Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France

Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale Chanoine A. Auriol et Raymond Rey. La basilique Saint-Sernin de Toulouse. Toulouse, Édouard Privat ; Paris, Henri Didier, 1930 Henri Graillot Citer ce document / Cite this document : Graillot Henri. Chanoine A. Auriol et Raymond Rey. La basilique Saint-Sernin de Toulouse. Toulouse, Édouard Privat ; Paris, Henri Didier, 1930. In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 44, N°173, 1932. pp. 84-97; https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1932_num_44_173_5124_t1_0084_0000_2 Fichier pdf généré le 18/09/2018 COMPTES RENDUS CRITIQUES Chanoine A. Auriol et Baymond Rey. La basilique Saint-Sernin de Toulouse. Toulouse, Edouard Privât; Paris, Henri Didier, 19?0. Uu volume in-16, de ?67 pages. L'insigne basilique de Saint-Sernin de Toulouse est la plus grandiose de nos églises romanes, depuis la destruction de de Cluny. Elle occupe une place éminente dans de l'art français au Moyen âge. Architecture et sculpture, tout y soulève de passionnants problèmes d'archéologie On l'a beaucoup étudiée. Mais elle attendait toujours une monographie digne d'elle. On ne peut, en effet, citer que pour mémoire celle que publia d'Aldéguier en i854. Voici donc une monographie de Saint-Sernin qui est vraiment la bienvenue. Nous devons ce volume à la collaboration de deux érudits toulousains. L'un est le savant abbé Auriol, président de la archéologique du Midi de la France, qui avait déjà publié plusieurs articles sur des châsses, des chapiteaux, des fresques de Saint-Sernin, sans parler d'un excellent petit guide de la basilique, paru en 1920. L'autre est M. Rey, professeur à la des Lettres, qui s'est déjà fait connaître par ses études sur la cathédrale de Cahors et les vieilles églises fortifiées de notre Midi. L'illustration est aussi copieuse qu'on pouvait la et, par surcroît, a souvent l'attrait de l'inédit. Sachons gré à M. le professeur Hamann, de l'Université de Marburg, d'avoir mis à la disposition des auteurs la précieuse collection de ses photographies. Il y a là, révélés pour la première fois par l'image, des, détails d'architecture et de décoration sculpturale COMPTES RENDUS CRITIQUES. 85 qui constituent de remarquables documents. Quant ??? claire et soignée, elle fait honneur à la maison dont cette publication inaugure, je l'espère, une série de monographies régionales. L'ouvrage se divise en trois parties. La première, la plus pour l'histoire de l'art, est consacrée à l'architecture et à la sculpture; M. Rey étudie successivement les origines de Saint-Sernin, l'intérieur de la basilique, l'extérieur, le clocher, l'ornementation extérieure. La seconde partie a pour objet la décoration et le mobilier. L'abbé Auriol nous conduit d'abord au chur et à l'abside (tombeau de saint Saturnin et maître- autel), puis au déambulatoire, au transept et à la nef. Dans la troisième partie, c'est encore l'abbé Auriol qui nous sert de guide. Il nous fait descendre dans la crypte et visiter le trésor. Pour terminer, il nous met sous les yeux les vestiges du cloître et des cimetières. Cette monographie exhaustive n'est pas seulement destinée à satisfaire la curiosité des touristes qui s'intéressent à Saint- Sernin et à l'art français. Elle rendra service aux érudits, aux archéologues, aux historiens de l'art. Peut-être ne seront-ils pas toujours d'accord avec M. Rey; mais il ne prétend point nous donner une mise au point archéologique. « Notre seule ambition », écrivent trop modestement les auteurs, « est de un guide précis et commode ». Je me contenterai donc de consigner ici les quelques observations dont j'ai pris note au cours de ma lecture. Elles prouveront du moins aux auteurs avec quelle attention et quel intérêt j'ai lu et relu ces pages. Page la : Le tombeau de Saint-Sernin. Ce n'est pas « à même où le martyr était tombé » que saint Hilaire éleva un oratoire; c'est, selon la tradition, à l'endroit où la corde qui le liait au taureau s'est rompue. A ce détail légendaire la rattache directement le vocable de Saint-Saturnin-du Taur, de Tauro; et M. Rey paraît l'accepter sans réserve. Cette, relation immédiate de cause à effet m'a toujours paru peu En général, ces dénominations sont tirées d'un lieu, dit ou d'un monument du proche voisinage. Au v" siècle, dans la Toulouse wisigothique, ou plutôt hors des portes, existait un 86 ' ANNALES DU MIDI. taureau d'airain qui servait au supplice du feu. En 497, Alaric y fit enfermer et brûler un certain Burdunclus, qui s'était roi d'Espagne (Chronique ds Victor de Tunes, append., dans Monumenta Hist. German. antiquiss.,Xl,p. 222 : « Tolosam directus, in tauro aeneo impositus, igné crematus est »; cf. Hist, du Languedoc, éd. Privât, I, p. 5i4). Si ce taureau se près de la porte romaine du nord, dont les bases subsistent encore sous la place actuelle du Capitole, il aurait pu donner son nom au quartier voisin ; ce qui n'a rien à voir avec le rôle du taureau dans le martyre du Saint, mais ce qui aurait facilité la confusion. Je crois que ces cas de et d'adaptation sont fréquents. Mais non erat his locus. P. i3 ,: La basilique gallo-romaine. Jusqu'au ixe siècle, nous n'avons que la documentation suivante : les Actes de la de saint Saturnin (dans Hist, da Languedoc, éd. Privât, H, Preuves, col. 33), relatant la construction de la basilique « pul- chra et speciosa » par saint Sylve, son achèvement et sa consé- sécration, avec translation des reliques, par saint Exupère; la pierre tombale du prêtre David, qui paraît bien remonter au ve siècle; au vie siècle, un passage de Grégoire de Tours pour la première fois l'existence d'un monasterium ; la vie de l'abbé Sigiramne (vu0 s.), où il est fait mention de l'atrium beati martyris Saturnini, rendez-vous des pauvres qui viennent chercher l'aumône (Monumenta Germaniae, 2e ser., IV, p. 663); les'chartes de Charles le Chauve, datées de mai et juin 844, données dans le monasterium ou coenobium S. Saturnini prope Tolosam, où logeait le roi pendant que son armée assiégeait la ville; la charte de ce roi, datée du 5 avril 844, confirmant les privilèges accordés à ce « monastère » par son père Louis le Débonnaire et par les rois ses prédécesseurs. La destruction du monument par les Sarrasins, en 721, n'est qu'hypothèse. P. 16 : Saint-Sernin et la route de Compostelle. Sans doute on aurait tort de parler d'une école languedocienne dérivant de Saint-Sernin. Toulouse est trop à la frontière occidentale du Languedoc, qui subit d'autres influences ; cf. la nef de Saint-Nazaire de Carcassonne. Aussi Brutails préférait-il COMPTES RENDUS CRITIQUES. 87 ranger Saint-Sernin dans une soi-disante école d'Aquitaine, tout en avouant que cette école manque de consistance. On a certainement abusé de ces classifications régionales. Mais il est exagéré de considérer comme «périmée » la question de savoir si cette église appartient ou non à l'école auvergnate. Les surmontant les bas côtés, leurs voûtes en quart de cercle eu demi-berceau qui contrebutent le berceau de la nef centrale, cette disposition qui permet de donner à la fois plus de à l'édifice et des proportions plus élancées à la nef, qui permet aussi de l'éclairer un peu mieux grâce aux fenêtres ouvertes dans le mur extérieur des tribunes, telle est bien la formule auvergnate. Et l'on sait, d'autre part, quelle fut la de cette école. Saint-Sernin s'y rattache, de toute comme Saint-Martial de Limoges, comme Sainte-Foy de Conques. Ces réserves faites, on peut parler des « églises de pèlerinage », en y comprenant aussi Clermont, Saint-Nectaire, Issoire, Orcival, Mozac, etc., dont les Vierges miraculeuses et les reliques attiraient de nombreux pèlerins. P. 20 : Les basiliques surs de Saint-Sernin, leurs caractères communs. Je ne puis me résigner à croire que le rond-point du chur de ces édifices, avec sa demi-couronne de colonnes, « n'est autre qu'un demi Saint-Sépulcre ». Que certaines églir ses aient reçu la forme d'une rotonde à l'imitation du Saint- Sépulcre, c'est un fait bien connu. Celle de Neuvy, dans l'Indre, fut fondée en io45 « ad formam Sancti Sepulcri Ierosolimitani ». Mais que, « cette disposition étant peu commode dans les grands édifices, le demi-cerle du côté de la nef » ait été « supprimé », que l'on ait conservé seulement « l'autre demi cercle » pour en faire « l'hémicycle du chevet », voilà qui paraît peu et plutôt fantaisiste. Je ne conçois guère un arctn> tecte roman ou préroman découpant une tranche du pour l'adapter à son édifice. Un déambulatoire suppose presque naturellement, j'allais dire logiquement, une avec le rond-point du chur. Cette communication ne pouvait s'établir qu'à l'aide d'arcades assez rapprochées, n'exigeant pas de support massif, permettant donc de la colonne au pilier. Il y a là un processus logique dont il 88 ANNALES DU -MIDI. faut d'abord tenir compte, sans exclure des influences possibles qui ne sont pas nécessairement des imitations. Je ne suis pas d'accord non plus' avec M. Rey sur la fonction des tribunes qui surmontent les bas côtés de la nef et du « Leurs ouvertures faites de deux baies géminées, une large vue sur l'intérieur de l'église et permettaient de suivre les offices aux jours de grande affluence». Je uploads/Religion/ review.pdf

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  • Publié le Mar 03, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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