Mercredi 27 juillet 2011 3 27 /07 /Juil /2011 03:07 Michel Vâlsan : Sur le Chei

Mercredi 27 juillet 2011 3 27 /07 /Juil /2011 03:07 Michel Vâlsan : Sur le Cheikh al-‘Alâwî. SUR LE CHEIKH AL-'ALÂWÎ (1869-1934) L'ouvrage de M. Martin Lings paru récemment en traduction française, Un Saint Musulman du vingtième siècle : Le Cheikh al-'Alâwî (1), a déjà fait l'objet d'un compte rendu dans les Etudes Traditionnelles lors de la publication de son édition originale anglaise (2). Nous profitons de la nouvelle occasion pour faire remarquer un point particulier des données biographiques rapportées dans ce livre, qui, corroboré par d'autres éléments documentaires et éclairé par des notions doctrinales du Tasawwuf, peut montrer un aspect non-relevé jusqu'ici de la figure de ce maitre spirituel de notre époque et de sa fonction spirituelle. Tout d'abord, dans le texte des souvenirs du Dr. Marcel Carret que M. Lings a inclus dans le chapitre I de son livre, l'utilisant ainsi comme entrée en matière (3), on trouve parmi les notations initiales une qui concerne l'impression que fit le Cheikh Al-'Alâwî au médecin français lorsque celui-ci lui rendit visite pour la première fois a la zâwiya de Mostaganem : « Ce qui me frappa de suite, ce fut sa ressemblance avec le visage sous lequel on a coutume de représenter le Christ. Ses vêtements si voisins, sinon identiques, de ceux que devait porter Jésus, le voile de très fin tissu blanc qui encadrait ses traits, son attitude enfin, tout concourrait pour renforcer encore cette ressemblance. L'idée me vint a l'esprit que tel devait titre le Christ recevant ses disciples, lorsqu'il habitait chez Marthe et Marie » (p. 17) (4). Plus loin dans son texte reproduit (p. 21), le Dr. Carret, en parlant encore du Cheikh Al-'Alâwî, emploie les termes « cette figure de Christ ». Beaucoup de lecteurs penseront qu'il y a là, surtout chez un Européen moderne qui n'aurait pas trop le souci, ni les moyens de nuancer sa sensibilité, une référence sommaire a une notion commune de sainteté dans le monde occidental, appuyée sur une analogie d'ordre esthétique. Nous avons quelques raisons de ne pas penser ainsi, et plusieurs autres considérations peuvent entrer en ligne de compte pour expliquer, dans une certaine mesure tout au moins, la « ressemblance » relevée dans le récit du médecin qui, à notre avis, est plutôt la traduction d'un élément plus subtil que l'apparence physique. (1) Villain et Belhomme - Editions Traditionnelles, 1967. (2) Voir le numéro de janvier-février 1962, p.46. (3) Le Dr. Carret avait rédigé son texte, daté « Tanger, mai 1942 », sur la demande d’un faqîr alaouite d’origine occidentale qui n’avait pas connu le Cheikh al-‘Alawî et qui avait été rattaché à la voie du Tasawwuf après la mort du Cheikh par un de ses anciens muqaddams du Maroc vivant lui-même à Tanger à l’époque. Ce texte eut sa première édition française dans une brochure de 30 pages publiée à Mostaganem en 1947 sous le titre : « Le Cheikh El-Alaoui (Souvenirs) ». (4) A retenir aussi, à ce propos, la notation finale sur cette première rencontre : « Je me retirai discrètement, dit le Dr. Carnet, emportant une impression qui à plus de vingt ans d'intervalle, est restée aussi nettement gravée dans ma mémoire que si ces événements dataient à peine d'hier. » (ibid., p. 20). Lors des événements qui suivirent la mort du Cheikh Al-Bûzîdî qui n'avait pas voulu désigner lui-même son successeur, laissant expressément la chose a la décision divine, et lorsque le groupe des affiliés de la zâwiya de Mostaganem avec leurs muqaddams se demandaient qui devaient-ils reconnaitre comme nouveau chef local avant tout, beaucoup de membres de la confrérie eurent des songes spirituels dont il résultait que le successeur au maqâm du Cheikh Al-Bûzîdî etait le Cheikh Al-'Alâwî. Le Cheikh Sidi Adda Ben Tunes, dans son livre Ar-Rawdat as-saniyya (Mostaganem, 1354 H. = 1936), dit que ces « visions » furent très nombreuses : il en retient déjà une soixantaine ; M. Lings en a traduit (pp. 76-80) six, dont une du Cheikh 'Alâwî lui-même. Or, à part ces dernières, il y a parmi les visions rapportées dans l'ouvrage arabe quelques autres qui présentent un caractère tellement particulier et significatif à un égard qui nous intéresse ici qu'il serait vraiment regrettable de ne pas les relever en cette circonstance. Nous traduisons les passages respectifs : « Une de ces visions fut celle dont informa le Cheikh Sidi Abdu-r-Rahman Bû'azîz le chef de la zâwiya du pays al-Jaâfirah en disant : « Un des fuqarâ’ nous a raconté qu'il a vu la lune fendue en deux moitiés et qu'une planche (lawha) suspendue à des chaines en descendit qui ne cessa de s'approcher de la terre jusqu'à ce qu'il ne restât que peu d'écart. Or voilà qu'apparut au haut de cette planche de Maitre Al-'Alâwî – qu'Allâh soit satisfait de lui ! – et avec lui Sayyidunâ Aïssâ (notre seigneur Jésus) – sur lui la Paix ! – Un héraut se dressa et cria : « Qui veut voir Aïssâ (Jésus) – sur lui la Paix ! – avec le Maître suprême ? Les voici qui sont descendus du ciel ! Empressez-vous donc ! » La terre fut alors secouée violemment avec ses êtres, et toutes les créatures se rassemblèrent et demandèrent de monter avec le Maître sur cette planche. Il leur répondit : « Restez en attente ! Nous reviendrons chez vous ! – (p. 138). Une autre vision dont informa le Cheikh Al-Hassan ben Abdel-Aziz at-Tilimsânî est la suivante : « Je me suis vu moi- même au milieu de la vallée de la ville de Tlemcen, qui était remplie dune immense foule d'hommes ; ceux-ci attendaient la Descente (Nuzûl) d'Aïssâ (Jésus) – sur lui la Paix ! – du ciel (5). Or voici qu'un homme en descendit effectivement, et on en disait : « C'est lui Aïssâ ! ». Or quand mon regard tomba sur lui je trouvai que c'était Sidi Ahmed ben Alioua (= Al-'Alâwî) – qu'Allâh soit satisfait de lui ! » (p. 135). « La vision dont informa le Chérif vénéré, le saint d'Allah Sidi Mohammed ben at-Tayyib ben Mûlay al-'Arabî ad-Darqâwî – qu'Allâh nous fasse bénéficier de ses bénédictions ! – est celle-ci : « je vis un groupe d'hommes qui informaient de la Descente d'Aïssâ – sur lui la Paix ! – et qui affirmaient qu'il est descendu et qu'il avait dans sa main un sabre de bois avec lequel il frappait la pierre et celle-ci se transformait en homme véritable (rajul), et frappait la bête et celle-ci devenait un être humain (insân). Or je connaissais cet homme descendu du ciel et j'étais en relations épistolaires avec lui, il m'écrivait et je lui écrivais. Je me préparai donc à le rencontrer, et lorsque je le trouvai je constatais que c'était le Cheikh Sidi Ahmed Al-'Alâwî – qu'Allâh soit satisfait de lui ! – sauf qu'il avait l'aspect d'un médecin qui traitait les malades et qui était aidé par plus de soixante hommes. » (p. 137). (5) La « Descente » de Sayyidûnâ Aïssâ réfère symboliquement à la deuxième venue du Christ qui est liée dans l'enseignement islamique aux évènements de la fin des temps. A part ces visions en songe nous en citerons une autre qui semble avoir procédé de l'état de veille, mais qui a du se transférer entre veille et songe (en ce dernier cas il s'agirait plus exactement d'une wâqi'a, « événement ») : « Ce dont a informé le fidèle en amour, l'être au fond pur, Sîdî Ahmed Hâjî at-Tilimsânî en disant : « Pendant que je vaquais a l'invocation suprême (adh-dhikr al-a'zam) (6), je vis les lettres du Nom de la Majesté divine (Ism al-Jalâla) remplir l'univers entier. Or, de ces lettres, je vis se constituer ensuite la personne du Prophète – qu'Allâh lui accorde grâces unitives et grâces pacifiques ! – sous une forme lumineuse. Puis les mêmes lettres se manifestèrent sous une autre forme, dans laquelle je perçus la figure du Cheikh Sidi Ahmed ben Alioua, sur le corps duquel était inscrit : Mustafâ Ahmed ben Alioua, après quoi, j'entendis une voix crier : « Témoins ! Observateurs ! » (Shuhadâ'! Ruqabâ' !). Ensuite ces lettres (du nom divin « Allah ») se révélèrent une troisième fois, et ce fut sous la forme du Cheikh dont la tête portait une couronne. Pendant que nous restions ainsi, voici qu'un oiseau descendit sur sa tête et me parla : « Regarde, c'est le maqâm (station spirituelle) d'Aïssâ (Jésus) » – sur lui la Paix ! » (6) Il s'agit du dhikr fait avec le nom « Allâh » qualifié couramment comme « le Nom de la Majesté divine », expression qui se trouve du reste dans la suite immédiate de la phrase. Une dizaine d'autres des « visions » rapportées dans le livre du Cheikh Adda montrent une relation explicite et directe du Cheikh Al-'Alâwî avec le prophète Muhammad ce qui, en pareille matière est, pourrait-on dire, chose parfaitement normale ; une de celles-ci, rapportée de la part du Cheikh uploads/Religion/ receuils.pdf

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  • Publié le Mar 23, 2021
  • Catégorie Religion
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