Collection « Recherches » LA COLLECTION « RECHERCHES » À LA DÉCOUVERTE Un nouve
Collection « Recherches » LA COLLECTION « RECHERCHES » À LA DÉCOUVERTE Un nouvel espace pour les sciences humaines et sociales Depuis le début des années 1980, on a assisté à un redéploiement considéra- ble de la recherche en sciences humaines et sociales : la remise en cause des grands systèmes théoriques qui dominaient jusqu’alors a conduit à un éclate- ment des recherches en de multiples champs disciplinaires indépendants, mais elle a aussi permis d’ouvrir de nouveaux chantiers théoriques. Aujourd’hui, ces travaux commencent à porter leurs fruits : des paradigmes novateurs s’élabo- rent, des liens inédits sont établis entre les disciplines, des débats passionnants se font jour. Mais ce renouvellement en profondeur reste encore dans une large mesure peu visible, car il emprunte des voies dont la production éditoriale traditionnelle rend difficilement compte. L’ambition de la collection « Recherches » est pré- cisément d’accueillir les résultats de cette « recherche de pointe » en sciences humaines et sociales : grâce à une sélection éditoriale rigoureuse (qui s’appuie notamment sur l’expérience acquise par les directeurs de collection de La Dé- couverte), elle publie des ouvrages de toutes disciplines, en privilégiant les tra- vaux trans- et multidisciplinaires. Il s’agit principalement de livres collectifs résultant de programmes à long terme, car cette approche est incontestablement la mieux à même de rendre compte de la recherche vivante. Mais on y trouve aussi des ouvrages d’auteurs (thèses remaniées, essais théoriques, traductions), pour se faire l’écho de certains travaux singuliers. L’éditeur SOUS LA DIRECTION DE Bernard Baudry et Benjamin Dubrion Analyses et transformations de la firme Une approche pluridisciplinaire Éditions La Découverte 9 bis, rue Abel-Hovelacque Paris XIIIe 2009 Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suffit de vous abonner gratuitement à notre lettre d’information bimensuelle par courriel, à partir de notre site www.editionsladecouverte.fr, où vous retrouverez l’ensemble de notre catalogue. ISBN 978-2-7071-5801-7 En application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du code de la propriété intellectuelle, toute reproduction à usage collectif par photocopie, intégralement ou partiellement, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également interdite sans autorisation de l’éditeur. © Éditions La Découverte, Paris, 2009. Introduction Questionnements théoriques et empiriques sur la firme : croiser les regards d’économistes, de gestionnaires et de juristes Bernard Baudry et Benjamin Dubrion1 Longtemps absente des débats académiques, la firme est depuis quel- ques années un objet d’étude important pour plusieurs disciplines, donnant lieu à des discussions parfois vives entre les analystes. Le propos de cet ouvrage est justement d’apporter un éclairage sur cette institution centrale du capitalisme. Nous avons privilégié deux questions centrales. La première renvoie aux multiples débats théoriques sur ce qu’est une firme. Comment l’appréhender ? Comment la différencier du marché ? Comment caractéri- ser cette institution centrale du capitalisme ? La seconde traite des multiples mutations empiriques que connaissent les firmes modernes, et qui affectent aussi bien les frontières de la firme que son organisation interne. Enfin, nous présentons quelques enjeux et perspectives futures qui nous paraissent importants pour poursuivre le débat. Par ailleurs, nous justifions dans cette introduction notre démarche, qui croise délibérément les regards de trois disciplines, l’économie, la gestion et le droit, car nous pensons qu’un tel croisement ne peut qu’enrichir notre compréhension de la firme. L’ANALYSE THÉORIQUE DE LA FIRME : DÉPASSER LA DIVERSITÉ DE L’APPROCHE CONTRACTUALISTE C’est parce que les faits bruts n’existent pas en tant que tels que l’analyse théorique de la firme est incontournable. Vouloir étudier la firme et ses transformations suppose en amont de s’entendre sur certains concepts centraux, sur le sens de ces concepts et leurs interrelations pour qualifier 1. Nous tenons à remercier l’université Lyon-2, la mairie de Lyon, le Conseil général du Rhône et la région Rhône-Alpes pour leur soutien financier. 6 ANALYSES ET TRANSFORMATIONS DE LA FIRME l’objet « firme ». En effet, les faits ne prennent sens qu’au regard des grilles théoriques mobilisées pour les analyser. Un minimum de conceptualisation est donc nécessaire. Il s’avère alors indispensable de définir ce qu’est une firme si l’on veut l’analyser. À ce titre, étudier théoriquement la firme est d’autant plus intéressant que depuis quelques années, les grilles d’analyses plus spécifiquement construites en économie et gestion se sont fortement développées. Depuis les années 1970, la théorie économique néoclassique s’est vue de plus en plus remise en cause, notamment au regard de son incapacité à rendre compte de manière réaliste de la firme. Quand elle analyse la firme, l’approche néoclassique se focalise sur l’effet des variations relatives de prix sur les inputs et outputs, dans un contexte de concurrence libre et parfaite au sein duquel l’objectif du producteur est la maximisation du profit. Réduisant la firme à une fonction de production, cette approche a peu d’intérêt pour qui veut comprendre comment les facteurs de production sont alloués au sein de la firme. De même, aucune réflexion n’est proposée pour résoudre la question des frontières de la firme, notamment par rapport au marché. Notons toutefois que si les chercheurs ne disposent de grilles d’analyses plus réalistes de la firme que depuis quelques années, certaines réponses aux limites de la conception néoclassique de la firme – réponses certes toutefois partielles – ont été apportées bien avant les années 1970. Ainsi que l’a retracé Machlup [1967] dans un article désormais célèbre, les controverses concernant l’étude des entreprises sont bien antérieures aux années 1970. En effet, plusieurs travaux datant des années 1930-1940 débattaient déjà, à l’époque, de la pertinence de la théorie néoclassique au regard du comportement réel des firmes et des individus qui en sont membres. Les « vingt et une conceptions de la firme » repérées par Machlup [1967, p. 26] dans la littérature illustrent à quel point il est erroné de penser que l’entreprise était absente des interrogations des chercheurs au début du XXe siècle. Néanmoins, a posteriori, il apparaît bien aujourd’hui que c’est fondamentalement à partir des années 1970 que l’économie et la gestion se sont fortement intéressées à la firme. Sans prétendre à l’exhaustivité, il est aujourd’hui possible d’identifier deux grandes perspectives, l’une dans le prolongement de la théorie néoclassique, l’autre en rupture, chaque perspective rassemblant par ailleurs des travaux variés mais complémentaires. Dans la première catégorie on distingue d’une part les constructions purement contractuelles qui, dans la lignée de l’approche néoclassique, se sont développées dans le cadre de la théorie de l’agence et que l’on retrouve aujourd’hui par exemple chez Laffont et Martimort [2002], et d’autre part celles, plus institutionnelles, élaborées dans le prolongement de Coase [1937] et au sein desquelles on peut différencier la théorie des coûts de transaction dont le représentant majeur est Oliver Williamson [1975, 1985], et la théorie des droits de INTRODUCTION 7 propriété représentée par Oliver Hart (Grossman et Hart [1986], Hart et Moore [1990], Hart [1995]). Dans la seconde catégorie, plus hétéroclite, moins homogène que la première on trouve (1) les approches évolutionnistes construites dans la lignée des travaux de Penrose [1959] puis plus récemment de Nelson et Winter [1982] et qui prennent sens aujourd’hui dans les théories de la firme fondées sur les ressources et les compétences ; (2) la théorie « autrichienne » développée chez Foss et Klein [2002] ; plus récemment, (3) la théorie de la firme comme « entité » cherche à se constituer sur la base des apports de plusieurs disciplines (Biondi, Kirat et Canziani [2007]) ; (4) enfin, et tout particulièrement en France, notons l’existence de l’approche conventionnaliste de la firme, elle aussi au croisement de plusieurs champs disciplinaires (Gomez [1996], Eymard-Duvernay [2004]). Cette diversité actuelle peut paraître pour le moins étonnante. Pourtant, chacune de ces approches cherche, à sa manière, avec ses concepts propres, à éclairer les trois grandes questions considérées aujourd’hui comme étant au cœur de « la » théorie de la firme, théorie conçue comme une représen- tation abstraite du fonctionnement des entreprises. Il s’agit (1) de la question de la nature et de l’existence des firmes (qu’est-ce qu’une firme et pourquoi les firmes existent-elles ?), (2) de la question de leurs frontières (qu’est ce qui limite l’étendue des firmes et par rapport à quel(s) autre(s) mode(s) d’organisation de l’activité économique ?) et (3) celle de leur organisation interne (comment les firmes allouent et rémunèrent-elles les facteurs de production qu’elles emploient ?). Évidemment, chaque approche parvient à répondre avec plus ou moins de succès à ces questions. De même, de manière générale, chacune semble plus « spécialisée » dans le traitement d’une question relativement aux autres. Ainsi, comme nous le verrons tout au long de cet ouvrage, les constructions théoriques mobilisées proposent leur propre définition de la firme et avancent des explications spécifiques quant aux frontières de la firme et au fonctionnement de son organisation interne. Compte tenu de ce qui précède, il n’est ainsi pas étonnant de débuter la première partie de cet ouvrage par un article intitulé « Qu’est-ce qu’une firme ? ». Dans cet article, Geoffrey Hodgson déplore uploads/Science et Technologie/ analyses-et-transformations-de-la-firme.pdf
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- Publié le Jul 20, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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