Le kalâm d'Al-Ash'Ari Mohyddin Yahiya PID_00159004 © FUOC • PID_00159004 Le kal

Le kalâm d'Al-Ash'Ari Mohyddin Yahiya PID_00159004 © FUOC • PID_00159004 Le kalâm d'Al-Ash'Ari Aucune partie de cette publication - design général et couverture compris - ne peut être copiée, reproduite, stockée ou transmise par quelque procédé que ce soit, aussi bien électrique que chimique, mécanique, optique, de gravure, de photocopie ou par d'autres moyens, sans l'autorisation écrite des titulaires du copyright. © FUOC • PID_00159004 Le kalâm d'Al-Ash'Ari Sommaire Introduction............................................................................................... 5 1. Quelques repères biographiques.................................................... 7 2. L'œ uvre d'al-Ash'arî.......................................................................... 10 3. Place d'al-Ash'arî dans l'évolution du sunnisme....................... 13 4. La méthode d'Ash'arî........................................................................ 14 5. Les preuves de l'existence de Dieu................................................. 16 6. Les Attributs divins........................................................................... 17 7. Deux problèmes majeurs relatifs aux Attributs divins............ 20 7.1. La représentation de Dieu ........................................................... 20 7.2. Le danger de polythéisme ........................................................... 22 8. Autres remarques sur la question des attributs........................ 24 9. L'incréation, la Parole divine......................................................... 26 10. La théorie d'Ash'arî sur l'acte humain......................................... 30 11. L'originalité doctrinale d'Ash'arî................................................... 35 Résumé.......................................................................................................... 39 © FUOC • PID_00159004 5 Le kalâm d'Al-Ash'Ari Introduction Avec al-Ash'arî, « fondateur » du kalâm sunnite orthodoxe, une nouvelle ère commence pour la théologie musulmane : grâce au succès progressif de son enseignement et sous la pression accrue des traditionalistes, le kalâm mu'ta- zilite fut relégué dans l'ombre, pour finir par disparaître en tant qu'école vi- vante continuée par des maîtres et des disciples . C'est ce qui expliquerait, selon une vue simplificatrice et trop répandue, que l'ash'arisme soit devenu, avec le mâturîdisme, la théologie officielle du sunnisme . Cette vision est en fait sommaire et l'idée selon laquelle l'ash'arisme serait une voie « du juste mi- lieu » entre littéralisme et mu'tazilisme est tout aussi inexacte . Ces jugements semblent avoir pour origine une appréciation laudative émanant d'un maillon important de l'école ash'arite, Juwaynî, s'il faut en croire le Tabyîn d'Ibn 'Asâ- kir . Nous verrons ce qu'on doit en penser . Comme dans le module précédent, nous nous attarderons un peu plus sur cet auteur – eu égard à son importance dans l'histoire du kalâm – que sur les mutakallimûn du module suivant consacré aux vicissitudes de l'école ash'arite . Ce développement se justifie par le fait que les disciples prennent des libertés avec les thèses du fondateur, non sans parfois lui attribuer des thèses que ne reflètent pas toujours sa propre doctrine . Ceci n'était pas ignoré des sources, et a été depuis peu confirmé par l'étude de Daniel Gimaret consacrée à Ash'arî . Il convient de faire une mention spéciale sur ce dernier ouvrage . Renouve- lant profondément la présentation classique qui en était donnée jusqu'ici, il constitue une avancée décisive dans notre connaissance de l'école ash'arite . De la longue liste de ses œ uvres, beaucoup sont en effet perdues, et les études antérieures s'étaient contentées d'étudier la doctrine du maître à partir d'un échantillon fort maigre de ses œ uvres . D . Gimaret a utilisé une source ma- nuscrite de premier plan, le Mujarrad d'Ibn Fûrak (m . 406/1015), théologien ash'arite de la deuxième tabaqa (« génération »), réputé pour avoir été parti- culièrement versé dans la doctrine de son maître . Non seulement le Mujarrad offre un grand nombre d'informations inédites et précises sur Ash'arî, mais il fait aussi apparaître le théologien sous un jour assez différent de l'image véhi- culée par une tradition d'école . Référence bibliographique D .￿Gimaret (1990) . La doc- trine d'al-Ash'arî . Paris : Édi- tions du Cerf . © FUOC • PID_00159004 7 Le kalâm d'Al-Ash'Ari 1. Quelques repères biographiques Né à Basra vers 260/873, al-Ash'arî passa le plus clair de son temps à Bagdad, où il mourut en 324/935, selon une estimation couramment avancée . Son père, qui n'est pas compté parmi les mu'tazilites, devait sans doute appartenir à la mouvance traditionaliste : il écrivit un ouvrage sur l'ikhtilâf al-fiqh (c'est-à-dire les points de désaccord entre les rites de fiqh), et beaucoup de fuqahâ' en font partie . Il se peut que l'influence paternelle ait été décisive sur Ash'arî . Les fuqahâ' se méfiaient en général de la théologie spéculative du kalâm mu'tazi- lite . Rappelons que le fiqh1 ne concède à la raison indépendante qu'une place subordonnée dans les asbâb al-'ilm (« canaux de la connaissance ») et que les données traditionnelles y sont premières . Cette ordre hiérarchique fait partie de la structure épistémologique du fiqh dans sa forme classique, et, semble-t-il, dès les origines . Les fuqahâ' étaient donc par nature plus volontiers enclins à partager le discours anti-spéculatif des ahl al-Hadîth . Il faut toutefois se garder de toute généralisation hâtive . Le kalâm sunnite a été préparé par la théologie de personnages comme les ahl al-ithbât et Ibn Kullâb, qu'il ne faut pas mélan- ger avec les hanbalites et encore moins les hashwiyya . (1)Relevons toutefois que pour certains spécialistes du fiqh primitif, et notamment Joseph Schacht [The Origins of Mohammadan Jurisprudence, Oxford : Clarendon Press (1950 et rééd . )], le fiqh résulte d'un « habillage » islamique d'un droit étranger, qui fut emprunté aux civilisations proche-orientales après les conquêtes . Si cette théorie est exacte, il faut alors considérer que cette structure épistémologique (les usûl al-fiqh) est trompeuse ; plus exactement, la raison humaine y occuperait en vérité la première place et les données révélées (y compris le Coran) seraient non des points de départ, ni même des preuves, comme le voudrait la tradition, mais des justifications a posteriori, des arguments polé- miques en faveur de ces données rationnelles . Il est vrai que les premiers ouvrages d'usûl al-fiqh ne furent écrits que plus d'un siècle après l'époque des fondateurs de rites (Mâlik b . Anas, Abû Hanîfa etc . ) . Mais cela ne signifie pas que ces usûl n'aient pas été utilisés auparavant sans être formulés ni systématisés . De plus, certains travaux actuels sur le fiqh primitif ne semblent pas confirmer cette théorie . Ceci ne veut pas dire, naturellement, qu'il n'y ait pas eu influence d'un substrat antérieur (coutumes, règles de droit) sur la naissance du fiqh . La théorie de Schacht pèche sans doute par son exclusivisme . La biographie d'Ash'arî, étant en grande partie hagiographique, comme celle de tous les grands noms du sunnisme, il est malaisé d'y trouver des données historiques sûres . C'est le cas, notamment, d'une référence classique, le Tabyîn kidhb al-muftarî fî mâ nusiba ilâ l-imâm Abî l-Hasan al-Ash'arî, écrit en honneur à sa mémoire par Ibn 'Asâkir . Il semble toutefois acquis qu'al-Ash'arî fut long- temps l'élève d'Abû 'Alî al-Jubbâ'î, que nous avons évoqué précedemment à propos de sa théorie des « modes » . La tradition rapporte même qu'il fut son plus brillant disciple et qu'il avait approfondi la théologie mu'tazilite au point de débattre avec son maître de questions subtiles . Mais les réponses qu'il ob- tint de ce dernier le laissèrent insatisfait, comme le montre la célèbre anecdote sur les trois frères . À la suite de déceptions de ce genre ou de visions oniriques, il proclama ouvertement, dans la grande mosquée de Basra, qu'il reniait le mu'tazilisme et retournait au traditionalisme . © FUOC • PID_00159004 8 Le kalâm d'Al-Ash'Ari L'anecdote sur les trois frères Cette anecdote entend montrer que la thèse mu'tazilite de l'aslâh laissait Ash'arî insatis- fait . « Supposons trois frères, dit Ash'arî à Jubbâ'î . L'un meurt adulte dans l'obéissance à Dieu, le second également, mais dans la désobéissance, et le troisième avant l'âge de raison . Qu'adviendra-t-il d'eux ? "– Le premier sera récompensé par le Paradis, répondit Jubbâ'î, le second ira en enfer et le troisième ne sera ni récompensé, ni puni . – Soit, rétorqua Ash'arî, mais si le troisième se plaint à Dieu de ne pas l'avoir laissé vivre assez longtemps pour Lui obéir et gagner le Paradis ? – Le Seigneur dira, répondit Jubbâ'î : Je savais que si Je t'avais laissé grandir, tu aurais désobéi et mérité l'Enfer . – Et si le deuxième dit, ajouta Ash'arî : pourquoi ne m'as-tu pas laissé mourir enfant afin que je n'entre pas en enfer ? " Jubbâ'i se tint coi et Ash'arî quitta les rangs mu'tazilites . » Quoi qu'il en soit de la vérité de cette anecdote et de cette soudaine volte-face, il est très probable que des controverses l'opposèrent à Jubbâ'î et sans doute finit-il par tracer sa propre voie où, sans être un strict disciple du hanbalisme, il entendait rester dans le giron des ahl al-Hadîth . Il innova toutefois sur un point : au lieu d'en rester à leur attitude anti-polémique ou anti-spéculative, il s'appliqua à réfuter point par point les thèses du mu'tazilisme quand elles étaient contraires à celles des traditionalistes . Plus précisément, il conserva la méthode argumentative du kalâm mu'tazilite et la mit au service des tradi- tionalistes, créant du même coup un kalâm sunnite . Nous allons voir qu'il fait preuve, en fait, d'un certain éclectisme : il reprend des démonstrations mu'tazilites et s'écarte des ahl al-Hadîth les plus littéralistes . Une même indé- pendance lui uploads/Religion/la-pensee-classique-arabe-module4-le-kalam-d-x27-al-ash-x27-ari.pdf

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  • Publié le Mai 25, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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