LA PRIÈRE SPIRITUELLE. (Rugaciunea spirituala) La Prière de Jésus (Rugaciunea l

LA PRIÈRE SPIRITUELLE. (Rugaciunea spirituala) La Prière de Jésus (Rugaciunea lui Iisus) « L'attention et la contrition sont comme le parvis du sanctuaire », écrit Ignace Braintchaninov , ou encore comme ces portiques de la piscine de Béthesda où sont rassemblés les malades dans l'attente de l'ange qui, en agitant l'eau, les guérira (Jn 5, 2-4). « Mais le Seigneur seul, à l'heure qu'il connaît, accorde la guérison et l'entrée dans le sanctuaire selon son ineffable et incompréhensible bienveillance. » Ici nous dépassons le plan de la prière « laborieuse » pour toucher au mystère de la prière « spirituelle » ou « charismatique ». Les starets russes sont extrêmement discrets en ce qui concerne les degrés supérieurs de l'œuvre spirituelle. Ne s'agit-il pas en effet de mystères que ne peut traduire d'une manière adéquate notre langage humain ? N'est-il pas inutile, voire dangereux, de parler de réalités spirituelles à ceux dont l'entendement, encore plongé dans le monde matériel et psychique, n'est pas apte à les comprendre ? « Il ne faut ouvrir son cœur sans nécessité, conseille saint Séraphim de Sarov, parmi mille tu n'en trouveras pas un qui soit capable de garder ton secret. » C'est moins par eux-mêmes que par les témoignages de quelques amis, de ceux qui furent « les compagnons des mystères divins », que nous entrevoyons quelque chose des grâces mystiques qui illuminent la vie d'un Séraphim de Sarov ou des starets d'Optino. Plus intellectuels, mieux au courant de la pensée occidentale que les premiers, Théophane le Reclus et Ignace Brianchaninov sont à peine plus loquaces. Le premier fruit de l'oraison, le premier signe sensible du don de la grâce, annonçant une transformation de la nature même de la prière, c'est, au témoignage de tous les maîtres de l'œuvre spirituelle, le jaillissement des larmes du repentir. L'effort de la prière, par laquelle l'orant, sans se lasser, confesse à la fois sa misère et sa foi en Jésus Christ, est comparable au travail d'une foreuse. Sous les couches superficielles, pétrifiées et stériles de la vie psychologique, il va chercher la source d'eau vive du repentir sincère. Mais celui-ci manifeste déjà l'action de la grâce en l'homme. Les larmes, non point celles du désespoir ou de l'orgueil blessé, mais les larmes salutaires du repentir, sont le signe de cet ébranlement des couches profondes de l'être, où sont engloutis comme par une lame de fond l'orgueil et la confiance en soi de l'homme naturel. C'est là cet attendrissement, au sens propre du terme, où la dureté du cœur fond au toucher de la grâce divine. « Dans le cœur de celui qui verse des larmes d'attendrissement resplendissent les rayons du Soleil de Justice, Christ-Dieu » (Séraphim de Sarov). Dans l'âme préparée à le recevoir par le labeur de la prière, par la descente de l'intelligence dans le cœur où elle découvre et les signes de son origine divine et ceux de sa déchéance, dans l'âme déjà purifiée par les larmes du repentir, l'Esprit-Saint peut accomplir son œuvre. D'abord la grâce montre à l'homme son péché, elle le fait surgir devant lui et, plaçant constamment sous ses yeux ce terrible péché, elle l'amène à se juger lui- même. Elle lui révèle notre chute, cet affreux, profond et sombre abîme de perdition où est tombée notre race par la participation au péché d'Adam. Puis, peu à peu, elle accorde une profonde attention et l'attendrissement du cœur au moment de la prière. Ayant ainsi préparé le vase, d'une manière soudaine, inattendue, immatérielle, elle touche les parties séparées, et celles-ci se réunissent. Qui a touché ? Je ne puis l'expliquer. Je n'ai rien vu, rien entendu, mais je me suis vu changé, soudain je me suis senti tel par l'effort d'un pouvoir tout-puissant. Le Créateur a agi pour la « restauration » comme il a agi pour la création. Quand ses mains ont touché mon être, l'intelligence, le cœur et le corps se sont réunis pour constituer une unité totale. Puis ils se sont immergés en Dieu et demeurent là tant que les soutient la main invisible, insaisissable et toute-puissante (Théophane le Reclus) . Ainsi le don premier et essentiel de la grâce (don positif dont le repentir sincère est en quelque sorte l'aspect négatif) est le rétablissement de la nature spirituelle de l'homme en son intégrité originelle. L'intelligence et le cœur, ces deux pôles de la vie intérieure, redeviennent une unité harmonieuse dans laquelle les deux tendances opposées se fondent symphoniquement pour construire la personne dans la grâce. Remarquons que ce qui est décrit ici n'est pas un ravissement, une extase passagère ou du moins ne l'est pas essentiellement. Sans doute l'âme ne reste-t- elle « immergée en Dieu » que « tant que l'y soutient la main toute-puissante » et il ne s'agit là, du point de vue de notre comptabilité humaine, que de quelques instants. Mais après l'extase, l'effet de la grâce divine demeure. C'est une transfiguration ontologique profonde qui s'accomplit : un homme nouveau naît, en qui surgissent des facultés, des puissances, des visions nouvelles. En lui, le désordre ancien fait place à un ordre nouveau, dominé par la conscience de la présence de Dieu. Celle-ci revêt une évidence en certains points comparable, mais infiniment supérieure, à celle d'une axiome mathématique. La conséquence a plus remarquable de cette union du cœur et de l'intelligence est la transformation radicale du caractère même de la prière. Si celle-ci était jusqu'alors une œuvre laborieuse et parfois pénible, elle jaillit maintenant spontanément, sans effort, réchauffant le cœur et le remplissant de lumière, de paix et de joie. Alors que l'extase est un don rare, accordé seulement à quelques-uns, ce changement de la nature de la prière est le signe le plus habituel, le plus infaillible de l'action de la grâce pour ceux qui s'adonnent à l'œuvre spirituelle. Voici comment le pèlerin des Récits décrit cette transformation : Un matin de bonne heure, je fus comme réveillé par la Prière. Je commençai à dire mes oraisons du matin, mais ma langue s'y embarrassait et je n'avais d'autre désir que de réciter la Prière de Jésus. Dés que je m'y fus mis, je devins tout heureux, mes lèvres remuaient d'elles-mêmes et sans effort. Je passai toute la journée dans la joie. J'étais comme retranché de tout et me sentais dans un autre monde... Je passai tout l'été à réciter sans cesse la Prière de Jésus et je fus tout à fait tranquille. Durant mon sommeil, je rêvais parfois que je récitais la Prière. Et pendant la journée, lorsqu'il m'arrivait de rencontrer des gens, ils me semblaient aussi aimables que s'ils avaient été de ma famille. Mais je ne restais pas avec eux. Les pensées s'étaient apaisées et je ne vivais qu'avec la prière ; je commençais à incliner mon esprit à l'écouter et parfois mon cœur ressentait de lui-même comme une chaleur et une grande joie... Voilà comment je vais maintenant, disant sans cesse la Prière de Jésus, qui m'est plus chère et plus douce que tout au monde. Parfois, je fais plus de soixante-dix verstes en un jour et je ne sens pas que je vais ; je sens seulement que je dis la Prière. Quand un froid violent me saisit, je récite la Prière avec plus d'attention et bientôt je suis tout réchauffé. Si la faim devient trop forte, j'invoque plus souvent le Nom de Jésus Christ et je ne me rappelle plus avoir eu faim. Si je me sens malade et que mon dos ou mes jambes me fassent mal, je me concentre dans la Prière et je ne sens plus la douleur. Lorsque quelqu'un m'offense, je ne pense qu'à la bienfaisante Prière de Jésus ; aussitôt, colère ou peine disparaissent et j'oublie tout. Je suis devenu tout simple. Je n'ai souci de rien, rien ne m'occupe, rien de ce qui est extérieur ne me retient, je voudrais être toujours dans la solitude ; par habitude, je n'ai qu'un seul besoin : réciter sans cesse la Prière et, quand je le fais, je deviens tout gai. Dieu sait ce qui se fait en moi . Le témoignage de l'humble pèlerin rejoint celui des maîtres de l'œuvre spirituelle . C'est saint Séraphim de Sarov qui a donné sans doute de cette expérience l'expression la plus concise et la plus parfaite : « Lorsque le Seigneur réchauffe ton cœur par la chaleur de sa grâce et qu'il te rétablit dans l'unité de ton esprit [mot à mot : « quand il te réunit en un seul esprit »], alors cette prière ininterrompue jaillit en toi. Elle demeurera toujours avec toi, tu t'en délecteras et elle te nourrira » . Les fruits de la prière ininterrompue sont la chaleur spirituelle, la sérénité, le détachement du monde et surtout la charité envers Dieu. « Ceux qui désirent être unis par la charité au Très-doux Jésus, écrit le starets Païsi, méprisant toutes les beautés de ce monde, toutes les douceurs et même le repos corporel, ne veulent posséder rien d'autre que l'activité paradisiaque de l'esprit uploads/Religion/ rugaciunea-spirituala-rugaciunea-lui-iisus 1 .pdf

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  • Publié le Sep 11, 2021
  • Catégorie Religion
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