Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903) “ Sociologie et sciences sociales ” Un
Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903) “ Sociologie et sciences sociales ” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903), “ Sociologie et sciences sociales. ” 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903) “ Sociologie et sciences sociales ” Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim et de Paul Fauconnet (1903), « Sociologie et sciences sociales. » Extrait de la Revue philosophique, 55, 1903, pp. 465 à 497. Réimpression dans Émile Durkheim, Textes. 1. Éléments d'une théorie sociale, pp. 121 à 159. Collection Le sens commun. Paris: Éditions de Minuit, 1975, 512 pages. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée le 25 septembre 2002 à Chicoutimi, Québec. Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903), “ Sociologie et sciences sociales. ” 3 Table des matières “ Sociologie et sciences sociales ” Section I Section II Section III Section IV Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903), “ Sociologie et sciences sociales. ” 4 « sociologie et sciences sociales » par Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903) Extrait de la Revue philosophique, 55, 1903, pp. 465 à 497. Réimpression dans Émile Durkheim. Textes. 1. Éléments d'une théorie sociale, pp. 121 à 159. Collection Le sens commun. Paris: Éditions de Minuit, 1975, 512 pages. Retour à la table des matières On dit couramment de la sociologie qu'elle est la science des faits sociaux, c'est-à-dire des phénomènes qui manifestent la vie propre des sociétés ; et cette définition peut passer pour un truisme qui n'est plus contesté de personne. Mais il s'en faut que l'objet de la science soit, par cela seul, déterminé. En effet, ces mêmes faits qu'on lui assigne comme matière sont d'ores et déjà étudiés par une multitude de disciplines particulières, histoire des religions, du droit, des institutions politiques, statistique, science écono- mique, etc. On se trouve donc en présence, à ce qu'il semble, de l'alternative suivante. Ou bien la sociologie a le même objet que les sciences dites histo- riques et sociales, et alors elle se confond avec ces dernières et n'est plus que Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903), “ Sociologie et sciences sociales. ” 5 le terme générique qui sert à les désigner collectivement. Ou bien elle est une science distincte ; elle a son individualité propre ; mais pour cela il faut qu'elle ait un objet qui lui appartienne spécialement. Or, où le trouver en dehors des phénomènes dont traitent les différentes sciences sociales ? Le but de ce travail est de montrer comment se résout ce dilemme. Nous nous proposons d'établir, d'une part, que la sociologie n'est et ne peut être que le système, le corpus des sciences sociales ; de l'autre, que ce rapprochement sous une commune rubrique ne constitue pas une simple opération verbale, mais implique et indique un changement radical dans la méthode et l'organisation de ces sciences. Mais nous n'entendons pas procéder à cette démonstration d'une manière purement dialectique. Il ne s'agit pas d'analyser logiquement le contenu d'une notion préalablement construite. Ces disserta- tions conceptuelles sont, à bon droit, considérées Comme vaines. La sociologie existe, elle a dès maintenant une histoire qui manifeste sa nature ; il n'y a donc pas lieu de chercher à l'imaginer. Mais il est possible de l'observer. S'il ne sert à rien de disputer in abstracto sur ce que la science doit être, il y a, au contraire, un véritable intérêt à prendre conscience de ce qu'elle devient au fur et à mesure qu'elle se fait, à se rendre compte des éléments divers d'où elle est résultée et de leur part respective dans l’œuvre totale. C'est ce que nous voudrions essayer de faire dans les pages qu'on va lire. I Retour à la table des matières Réduire la sociologie à n'être que le système des sciences sociales, c'est, semble-t-il au premier abord, se mettre en opposition avec les fondateurs de la science nouvelle et rompre avec la tradition qu'ils ont établie. Pour ne parler que du plus grand d'entre eux, il est bien certain qu'Auguste Comte n'a jamais conçu la sociologie que comme une spéculation unitaire et intégrale, étroite- ment rattachée à la philosophie générale. C'en est le couronnement et la pièce maîtresse. Elle n'est pas là pour elle-même, mais Parce qu'elle seule peut fournir le principe nécessaire à une systématisation complète de l'expérience. Aussi a-t-on pu dire, non sans raison, qu'en un sens elle était, non pas une science spéciale, mais « la science unique », « la science universelle », puis- que les autres sciences peuvent être regardées comme de grands faits sociologiques, et puisque l'ensemble de ce qui nous est donné se subordonne à l'idée suprême de l'humanité » 1. C'est qu'en effet la loi des trois états, qui domine tout le Cours de philosophie positive est une loi essentiellement socio- logique ; et puisque, d'autre part, la démonstration de cette loi s'appuie sur des considérations philosophiques, relatives aux conditions de la connaissance, il 1 Lévy-Bruhl, La philosophie d'Auguste Comte, p. 403. Émile Durkheim et Paul Fauconnet (1903), “ Sociologie et sciences sociales. ” 6 en résulte que la philosophie positive est tout entière une sociologie et que la sociologie comtiste est elle-même une philosophie. Non seulement la sociologie naissante a présenté ce caractère, mais encore il était nécessaire qu'elle le présentât. Elle ne pouvait naître qu'au sein d'une philosophie ; car C'étaient des traditions philosophiques qui s'opposaient à ce qu'elle se constituât. Le premier de ces obstacles, c'était le dualisme religieux ou métaphysique qui faisait de l'humanité un monde à part, soustrait, par on ne sait quel obscur privilège, au déterminisme dont les sciences naturelles constatent l'existence dans le reste de l'univers. Pour que la nouvelle science pût se fonder, il fallait donc étendre l'idée de lois naturelles aux phénomènes humains. Tant que cette condition première n'était pas remplie, l'application de la pensée aux faits sociaux ne pouvait engendrer une véritable science po- sitive et progressive. Si les observations judicieuses ou pénétrantes qu'Aristote et Bossuet, Montesquieu et Condorcet avaient pu faire sur la vie des sociétés ne constituaient pourtant pas une sociologie, c'est que ce principe fondamental leur faisait défaut. Or, il ne pouvait résulter que d'un progrès de la pensée philosophique. Le préjugé dualiste ne pouvait reculer que devant une affirma- tion hardie de ['unité de la nature, et cette affirmation elle-même ne pouvait être que le couronnement d'une synthèse, plus ou moins intégrale, des con- naissances déjà acquises à la science. C'est en se donnant à lui-même le spectacle de l'œuvre accomplie que l'esprit humain pouvait prendre le courage nécessaire pour la pousser plus loin. Si les physiciens, les chimistes, les biologistes sont des esprits positifs, c'est, le plus souvent, que leurs sciences sont depuis longtemps positives. La pratique familière de la méthode qui y est en usage, la connaissance des résultats obtenus, des lois établies, suffit à faire leur éducation. Mais pour apercevoir le caractère positif d'une science qui n'était pas faite, pour affirmer d'un ordre de phénomènes qu'il est soumis à des lois avant que ces lois ne fussent découvertes, il fallait un philosophe, puisant dans une culture encyclopédique sa foi positive et la fortifiant, d'ailleurs, par une ébauche sommaire de la science, mais sans que cette ébauche fût sépa- rable de la philosophie générale qui en avait suggéré l'idée et qui y trouvait sa confirmation. Sous un autre rapport encore, sociologie et philosophie positive s'impli- quaient Mutuellement. L'affirmation de ]'unité de la nature ne Suffisait pas, en effet, pour que les faits sociaux devinssent la Matière d'une science nouvelle. Le monisme matérialiste, lui aussi, postule que l'homme est dans la nature, mais en faisant de la vie humaine, soit individuelle soit collective, un simple épiphénomène des forces physiques, il rend inutile la sociologie comme la psychologie. De ce point de vue, les phénomènes sociaux, comme les repré- sentations individuelles, sont comme résorbés dans leur substrat matériel qui, seul, comporterait l'investigation scientifique. Pour que la sociologie pût naître, il ne suffisait donc pas de proclamer l'unité du réel et du savoir ; il fallait encore que cette unité fût affirmée par une philosophie qui ne mécon- naît pas l'hétérogénéité naturelle des choses. Ce n'était pas assez d'avoir établi que les faits sociaux sont soumis à des lois ; il fallait ajouter qu'ils ont leurs lois propres, spécifiques, comparables aux lois physiques ou biologiques, mais sans être uploads/Science et Technologie/ durkheim-emile-soiologie-et-sciences-sociales.pdf
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- Publié le Oct 25, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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