1 Frédéric Rognon La religion Collection dirigée par Laurence Hansen-Løve Editi
1 Frédéric Rognon La religion Collection dirigée par Laurence Hansen-Løve Edition numérique : Pierre Hidalgo La Gaya Scienza, © octobre 2011 2 Table des matières Introduction .................................................................. 7 Les difficultés d’une définition ........................................ 7 Le contenu des croyances ...................................... 7 L’attitude religieuse ............................................... 9 Le recours à l’étymologie ................................................ 11 Philosophie et religion : la religion des philosophes ...... 13 Quelques problèmes philosophiques sur la religion ...... 15 La délimitation de la religion ............................... 15 La religion comme objet de dispute ..................... 15 La religion comme objet d’analyse ....................... 16 La religion comme élément des mutations modernes .................................................................... 16 1. Foi et raison : qu’est-ce que croire ? ......................... 17 Croire ou savoir ? ............................................................ 17 Le statut de la raison ...................................................... 18 Fidéisme ou rationalisme ? ............................................ 19 Le fidéisme ........................................................... 19 Le rationalisme .................................................... 20 Une synthèse entre foi et raison .......................... 20 Texte 1 : Le pari, expression d’une foi raisonnable, B. Pascal (1623-1662) ......................................................... 21 Pour mieux comprendre le texte ......................... 23 3 Texte 2 : La foi ne vise pas à la vérité, B. De Spinoza (1632-1677) .................................................................... 24 Pour mieux comprendre le texte ......................... 25 Texte 3 : La religion naturelle, indépendante de toute révélation, J.-J. Rousseau (1712-1778) .......................... 27 Pour mieux comprendre le texte ......................... 28 Texte 4 : La foi, un saut irrationnel, S. Kierkegaard (1813-1855) .................................................................... 29 Pour mieux comprendre le texte ......................... 30 Texte 5 : La conversion, retournement vers le dedans, L. Del Vasto (1901-1981) .................................................... 32 Pour mieux comprendre le texte ......................... 34 Texte 6 : Le bouddhisme est-il une religion ? Dalaï-lama (né en 1935) ................................................................... 35 Pour mieux comprendre le texte ......................... 37 2. Le débat sur l’existence de Dieu .............................. 39 Texte 7 : La preuve ontologique de l’existence de Dieu, Saint Anselme (1033-1109) ............................................ 41 Pour mieux comprendre le texte ......................... 42 Texte 8 : La preuve cosmologique de l’existence de Dieu, Saint Thomas D’Aquin (1227-1274) ............................... 44 Pour mieux comprendre le texte ......................... 46 Texte 9 : La version cartésienne de l’argument ontologique, R. Descartes (1596-1650) .......................... 47 4 Pour mieux comprendre le texte ......................... 49 Texte 10 : La possibilité logique de l’existence de Dieu, G. W. Leibniz (1646-1716) .............................................. 50 Pour mieux comprendre le texte .......................... 51 Texte 11 : L’existence de Dieu : une nécessité morale, E. Kant (1724-1804) ........................................................... 53 Pour mieux comprendre le texte ......................... 55 3. Critiques de la religion ............................................ 57 Texte 12 : La religion est strictement humaine, L. Feuerbach (1804-1872) .................................................. 59 Pour mieux comprendre le texte ......................... 60 Texte 13 : L’opium du peuple, K. Marx (1724-1804) ...... 61 Pour mieux comprendre le texte ......................... 62 Texte 14 : Dieu est mort, F. Nietzsche (1844-1900) ....... 63 Pour mieux comprendre le texte ......................... 65 Texte 15 : La sublimation de la figure du père, S. Freud (1856-1939) .................................................................... 67 Pour mieux comprendre le texte ......................... 68 Texte 16 : Sans Dieu, l’homme est condamné à être libre, J. -P. Sartre (1905-1980) ...................................... 70 Pour mieux comprendre le texte .......................... 71 4. Religion, culture et société ...................................... 73 5 Texte 17 : Pour une définition sociologique de la religion, É. Durkheim (1858-1917) ................................. 75 Pour mieux comprendre le texte .......................... 77 Texte 18 : Il n’y a pas une religion, mais des phénomènes religieux, M. Mauss (1872-1950) .............. 78 Pour mieux comprendre le texte ......................... 79 Texte 19 : Éthique religieuse et mentalité économique, M. Weber (1864-1920) ................................................... 81 Pour mieux comprendre le texte ......................... 83 Texte 20 : La dialectique des hiérophanies, M. Éliade (1907-1986) .................................................................... 84 Pour mieux comprendre le texte ......................... 85 Texte 21 : La religion canalise la violence, R. Girard (né en 1923).......................................................................... 86 Pour mieux comprendre le texte ......................... 88 5. La religion face aux défis de la modernité ............... 90 Texte 22 : La dynamique du religieux, R. Bastide (1898- 1974) .............................................................................. 92 Pour mieux comprendre le texte ......................... 94 Texte 23 : Les mutations du religieux en régime d’ultra modernité, J.-P. Willaime (né en 1947) ......................... 96 Pour mieux comprendre le texte ......................... 98 Sujets analysés ........................................................... 100 Premier sujet : La foi doit-elle rendre intolérant ? ...... 100 6 Deuxième sujet : Les religions peuvent-elles être objet de science ? .................................................................. 103 Glossaire .................................................................... 106 À propos de cette édition électronique ....................... 118 7 Introduction Traiter en quelques dizaines de pages une notion aussi vaste que la religion conduit fatalement à la réduire. Il convient donc de ramener l’ambition d’un tel projet aux approches suivantes : délimiter le sujet et poser à son en- droit quelques problèmes philosophiques, afin d’esquisser les termes du débat. Les difficultés d’une définition Qu’est-ce que la religion ? L’article défini singulier n’est pas anodin. Il ne s’agit pas ici de traiter d’une seule religion mais d’envisager la réalité commune aux faits religieux dans leur globalité. On empruntera donc des exemples à divers contextes religieux. C’est alors que commencent les difficultés : qu’y a-t-il de commun à toutes les religions ? Quel est le critère du fait religieux ? Le contenu des croyances Dégager un élément universel dans le contenu des croyances s’avère vite une gageure. Enumérons ainsi quelques points communs à toutes les croyances, au risque de les récuser l’un après l’autre. – Un Dieu éternel et créateur. 8 Toutes les religions n’en conçoivent pas un. Le culte des ancêtres, par exemple en Mélanésie, ne reconnaît comme dieux que des morts qui ont connu la condition humaine et ses limites, avant d’être divinisés. – Une divinité, puissance surnaturelle (personnelle ou impersonnelle). Même ce critère plus large ne convient pas. Le boud- dhisme est une religion sans divinité, tandis que certaines philosophies non religieuses admettent l’existence d’une ou de divinité (s). La notion de religion déborde donc le concept de divinité, et réciproquement. – Un arsenal de dogmes, quels qu’ils soient. La « religion naturelle » de Voltaire et Rousseau n’admet pas de dogmes. (La pertinence du terme de « reli- gion » pour désigner cette philosophie est cependant con- testée.) – La réalité d’un au-delà. La « religion philosophique » de Spinoza la récuse. (Là encore, l’emploi du terme de « religion » ne va pas de soi.) – Le refus d’assimiler le réel à ce qui apparaît immé- diatement aux organes des sens. Ce critère est trop large car la philosophie platoni- cienne, qui n’est pas une religion, adopte la même atti- tude. – Un système de représentations productrices de sens pour la vie du croyant. 9 Ce critère beaucoup trop large assimile le fait religieux à un ensemble hétéroclite de phénomènes sociaux et idéaux (conceptions du monde, idéologies, systèmes sym- boliques, « philosophes » au sens courant et médiocre du terme). L’attitude religieuse Plutôt que de définir la religion par le contenu des croyances, il pourrait être plus judicieux d’examiner et de déterminer l’attitude religieuse. – La prière (relation verbale avec la divinité). Elle n’existe pas dans le bouddhisme ; cette religion est centrée sur la pratique de la méditation, car la qualité d’un être ne dépend pas de son pouvoir sur les choses, mais de son degré d’avancement sur le chemin spirituel. Voltaire et Rousseau ne prient pas non plus – au sens usuel de ce terme -, bien qu’ils admettent l’existence d’un Dieu. – Les rites (pratiques répétitives de louange, d’offrande, de sacrifice, de communion, ou de passage à un nouveau stade de l’existence humaine). Il existe des religions sans rites (le baha’isme, le qua- kerisme, fondés sur la seule foi), ainsi que des rites sécu- liers (par exemple le mariage civil). – La délimitation du monde en un domaine sacré et un domaine profane. Cette opposition structurale semble universelle. Pour- tant, certains ethnologues ont pu soutenir la théorie d’une coïncidence entre le réel et le sacré (entre le social et le 10 religieux), sans espace à proprement parler profane, dans le cas de certaines sociétés traditionnelles : en Afrique, par exemple, les divinités seraient présentes dans le moindre comportement, la moindre parole, la moindre pensée des hommes. On a pu ainsi qualifier la notion de « profane » de catégorie ethnocentrée illégitimement projetée sur des réalités culturelles différentes. Par ailleurs, en Occident chrétien, la Réforme protestante a désacralisé le monde et récusé la dichotomie entre sacré et profane : l’homme pro- testant ne conçoit de sacré qu’en Dieu, et non dans sa créature (le pain et le vin de communion), ni dans les hommes (les saints), ni dans les productions humaines (le temple, l’Église-institution). Enfin, définir le religieux par le sacré ne fait guère progresser la réflexion, mais opère seulement un glissement stérile d’une notion vers une autre. – Une organisation institutionnelle, ou du moins collective, rassemblant dans un culte les croyants qui adhèrent à une même vérité. Ce critère présente l’avantage de distinguer la religion de la magie. Certaines religions n’ont cependant aucun caractère institutionnel (le quakerisme), ou du moins au- cune structure cléricale (le mennonisme). – Une activité sociale régulière mettant en jeu une relation avec un pouvoir charismatique. 11 Cette définition, proposée uploads/Religion/ religion-rognon.pdf
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- Publié le Aoû 02, 2022
- Catégorie Religion
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