PREFACE. En la Soixantième Année de mon âge étant venu à bout de mon dessin dan
PREFACE. En la Soixantième Année de mon âge étant venu à bout de mon dessin dans la connaissance la plus occulte de Médecine, de Chimie & d’Alchimie, & voulant donner la main à ceux qui sont enveloppés dans un Labyrinthe d’erreurs, & qui ont été séduits par les beaux discours, ou plutôt par les rêveries de quantités de faux Alchimistes, voient & embrassent la lumière que je leur présente, pour se tirer du bourbier en sûreté, ce sont des expériences réelles que j’ai faites & que je connais, ce que tout homme expérimenté verra aisément dans de cet écrit. C’est pourquoi j’écris uniquement pour le bien du prochain & pour la gloire de Dieu, je ne laisse à un apprentif studieux aucun doute, car celui qui désire d’emporter cette toison d’or, qu’il sache que la teinture ou poudre aurifique, n’est autre chose, que l’or digéré au suprême degré de perfection, & de fixité subtile, à laquelle la nature & le travail bien conduit peut l’amener. Le caractère particulier des Ignorants n’est pas seulement de mépriser, mais encore de blâmer ouvertement les choses qu’ils ignorent, & le malheur le plus grand est quand des hommes que l’on croit doctes donnent dans le sens du peuple. Sans vouloir seulement prendre la peine d’examiner les choses de plus près, afin de discerner au moins le bon du mauvais, & la vérité du mensonge, ce qui devrait être l’unique occupation des esprits les plus solides. L’Alchimie encore qu’elle soit une science des plus nobles & des plus utiles, peut servir d’exemple au caprice & au jugement des hommes, car encore bien que de toutes les Sciences qui sont en usage pour le bien & le service de l’homme, il n’y en a aucune, qui la surpasse. Cependant chacun la blâme & la regarde comme la plus grande folie du Monde, Et moi au contraire, qui la tiens pour une Science divine, je crois qu’après l’immortalité de l’Ame, c’est l’un des plus grands bienfaits, que Dieu ait fait aux hommes ; car sans cette Science, qui embrasse la Philosophie, il serait impossible de connaître les vertus admirables, dont Dieu a doué tous les corps sensibles &insensibles de la Terre, Animaux, Végétaux & Minéraux, & en quoi ils peuvent être utiles à l’homme tant pour la conservation que pour la restauration de sa santé, ni le lieu, qui enferme ces Vertus dans chaque corps, ni les moyens de les en tirer, pour les avoir dans leurs essences pures & nettes, afin que leurs actions & opérations ne puissent être empêchées par le flegme & par la Terre entre lesquelles ses vertus sont enfermées, comme dans une prison obscure, tellement, que celui qui n’a pas une véritable & parfaite connaissance de l’Alchimie est indigne du nom & du titre de Médecin. Quelques-uns uns l’appellent art Chimique, & d’autres l’art spagyrique ; les Alchimistes le nomment spagyrie nom inventé par Théophraste Paracelse, le plus habile spagyriste qui peut être ait été depuis Hermès Trismégiste, jusqu’à notre temps, comme ses livres le démontrent assez. Pour moi je ne ferai pas de difficulté, de la nommer du nom, le plus en usage, savoir Alchimie, & pour faire comprendre ce que c’est que cette Science, je commencerai par sa définition. L’Alchimie donc est une science, qui enseigne à séparer les éléments, de chaque composé produit par la nature, & de les recueillir adroitement chacun en son vaisseau ; autrement l’Alchimie est une science pratique qui montre les moyens de séparer le subtil du grossier, le pur de l’impur, & de tirer de chaque composé naturel son essence pure & nette en laquelle gît toute la vertu du composé. On peut la définir en troisième lieu, comme une science, par laquelle nous apprenons à connaître la matière première de tous les corps du monde, soit animaux, végétaux, minéraux, & la méthode dont la Nature s’est servie en les produisant, & les perfectionnant jusqu’à leur dernière Matière ; & en dernier lieu la voie que l’Alchimiste doit prendre, pour les décomposer en rétrogradant l’ordre que la Nature a suivi, s’il veut voir occulairement leur première Matière, & en procédant de cette sorte, il aura les trois principes de tout corps, qui sont le soufre le sel & le Mercure visibles & palpables chacun en son Essence corporelle, après qu’ils sont séparés du composé par cette Science. Les opérations de cette science sont en grand nombre & toutes différentes les uns des autres, & néanmoins toutes ensembles, elles tendent à un même but & au point de la définition. Je les réduis pourtant au nombre de Sept, qui sont la Calcination, la Putréfaction, la Dissolution, la Distillation, la Coagulation, la Sublimation, & la Fixation. Le principal instrument de toutes ces opérations, c’est le Feu, qui a des différences notables dans soi. A divers degrés que je réduis pareillement à quatre principaux, dont le premier est le feu du fumier ou du bain-marie, qui convient aux putréfactions & dissolutions, comme aussi aux distillations des liqueurs mercurielles, le second degré est le feu des cendres plus chaud que le premier, il convient aux coagulations & aux distillations des liqueurs grasses & huileuses, le troisième est le feu de sable plus chaud que le second, ce dernier convient aux sublimations & fixations, connue aussi aux distillations des liqueurs les plus tenaces & adhérentes aux autres parties du composé, comme sont les Minéraux spécialement les métalliques, & le quatrième est le feu des flammes, avec du bois ou de charbons vifs très chauds. Sur lequel le Vaisseau étant placé, s’opèrent les réverbérations, calcinations & incinérations de chaque composé. Il faut savoir aussi que chacun ces quatre feux, se doit réduire à d’autres degrés successifs selon l’exigence du composé, & de la chose que nous en voulons tirer, comme le feu du Bain-marie a trois degrés, le premier est quand le vaisseau contenant le composé est exposé sur la fumée de l’eau échauffée, qu’on nomme bain de vapeur le second est, quand le vaisseau est plongé dans cette eau échauffée sans bouillir, le troisième est quand avec grand feu on fait bouillir l’eau dudit bain. Ainsi se peuvent graduer, les autres trois feux de la cendre, du sable & du charbon, tant par les soupiraux & par les registres des fourneaux bien faits, que par la quantité de charbons ou du bois, que l’on met dedans à justes mesures, ou par le nombre des mèches, quand il s’agit du feu de Lampe selon l’exigence du composé que l’on veut traiter. Celui qui entendra bien tous ces feux, & qui avec cela n’ignorera pas le feu de la nature, tel qu’il est dans l’intérieur du composé, & de quelle manière l’un peut exciter l’autre, augmenter sa vigueur & le corriger, méritera le nom de Philosophe & pourra mener à bonne fin les choses les plus excellentes du monde. Or pour entendre plus particulièrement les susdites opérations de l’Alchimie, je viens d’abord à la première qui est la Calcination, parce qu’il faut commencer par-là, surtout celui qui veut faire une due séparation des parties dans tous les composés solides & fixes, comme sont les métalliques, & je dis que la Calcination a été trouvée pour deux causes : La première est pour priver le composé de son humidité accidentelle, ou flegme superflu, & le disposer aux autres opérations, même de solution, après laquelle & pas autrement, se peut faire la séparation des parties du composé, la seconde est pour ôter & consumer le soufre combustible, impur &corrompant, qui est audit composé, qui n’est pas encore amené à la perfection par la Nature. Ceci pourra sembler étrange à plusieurs, qui n’ont aucune connaissance de l’Art, quand je dis qu’il faut calciner les corps solides & fixes & en les calcinant les dépouiller de leur humidité accidentelle, pour les disposer à solution ; car au contraire diront-ils, cette humidité devrait être la cause & le moyen de la solution, il vaudrait donc mieux de la conserver ; mais pour éclaircir ce doute, je dirai avec nos Maîtres en Philosophie, qu’il y a deux humidités en chaque corps, l’une est accidentelle que nous rejetons, comme flegme inutile, & l’autre interne & radicale, qui contient en soi l’esprit de vie, & qui donne au corps sa forme & son essence ; cette seconde humidité ne se sépare jamais du corps par la Calcination, tant leur union est forte, mais elle fait ouvrir les pores du corps pour le disposer à recevoir une autre humidité externe, qui sera propre à faire la dissolution selon l’intelligence du bon Artiste, il est bien vrai, qu’après cette solution faite, on peut encore priver ce corps de son humidité radicale par l’ouvrage de la séparation des Eléments ; de telle sorte, que ce corps demeurera en après comme cendre & terre morte, c’est ce que nous appelons l’ouvrage de L’incinération ; il faut donc ici bien noter la différence qui est très grande entre la calcination & l’incinération, car à la calcination le composé ne perd aucune chose de sa uploads/Science et Technologie/ clavicule-de-la-philosophie-hermetique-1753-no1786.pdf
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- Publié le Mai 29, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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