Échos d'Orient La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documents

Échos d'Orient La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documents conciliaires Martin Jugie Citer ce document / Cite this document : Jugie Martin. La controverse palamite (1346-1368). Les faits et les documents conciliaires. In: Échos d'Orient, tome 30, n°164, 1931. pp. 397-421; doi : 10.3406/rebyz.1931.2692 http://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1931_num_30_164_2692 Document généré le 27/04/2016 La controverse palamite (1341-1368) Les faits et les documents' conciliaires 4i Les Échos d'Orient ont donné, il y a une trentaine d'années, une série d'articles sur les origines et les débuts de la controverse hésychaste ou palamite (i). Cette étude s'est arrêtée à l'histoire du concile du mois de juin 1341, improprement qualifié de synode hésychaste (2); Depuis cette époque, plusieurs travaux d'inégale valeur ont paru sur la même question. Ceux-là seuls ont apporté du nouveau qui ont utilisé des sources inédites (3). On "sait com- bieik ces sources sont nombreuses et importantes. On en pourrait former une véritable bibliothèque. De cette masse nous avons pu consulter des morceaux de choix patiemment réunis par M&r Louis Petit. Ils donnent la clé de bien des énigmes et nous révèlent par quelle voie le palamisme réussit à devenir la doctrine officielle de l'Église byzantine. Notre intention, dans le présent article, n'est point de reprendre l'histoire des origines de la controverse entre le moine Calabrais Barlaam et Grégoire Palamas, bien que cette histoire soit en grande partie à refaire ; mais nous devons revenir sur le concile de 1341, dont notre prédécesseur a fait le récit d'après les documents dont ϋ disposait. Nous poursuivrons ensuite l'histoire de la querelle jusqu'au -synode réuni par le patriarche Phi- lothée Kokkinos en, 1 368, contre le hiéromoine Prochoros Cydonès, en nous attachant spécialement à déterminer la date et la portée des nombreux documents conciliaires qui ont été promulgués durant cette période. ■1. Les deux conciles de 1341 et le tome synodal. La première question qu'il est nécessaire d'élucider, si l'on veut voir clair dans l'histoire de la controverse palamite, est celle de (1) J. Bois, « Les hésychastes avant le xiv* siècle »; « Grégoire le Sinaïte etl'hésy- chasme à l'Athos au xiv' siècle > ; < Les débuts de la controverse hésychaste > {Echos d'Orient, t. V, 1902, p. 1, 65, 353). , (2) « Le synode hésychaste de 1341 » (Echos d'Orient, t. VI, 1903, p. 5o-6o). (3) Signalons spécialement l'étude du R. P. J. Çausherr avec les textes inédits qu, l'accompagnent, « La méthode Jd'oraison hésychaste >, dans les Orientalia Christiana t ' \' 398 ÉCHOS D'ORIENT l'origine et (k la .véritable signification d'un. document sur lequef Grégoire Palamas et ses partisans se sont appuyés pour résister ouvertement à l'autorité ecclésiastique, dès la fin de l'année 1341 et jusqu'à ta imposition* du patriarche Jean Caiecas (février 1347). Nous voulons parler du tome synodal de 1341, 6 συνδικδς τόμος, qui porte dans les manuscrits d'origine palamite le titre suivant :: « Συνοδκος tojaoç γεγρα^ψένος επί ταΐς Ιξελεγξάσαις καΐ άποβαλλομένοας τήν του Βαρλααρ κο« Ακίνδυνου δυσσέβειαν [χεγάλαις συνόδ«ις, εν αίς «ΐίχ ή Εκκλησία |*όνβν, αλλά καί ή σύγκλητος καΐ οι καθολικοί π«ρηβ·αν των 'Ρωμαίων κριταί, προκαθημένου καΐ του θειοτάτου ^ασιλίως Ιως ου τεερ·ν^ν ». Ce titre est curieux, sous plus d'un rapport. Il nous présente le document comme étant le résultat de plusieurs synodes, q^i ont rejeté l'impiété d« Barîaam et d'Acindyn« et qui ont été réutîis du vivant et sotis la présidence drAïidroiîic Iïï Paléologue. En fait, en lisant la pièce, on s'aperçoit qu'il n'y est question que du sy»ode teau dans l'église Sainte-Sophie, le ι ο juin 1841 (1), quatre jours avant la mort d'Andronk (1 5 juin), et que Barlaam seul est nommé. Le titre est donc faux, mais pas complètement cependant. Éclair- cissons le mystère. Et commençons d'abord par parter de ce fameux concile de juin 1 34 1 , où les accusations de - Barlaam contre les· hèsychastes furent rejetées et son opinion sur la natiare de la lumière thaborique condamnée comme contraire à la doctrine des Pères. Nous savons qu'après son retour de l'ambassade d'Avignon ( 1339) ,. Barlaam, après une courte halte à Constantinople pour rendre compte de sa mission, avait regagné Thessalonique et avait refait son ouvrage contre les hèsychastes·, en l'intitoîant : E«tàtlfas»eeiXiiwiiv. Sans retard, Païamas avait répondu à cette nouvelle édit«M par une troisième triade de discours contre le moine calabrais (2). Dans ces derniers opuscules, le théologien hésychaste accentuait ses nouveautés théologiques tant pour le fond de la doctrine que pour les formules. Dès qu'il les eut en main, Barlaam reprît le chemin t. IX (1927), p. 101-209, et l'ouvrage de M^Giovanni Mercati, 'Notdzk M Procom eiDeme- trio Cïdone, di Manuele Caleca, di Teodoro Meliteniota, ed altri appunti per la stärkt délia teologia e délia letter alura bizantina.del secolo xiv, Rome, 193 1. (1) On peut hésiter entre le 10 et le 11 juin, suivant qu'on met, ou non, quatre jx>ur& complets entre la fin du concile et la mort d'Andmmic, arrivée le i5 juia. (2) Palamns a écrit neuf discours contre Barîaasm divisés es trois triades, ©ans t&fœe- ntière triade, Barlaam est combattu sans être nommé, parce qu'il n'avait eöcöee tien publié contre les hésyclrastes. La seconde trkde fat composée pendant le \<ψ&$& ■du Galatb*aj»eû©ccideat. Cf. le Panégyrique de Palamm par Phiîotâée, P. G., i. ÇLït col. 587-59©. LA CONTROVERSE PALAMITE (l34T-i 368) 399 de la capitale et alla dénoncer son rival au patriarche. Il alla aussi trouver Aciûdyne pour solliciter son appuis dans sa lutte contre les hèsychastes et leur défenseur. Bien ma! lui en prit, car Acindyne, k ce qu'il nous raconte lui-même dans son Discours au patriarche Jean et à sm synéde,ècnt en 1344, Je rabroua vertement, lui fai* sant remarquer que ce n'était pas à; lui, étranger, 4e se mêler de critiquer et de réformer Jes abus de l'Église byzantine (i). Puis, -avec quelques moines, le même Acindyne se rendit chesle patriarche. •On examina les écrits de Palamas apportés par Bariaam, et on y trouva de telles énormités doctrinaîesf qu'oïl rie voulut point •croire qu'elles fussent authentiques. On pensa quelle Calabrais les avait inventées. On lut aussi l'ouvrage de, ce dernier contre les moines, et il apparut qu'il n'était pas à l'abri de toute critique. Le patriarche chargea Acindyne de l'examiner plus à fond et d'en -écrire, au besoin, une réfutation. C'est ce qui fut fait. Adndyne trouva Bariaam reprehensible sur deux points : II parlait de la lumière du Thabor d'une manière peu respectueuse, en enseignant qu'elle était inférieure en dignité non seulement aux anges,, mais même à l'esprit humain et à ses concepts, alors que les Pèrea de l'Église en avaient dit des choses si merveilleuses. De plus, ses cr> tiques de la méthode de prière des hèsychastes étaient fort exagé^ fées, et ces boas caloyers ne méritaient pas qu'on les traitât de mas- salieasoö de bo^omiles. D'accusateur, le moine calabrais risquait fort de passer au rang d'accusé, car Acindyne l'attaquait ou ver- testent et défendait Palamas. il alla même jusqu'à publier plu-? sieurs dissertations contre loi. < - : Mais, sûr de ce qu'il avançait, Bariaam ne se laissa pas déconcerter par ce premier insuccès. Il continua à dénoncer Pàlamas par loute la ville et le présenta même comme tenant des conciliabules ;au MöntAthos et à Thessalonique, contrairement aux saints .■canons (2). De ces conciliabules de Palamas nous connaissons au moins celui dont parle Philothée dans son Panégyrique, c'est-à-dire cette réunion des principaux Àthonites où fut élaboré un autre document palâmite célèbre, le τό^ς άγΜρβιτνχός (3). Devant cette (l) « Ou xhy Βαρ^αμ προϊήκειν ipsvväv τα ήμέτ^ρ« χαι StopioSv. * Ced. Monacensis graec, 22J, fol. 5ïT. ~ (2) * !Ος âf!« b Παλαμάς τΕαρ«^;ύναγω.γαζ έν χ& öf st τ& άγί«ρ itotsï χ« ν Θ θε£»»ς xad, tefoùî ««νΐνβς. * acindyne. Ibid. . }f lä réaction du ré{w>i aYto^etxtxd«, voir Philothée, Panégyrique de Patentas, Joe. cit., -ce5. 593. îl fat composé vtuieembîablemeat fers la fin de ^ 400 \ ÉCHOS' D ORIENT -accusation positive et grave par elle-même, qui fut portée à ses oreilles non seulement par le Calabrais, mais par plusieurs autres, Jean Calecas se décida enfin à agir. Une lettre synodale assez dure * de ton fut envoyée à l'archevêque de Thessalonique pour qu'il fît diriger sur Constantinople le moine Palamas. Barlaam lui-même fut chargé de la faire parvenir à destination. Acindyne en eut connaissance, et trouvant le procédé peu délicat pour son ami Palamas, eut l'audace d'écrire au patriarche pour lui faire des remontrances sur la sévérité de la missive. Il se présenta ensuite lui-même au prélat, ajoutant qu'on aurait dû, au moins, envoyer 41η exemplaire de la lettre à Palamas lui-même pour ménager son amour-propre. Le. patriarche se laissa convaincre et résolut de n'adresser la lettre synodale qu'à Palamas. Mais il était trop tard. Quand on demanda à Barlaam de rendre la lettre qui lui avait été remise pour le métropolite , de Thessalonique, il répondit que l'expédition était déjà faite. Jean Calecas poussa alors la condescendance jusqu'à faire i envoyer un exemplaire du document à Palamas lui-même par Tin- j termédiaire uploads/Religion/ rebyz-1146-9447-1931-num-30-164-2692.pdf

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  • Publié le Nov 25, 2021
  • Catégorie Religion
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