Ecole d'Architecture de Toulouse Petit Guide d'introduction aux techniques de r
Ecole d'Architecture de Toulouse Petit Guide d'introduction aux techniques de recherche et publication par Patrick Pérez Toulouse, octobre 2003 La déontologie La déontologie regroupe les règles du savoir-vivre au sein d'un corps professionnel. Elle met en avant le respect, la courtoisie, et … un peu de morale et de droit, tout à la fois. Il s'agit rien de moins que de se forger ici une certaine éthique de l'activité de recherche (par rapport aux informateurs sur le terrain, respect des institutions, respect des collègues et du travail accumulé, rigueur dans le raisonnement). Examinons pour commencer quelques points fort simples. Responsabilité de l'écrit Vous êtes responsable de vos écrits : lorsqu'on écrit, il faut en effet toujours se souvenir que l'on divulgue des opinions, des faits, des interprétations sur la "place publique". Ce passage du privé (voire de l'intime) au public n'est pas sans poser de nombreux problèmes de respect de l'anonymat, et de la personne en général (c'est pourquoi il est parfois préférable d'user de pseudonymes, ou de modifier certains détails rendant impossible toute identification des personnes dans les écrits). Cette responsabilité de l'écrit recouvre aussi la responsabilité de votre opinion pour tous les jugements émis (ce qui peut exposer parfois l'auteur à des actions en justice). Bref, écrire est un acte qui se construit généralement dans la solitude mais qui peut mettre en jeu l'écoute et le fonctionnement de la société toute entière. Soyez circonspects dans vos jugements ! Vous devez encore assumer la responsabilité de vos hypothèses ainsi que de vos conclusions, parce qu'elles sont, plus que tout le reste, le fruit même de votre démarche de recherche. A cette fin, il sera impératif dans le cours de votre texte, de bien séparer ce qui ressortit au domaine des informations et des données (vérifiables et "objectivables" dans une certaine mesure), de ce qui ressortit à leur interprétation (hypothèses, inductions, chaînes déductives, conclusions). Sans quoi, on ne saurait pas très bien ce qu'exprimerait l'auteur par rapport à des "opinions rapportées", présentes dans les données elles-mêmes. Rendre à César Les idées que nous avons et que nous explorons dans le cadre d'une recherche sont bien souvent des prolongements de "pistes" lues chez un auteur, dans un ouvrage ou un article. Il est donc du devoir de tout intellectuel de citer l'origine d'une découverte, d'une idée-force, comme d'indiquer le ou les auteurs qui ont permis de mener à bien tel ou tel raisonnement. C'est en effet un acte particulièrement malhonnête, et combien répandu, que de laisser s'attribuer la primeur d'une petite découverte (ou une manière originale d'envisager un problème par exemple) en omettant ses sources. Citez donc toujours les auteurs à partir desquels vous avez bâti votre raisonnement. Attention aux données manquantes Lorsqu'on analyse une situation à partir d'un relevé effectué en un temps différent (période de terrain, interview non renouvelable, etc.), il arrive assez fréquemment que certaines informations viennent à manquer, informations que l'on aurait pu obtenir facilement lors des enquêtes : c'est en effet l'épreuve de l'écriture, avec sa mise en place de raisonnements, d'hypothèses, d'inductions et de déductions, qui lève le voile de l'incomplétude des données (une incomplétude précisément, dont on ne pouvait se rendre compte au moment du travail de terrain). La tentation est alors très grande d' "inventer" ou de "travestir" un détail, un résultat d'enquête, pour plier les données aux résultats escomptés… Ne cédez jamais à cette tentation, car outre le préjudice que vous feriez subir à vos informateurs (qui, de facto, ne vous auraient pas tenu exactement les propos prêtés) vous détruiriez du même coup la valeur scientifique de votre travail. Il vaut donc mieux faire apparaître les données manquantes, en précisant que l'absence de telle ou telle information ne permet pas d'aller plus avant dans une chaîne de déductions. Il sera possible à tout chercheur venant après vous, de reprendre et de compléter, si cela est possible, vos raisonnements. De la vérification Toutes vos informations doivent être vérifiables pour que votre raisonnement, à défaut d'être reproductible comme une expérience de chimie, puisse néanmoins être suivi pas à pas en disposant des mêmes sources que vous. A cette fin, les citations doivent être entières, ou sinon, toute troncature doit clairement apparaître (signalée par : […] ) et ne doit jamais permettre de changer le sens de la phrase de l'auteur. Les sources textuelles doivent être référencées en suivant une méthode claire (cf. plus loin) renvoyant toujours à la bibliographie, laquelle doit contenir les éléments de localisation nécessaires pour que l'ouvrage ou l'article puisse être retrouvé par n'importe quel chercheur. Si un ouvrage a été édité plusieurs fois, on prendra garde à bien indiquer la date d'édition et de réédition, sans quoi la référence au numéro de page d'une citation risque fort de ne pas correspondre avec la pagination de la nouvelle édition. Pour un manuscrit ou un document rare, il sera nécessaire d'indiquer le fonds documentaire qui le conserve (et l'adresse s'il s'agit d'un fonds privé peu connu) ainsi que la cote du document. Quant aux citations directes lors d'interviews, le lecteur ne peut que vous faire confiance… à vous de jouer le jeu. Doit-on enfin rappeler que le chercheur sur le terrain ne doit pas soustraire à la communauté (scientifique ou autre) des documents rares mais convoités pour enrichir une "collection personnelle" ! * La construction du discours scientifique Il ne peut être dans le propos d'un petit guide comme celui-ci d'introduire l'étudiant au champ complexe de l'épistémologie (analyse des fondements du discours scientifique). Si ces questions vous intéressent vous pouvez facilement accéder aux ouvrages de Bernard, Bachelard, Gaston-Granger, Breton, ... , pour citer quelques auteurs plus abordables que Serres. Cependant, il faut ici insister sur quelques points généraux qui doivent être suivis dans votre mémoire. Le vocabulaire Il est fondamental de maîtriser le vocabulaire utilisé. Ce point peut sembler trivial, pourtant combien de fois est-on confronté à des textes qui, voulant "faire intellectuel", alignent des mots rares et creux pour aboutir dans le meilleur des cas à un infâme galimatias, ou, pire, à de douloureux contresens. Il faut donc éviter au maximum toutes les formules creuses et jargonnesques ; il faut cultiver une langue simple, claire, charpentée par une belle grammaire. Ne faites pas de phrases trop longues ; méfiez-vous des périphrases, des rejets du sujet, de trop nombreuses propositions relatives. Profitez de ce temps d'écriture pour enrichir votre vocabulaire et votre orthographe ; n'ayez pas la flemme, consultez de temps à autre le dictionnaire ou un guide "des règles et usages du bon français"; prenez le temps de trouver et choisir le "bon" mot, celui qui sied exactement ; apprenez enfin à maîtriser le vocabulaire propre à votre profession (ou à votre champ d'investigation) et éliminez tous les termes inutilement complexes qui n'auraient pour effet que de limiter votre public de lecteurs à quelques pédants. Enfin, n'ayez aucune indulgence pour vos fautes d'orthographe ; elles sont toujours impardonnables. Vérification des données Vous devez vérifier la valeur de vos informations (sont-elles fiables ? quelle confiance avez- vous dans l'auteur que vous citez ?). Aussi ne faut-il jamais faire de citation de citation, car l'auteur qui vous précède peut avoir modifié le texte cité (même sans le vouloir) et vous allez, sans le savoir, répéter cette erreur. Allez donc toujours à la source première d'un document ou d'un système de pensée ; balayez les épigones, les compilateurs, les suiveurs, les disciples… cherchez l'origine, vous gagnerez du temps et vous ne travestirez pas la pensée de ceux que vous citerez. Explicitation Parce que tous les points de votre raisonnement doivent pouvoir être suivis dans les moindres détails et s'enchaîner logiquement (c'est la base même de la construction d'une démonstration), méfiez-vous des sauts de pensée et des "courts-circuits", des déductions aux prémisses incomplètes, des références floues et des inductions aux raisons obscures. Expliquez et explicitez vos raisonnements point par point, présentez vos hypothèses comme telles, justifiez vos conclusions. Les étapes de toute démonstration doivent apparaître avec clarté. Enfin, séparez sans ambiguïté de langage ce qui est de l'ordre des informations initiales (données brutes, informations issues d'entretiens) et ce qui est issu de votre raisonnement, sans quoi, votre interprétation se mêlera aux données pour qu'on la confonde avec une simple opinion (c'est à dire à une interprétation sans démonstration). Accumulation Enfin respectez le principe d'accumulation et de non-bouclage de la "science". Pensez à faire avancer votre domaine en établissant un "état de l'art" de la question que vous vous proposez de traiter, avant de vous lancer à corps perdu dans votre recherche. Vous devez en effet impérativement connaître l'état d'une question et les travaux principaux menés en ce sens, avant que de vous engager dans vos propres travaux ; vous vous épargnerez la production inutile d'un mémoire "déjà fait" et "déjà traité". Au cours de votre recherche pensez à référencer correctement toutes vos données (citations, bibliographie, etc.), ainsi un chercheur à votre suite pourra reprendre une piste simplement esquissée ou abandonnée; on pourra aussi contester votre démonstration (c'est la règle du jeu !). Enfin, à l'issue uploads/Science et Technologie/ comment-rediger-un-memoire.pdf
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- Publié le Mar 05, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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