qâ LA DOCTRINE CHRISTOLOGIQUE de saint Athanase. Si l'on admet l'authenticité d

qâ LA DOCTRINE CHRISTOLOGIQUE de saint Athanase. Si l'on admet l'authenticité de tous les écrits que la tradi- tion nous a transmis comme l'oeuvre certaine d'Athanase (295-373), il n'est pas douteux que le saint Docteur ait attribué l'âme humaine au Verbe incarné; il a même mis 'cette vérité en pleine lumière et l'a brillamment défendue dans deux livres composés contre l'apollinarisme (t). Mais la provenance athanasienne des principaux documents sur lesquels ce jugement est basé, est aujourd'hui contestée (2). Dans une étude publiée l'an dernier sur les écrits et la théologie d'Athanase, un auteur allemand, Karl Hoss (a), attribue, à l'illustre évêque d'Alexandrie la théorie christo- logique des Ariens et d'Apollinaire le Verbe s'est fait homme en ce sens qu'Il s'est uni à un corps humain; il tient lui-même la place de l'âme raisonnable (4). (1) Cf r. AnmmcEn, Die Loçjodehi'e des hi. Athanasins, p. 209. Miinchen, 1880. LAUCIIUST, Die Lchre des heiligen A thanasius des Gro.tsen, p. 433 et suivantes. Leipzig, 4895. C'est eu se basant sur les écrits dont l'authenticité est mise en doute, que ces auteurs prouvent l'intégralité de la nature humaine du Christ dans la ehi'isto- logic d'Athanase. (2) Cfr. polir les deux livres contre l'apollinarisrne DnAESEI<E, Zwci gegner eier Apouinarios (Cesam nielle pairistisehe UnI ersuchungen, Altona et Leipzig, 4889); leur l'ifxpositio fidei et Serve major de fide, STuaCKEN. Athanasiana, tiltS-a,'- und Doqmengeschichtlichc Untersucluingen. Leipzig. 1890 (dans .Tette und (inIe;'.siechnn- yen. Neue Folge, 1V, 4); iloss, Studien ilS,' dus Schrirltum 'md die Theologie dos Àlhanasius auf Grund cisc? Ech(hcitsuntsi'suchung von Athanosius contra gentes und de inca,'nationc. Fribourg, 1899. Ces deux auteurs rejettent aussi l'authenticité du quatrième livre contre les Ariens. (3) Ouvrage cité dans la note précédente. (4) PAna avait déjh émis cette opinion. DonNER (tehre von der Persan Chi'isli, •t. 12, p - 950, note 23. Stuttgart, 184%) le réfute brièvement. D'après ITARNACK ç'Dog- - - Document 111111 II II III 1111 II lilhilti - 0000005732456 b Fp,J )(%vQ - L'P1TRE DE BARNABÉ. . 225 l'expliquaient dans leur sens, à l'aide sans doute de vaines allégories quae sunt prophetica, curiosius exponere nituntur), il la remplacera par la véritable interprétation allégorique et typologique. Et à ce thème plutôt spéculatif, il ajoutera, d'après les coutumes du temps, une partie parépétique et morale. De là, le caractère général de sa lettre plus semblable à une homélie qu'à une épître née des besoins concrets d'une communauté. chrétienne. De là aussi, les quelques regards qui liii échappent ici et là sur les faits de son temps et sur des erreurs particulières. Cet auteur alexandrin ne serait-il pas peut être un de ces catéchètes d'Alexandrie qui précédèrent Pantène? Plusieurs fois, dans sa lettre, il écrit qu'il ne veut pas parler tbç btbdakaÀoç, insinuant par là que ce titre lui appartient en propre. Or, au second siècle, comme on peut le conclure de Clément d'Alexandrie et d'Origène, du temps desquels le pseudo-Barnabé n'est pas si éloigné, ce titre fut spécialement employé, dans l'Église d'Alexandrie, pour désigner les catéchètes (i). Cette école catéchétique d'Alexandrie doit remonter assez haut. Eusèbe (H. E., V. 10) en effet nous dit qu'au temps de Pantène, elle existait déjà m de coutume anciennes. En considérant le caractère littéraire de l'Épître, ne pourrait-on pas dire de sou auteur ce que Clément d'Alexandrie (St;'orn., 1. I, 1) disait du maître qu'il avait trouvé caché en Egypte et qu'on croit être Pantène lui-même Cette véritable abeille de. Sicile courait les prés et recueillait tes fleurs des prophètes et des apôtres, pour former dans lS âmes de ceux qui l'écoutaient une pure richesse de gnose. Louvain. P. LADEUXE. (1) Cfr. \Veiss dans Kraus, Rea1encyklopdic dcrchrisU. A1terthirner, t. I, p. 361. O*s c'2 U u è LA DOCTRINE CHRISTOJ400IQUE])E SAINT ATIIANASE. 227 Cette conception se rattache aux théories en vogue (le DOS jours dans l'école rationaliste. On sait comment, dans la pensée des historiens appartenant à cette école, le dogme christologique se serait formé. Dès les premiers temps du christianisme, deux tendances distinctes se font jour au sein des communautés. Les uns conçoivent le Sauveur comme un homme ordinaire, en qui la Divinité ou l'Esprit de Dieu a habité, et qui a été exalté en récompense de ses vertus c'est la christologie adoptienne, l'éhionisme. Cette tendance - qui répondrait au témoignage que le Christ a donné de lui-même - se retrouve aux troisième et quatrième siècles chez Paul de Samosate et les Antiochiens. Les autres voient dans le Christ un • esprit céleste qui a pris chairpour nous racheter, et, son oeuvre accomplie, est remonté au ciel c'est la christologie pneumatique, celle qui doit finalement triompher dans l'Église. L' esprit céleste de la concep- tion primitive est devenu peu à peu le Verbe, vrai Dieu, consubstantiel au Père; la chair ,,, considétée d'abord comme une simple enveloppe du Verbe se manifestant aux hommes, est devenue la nature humaine, unie à la nature divine en l'unité de personne. Ce terme chair renfermait au début, une idée docétique; divers écrivains, tels S. Ignace et Tertullien, prouvèrent contre les Gnostiques la réalité de cette chair. Origène attribua au Christ une âme douée de libre arbitre. Les Cappadociens. lors de la lutte contre l'apollinarisme, établirent l'intégralité de la nature humaine dans le Christ, et acclimatèrent dans l'Église l'expression b '3o pécciç. Cette doctrine de deux natures distinctes est, au tnengeschichte, t. Il', p. 213 et note 2, Fribourg en B. et Leipzig. 180-4) Baur va trop loin en disant quAthanase, avant ses écrits contre l'apollinarisine, exclut li des sein làine humaine ; borner d'autre part ne prouve pas suffisamment sa ttiése. - STUCICKEN traite cette question dans l'ouvrage cite, p. 90-106; il semble se rallier h la théorie de Baur, sans pourtant donner Athanase comme un partisan de la christologie apollinariste. Ces pages étaient h l'impression, lorsque nous a yons reçu ce remarquable travail. Mais nous constatons qu'il n'y n pas lieu de moditier notre étude la plupart des considérations quo nous opposons aux conclusions de Boss, s'appliquent h celles de SttUclçen. Nous nous sommes contenté d'ajouter en note quelques remarques supplé-, nentaires concernant spécialement ce dèrnier auteur. 228 G. VOISIN. demeurant, étrangère à la Foi elle est un élément scienti- fique emprunté à Origène, pour expliquer la formule tradi- tionnelle, celle d'Irénée le Christ est à la fois Dieu et homme (t). Bien qu'Athanase appartienne comme Origène à l'école d'Alexandrie, il dépend avant tout dirénée; il réagit contre la spéculation grecque et ramène toute la doctrine chrétienne à l'idée cia Dieu-Rédempteur, qui est une idée traditionnelle. En ce sens il est un réformateur et exerce une influence profonde sur le christianisme occidental comme sur le christianisme oriental (2). Le grand évêque était considéré jusqu'ici comme défenseur de l'intégrité de la nature humaine dans le Christ. D'après Hoss, Athanase n'a même pas connu cette doctrine; le corps organisé est dans sa christologie, le seul élément humain que le Verbe se soit uni pour opérer l'oeuvre du salut. Les raisons alléguées à l'appui de cette thèse, se ramènent aux considérations suivantes 10 Athanase distingue dans l'homme deux éléments : le corps organisé et l'âme raison- nable. Le corps est l'élément terrestre, sensible, proprement humain de notre nature; l'âme, l'élément divin elle vient du ciel, elle est une communication de la nature divine à l'homme (a). Or, l'évêque d'Alexandrie nous présente toujours (I) 'randis tille ]es Antiochiens (Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste, etc.) se tiennent en dehors de la ligne de développement du dogme, les Cappadociens (S. Basile, S. Grégoire de azianze, S. Grégoire de Nysse) prennent ii tAche de concilier les viles traditionnelles d'Athanase avec la philosophie dOrigène. Conformênient it leurs théories générales sur les origines chrétiennes, les Rationalistes étudient les doctrines par'Iicu- hères de chacun des auteurs chrétiens, sans tenir compte du Magistère de l'Église et de l'influence qu'il O exercée sur les vues propres (tes théologiens. 0e plus, les hérétiques aussi bien (lue les orthodoxes, sont, à léur sens, les témoins autorisés des doctrines ayant coins dams l'lglise b Npoque où ils ont vécu, (e) On peut lime h ce sujet les deux premiers volumes de hi Dognuengcschichte de }lAnracK, le chef incontesté de celte école. (3) Hess, ouvrage cité, P. 19, fait d'Àtluanase uni Irichotomite caché il distin- guerait l'Aine raisonnable du principe de la vie sensitive celui-ci serait désigné en même temps que le corps par le tonne osa. Cette assertion est l.r'op catégorique. L'anthropologie d'Atlianase est, comme celle de ses contemporains, assez rudimentaire; ses écrits ne trahissent aucune théorie bien précise sur la constitution de l'homme, li attribue au corps, il est vrai, les manifestations de la vie inférieure, mais dans quel LA DOCTRINE CHRISTOLOGIQIJE DE SAINT ATHANASE. 229 l'incarnation comme l'union du Verbe à un corps humain; il ne parle jamais de la présence d'une âme humaine dans le Christ. Par conséquent, cet élément divin qui, dans l'homme ordinaire, est l'âme raisonnable, est, dans le Christ, le Verbe lui-méme (t). 20 Dans la doctrine sotériologique dAthanase, le corps seul a besoin de rédemption au sens strict du mot ; seul, il uploads/Religion/ voisin-la-doctrine.pdf

  • 31
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Sep 06, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.3322MB