2003 -33 ISSN 0484-0887 RECHERCHES AUGUSTINIENN S SOMMAIRE Jean-Paul BOUROT, La
2003 -33 ISSN 0484-0887 RECHERCHES AUGUSTINIENN S SOMMAIRE Jean-Paul BOUROT, La tradition catéchétique et exégétique du Pater noster ........ Rémi GOUNELLE, À propos des volailles cuites qui ont chanté lors de la passion du Christ. ................................................................................................................ . Jacques FONTAINE, Isidore de Séville et la Bible ................................................. . Martine DULAEY, Isidore de Séville témoin du Commentaire sur la Genèse de Victorin de Poetovio .............................................................................................. . Dominique POIREL, Un manuel d'exégèse spirituelle au service des prédicateurs : les Allegoriae d'Isidore de Séville .................................................. . Olivier SZERWINIACK, Bède et les interprétations des noms hébreux .................. . Jean-Michel PICARD, L'exégèse irlandaise des Épîtres de saint Paul : Les gloses latines et gaéliques de Würzburg ........................................................................... . Jean-Louis VERSTREPEN, L'exégèse de Raban Maur et sa méthode dans le commentaire des quatre Livres des Rois ............................................................... . Carlo ALBARELLO, Walafrid Strabon commente !'Exode : tradition textuelle et grammaire exégétique ............................................................................................ . Pierre RICHÉ, La Bible de Dhuoda ........................................................................ . Jean-Frnçois COTTIER, « Psautiers abrégés et prières privées durant le haut Moyen Age » ......................................................................................................... . Thomas FALMAGNE, La survie des ouvrages exégétiques du Haut Moyen Âge (600-900) aux XII' et XIII' siècles .......................................................................... . COMITÉ DE DIRECTION Jean-Claude FREDOUILLE, François DOLBEAU, Georges FOLLIET, Jacques FONTAINE, Claude LEPELLEY, André w ARTELLE (t) CONSEIL SCIENTIFIQUE Irena BACKUS (Genève), Jean-Denis BERGER, Isabelle BRUNETIÈRE, Anne DAGUET-GAGEY, Martine OULAEY,Yves-Marie DUVAL, 3-18 19-63 65-69 71-94 95-107 109-154 155-167 169-178 179-207 209-213 215-230 231-243 Allan D. FITZGERALD (Rome), Alain LE BOULLUEC, Goulven MADEC, Pierre PETITMENGIN, Hervé SAVON, Franz-Bernhard STAMMKÔTTER (Bochum) Administrateur : Jean-Denis BERGER Les manuscris doivent être envoyés à Jean-Denis BERGER, à l'Institut d'Etudes Augustiniennes, 3, rue de l' Abbaye, 75006 PARIS. DIFFUSION EXCLUSIVE BREPOLS PUBLISHERS Begijnhof 67. 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Il leur répondit : "Quand vous priez, dites : Père, que ton Nom soit sanctifié ! que ton règne arrive ! donne-nous chaque jour notre pain quotidien ; remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit ; et ne nous soumets pas à la tentation 1." » La comparaison entre Jean-Baptiste et Jésus n'est pas une formule rédactionnelle tardive, que Luc, qui écrivait entre 70 et 90, aurait introduite dans son Évangile, mais elle renvoie au moment où Jésus semblait encore être un disciple de Jean. Ce souvenir historique a perdu, lorsque Luc le recueille, sa date et sa localisation précises, réduites à de vagues indications : « un jour, quelque part ». Si l'on se fie à la composition du troisième Évangile2, on pourrait placer cet épisode après la mort de Jean, lorsque Jésus vers la fin de sa vie pouvait révéler, sans craindre la concurrence en quelque sorte, la forme de sa prière, qui différait certainement de celle qu'enseignait le Baptiste, même si celle-ci ne nous est pas parvenue. Mais saint Luc fait connaître les paroles de Jésus en grec, selon la traduction que des disciples d'origine païenne avaient établie, peut-être avant la mort de leur Maître. Lorsque Luc composait son Évangile, depuis longtemps déjà la traduction grecque de la formule de prière enseignée par Jésus s'était largement répandue sous une forme amplifiée, que conservent le premier Évangile et la Didachè, 1. Luc. 1 1 , 1-4 ; trad. E. Osty. 2. Les allusions à l'arrestation et à la mort de Jean-Baptiste (Luc. 3,19-20 et 9,9) appartiennent à la partie du troisième Évangile consacrée au ministère de Jésus en Galilée (Luc. 3,1-9,50), avant la montée vers Jérusalem (Luc. 9,5 1-19,27), qui conduit Jésus vers sa passion et sa mort. 4 JEAN-PAUL BOUHOT l'un et l'autre probablement composés vers les années 80-90, dans la région d' Antioche3. Cette forme de !'Oraison dominicale est souvent tenue, en parti culier par les exégètes contemporains4, pour antérieure à celle que fait connaître Luc, à partir d'arguments théologiques, philologiques ou linguistiques, mais l'historien peut difficilement admettre cette hypothèse, comme on peut en juger en comparant seulement l'invocation initiale dans les deux formules. Donner à Dieu le nom de Père, sans aucune autre détermination, c' est affirmer qu'il est universellement présent dans la vie de tous les hommes et en même temps qu'il est personnellement proche de chacun d'entre eux. Par contre, seule la communauté des croyants peut dire « notre Père » ; Dieu est alors le Père de ceux qui sont devenus par la foi et le baptême ses fils : c'est l'Église et non l'humanité entière. En outre, le Père qu'invoque sur terre la communauté croyante, s'en trouve séparé par une distance infinie, puisqu'il est « dans les cieThx ». Ainsi, dans l'invocation initiale de l'oraison dominicale selon le premier Évangile, le nom de Père sert toujours pour désigner Dieu, mais en perdant ses éléments essentiels de signification, qui avaient sans aucun doute conduit Jésus à le choisir comme dénomination divine. Sans pousser plus avant la comparaison entre les textes5, il n'est pas possible d'admettre que des disciples, ou peut-être seulement Marcion6 vers 140, aient retrouvé à partir de 3. Matth. 6,9-13; Didachè 8,2. La Didachè paraît être le plus ancien des recueils canonico liturgiques, qui, attribués aux Apôtres, sont nés et se sont multipliés avec l'organisation et le développement des communautés chrétiennes, qui se sont rendues indépendantes des pratiques juives et dont on signale !'existence à Antioche vers les années quarante (Actes 1 1,26) ; M. GOGUEL, La naissance du christianisme, nouv. éd., Paris, 1955, p. 209-21 1. 4. J. CARMIGNAC, Recherches sur le « Notre Père», Paris, 1969, p. 1 8-28 : relevé des diverses positions adoptées par les exégètes modernes et contemporains ; l'auteur ne discute guère les thèses en présence et fonde son choix sur un argument d'autorité : «En définitive, écrit-il en conclusion, le scepticisme de ceux qui se refusent à choisir entre Luc et Matthieu n'est pas une solution scientifique. Puisqu'il y a, semble-t-il, des motifs pour préférer Mat thieu à Luc, prenons pour texte de base celui de Matthieu, sans oublier d'examiner soigneuse ment les variantes de Luc. Les diverses liturgies, de l'Orient comme de l'Occident, ont dû elles-mêmes se prononcer. Elles ont choisi Matthieu, et l'on a tout lieu d'estimer qu'elles ont bien choisi ! » 5. S. DocKK, « La Genèse du "Notre Père" replacée dans le cadre de l'histoire », Chro nologies néotestamentaires et Vie de l'Église primitive. Recherches exégétiques, Leuwen, 1984, p. 299-308. En comparant le texte du « Notre Père » dans Luc et Matthieu, avec dif férents passages du Nouveau Testament, l'auteur imagine une construction par « amplifi cations successives » (p. 307), de sorte que la Prière du Seigneur serait une compilation, relativement tardive, de prières effectivement prononcées par Jésus. Il est beaucoup plus probable que les auteurs du Nouveau Testament ont inséré dans leurs récits ou leurs exhor tations des expressions empruntées à la prière enseignée par Jésus, reprise par les disciples du vivant même de leur Maître, et par la communauté croyante dès le début de sa constitution. 6. C.-B. AMPHOUX, « La révision marcionite du "Notre Père" de Luc (1 1 ,2-4) et sa place dans l'histoire du texte», Recherches sur l'histoire de la Bible latine, Louvain-la-Neuve, 1987, p. 105-120 (Cahiers de la Revue théologique de Louvain, 19). La forme de texte qui donne la meilleure idée de ce qu'était la rédaction de Luc serait conservée dans le codex de Bèze (D.05), qui a transcrit dans le troisième Évangile un texte pratiquement identique à celui que transmet saint Matthieu ; vers 140, à Rome, Marcion aurait abrégé ce texte long ; pendant la seconde moitié du deuxième siècle et tout le troisième siècle, le texte de Marcion aurait été lA TRADITION DU PATER NOSTER 5 l'enseignement de Jésus qu'aurait transmis exactement saint Matthieu, une forme de prière que nous connaissons par saint Luc, et qui est bien plus conforme gue la précédente à la pensée et à la religion de Jésus. Au contraire, le troisième Evangile fournit la meilleure approche de la prière que Jésus a confiée à ses disciples, tandis que le premier Évangile en transmet la forme que très tôt lui a donnée la communauté des croyants, en effectuant en quelque sorte la première exégèse de la Prière du Seigneur. L'usage de cette prière s'est certainement développé du vivant de Jésus, et davantage encore après sa mort, puisque ce modèle de prière avec la fraction du pain constituent les seuls moyens pratiques laissés aux disciples pour manifester leur foi et leur appartenance à la communauté des croyants. Sans aucun doute, la uploads/Religion/ recherches-augustiniennes-volume-xxxiii-2003 1 .pdf
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- Publié le Mar 14, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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