Journal des savants Hermès trismégiste et l'occultisme [R. P. Festugière, O. P.

Journal des savants Hermès trismégiste et l'occultisme [R. P. Festugière, O. P. La révélation d'Hermès Trismégiste ; I. L'astrologie et les sciences occultes. Avec un appendice sur l'Hermétisme arabe, par L. Massignon] R. P. Festugière, O. P. La révélation d'Hermès Trismégiste ; I. L'astrologie et les sciences occultes. Avec un appendice sur l'Hermétisme arabe, par L. Massignon Alfred Merlin Citer ce document / Cite this document : Merlin Alfred. Hermès trismégiste et l'occultisme [R. P. Festugière, O. P. La révélation d'Hermès Trismégiste ; I. L'astrologie et les sciences occultes. Avec un appendice sur l'Hermétisme arabe, par L. Massignon]. In: Journal des savants, Janvier-mars 1945. pp. 5-19; http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1945_num_1_1_2734 Document généré le 12/04/2016 .1 0 U K IN A I. DES SAVANTS JANVIEK-MARS 1945 HERMES TRISMEGfSTE ET V OCCULTISM E R. P. Festugière, 0. P. La révélation d'Hermès Trismégiste ; I. L'astrologie et les .sciences occultes. Avec un appendice sur Y Hermétisme arabe, par L. Massignon (fait partie de la Collection d'Etudes bibliques). Un volume in-8°, 4^4 pages, i planche. Paris, J. Gabalda, io,44- Les études relatives aux sagesses révélées dans le monde gréco-romain sont en grande faveur. A ce mouvement, M. Franz Cumonl a participé de façon eminente avec son livre sur L'Egypte des Astrologues (1987) et avec les deux volumes qu'il a publiés l'année suivante, en compagnie de M. J. Bidez, sur Les Mages hellénisés (Zoroastre, Ostanès et Hystaspe), dont M. P. Uevambcz ei le regretté A. Puech ont rendu compte ici (1989, p. 85-87, P- >45-i5o). Voici maintenant que le H. P. Festugière, qui a pris rang parmi les meilleurs exégètcsdes religions antiques, fait paraître sur l'hermétisme le premier tome d'un ouvrage d'importance capitale, qui a bénéficié des travaux et des conseils de M. Fr. Cumont et qui lui est dédié. Basées sur la connaissance la plus étendue du sujet, des analyses très approfondies jettent une vive clarté dans ce domaine complexe et ardu, cependant que de copieuses traductions intégrales, dont l'élégante précision atteste et la pénétration de l'auteur et sa familiarité avec ces questions délicates, composent « comme une petite somme dé monuments de là religion populaire sous 6 A. MERLIN l'Empire » et permettent de prendre un contact direct avec certains documents particulièrement suggestifs. Pour l'effort qu'il s'est imposé afin de nous rendre accessible une matière dont lui-même possède l'absolue maîtrise, pour le succès avec lequel il a atteint son but, le R. P. Festugière a droit à toute notre gratitude et à tous nos éloges. La révélation d'Hermès Trismégiste se présente sous un double aspect; il y a un hermétisme populaire, qui s'occupe d'astrologie, d'alchimie, de magie : c'est le plus ancien; et il y a un hermétisme savant, auquel l'autre a donné sa forme et servi de modèle, qui s'occupo de philosophie et de théologie. Le volume actuel a pour matière les écrits où l'Hermès égyptien traite de l'astrologie et des sciences occultes. Il est précédé d'une longue introduction générale sur les conditions dans lesquelles les sagesses révélées ont pris naissance, sur les causes qui en ont assuré la diffusion et sur la personnalité d'Hermès. De cette introduction, le premier chapitre, intitulé le Déclin du rationalisme, met en vigoureux relief le contraste qui marque la période entre Trajan et le dernier des Sévères ; en apparence, la civilisation est plus brillante que jamais, mais à cette prospérité matérielle ne correspond pas, malgré un véritable renouveau intellectuel, une égale floraison de l'esprit ; la décadence est certaine : les œuvres qui voient le jour se contentent de rassembler les connaissances accumulées par les anciens ; aucune n'est originale ; « le temps des découvertes est passé : maintenant on vulgarise. C'est l'ère de l'école, de l'enseignement. » Ce déclin, commencé dès le ier siècle av. J.-C, a son origine dans l'épuisement des forces humaines et dans les guerres continuelles. Et cet affaissement de l'esprit scientifique a pour corrélatif un accroissement, une exaltation et comme une perversion de la piété ; l'homme, toujours passionné de vérité, incline maintenant « à demander à la divinité, sous forme de révélation personnelle, ce qu'il cherchait à obtenir auparavant par les seules forces de sa raison ». A la pensée philosophique et scientifique chez les Grecs, dont le tour d'esprit est essentiellement déductif, il a manqué d'employer l'expérimentation et de contrôler ses édifices dialectiques par le recours au donné concret ; en l'absence de ce frein normal, « le rationalisme grec s'est comme dévoré lui-même ». Devant les désillusions éprouvées aux leçons des philosophes, on se défie de la raison, pfl.se confie à des moyens de connaissance qui lui sont étrangers; HERMÈS TRISMÉGISTE ET L'OCCULTISME 1. on s'adresse à l'irrationnel, à l'intuition mystique, aux mystères théosophiques, à la magie. L'intelligence humaine étant courte et sujette à l'erreur, on ne peut connaître le Dieu suprême que s'il se révèle et il faut l'interroger, solliciter les oracles, profiter des visions, s'instruire auprès des prophètes ; et ces prophètes ont d'autant plus d'autorité qu'ils sont plus distants dans le temps et dans l'espace, que l'antiquité en est plus haute et l'éloignement plus grand. D'où la nouvelle vogue du py thàgorisme dont les préceptes et les interdictions, de caractère impératif, séduisent les âmes avides de croire ; d'où l'idée que les Barbares orientaux possèdent sur la Divinité des notions plus pures et plus essentielles,, parce que, négligeant la raison, ils arrivent par des voies plus secrètes à communiquer avec Dieu. Les Égyptiens, les Mages de la Perse et de la Ghaldée, les Juifs (Esséniens de la Mer Morte et Thérapeutes du lac Maréotide), les Brahmanes sont les initiateurs de la philosophie; leur sagesse, plus ancienne et plus vénérable que celle des Grecs, qui d'ailleurs se sont intruits auprès des Barbares, est supérieure, car leurs sages, voués au silence, à la solitude, aux abstinences, peuvent, grâce à leur pureté, à leur vie dans la retraite, à leur maîtrise de soi, à leur assistance aux saints offices, atteindre à la connaissance intime de la Divinité ; les ermites, qui apparaissent déjà dans le paganisme, les prophètes orientaux sont les maîtres de tout savoir parce qu'ils possèdent « le moyen d'entrer en rapports avec les puissances surnaturelles, de les évoquer et, au besoin, de les contraindre » ; ils tiennent la clé des mystères, sont familiers avec les « chaînes» qui relient aux astres et aux esprits qui les habitent toutes les choses d'ici-bas. « La science n'est plus affaire de recherche méthodique et d'observation, mais tend à se dissoudre en un mélange de recettes de bonne femme et de mystagogie. » La pensée rationnelle avait ses règles : comprendre, c'était connaître par la cause ; on usait de sa raison, on ne comptait que sur^elle ; l'effort humain restait associé au secours surnaturel qu'on pouvait demander à la Divinité. Au ne siècle, abandonnant le travail persévérant, l'ivresse de la découverte, on renonce à trouver avec l'aide de Dieu ; on préfère charger Dieu de trouver à sa place. C'est lui qui révélera la bonne doctrine et la voie du salut par la vision oraculaire, qui était regardée dans l'antiquité, aussi bien chez les païens que chez les chrétiens, comme la récompense normale d'un certain genre de vie. L'hermétisme s'insère dans ce « grand courartt d'esprit et d'âme qui est peut-être le fait le plus 8 A. MERLIN considérable de l'histoire humaine aux premiers siècles de notre ère ». Les textes hermétiques sont « la révélation d'un dieu-prophète, Hermès, lui-même instruit par le Nous au cours d'une vision en songe, ou connaissant toules choses pour avoir tout vu au ciel avant de descendre sur la terre ». Cet Hermès, c'est le dieu-égyptien Thoth. Identifié au dieu Lune, considéré comme l'inventeur de la chronographie, Thoth est le maître du destin ; scribe d'Osiris, il est l'inventeur de Pécrilure et de toutes les branches de sciences et d'arts qui dépendent de l'écriture : magie, médecine, astrologie, théosophie, alchimie. Dans la cosmogonie élaborée par les théologiens d'Hermopolis, Thoth le magicien, dont la voix se fige en matière et devient un être, par la seule émission de son souffle faisait naître toutes choses et créait le monde. Les Grecs, peut-être surtout sous l'influence du premier Ptolémée qui a cherché à fondre ensemble les cultes égyptiens et les cultes helléniques, ont assimilé Thoth à Hermès qui était considéré comme le mailre de la parole, le seigneur du langage, le prophète du Logos, c'est-à-dire, d'après les spéculations des stoïciens, de la Raison divine créatrice. « Ces équivalences, facilitées peut-être par le rôle démiurgique du dieu hermopolitain, préparaient à recevoir, vers le début de notre ère, la doctrine d'un Hermès-Thoth parole de Dieu, à la fois créateur du monde et prophète de cette création ». L'épithète de Trismégiste, « trois fois très grand », remplace par le suffixe tris, trois fois, le triple énoncé du superlatif grec « très grand », qui est appliqué à Hermès en Egypte dès le temps de Ptolémée IV Philopator (22[-2o5) et qui est calqué sur le superlatif égyptien par répétition du positif « grand, grand ». Thoth ayant inventé uploads/Religion/hermes-trismegiste-et-l-occultisme.pdf

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  • Publié le Mar 27, 2021
  • Catégorie Religion
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