1 Monseigneur de SEGUR LA FOI DEVANT LA SCIENCE MODERNE I - DE L'ABUS QU'ON FAI
1 Monseigneur de SEGUR LA FOI DEVANT LA SCIENCE MODERNE I - DE L'ABUS QU'ON FAIT AUJOURD'HUI DU MOT SCIENCE. Un homme qui passe pour avoir de l'esprit a osé affirmer que devant les découvertes de la science moderne la foi de- venait tout à fait impossible ; qu'un homme raisonnable et quelque peu instruit ne pouvait plus croire ; que bon gré malgré il fallait en passer par là, dussent tous les prêtres s'indigner et crier au blasphème, dussent toutes les femmes gémir et pleurer toutes les larmes de leurs yeux. Un nouveau monde commence ; la religion de l'avenir apparaît : le règne du vrai DIEU, qui est l'homme, va succéder au règne de l'ancien DIEU, qui est le Christ, la foi va passer au rang des contes de fées ; c'est le progrès des lumières, la civilisation, etc., etc. Ces assertions étranges, filles du rationalisme et de la franc-maçonnerie, ne reposent sur rien. La science n'a rien découvert qui soit le moins du monde contraire à la foi. Tous ces prétendus savants qui exaltent la science aux dépens de la Religion ne sont que des ballons gonflés, vides d'air respirable, en apparence forts et redoutables, en réalité faits de simple baudruche et totalement creux. Ils ont toujours à la bouche le mot science : s'ils attaquent l'existence de DIEU, c'est au nom de la science ; ce n'est pas eux, c'est la science qui repousse la divinité du Christ, qui rejette le miracle et le surnaturel ; c'est la science qui démontre que nous n'avons point d'âme, etc., etc. Au siècle dernier, c'était la Nature qui faisait tout cela. La Nature était la divinité, la dame des encyclopédistes. Qu'est- ce que c'était que la nature ? où était-elle ? Joseph de Maistre cherchait quelqu'un qui voulut bien le présenter à cette dame-là. Mais on ne savait pas où la prendre. Quand on la rencontrait, ou bien elle ne disait pas ce qu'on voulait lui faire dire, ou bien elle disait précisément ce qu'on ne voulait pas qu'elle dit. L'embarras devint insoutenable, et les incrédules n'osèrent plus parjurer la nature. A la place de la nature, les successeurs des encyclopédistes ont inventé la science. Mais dame Science n'étant pour eux que dame Nature vêtue à la moderne, la question importune du comte de Maistre se dresse toujours : Qu'est-elle ? d'où vient-elle ? montrez-nous ses papiers. Un monsieur ou quelques messieurs s'avancent, il est vrai, sur le bord de la rampe et affirment doctoralement qu'elle est là derrière eux dans la coulisse, prête à se montrer, que c'est elle qui de sa bouche infaillible leur a dit ceci et cela ; mais l'être mystérieux qu'ils annoncent toujours comme devant mettre fin à la vieille superstition chrétienne ne parait jamais. C'est que ce qu'ils osent appeler la science n'est pas la science. Si la science pouvait être discréditée, ils la discrédite- raient. Heureusement, elle est au-dessus de leurs falsifications et de leurs calomnies ; l'Église en est la fidèle gardienne, car en éclairant sa marche et en l'empêchant de s'égarer, elle la préserve du suicide, en même temps qu'elle l'empêche de lever la main sur sa sœur aînée, qui est la foi. Qu'est-ce donc en réalité que la science ? II - CE QUE C'EST QUE LA SCIENCE. Sur cent incrédules qui se targuent de science, je suis sur qu'on n'en trouverait pas deux qui sussent bien nettement ce que c'est que la SCIENCE. Chose curieuse ! C'est nous chrétiens, esprits arriérés, obscurantistes, qui devons faire la leçon à ces prétendus maîtres. En général, quand on veut savoir ce qu'est l'art militaire, on recourt aux militaires ; quand on veut avoir des notions plus précises sur une spécialité quelconque, on s'adresse aux hommes spéciaux. Ici, ce n'est plus cela : les hommes spéciaux de ce qu'on appelle les sciences modernes ne peuvent pas nous dire ce que c'est que la science ; c'est une notion perdue pour eux. Leurs définitions sont en complète divergence, comme les fusées d'un bou- quet d'artifice : cela s'en va de tous les côtés ; cela fait du tapage et cela brille ; mais ce n'est qu'un feu d'artifice, un éclat éphémère qui, loin de dissiper les ténèbres, les fait apparaître plus épaisses. La vraie science vient de DIEU, comme la vraie foi : ce sont les deux yeux de l'homme parfait, c'est-à-dire du chrétien ; et comme l'accord des deux yeux produit l'optique, ainsi l'union de la foi et de la raison donne à l'homme la vérité, la vue et la connaissance de ce qui est. La science, dit saint Thomas, est la connaissance des choses par leurs causes (Scientia est cognitio rerum per causas, Sum. Theol.). Ce n'est pas simplement la connaissance des choses, c'est la connaissance des causes des choses ; c'est la philosophie de toutes les connaissances humaines. Voilà ce que c'est que la science en général. Ainsi, l'astronomie n'est pas seulement la découverte des astres, la constatation de leur position respective, et de leurs mouvements ; elle est la connaissance des lois supérieures qui régissent le monde des astres, autant du moins que l'homme peut les pénétrer en cette vie. Il y a là en effet de profonds mystères, auxquels l'ordre surnaturel est loin d'être étranger. Plus un astronome approfondira ces lois, plus il sera savant. S'il ne les connaît pas ou s'il les connaît de travers, c'est un demi-savant, un savant de contrebande, un comédien de science. Ainsi encore, la médecine n'est pas seulement une longue série d'expériences, de faits constatés, ni la simple con- naissance des remèdes qui guérissent le mieux telle ou telle maladie ; c'est en outre la connaissance très difficile et très mystérieuse de la santé et des maladies, de la cause intime des maladies. Un médecin qui ne remonte pas jusque-là peut être un empirique habile et très utile ; il n'est pas et il ne sera jamais un savant. Ainsi encore, l'histoire n'est pas la simple connaissance des faits, ni l'enregistrement chronologique de tout ce qui s'est passé sur la terre depuis le commencement du monde ; elle est de plus la pénétration des causes secrètes de tous les événements, de toutes les luttes qui tour à tour ont rait triompher le bien sur le mal, le mal sur le bien. La connaissance de ces causes (ou, pour mieux dire, de cette cause, car il n'y en a qu'une : la lutte de Satan et du monde contre le Christ et Son Église), constitue la science de l'histoire, de l'historien, du savant, du philosophe. 2 On pourrait en dire autant de toutes les autres sciences : la physique, la géologie, etc. Toutes les connaissances qui n'exigent que de la mémoire, de l'analyse, de la patience, de l'observation, ne sont point des sciences. Les hommes spé- ciaux qui s'en occupent, quel que soit leur savoir, ne sont jamais que des gens instruits : il manque à leurs études le ca- ractère essentiel de la science : la connaissance philosophique des causes de tous les phénomènes qu'ils constatent. Cette seule observation enlève sans rémission le bonnet de savant à une quantité d'hommes plus ou moins instruits, qui s'en font modestement honneur de nos jours. Ainsi, la chirurgie n'est pas et ne peut pas être une science ; c'est un art. Il en est de même de la plupart des applications pratiques : de la physique, de la chimie et même des mathémati- ques. Les travaux qui appellent continuellement des applications matérielles ne peuvent être rangés au nombre des sciences. Toute science est essentiellement philosophique, c'est-à-dire qu'elle réside, avant tout, dans l'intelligence, et qu'elle doit pouvoir s'y soutenir sans l'ombre d'une application pratique. Qu'on veuille bien réfléchir sérieusement à cela, et l'on verra combien fausse et orgueilleuse est la prétention d'une foule d'hommes instruits de notre temps, à qui les abstractions mathématiques ont faussé le jugement et fait perdre la foi. La fausse science enfle et aveugle, tandis que la vraie science élève et éclaire. L'étiquette de savant ne suffit pas : pour être savant, il faut être homme de science et non pas seulement homme de savoir. Nous recommandons aux méditations du lecteur l'admirable définition de la science donnée par saint Thomas. Bien comprise, elle éclaire pleinement la question, va jusqu'au fond et montre la science sous son vrai jour. Rien de plus simple, rien de plus profond. La science est la connaissance des choses par leurs causes. III - QUE LES DECOUVERTES DE LA SCIENCE MODERNE NE CONTREDISENT AUCUNEMENT LES VERITES DE LA FOI. Il y a malheureusement peu de vrais savants, et c'est une ruse de l'ennemi de nos âmes que cette profusion de faux savants qui pullulent aujourd'hui de toutes parts, se moquant de l'Église et de la foi, et proclamant à tout propos des dé- couvertes qui prouvent comme deux et deux font quatre qu'il n'y a pas de DIEU créateur; que la sainte Écriture, et par conséquent l'Eglise, se trompe grossièrement ; que les chrétiens n'ont pas le sens uploads/Science et Technologie/ mgr-de-segur-foi-science-moderne.pdf
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- Publié le Oct 28, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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