Le Saint-Siège FRANÇOIS CONSTITUTION APOSTOLIQUE VERITATIS GAUDIUM SUR LES UNIV
Le Saint-Siège FRANÇOIS CONSTITUTION APOSTOLIQUE VERITATIS GAUDIUM SUR LES UNIVERSITÉS ET LES FACULTÉS ECCLÉSIASTIQUES PRÉAMBULE 1. La joie de la vérité (Veritatis gaudium) exprime le désir poignant qui rend le cœur de tout homme inquiet tant qu’il ne trouve, n’habite et ne partage avec tous la Lumière de Dieu.[1] La vérité, en effet, n’est pas une idée abstraite, mais c’est Jésus, le Verbe de Dieu en qui se trouve la Vie qui est la Lumière des hommes (cf. Jn 1, 4), le Fils de Dieu qui est en même temps Fils de l’Homme. Lui seul « dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation ».[2] Dans la rencontre avec lui, le Vivant (cf. Ap. 1, 18) et l’ainé d’une multitude de frères (cf. Rm 8, 29), le cœur de l’homme expérimente déjà dès maintenant, dans le clair-obscur de l’histoire, la lumière et la fête sans couchant de l’union avec Dieu et de l’unité avec les frères et les sœurs dans la maison commune de la création dont il jouira sans fin dans la pleine communion avec Dieu. Dans la prière de Jésus au Père : « afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17, 21) est contenu le secret de la joie que Jésus veut nous communiquer en plénitude (cf. 15, 11) de la part du Père par le don de l’Esprit Saint : Esprit de vérité et d’amour, de liberté, de justice et d’unité. C’est cette joie que l’Église est encouragée par Jésus à attester et à annoncer dans sa mission, sans arrêt et avec une passion toujours nouvelle. Le Peuple de Dieu est en pèlerinage le long des chemins de l’histoire, en sincère et solidaire compagnie des hommes et des femmes de tous les peuples et de toutes les cultures, pour éclairer de la lumière de l’Évangile la marche de l’humanité vers la nouvelle civilisation de l’amour. Étroitement relié à la mission évangélisatrice de l’Église – mieux, jaillissant de son identité même, toute employée à promouvoir la croissance authentique et intégrale de la famille humaine jusqu’à sa plénitude définitive en Dieu – le système vaste et multiforme des études ecclésiastiques a fleuri de la sagesse du Peuple de Dieu au cours des siècles, sous la conduite de l’Esprit Saint et dans le dialogue et le discernement des signes des temps et des diverses expressions culturelles. Il n’est donc pas surprenant que le Concile Vatican II, en promouvant avec vigueur et prophétiquement le renouvellement de la vie de l’Église pour une mission plus incisive en ce nouveau moment de l’histoire, ait recommandé, dans le Décret Optatam totius, une révision fidèle et créative des études ecclésiastiques (cf. nn. 13-22). Cette tâche, après une étude attentive et une sage expérimentation, a trouvé son expression dans la Constitution Apostolique Sapientia christiana, promulguée par saint Jean-Paul II, le 15 avril 1979. Grâce à elle, a ensuite été promu et perfectionné l’engagement de l’Église en faveur des « Facultés et des Universités Ecclésiastiques, autrement dit celles qui s’occupent particulièrement de la Révélation chrétienne et des questions qui lui sont connexes, et qui sont donc reliées plus étroitement à sa propre mission évangélisatrice », et de toutes les autres disciplines qui, « sans avoir un rapport particulier avec la Révélation chrétienne, peuvent toutefois apporter un concours appréciable à l’œuvre de l’évangélisation ».[3] A presque quarante ans de distance, en fidélité à l’esprit et aux orientations de Vatican II et pour son opportune actualisation, une mise à jour de cette Constitution Apostolique est aujourd’hui nécessaire et urgente. En effet, tout en restant pleinement valide dans sa vision prophétique et dans son contenu lucide, elle demande à être intégrée aux dispositions normatives qui sont sorties entre-temps, en tenant compte du développement des études universitaires qui a eu lieu ces dernières décennies, comme du changement de contexte socio-culturel au niveau planétaire, ainsi que de tout ce qui est recommandé au niveau international pour la mise en œuvre des diverses initiatives auxquelles le Saint-Siège a adhéré. L’occasion est favorable pour procéder, avec une détermination réfléchie et prophétique, à la promotion, à tous les niveaux, d’une relance des études ecclésiastiques dans le contexte de la nouvelle étape de la mission de l’Église, marquée par le témoignage de la joie qui jaillit de la rencontre avec Jésus et de l’annonce de son Évangile que j’ai proposé comme programme à tout le Peuple de Dieu dans Evangelii gaudium. 2. La Constitution Apostolique Sapientia christiana a représenté, à tous les effets, le fruit mûr du grand travail de réforme des études ecclésiastiques mis en mouvement par le Concile Vatican II. Elle recueille, en particulier, les résultats obtenus dans ce domaine crucial de la mission de 2 l’Église, sous la conduite sage et prudente du bienheureux Paul VI, et annonce en même temps l’apport qui, en continuité avec ceux-ci, sera ensuite offert par le magistère de saint Jean-Paul II. Comme j’ai eu l’occasion de le souligner, « l’une des contributions principales du Concile Vatican II a été précisément de chercher à dépasser ce divorce entre théologie et pastorale, entre foi et vie. J’ose dire qu’il a révolutionné, dans une certaine mesure, le statut de la théologie, la manière de faire et de penser croyante ».[4] C’est justement dans cette lumière qu’Optatam totius invite vigoureusement les études ecclésiastiques à « contribuer de concert à ouvrir de plus en plus l’esprit des étudiants au mystère du Christ. Celui-ci, en effet, concerne l’histoire entière du genre humain, se prolonge sans cesse dans l’Église ».[5] Pour atteindre cet objectif, le Décret conciliaire exhorte à joindre la méditation à l’étude de la Sainte Écriture qui est « l’âme de toute la théologie »[6], avec la participation, appliquée et consciente, à la Liturgie sacrée qui est « la source première et nécessaire de l’esprit authentiquement chrétien »[7], avec l’étude systématique de la Tradition vivante de l’Église en dialogue avec les hommes de son temps, dans l’écoute profonde de leurs problèmes, de leurs blessures et de leurs requêtes.[8] De cette manière – souligne Optatam totius – « le souci pastoral doit imprégner absolument toute la formation des étudiants »[9] pour les habituer « à dépasser les limites de leur propre diocèse, nation et rite, pour subvenir aux besoins de l’Église entière, prêts au fond du cœur à prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre ».[10] Les pierres miliaires sur le chemin qui, de ces orientations de Vatican II, conduit à Sapientia christiana sont, en particulier, Evangelii nuntiandi et Populorum progressio de Paul VI et, un mois seulement avant la promulgation de la Constitution Apostolique, Redemptor hominis de Jean-Paul II. Le souffle prophétique de l’Exhortation Apostolique sur l’évangélisation dans le monde contemporain du Pape Montini résonne vigoureusement dans le Préambule de Sapientia christiana où l’on affirme que « la mission d’Évangélisation, qui est propre à l’Église, exige non seulement que l’Évangile soit prêché dans des étendues géographiques toujours plus vastes et à des multitudes d’hommes de plus en plus nombreuses, mais aussi que la force de cet Évangile imprègne les modes de pensée, les critères de jugement, les normes d’action ; en un mot, il est nécessaire que toute la culture de l’homme soit pénétrée de l’Évangile ».[11] Jean-Paul II, de son côté, surtout dans l’Encyclique Fides et ratio, a rappelé et approfondi dans le domaine du dialogue entre philosophie et théologie la conviction qui innerve l’enseignement de Vatican II selon laquelle « l’homme est capable de parvenir à une conception unifiée et organique du savoir. C’est là l’une des tâches dont la pensée chrétienne devra se charger au cours du prochain millénaire de l’ère chrétienne ».[12] De même, Populorum progressio a joué un rôle décisif dans la reconfiguration, à la lumière de Vatican II, des études ecclésiastiques, en offrant avec Evangelii nuntiandi – comme l’atteste le chemin des diverses Églises locales – des impulsions significatives et des orientations concrètes pour l’inculturation de l’Évangile et pour l’évangélisation des cultures dans les diverses régions du monde, en réponse aux défis du présent. Cette encyclique sociale de Paul VI, en effet, souligne 3 de manière incisive que le développement des peuples, clé incontournable pour réaliser la justice et la paix au niveau mondial, « doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme »[13], et rappelle la nécessité « d’hommes de pensée capables de réflexion profonde, à la recherche d’un humanisme nouveau qui permette à l’homme moderne de se retrouver lui- même».[14] Populorum progressio interprète donc, avec une vision prophétique, la question sociale comme question anthropologique qui engage le destin de la famille humaine tout entière. C’est la clé de lecture déterminante qui inspirera le magistère social de l’Eglise qui suivra, depuis Laborem exercens jusqu’à Sollicitudo rei socialis et Centesimus annus de Jean-Paul II, à Caritas in veritate de Benoît XVI, et à Laudato sì. Reprenant l’invitation à la dynamique vers une époque nouvelle de pensée faite par Populorum progressio, uploads/Religion/ veritatis-gaudium-version-pdf.pdf
Documents similaires










-
82
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Apv 24, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.2836MB