Robert Schilling Religions de Rome In: École pratique des hautes études, Sectio
Robert Schilling Religions de Rome In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1969-1970. Tome 77. 1968. pp. 256-258. Citer ce document / Cite this document : Schilling Robert. Religions de Rome. In: École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses. Annuaire 1969- 1970. Tome 77. 1968. pp. 256-258. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ephe_0000-0002_1968_num_81_77_16547 — 256 — RELIGIONS DE ROME Directeur d'études : M. Robert SCHILLING. agrégé de l'Université, docteur es lettres professeur à l'Université de Strasbourg Au cours du vendredi a été poursuivie l'étude, amorcée l'an dernier, de la liturgie des Frères Arvales. Une définition nouvelle de Dea Dia, la divinité qui occupe la place centrale du culte, a été proposée. Celle-ci ne saurait être ni un nom d'emprunt pour Cérès (Henzen et Wissowa) ni une « émanation des Semones de Mars » (Pasoli) : elle est, conformément à son nom, la déesse du ciel lumineux, du « beau temps » et, en cette qualité, elle exerce son office à la place attendue, au mois de mai; la fête célébrée en l'honneur de Dea Dia achève ainsi le cycle agraire qui est jalonné en particulier par les Fordicidia (15 avril), les Cerialia (19 avril) et les Floralia (28 avril). L'examen des procès-verbaux épigraphiques (disponibles grâce aux éditions de G. Henzen, Berlin 1874, et de A. Pasoli, Bologne, 1960) a permis de formuler plusieurs conclusions. I. Il semble que les fêtes en l'honneur de Dea Dia soient à dis tinguer des Ambarualia (sur ce point longtemps controversé, on se reportera en dernier lieu à A. Alfôldi, Early Rome and the Latins, p. 296-301). IL Un contraste remarquable ressort des documents : alors que le Carmen Aruale transmis par les seuls Acta de 218 révèle le rôle éminent occupé aux origines par Mars comme défenseur des fron tières de Yager Romanus, la liturgie mise au point sous le règne d'Auguste réserve la place principale à Dea Dia. Ce gliss ement est significatif : jadis prévalaient crainte et besoin de protec tion; désormais, la pax Romana établie, l'invocation s'adresse avant tout à la divinité préposée à la maturation parfaite des blés. III. Cette liturgie révèle d'incontestables traits archaïques. Cet archaïsme apparaît notamment dans l'utilisation liturgique de pots 257 remplis de bouillie de farine (« ollas cum pultes » {sic) : Acta de l'an 240) qui fait contraste avec les pains ornés de lauriers (« panes laureatos »), qui interviennent également dans le rituel. Il se manif este encore dans l'ordonnance « trifonctionnelle » des divinités qui sont invoquées lors des célébrations de sacrifices expiatoires. Par exemple, dans les piacula des Acta de l'an 183, on relève, aux dates du 8 février et du 13 mai, une liste divine qui, introduite par Ianus et close par Vesta Mater, comprend Iupiter, Mars et un groupe de divinités qui relèvent toutes d'une compétence agraire — en d'autres termes, du domaine représenté par Quirinus dans la triade archaïque telle qu'elle ressort des travaux de Georges Dumézil. IV. À cet archaïsme se superpose un syncrétisme non moins certain. C'est ainsi que les Acta de l'an 240 portent cette mention — étonnante si l'on s'en tient à la stricte tradition romaine — « ... de sangunculo uesciti sunt ». En effet, le sang comme la fres sure -exta- étaient réservés en règle générale à la divinité et la chair seule -uiscera-, était abandonnée à l'usage profane : il s'agit donc là d'une entorse au rituel romain, qui peut s'expliquer par une influence grecque. Ces tendances syncrétistes se vérifient encore dans l'apparition de divinités telles que les Virgines et les Famuli. Faut-il songer à une origine osque ? On peut penser respectivement aux Dium- pais d'Agnone (cf. Vetter, H.I.D., p. 104, n° 147) et au vocable apparenté osque famel (cf. Festus, p. 77 L). De même la mention d'une Mater Larum trahit l'intervention de la mythologie dans le culte des Lares. Le cours du samedi a été consacré à l'explication du texte de Cicéron, De Haruspicum responsis ainsi qu'à l'examen de problèmes particuliers. M. André Magdelain, professeur à la Faculté de Droit de Paris, a bien voulu offrir à l'auditoire la primeur de ses récentes recherches. Le 7 décembre 1968, il a fait un exposé sur les auspices d'inves titure d'après son ouvrage « Recherches sur Vimperium. La loi curiate et les auspices d'investiture » (Paris, 1968). Le 17 mai 1969, il a traité de l'inauguration du templum, en se référant aux décou vertes archéologiques de Cosa et de Bantia. Nombre d'auditeurs inscrits : 35. 17 — 258 — Élève titulaire : M. Jean-Louis Girard, élève à l'E.N.S. Élèves assidus : Mlle Noëlle Thuvignon, licenciée es lettres, MM. John Scheid, licencié es Lettres, Jan Van der Putten, doc teur de l'université de Leiden (Pays-Bas). Publications du directeur d'études 1. « Est-il possible de donner une réponse au problème soulevé par le double culte de Saint-Pierre au Vatican et à Saint-Sébas tien ? », in Rivista di archeologia Cristiana, XLII, p. 1-4, 1966 (publ. 1968), Miscellanea in onore di E. Iosi, I, p. 287-295. 2. «Religions de Rome», in Problèmes et méthodes d'histoire des religions, E.P.H.E., Ve Section (Paris, P.U.F., 1968, p. 153-161). 3. « Dea Dia dans la liturgie des Frères Arvales », in Hommages à Marcel Renard, Collection Latomus, vol. 102 (1969), II, p. 675- 679. uploads/Religion/ schilling-religions-de-rome.pdf
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- Publié le Dec 01, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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