Le mystère et le symbolisme de La Vilokan : la rencontre de deux mondes Située

Le mystère et le symbolisme de La Vilokan : la rencontre de deux mondes Située à mi-chemin entre Port-de-Paix et Saint Louis du Nord, non loin de la route qui conduit à Anse-à-Foleur de la très célèbre et très populaire Ti Sainte An, La Vilokan (de son orthographe mystique et originale) est la réplique locale du temple de Salomon à Jérusalem, détruit deux fois et à l'emplacement duquel se trouve l'esplanade des mosquées. Elle est placée dans la Mésopotamie d'Haïti parce que située entre deux rivières: rivière des Nègres et rivière La Caïlle tout comme le Tigre et l'Euphrate du Royaume de Babylone ou de l'Irak actuel. Deux rivières mystérieuses et mystiques donc, tout comme le Temple qu'elles protègent à un point tel qu'elles ne débordent jamais de leur lit pour ne pas déranger la sérénité des lieux. L'eau de la rivière La Caïlle, en raison de sa très haute valeur mystique, a servi en partie à la construction de la Citadelle Laferrière et à remplir les citernes qui s'y trouvent. En langage fon, le terme Kan désigne l'ombilic ; l'on se fait vite une idée quand on sait que le cordon ombilical relie le foetus à la matrice de la mère. Autrement dit, La Vilokan serait ce lien étroit, ce trait d'union entre deux terres : la terre d'Haïti et la terre d'Afrique, l'Afrique ginen, ce continent ancestral d'où venait la masse des esclaves. Plusieurs vocables désignent cet endroit mystérieux : LaVilokan, La Douceur, la Belle Fraîcheur, la Forêt sacrée du Bénin, la Mecque d'Haïti et Nan gran Kay. Autant de termes qui vous renvoient à une même mystique et une même symbolique. LaVilokan est située sur l'habitation la Douceur (Ducios ou Dulce en espagnol et même dans le vocable indien du nom des premiers habitants de l'Ile), propriété qui a été concédée par une très riche famille venue de France, en particulier le très sérieux et honnête Legrand Dauphin, père de Dajeanson Dauphin, grand-père de ma maman, feu Gloria Dauphin. Un proverbe très répandu à Port-de-Paix et dans ses environs se trouvait sur toutes les lèvres et est ainsi formulé : « Bat Chen Legrand tan'n Dajeanson », qui signifie que quand on fait du tort à quelqu'un, il faut s'attendre à ce que cet affront soit vengé par l'un des siens. Le temple de La Vilokan Appelée Gran Kay par les serviteurs et les habitants de la région dite la Douceur, la maison qui sert de temple à La Vilokan est en tôle et n'a rien d'extraordinaire. Voici ce que relate mon cousin, Me Jérôme Mazard, de regrettée mémoire, dans une brochure consacrée à laVilokan: « C'est un village au milieu d'une cour où moisit un vieux Temple tout à fait rustique. C'est une construction ordinaire, sans décor exotique, qui est élevée dans un espace réservé. On voit autour de l'habitation un enchevêtrement de palmiers, d'acacias et d'autres arbres inconnus. Ce tout ensemble impose un silence sépulcral. Deux compartiments y sont flanqués à l'intérieur : le parvis et la loge. La loge elle-même a deux parties : le lieu saint et le lieu trois fois saint. Un Sanctum qui n'est pas accessible est séparé par un rideau épais. Ce qu'il y a de l'autre côté du rideau est ignoré du monde profane et de la connaissance objective », fin de citation. Ce qu'il y a de l'autre côté et à l'intérieur n'est autre que la pierre philosophale, cette pierre destinée à changer tous les métaux en or, mais qui est aussi plus que ça. Elle a autant d'importance que le Saint-Graal et la Lance du Destin. Je précise que le lieu dit le lieu trois fois saint est séparé par trois rideaux qui sont superposés. Pour les changer ou les faire laver, le Déka ou grand prêtre se met à genoux, récite une prière, se lève et se dirige de dos pour enlever un premier et un deuxième rideau tout en prenant le soin d'en laisser le dernier, de telle sorte qu'il ne puisse rien voir en les enlevant ou en les remplaçant. Si dans le temple de Jérusalem, le saint des saints contenait L'Arche d'Alliance, la Table des Dix Commandements ou le décalogue, à La Vilokan le lieu trois fois saint renferme la Pierre philosophale et d'autres objets venus d'Afrique, placés par Déka et d'autres initiés qui lui ont succédé, et également des éléments sacrés enfouis en terre par les Indiens ou remontant jusqu'à l'Atlantide. Atlantide, elle n'est autre que ce continent perdu ou disparu des suites d'un cataclysme ou d'une grande catastrophe naturelle qui s'apparentait au déluge de la Bible ou à la disparition des Titans... Continent dont parlait le grand philosophe grec, le célèbre Platon, disciple de Socrate dans son traité de Politique La République et dont Haïti qui est la Jérusalem nouvelle est le centre. Comme tout temple d'ailleurs ou tout haut lieu mystique, La Vilokan est régie par une organisation très rigide et bien structurée avec ses principes, son ordre, ses codes, ses pôles et desservie par un grand prêtre qui porte le nom de Déka et qui est assisté d'une pléïade de serviteurs. Le Déka ou le grand prêtre Plus haut lieu mystique du pays, au contraire de la cour Souvenance, Nan Badyo, et Nan Soukri dans l'Artibonite, Nan Campêche dans le Plateau Central ou Doréal de la gran'n Ibo Lélé dans le Nord, La Vilokan en est le plus ancien. Elle représente le premier village construit par les Africains en Amérique, plus précisément à Saint Domingue ou en Haïti et où fut célébrée la première cérémonie Vaudoue consacrée à Papa Legba. C'était un 31 décembre, date retenue comme la fête de La Vilokan. En la circonstance, le Déka donne toute la mesure de ses connaissances, croyances, pratiques dans le culte célébré à La Douceur, et qui est différent de celui en usage dans d'autres lieux mystiques du pays. Dans le temps, des dignitaires et initiés venus du monde entier s'y réunissaient et délibéraient en assemblée selon leurs rites. Si toute religion ou tout temple a son prêtre ou son pasteur, le temple de La Vilokan est desservi par Déka, un grand prêtre, du nom du 1er esclave qui avait affronté son maître et qui s'est réfugié à La Douceur, la Forêt sacrée du Bénin, la Belle Fraîcheur qu'on va surnommer Nan gran Kay également. Etymologiquement, La Vilokan serait une cité sacrée, projection terrestre en Haïti de la cité mystique qu'est Ifé- nom d'un endroit mystique rencontré au Mali en Afrique, l'entrée de Nan ginen, le Royaume des Loas. Le dernier Déka en date s'appelait Varisse et il n'est pas encore remplacé. L'historicité du Déka Mystiquement, l'histoire du Déka se confond avec celle de La Vilokan, bien que cette dernière puise son origine aussi loin qu'on remonte dans le temps et l'espace. Dans sa thèse de doctorat, le professeur Grégoire Dieuguélé Matsura de la faculté d'ethnologie, nous fait la relation suivante : « A Saint-Domingue, un soir quatre esclaves furent possédés par Papa Legba qui les entraîna dans une forêt non loin de la ville de Port-de-Paix. Il leur indiqua l'endroit où il devait fonder le premier royaume : La Vilokan qui devient ainsi le premier village africain créé par les esclaves et où fut célébrée la première cérémonie vaudoue consacrée à Papa Legba'. Thèse très plausible s'il en est, qui va être renforcée par l'histoire de l'esclave Déka qui travaille sur la plantation du colon Barlatier, non loin de la rivière des Barres, dépendance de Saint Louis du Nord. Déka, c'était un jeune esclave importé d'Afrique lors de la traite des Noirs, remarquable, beau, robuste, intelligent et attrayant. Acheté au marché de la Croix-des-Bossales à Port-au-Prince comme tous les autres d'ailleurs, il fut amené dans le Nord-Ouest par le colon Barlatier qui laisse son nom à la région. Les Barlatier de Saint Louis du Nord sont ses descendants, notamment mon ami Louis René Barlatier, ainsi que sa soeur Charlotte Barlatier Cadet. Un soir, au cours d'une fête, l'esclave Déka, possédé par un esprit ou loa, poignarda et tua le chien de son maitre. Furieux et mécontent, Barlatier junior résolut de liquider l'esclave révolté. Malgré les gestes et actions répétés aucune balle ne fut sortie du canon de son fusil. Sur ces entrefaites, Déka prit la fuite en direction d'ouest, mais poursuivi par les Barlatier qui voulaient l'appréhender. Arrivé à hauteur de Morne Miguel à environ trois kilomètres de Saint Louis du Nord, un fort brouhaha suivi d'un tonnerre le sépara de ses poursuivants qui ne pouvaient rien voir ni entendre. Mais lui, Déka, après avoir traversé la rivière des Nègres, entendit une voix qui lui parla. Cette scène rappelle le passage de la mer Rouge par le peuple hébreux poursuivi par Pharaon et ses troupes. Déka s'agenouilla et dit : 'Ici c'est ma Ville-au-Camp' . Ensuite, il se dirigea vers la Douceur, non loin de la route, où se trouva un endroit mystérieux, cousu de forêts et d'arbres fruitiers et où est fredonné partout le chant des oiseaux à côté uploads/Religion/ vilok-an.pdf

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  • Publié le Mar 07, 2022
  • Catégorie Religion
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