que, toutes choses étant égales par ailleurs, c’est la méthode à préférer – et cela pour trois raisons essentielles. TROIS AVANTAGES MAJEURS6 1 Le fait de laisser la Bible s’exprimer telle qu’elle est Par définition, un prédicateur expositif est soumis aux Ecritures, dépendant du texte biblique dont il est le serviteur. Son objectif étant d’exposer le passage choisi, il reste forcément proche de la parole de Dieu telle qu’elle s’y exprime. En d’autres termes, il engage une démarche qui est nettement cohérente avec la paternité divine des Ecritures. S’il atteint son but, il n’est pas moins ni plus que le porte-parole de Dieu (cf. 1 P 4,11). A coup sûr, on devrait pouvoir affirmer cela de n’importe quel prédicateur qui vise à être fidèle aux Ecritures, mais la fidélité aux Ecritures est une visée plus aisément réalisable pour celui qui apporte des messages expositifs. Celui-ci est plus enclin à dispenser la parole de Dieu avec droiture (2 Tm 2,15) et moins enclin à imposer à la Bible ses propres idées. Bref, du fait de rester fermement attaché au texte et d’en respecter son contexte, il est plus susceptible d’être doté d’autorité en tant que prédicateur. Lisons à ce sujet les propos d’un pasteur français de la région parisienne qui promeut activement la méthode expositive : …[D]ans une prédication fidèle au texte biblique et guidée par le Saint‑Esprit, c’est « Dieu qui prêche ». Dans un souci appuyé de conformer sa pratique à la Parole, le prédicateur cherche à proclamer la Bible telle qu’elle se donne à lui, sa mission étant d’en expliquer la signification dans le cadre de l’Histoire du Salut, qui trouve son aboutissement en Jésus-Christ. C’est sur ce fondement qu’il encourage ses auditeurs, par le biais de l’exhortation, à mettre en pratique cette signification une fois comprise, ce qui constituera le signe tangible de leur obéissance à Dieu et de la seigneurie de Jésus- Christ sur leur vie7. 2 Le fait de prêcher tout le conseil de Dieu (cf. Ac 20,27) Pour notre deuxième avantage, nous présupposons un cadre dans lequel les membres d’une Eglise locale sont régulièrement, dans la durée, au bénéfice d’un régime de prédications expositives. L’atout d’un tel régime est que l’assemblée finit par entendre tout le conseil de Dieu (cf. Ac 20,27). Le prédicateur principal, ou les prédicateurs, aborde(nt) des livres bibliques en série, morceau par morceau, dimanche par dimanche. Par exemple, dans une Eglise de l’Ouest parisien, les prédications suivantes ont été apportées, durant le printemps et l’été de 2012, sur l’épître de Jacques (sous le titre global de « la foi authentique »)8 : • 1,1-18 : une foi qui persévère dans l’épreuve et qui trouve sa joie dans le Seigneur • 1,18-27 : une foi qui accueille la Parole en la mettant en pratique • 2,1-13 : une foi qui aime de manière impartiale • 2,14-26 : une foi qui travaille • 3,1-12 : une foi qui dompte sa langue • 3,13-4,12 : une foi qui se soumet humblement à Dieu • 4,13-5,6 : une foi qui ne se vante pas • 5,7-12 : une foi qui patiente et qui persévère • 5,13-20 : une foi vécue en Eglise Le fait de parcourir ainsi le texte intégral de l’épître veut dire que le prédicateur évite une sélectivité arbitraire ou malsaine, dictée par des « dadas ». le maillon / 7 le maillon / 8 On ne saurait se soustraire à la nécessité de considérer, entre autres, les rapports entre la foi et les œuvres (ch. 2), un avertissement solennel adressé aux enseignants (ch. 3), les liens entre péché et maladie physique (ch. 5). Les Ecritures contiennent des questions doctrinales et éthiques qui fâchent. Le prédicateur expositif ne peut pas les esquiver ! D’autres formes de prédication peuvent laisser plus de marge de manœuvre en ne traitant que quelques versets à l’intérieur d’un passage ou en arrêtant une lecture prématurément afin d’escamoter une question difficile… Ce n’est pas qu’il soit souhaitable de faire des questions délicates – ou des versets bibliques difficiles à comprendre – l’unique préoccupation du prédicateur et de l’auditoire, mais que les contours bibliques seront plus aisément respectés si l’on couvre tout le terrain de la Bible de façon systématique9. De plus, les contours de la trame de l’histoire du salut se dégageront petit à petit si les Ecritures tout entières font l’objet de prédications suivies. Il n’est pas anodin de vouloir éclairer nos assemblées sur le panorama du message biblique global, de leur permettre de saisir les jalons-clé de l’histoire de la rédemption depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. Ce deuxième avantage entraîne un bénéfice qui est cohérent avec la paternité humaine des Ecritures : on découvre la variété des genres littéraires bibliques, la richesse de la diversité des éclairages sur l’Evangile, la complémentarité des façons dont notre grand Dieu se révèle à nous. Une prédication sur 1 Pierre et une autre sur Daniel pourraient toutes deux avoir pour but de fortifier la foi uploads/Religion/ predication-expositive.pdf

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  • Publié le Jul 23, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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