THEOLOGIE DU MARIAGE Notes du cours Abbé Professeur Augustin MAHOKA MOENGE MABA

THEOLOGIE DU MARIAGE Notes du cours Abbé Professeur Augustin MAHOKA MOENGE MABAYA 1 PRELIMINAIRES. Le mariage est un phénomène naturel qui n’échappe à la vie de personne. On est membre d’une famille, donc issu d’une union matrimoniale. La théologie d’aujourd’hui souligne le caractère séculier et profane du mariage ; on doit comprendre celui –ci selon les ressources des sciences humaines avant de l’interpréter théologiquement. On ne pourra parler aujourd’hui du mariage et de la famille avec une chance d’être entendu qu’en prenant en compte notre époque et la civilisation actuelle et en y rapportant le message de l’ancien et nouveau Testament1. Le mariage, dans un sens général, est l’union légitime de l’homme et de la femme pour former une communauté corporelle et spirituelle durable2. Le mariage chrétien en effet est un sacrement dans lequel deux personnes nubiles de sexe différent s’unissent en vue de PROCREER et d’ELEVER une postérité, pour former, par un consentement mutuel, une communauté de vie sans partage, et reçoivent la grâce pour remplir les devoirs particuliers à leur état3. « Par le sacrement du mariage, les époux se préparent au salut en vivant l’amour qui est la base de ce sacrement, l’amour qu’ils se manifestent entre eux (horizontal), et l’amour à Dieu (vertical). L’amour qui conduit au sacrement du mariage n’est pas seulement amour naturel, mais un signe de foi. Au nom de cette foi, les époux sont appelés à transcender l’aspect matériel (ou sociologique) du mariage, pour tendre vers Dieu qui est immatériel »4. Le mariage n’est pas une institution humaine, mais divine. Pour nous en convaincre, nous ferons un recours régulier à l’Ecriture Sainte et aux données théologiques. Grace à celles-ci, nous démontrerons la sacramentalité du mariage qui est un mystère du salut. Appartenant à un milieu culturel précis, nous ferons un survol sur le mariage traditionnel Africain. Ce survol nous permettra de faire un petit rapport entre le culturel et le religieux. I. FONDEMENTS BIBLIQUES DU THEOLOGIE DU MARIAGE 1 K. RAHNER & V. VORGLIMMLER, Petit dictionnaire de théologie catholique, Seuil, Paris, 1970. 2 NOUVEAU DICTIONNAIRE DE THEOLOGIE, Cerf, Paris, 1996. 3 L. OTT, Précis de théologie dogmatique, 3ème éd. Salvator-Mulhouse, Strasbourg, 1955, p. 634 4 A. MAHOKA MOENGE MABAYA, Le mariage religieux comme sacrement d’amour et signe visible de la foi. Pour une vision chrétienne du sacrement de mariage chez le peuple Budza (au Zaïre). Dissertation de licence en Théologie dogmatique, PUU, Roma, 1997, p. 91. 2 I.1. L’EVOLUTION DU MARIAGE DANS L’ANCIEN TESTAMENT I.1.1. Le droit coutumier de l’époque patriarcale Abraham et Isaac n’ont qu’une épouse en titre. Dans le code de Hammourabi (vers 1700), un homme ne peut prendre une seconde femme que si la première est stérile. L’homme perd ce droit si celle-ci lui fournit une esclave concubine, enfin de s’assurer une descendance légale (Gn 16, 1- 2) ; le mari garde le droit de prendre une seconde concubine (Gn 25, 1-5 ; Gn 22, 20-24). Au stade suivant, Jacob a deux épouses qui lui fournissent chacune une concubine pour accroitre leur postérité (Gn 29, 15 ; 30, 24) et Esau a même trois épouses (Gn 26, 34 ; 28, 9). Ces dispositions du droit s’expliquent par l’importance reconnue à la fécondité de la femme et à la descendance en ligne masculine, pour assurer la perpétuité de la race et la transmission de l’héritage. La coutume du lévirat pourvoit au cas extrême ou un homme est mort sans descendance… C’est un devoir sacré pour ses frères et ses parents proches de lui en susciter une (Gn 38, 6-10), d’où la polygynie. De cette pratique résident quelques difficultés : Gn 16, 3-6 ; 21, 8-14 ; Mais le bien de la race est plus important que ces inconvénients mineures. Dans l’éthique sexuelle, épouse et concubine ont des droits et des devoirs déterminés, mais l’homme garde une grande liberté d’action. Seul l’homme prend l’initiative en matière de mariage : la femme fait l’objet d’un contrat entre son futur mari et son père ou son successeur (Gn 24, 58). Le mari porte le titre significatif de Ba’al (propriétaire). I.1.2. Le droit écrit dans le Pentateuque Les diverses codifications du droit mosaïque partent de ce droit coutumier pour l’adapter aux besoins d’une société en voie d’évolution. Trois points peuvent être relevés ici : I.1.2.a) Les empêchements Les deux listes d’interdits recueillis par le Lévitique 18, 6-23 et 20, 9-21 (contre inceste et adultère) reflètent la situation du droit religieux vers la fin de la monarchie. On constate de nombreuses interdictions ayant trait à l’inceste ; dans une société où l’endogamie reste un idéal traditionnel, il s’agit de protéger la parenté la plus proche. Le droit a évolué dans un sens restrictif : tandis que le père de Moise avait épousé sa tante (Ex 6, 20) et Abraham sa sœur de père (Gn 20,12) ; maintenant il se sera honteux pour un homme de découvrir la nudité de sa mère, de sa sœur, sa fille, sa tante, sa belle-fille, deux sœurs à la fois… I.1.2.b) La polygynie 3 La législation écrite est peu explicite. Le code de l’alliance (Ex 21, 7-8) ne traite que du cas de la fille vendue comme servante par son père, afin de fixer ses droits et les conditions de son rachat. Au temps des juges, un simple propriétaire pouvait en avoir deux (1Sam, 1, 2) ou plusieurs au temps des Rois; on voit s’accroitre le harem royal, soit pour assurer la puissance de la maison du roi (2 R 10), soit pour satisfaire ses plaisirs (1 R 11, 2-3). Dans ce contexte, le problème des époux étrangères peut se poser avec acuité, sur un plan spécifiquement religieux: on le constate dans le cas de Salomon (1 R 11, 5-8) et dans celui d’Achab (1 R 18, 4 ; 19, 14). C’est dans cette perspective que le Deutéronome, tout en avalisant la bigamie simultanée (Dt 21, 15-17) et l’union avec les femmes capturées lors d’une guerre (Dt 21, 10-14), réagit fortement contre la polygamie royale (Dt 17, 17). En fait, il est certain que des facteurs économiques restreignaient une pratique de ce genre à un petit nombre d’homme : riches et hauts placés. La polygynie contribuait à accuser la différence entre les classes sociales en un temps ou Amos s’en prenait aux bourgeoisies de Samarie (Am 4, 1-3) et Isaïe à celle de Jérusalem (Is 3, 16-24). L’idéal de l’ancienne famille patriarcale était la Progéniture. I.1.2.c) Le divorce Le Deutéronome n’en parle que (24, 1-4) pour interdire la reprise d’une épouse répudiée et remariée, sans beaucoup préciser le motif qui pouvait le justifier. En générale, on peut dire qu’il s’agit d’une régulation des coutumes orientales en vue d’une adaptation à l’organisation économique et sociale de la famille juive et aux impératifs essentielles de la foi au Dieu Unique dont Israël est le peuple particulier. La tradition de deux morales, différentes pour les homes et les femmes, s’y maintient fortement. La notion d’adultère ne se comprend du côté de l’homme que s’il l’aise les droits d’autrui ( Dt 22, 22 ; Lv 20, 10). La défense de l’institution est portée sur un plan social plus que celui de la morale sexuelle. L’idée du mariage comme accord conclu entre deux partenaires égaux sur la base de leur amour mutuel semble absente même si, en pratique, l’amour pouvait jouer un rôle, notamment dans le petit peuple ou le mariage monogame était prédominant. I.1.3. La théologie de la création La révélation fonde le caractère sacré du mariage et de la fécondité en le rattachant au dessein du Dieu Créateur. Le récit « Yahviste » de la création (Gn 2) donne à l’acte créateur de Dieu une cadre paradisiaque, qui lui permet d’esquisser une vue idéale du dessein de Dieu sur le genre humain. L’auteur, bien qu’il écrivait dans un milieu où la polygamie, le concubinat, le divorce… sont également admis, montre l’humanité appelée à l’existence sous la forme d’un couple (Gn 2, 18- 24). De ces passages, nous pouvons au moins retenir les points suivants : 4 - L’homme s’attache à sa femme = expression qui désigne l’affection familiale (Rt 1, 14 ; 2, 23) et l’amour sexuelle (Gn 34,3) ; - Il quitte son père et sa mère = affirme l’autonomie du couple ; - Sa femme et lui deviennent une seule chair = l’union charnelle est un signe d’union ou l’être entier est engagé. Chez l’historien sacerdotal (Gn 1, 27), l’aspect interpersonnel du rapport entre les sexes est beaucoup moins marqué. Il est vu exclusivement sous l’angle de la fécondité, qui est le signe essentiel de la bénédiction divine. La parole créatrice de Dieu féconde la valeur de l’amour charnelle. Le texte rejoint par-là les préoccupations de l’ancien droit familial où la polygamie était reconnue illicite. Toutefois, d’une part, le récit de la création n’y fait pas allusion ; d’autres parts, dans le récit du déluge, Noé et ses fils n’auront qu’une épouse (Gn 6, 18), comme si la polygamie s’était introduite plus tard, au cours d’un développement culturel grevé par le uploads/Religion/ theologie-du-mariage.pdf

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  • Publié le Jan 04, 2023
  • Catégorie Religion
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