1 Demain, les post-humains ? Les enjeux éthiques et métaphysiques du transhuman
1 Demain, les post-humains ? Les enjeux éthiques et métaphysiques du transhumanisme. Il ne s’agira pas pour moi d’énumérer toutes les possibilités techniques et biologiques qui permettent à l’homme de dépasser sa nature pour devenir un cyborg, ou pour le moins se transformer en un être augmenté. Elles sont si multiples qu’il est préférable d’engager une réflexion qui porte sur les enjeux tant éthiques que métaphysiques qu’implique le devenir posthumain. Cependant, je vais donner un exemple dont je pense qu’il est fort significatif de ce projet qui vise au dépassement de l’humain. Envisageons la question de l’évolution et le futur du cerveau. Celui-ci, plus on vieillit, et dès 25 ans, l’homme ne cesse de perdre ses neurones. Que faire ? Faut-il se résigner et se dire que c’est une réalité inéluctable ? Pour les posthumanistes, et vous vous en doutez, c’est non. Leur idée consiste à faire en sorte que ces neurones soient remplacés par des puces électroniques en silicium lesquelles sont connectées à un ordinateur central afin que « l’esprit » (en tout cas, il ne s’agit nullement de l’âme) humain puisse rejoindre le monde virtuel des réseaux internet. La finalité ultime de cette entreprise aspire à ce que notre corps fait de chair et d’os ne soit plus qu’un lointain souvenir. Mais avant d’y parvenir, il y a plusieurs étapes et différentes expérimentations à faire. Dans un premier temps, il faut dupliquer à l’identique les éléments qui nous constituent en développant des artifices qui peuvent se substituer à une réalité biologique que nous pensions jusqu’alors irremplaçable. C’est ainsi que les japonais savent comment créer du sang artificiel. On peut aussi produire des exosquelettes et toute sorte d’organes vitaux issus du clonage et qui donc et par voie de conséquence (puisque ce sont des exogreffes) ne seront pas rejetés et qui seront contenus et stockés dans des banques spécialement conçus à cet effet. D’aucuns choisissent d’être mis (je ne peux pas employer le mot enterré) disons qu’ils vont être mis en hivernation ou en hibernation, quoique les deux soient tout à fait illusoires, dans des réfrigérateurs en plaçant tous leurs espoirs dans les futures avancées de la science pour que ceux-ci revivent de nouveau. Cette possibilité existe déjà aux Etats-Unis et il faut bien dire qu’elle suscite bien des interrogations. Faut-il s’en émouvoir ? Après tout, n’avons-nous pas grandi dans l’espoir que la science nous émancipe des servitudes attachées à la condition humaine ? Ne nous a-t-on pas dit et éduqué pour que nous soyons absolument moderne et que nous ayant la « foi » dans ce que le progrès scientifique peut apporter à l’humanité ? Aujourd’hui cette foi se lézarde et la confiance laisse place à l’inquiétude pour ne pas dire plus. La démesure qui s’est emparée de nos sociétés technoscientifiques doit ou devrait nous 2 alarmer sur la conception que l’on assigne à l’homme futur, si tant est qu’il en soit encore un ! C’est bien pourquoi j’emploie le terme de « posthumain. » L’homme d’après en sera-t-il encore un ? Il faut bien admettre que cette question se pose et c’est ce que vais faire en sorte de démontrer. Nous avons ouvert la boite de Pandore pour nous transformer en magiciens qui, par toute sorte de moyens techniques où convergent nanotechnologie, bionique et informatique pour que « l’homme nouveau » émerge et finisse par triompher d’une réalité humaine par trop limitée. Mon propos me semble fondé si nous prenons conscience des dangers que comportent les manipulations génétiques et les possibilités qu’ouvre le séquençage de l’ADN et du génome. Il faut d’ailleurs dire que les comités de bioéthique sont de plus en plus dépassés par des progrès dont ils mesurent toute la déraison qui, malgré les interdits que ces comités leur opposent ne sont nullement appliqués. Les recherches continuent et rien ne doit entraver ce qu’ils sont censés apporter à l’évolution vers le « meilleur des mondes. » Ce bel avenir, il faut se permettre d’en douter. Ce sera le sens de mon propos qui va suivre. Posons-nous cette question : l’homme tel que nous l’entendons est-il en voie de disparition ? « Les hommes contre l’humain » (cf. Gabriel Marcel) sont-ils notre avenir ? Cette interrogation suppose de douter du bien fondé de l’idée de progrès en raison des conséquences que font courir les sciences et la technique dans leur projet d’une amélioration ( ?) pour ne pas dire d’un dépassement de l’humain par l’hybridation de l’homme avec la machine ou plus fou encore, l’hybridation de l’humain avec d’autres réalités vivantes comme les pieuvres et même des animaux préhistoriques et que sais- je encore !. Ce qu’il faut savoir, c’est que les laboratoires qui consacrent leur recherche à ce sujet sont financés par le complexe militaro-industriel. L’homme-machine, le cyborg, et c’est intéressant de le savoir constituait le projet que se proposait de réaliser le fascisme italien et dont il tirait sa source du futurisme de Marinetti au prix d’une remise en cause de la dignité de l’homme. C’est ainsi que la figure du monstre se profile avec les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle. Ce qui relevait hier encore de la science-fiction peut devenir réalité dès lors que la société aura abdiqué toute exigence éthique ayant pour fin de limiter et d’encadrer un laisser-faire coupable du crime de lèse humanité. Pour rendre plus explicite mon propos et signifier ce qui nous menace, je vais faire un détour historique pour exposer un mythe structurant l’imaginaire non seulement issu de la modernité dont la sagesse antique nous met en garde à travers différents mythes. Le cas Frankenstein. 3 Publié en 1818, Frankenstein ou le Prométhée moderne nous permet de mesurer combien les pouvoirs de manipulation de la vie par la science hantent des esprits dont le fantasme ultime consiste de créer un être vivant en laboratoire. Et cette créature échappe à son créateur. Aussi, peut-on identifier l’imaginaire technicien comme celui qui joue à l’apprenti sorcier. Ce docteur Frankenstein a conscience qu’il a commis un crime et tente d’arrêter le cours fatal des événements. Hélas ! Trop tard. En ce qui nous concerne, il faudrait retenir la leçon au nom d’un humanisme qui fait valoir le principe responsabilité. Il est à craindre que les avancées scientifiques qui se multiplient à la vitesse grand V n’en fassent qu’à leur guise, et n’ai cure de penser les conséquences induites par un processus qui nous mène de l’homme vers le monstre. Quasi sacralisées, les sciences et les techniques ne sont mues que par un désir d’aller toujours plus en avant dans la direction de l’homme augmenté et immortel. Que nous naissions non plus de l’union de deux genres distincts mais de la science devrait nous inquiéter. En effet, à mesure des progrès scientifiques, il n’est peut-être pas vain de se défier de ce que ceux-ci peuvent instituer : une sélection . Ces progrès sont d’autant plus tentants qu’ils nous promettent de réduire à néant nos imperfections et faire de nous des êtres immortels. Quand nous lisons le roman de Mary Shelley où quand nous le visionnons, nous sommes saisis d’effroi. Pourtant, la science n’en a cure. Elle occulte l’aspect moral et les comités bioéthiques sont désemparés pour poursuivre sa course folle. « Science sans conscience est ruine de l’âme. » Ce fantasme n’était-il pas le projet incarné par les 2 totalitarismes du 20ème siècle ou bien encore par l’eugénisme ? L’évolutionnisme récusé redevient à la mode puisque cette fois, ce sera l’homme qui en sera à l’origine. Les japonais sont leader dans le domaine de la robotique et de l’IA. Déjà, des robots peuvent créer d’autres robots et même ressentir des émotions !. A partir du Net, on verra se développer des logiciels auto-producteurs et le travail des « e-gènes » devrait produire une intelligence « inhumaine » passant à une forme de vie nouvelle, dépassant l’entropie qui anéantit nos organes et révolutionnant nos cycles biologiques. Serait-ce la finalité inhérente au Cosmos ? Bergson ne voyait-il pas dans l’univers une « machine à faire des dieux ? » La finalité ultime qui est celle des thuriféraires du posthumain réside dans le projet d’une dématérialisation de la réalité physique et charnelle de l’homme. C’est pourquoi parler d’une forme nouvelle de « vie » est un terme impropre puisque l’élément carbone n’aura plus cours. C’est ainsi que les neurones seront à terme remplacés par des puces de silicium. Parler d’un futur n’est guère plus pertinent puisque (l’in)humain autoprogrammera une intelligence qui l’adapte à ce que Teilhard de Chardin avait nommé : « noosphère », c'est-à-dire une sorte 4 de super conscience (une conscience collective au sens où l’entend Emile Durkheim ?) où ce que chacun vit est aussi partagé et vécu par autrui. ¨ Cyborg : mythe ou réalité du futurs ? Roman d’anticipation, Homme-plus narre la première expédition sur Mars. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette fiction est devenue réalité avec le projet Biosphère II. A terme, il s’agira pour l’homme de coloniser cette planète. Je peux ici renvoyer au uploads/Science et Technologie/ demain-les-posthumains.pdf
Documents similaires
-
16
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 13, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.2452MB