ENCYCLOPEDIEE SCIENTIFIQUE PUBLIÉEE SOUS LA DIRECTION DU D* TOULOUSE BIBLIOTHÈQ

ENCYCLOPEDIEE SCIENTIFIQUE PUBLIÉEE SOUS LA DIRECTION DU D* TOULOUSE BIBLIOTHÈQUEE DIRECTEUK D'ANTHROPOLOGIEE P. RIVET L'Artt Primitif PARR G.H.LUQUETT GASTONN DOIN ET C le, ÉDITEURS K PARIS G.. DOIN & Cil!, Éditeurs, 8, place de l'Odéon, Paris ENCYCLOPÉDIEE SCIENTIFIQUE Publiéee «ous la direction du D ' TOULOUSE, BIBLIOTHÈQUEE D'ANTHUOPOLOGIE Directeurr : D r P. RlVET Professeurr au Muséum d'histoire naturelle. L'Anthropologiee est une science neuve qui n'était point encoree constituée, il y a un demi-siècle ; elle a su pourtant accumuler,, en un si court espace de temps, des découvertes quii ont exercé une influence considérable sur la pensée philo- sophiquee de notre époque. C'estt la France qui a été l'initiatrice de cette nouvelle méthodee de recherche, comme elle a été la première à. en organiserr l'enseignement d'une façon complète et systé- matiquee à l'Ecole d'Anthropologie de Paris ; c'est donc en Francee qu'il était logique de voir se constituer une Biblio- thèquee condensant en une cinquantaine de volumes toutes less connaissances éparses actuellement en une multitude dee Revues, de Bulletins scientifiques et d'ouvrages spé- ciaux.. Less difficultés ne manquaient point dans cette entreprise. Less pionniers d'une science nouvelle s'élancent vers l'in- connuu dans l'enthousiasme des premières découvertes, sans songerr à coordonner leurs efforts, sans même se préoccuper dess limites du domaine qu'ils ont à défricher ; il en résulte que dess régions entières sont à peine explorées, tandis qu'ailleurs onn a empiété sur des sciences voisines. Les auteurs de nos Ma- L'artt primitif. i III ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE nuelss d'Anthropologie s'en sont à peine aperçus. La plu- partt sont des chercheurs éminents qui ont fait une œuvre personnellee résumant surtout leurs idées et leurs découvertes, ett n'ont eu cure de faire une véritable encyclopédie. Quant au Dictionnairee des Sciences anthropologiques, qui manifeste pourr l'époque où il parut un effort intéressant, il ne reflète, quee trop fidèlement, dans son plan général, la confusion des doctriness qui régnaient alors en Anthropologie et n'ont point encoree disparu. Onn est, en effet, très loin de s'entendre sur la ('éfinition ett les limites de l'Anthropologie. Certains lui donnent une tellee extension qu'elle risque de perdre son individualité. . Toutee science qui étudie l'homme ou enregistre ses actes rentreraitt dans son domaine : anatomistes, physiologistes, psychologues,, historiens, archéologues, etc., feraient ainsi dee l'Anthropologie sans s'en douter. D'autres, tout au con- traire,, rétrécissent son champ d'action au point de lui enle- verr toute portée philosophique et pratique, en la limitant à l'étudee somatique des races humaines. Entre ces deux ex- trêmess se disposent un grand nombre d'opinions moyennes quee je ne résumerai pas en cette courte notice. J'ai voulu simplementt montrer, devant ces contradictions, combien ill était nécessaire d'exposer en quelques mots la concep- tionn qui a présidé à l'organisation de cette bibliothèque. Ill faut dire tout d'abord que nous avons écarté avec soin les classificationss générales des sciences qui ont été élaborées jusqu'ici.. Toutes, à notre connaissance, présupposent que l'unitéé constitutive d'une science et sa place dans l'ordre dee nos connaissances reposent sur la nature des phénomènes qu'ellee étudie ; et il faut avouer humblement que nous igno- ronss la nature intime de ces phénomènes, bien que les théo- riess ne manquent point pour nous la révéler ; les meilleures, commee la théorie atomique, ne sont-elles pas seulement des constructionss représentatives, des images offrant un support commodee à notre pensée ? Nous ignorons si les sciences nous donnerontt jamais une connaissance adéquate de la nature ; nouss ne savons même pas si nous pouvons soupçonner ce quee se ait une connaissance adéquate ; mais nous savons de toutee certitude que les sciences accroissent notre puissance d'actionn en systématisant nos moyens de recherche et en coor- donnantt les relations profondément subjectives que nous appe- lonss nos connaissanes. Il semble donc légitime et nécessaire dee se placer uniquement au point de vue subjectif et pratique BIBLIOTHÈQUEE D'ANTHROPOLOGIE III pourr chercher à s'éclairer sur la constitution réelle d'une science.. Orr si nous observons comment se forment les unités d'étudee les plus évidentes et les plus tangibles, telles que les Laboratoires,, nous constaterons facilement que leur indivi- dualitéé dépend uniquement de la technique qu'on y emploie. Sii cette technique se diversifie trop, le Laboratoire se scinde tôtt ou tard. Des unités d'étude comme la physique, la chimie, laa physiologie, auxquelles un seul Laboratoire suffisait au dé- but,, ont subi des subdivisions qui sont maintenant aussi tranchéess que l'étaient autrefois les divisions primitives, ett ce n'est que par une habitude de langage que l'on dé- signe,, par exemple, sous le même terme, des études aussi disparatess que l'analyse purement mécanique des mouve- mentss d'un animal, l'analyse chimique de ses sécrétions et less études sur ses ferments internes : l'unité d'étude nommée physiologiee est appelée sûrement à se morceler tout comme l'aa fait depuis longtemps la physique d'Aristote. Chacunee de ces subdivisions est donc nécessitée par le pro- grèss même de nos connaissances et la complexité croissante dee nos moyens d'investigation, c'est-à-dire de la technique scientifique.. Tout individu qui veut s'assimiler une de ces sciencess particulières et travailler à ses progrès doit subir unn apprentissage qui implique non seulement un exercice mentall particulier, mais souvent même un exercice muscu- lairee assez difficile, exactement comme l'apprentissage d'un artt esthétique ou industriel. Il doit connaître les instruments dee recherche, se familiariser avec leur fonctionnement, acqué- rirr les connaissances nécessaires pour les appliquer et com- prendree les résultats que donnent ces modes spéciaux d'obser- vationn et d'expérience. Less considérations précédentes nous conduisent, comme on lee voit facilement, à deux conclusions qui méritent d'être bienn détachées à cause de leur importance : 1°° II existe, pour les sciences comme pour les arts, une TechnologieTechnologie qui joint à l'étude de la technique propre ditee les connaissances nécessaires pour la mettre en œuvre d'unee façon fructueuse. 2°° Chacune des sciences particulières n'est rien autre chose qu'unee unité technologique pouvant être concentrée le plus ordinairementt dans un seul local (laboratoire, musée, bureau d'information,, etc.) et embrassée assez facilement par un individuu après un apprentissage plus ou moins prolongé. IVV ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE Sii nous admettons cette dernière définition, nous sommes obligéss de reconnaître que l'Anthropologie emprunte des observationss à des techniques très diverses, manque par conséquentt d'unité réelle, et mérite le reproche, que ses détracteurss lui ont si souvent adressé, d'être un simple carre- fourr de sciences. Ill en serait ainsi, si toute unité scientifique équivalait forcémentt aux unités technologiques que nous venons d'exa- miner.. Mais, dans la pratique (et c'est toujours à ce point dee vue que nous nous plaçons), nous voyons se former une autree distribution des connaissances et des recherches scien- tifiquess qui vient se superposer aux premières, ou, pour mieux dire,, constituer comme des pôles d'aimantation qui dirigent ett orientent toutes ces unités technologiques et font coopérer leurss efforts. Ces centres attractifs sont de nature fort di- verses.. Nous les trouvons autour de nous dans une Faculté dee médecine, une Ecole de pharmacie-, un jardin zoologique d'acclimatation,, et même tout simplement une usine impor- tantee ; nous les trouvons encore dans une école vétérinaire, quii se consacre à l'étude de quelques espèces animales domes- tiquées,, et particulièrement utiles à l'homme ; l'étude même d'unee seule espèce animale suffit, bien qu'à un moindre degré, pourr constituer un centre de convergence analogue aux pré- cédents.. Qu'onn ne s'imagine point, par ce dernier exemple, que je tendee à présenter l'Anthropologie comme « l'histoire naturelle dee l'homme ». Cette définition célèbre se rapproche de celle quee je critiquais plus haut, parce qu'elle donne une exten- sionn beaucoup trop considérable à l'Anthropologie. Celle-ci comprendraitt non seulement l'étude de toutes les particula- ritéss normales et pathologiques du corps humain, mais elle devraitt noter toutes les manifestations de son activité phy- siquee et mentale. Dès lors, un traité d'Algèbre ou de Trigo- nométriee deviendrait un chapitre obligé de l'Anthropologie, danss laquelle rentrerait aussi la Pathologie tout entière ! Cee serait le cas de dire que le ridicule nous guette. Sii nous abandonnons ces vues à priori, et si nous exami- nonss les centres d'études que j'ai énumérés plus haut, nous nouss apercevons que tous ont été créés pour satisfaire des besoinss importants de l'humanité civilisée dans sa lutte pourr la vie : c'est peut-être au plus fondamental d'entre eux,, celui de former des groupes vigoureux pour multiplier notree puissance d'action, que répond l'Anthropologie. BIBLIOTHEQUEE D ANTHROPOLOGIE V L'humanitéé se divise en effet en une multitude de groupes, races,, peuples, états, associations de toutes sortes, dont la prospérité,, extrêmement variable, influe puissamment sur lee bonheur des membres qui les constituent et dépend de causes nombreusess qu'une science doit nous révéler : Quelle est l'originee et l'évolution de ces groupes ? Quel est leur fonc- tionnementt ? Quelle action exercent-ils sur la valeur de leurss membres et quelle impulsion en reçoivent-ils ? Pourquoi certainss groupes prospèrent-ils, tandis que d'autres souffrent, végètentt et meurent ? Quelle hygiène préventive doit-on leur appliquer,, quelle thérapeutique peut les guérir ? Autant de problèmess redoutables dont la solution intéresse directe- mentt les besoins collectifs de l'homme, et dont l'étude systé- matiquee uploads/Science et Technologie/ arte-primitiva-luquet-pdf.pdf

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