CAS DE FIGURE Sous la direction de Moritz Hunsmann & Sébastien Kapp Devenir che

CAS DE FIGURE Sous la direction de Moritz Hunsmann & Sébastien Kapp Devenir chercheur Écrire une thèse en sciences sociales É D I T I O N S DE L ' É C O L E D E S H A U T E S É T U D E S E N S C I E N C E S S O C I A L E S COLLECTION gHCAS DE FIGURE Les auteurs de c a s d e f ig u r e offrent à leurs lecteurs des clés accessibles pour mieux comprendre le monde contemporain, sans s’affranchir des exigences scientifiques de leur discipline. La science sociale sort de son laboratoire pour reconquérir sa place dans l’espace public. D e r n ie r s t it r e s pa r u s d a n s l a c o l l e c t io n sa Hamit Bozarslan, Gilles Bataillon, Christophe Jaffrelot, Passions révolu tionnaires v. Esteban Bucli, L’ affaire Bomarzo Emmanuel Désveaux, Avant le genre ■ Emmanuel Désveaux et Michel de Fornel (eds.), Faire des sciences sociales. Généraliser ■ Pascale Haag et Cyril Lemieux (eds.), Faire des sciences sociales. Critiquer m François Hartog, Evidence de l’ histoire ■ Nathalie Heinich et Roberta Shapiro (eds.), De Panification m Romain Huret, Katrina, 2ooy ■ Nikolay Koposov, De l’ imagination historique ■ Rose-Marie Lagrave (ed.), Fragments du communisme en Europe centrale ■ Cyril Lemieux (ed.), La subjectivité journalistique Dominique Memmi, La seconde vie des bébés morts m Serge Moscovici, Le scandale de la pensée sociale Olivier Remaud, Jean-Frédéric Schaub & Isabelle Thireau (eds.), Faire des sciences sociales. Comparer ■ Tarik Tazdaït et Rabia Nessah, Le paradoxe du vote Irène Théry, Des humains comme les autres : Irène Théry (ed.), Mariage de même sexe et filiation Cas de figure Sous la direction de Moritz Hunsmann et Sébastien Kapp Devenir chercheur Écrire une thèse en sciences sociales 7 ' Editions de l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales www.editions.ehess.fr © 2013, Editions de l’Ecole des hautes études en sciences sociales ISB N 978-2-7132-2416-4 Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. Cas de figure 29 Maquette et couverture, Michel Rohmer Remerciements C e t o u v r a g e e s t l e f r u i t d’un travail col­ lectif à plusieurs titres. Nous remercions chaleureusement les auteurs d’avoir accepté notre invitation à y contribuer et d’avoir été patients et compréhensifs tout au long du pro­ cessus éditorial. Nous remercions également celles et ceux qui ont parti­ cipé à l’organisation du séminaire et à l’animation du carnet de recherche (act.hypotheses.org) «Les aspects concrets de la thèse» (Morgane Govoreanu, Karim Hammou, Jade Legrand et Tristan Loloum), ainsi que l’école doctorale de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Plusieurs personnes nous ont aidés par leur retour cri­ tique sur le projet de l’ouvrage et l’introduction. A ce titre, nous remercions Maryvonne Charmillot, Cyril Lemieux, Alexandre Mathieu-Fritz, Martyne Perrot, Alain Quemin, Martin de la Soudière, Luc Van Campenhoudt et Thierry Wendling. Enfin, un grand merci à Christophe Prochasson et aux Éditions de l’EHESS pour leur accueil très favorable de ce projet éditorial. Moritz Hunsmann et Sébastien Kapp Note de Véditeur C E l i v r e r é s u l t e du séminaire doctoral « Les aspects concrets de la thèse » qui se tient depuis quelques années à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à l’initiative de Moritz Hunsmann et Sébastien Kapp. Les historiens, sociologues, anthropologues, économistes ou spécialistes de l’éducation qui ont contribué à cet ouvrage expriment ici des points de vue souvent très différents, non pas tant en raison d’un positionnement disciplinaire propre, mais bien en fonction de leur expérience respective du par­ cours doctoral. Tous ces auteurs se sont néanmoins accordés sur un point : la nécessité précisément de transmettre cette expérience sin­ gulière que représente toujours la rédaction de la thèse. Ni restitution de controverses académiques, ni guide de bonnes pratiques, ce volume a été plutôt pensé comme une sorte de manuel intempestif à l’adresse des jeunes doctorants et de tous ceux qui aspirent à le devenir, et ce dans une perspective réso­ lument réflexive. Souhaitons que ce livre les aidera à penser leur rapport à l’écriture, dimension cruciale de leur éventuelle destinée de chercheur en sciences sociales. Howard S. Becker Préface s Ecrire une thèse, enjeu collectif et malaise personnel D a n s l e m o n d e e n t i e r , les doctorants font face à l’ultime épreuve de leur carrière d’étudiant: l’écriture de la thèse1 . Les thèses provoquent sans doute plus de souffrance que tous les autres traumatismes du doctorat: nuits blanches, faux départs, baisse de moral et de la confiance en soi. Mener ce long projet de recherche entraîne des problèmes concrets de gestion du temps et de mise en œuvre qui nécessitent de réelles compétences. Le plus gros problème, cependant, est ailleurs : les auteurs en devenir pensent que leur incapacité à mener leur projet à terme - alors que tant d’autres l’ont fait avant eux en écrivant un mémoire montrant ce qu’ils ont fait, ce qu’ils ont trouvé et ce que cela signifie - donnerait à voir au monde entier leurs graves faiblesses de caractère ou d’intelligence. En résumé, ils pensent être seuls responsables de leurs problèmes d’écriture. Les sociologues en particuher devraient savoir que ce n’est pas le cas. Le sociologue nord-américain Charles Wright Mills (2006, p. 7) a expliqué ce problème de la manière la plus simple qui soit, en nous mettant en 1. Traduit de l’anglais par M oritz Hunsmann et Sébastien Kapp. D e v e n i r c h e r c h e u r garde contre le risque de considérer comme des problèmes personnels ce qui relève en réalité de problèmes d’organisa­ tion sociale. Il nous incite au contraire à toujours chercher l’origine de ces problèmes en dehors des individus, de leurs faiblesses et de leurs défauts. La Grande Dépression, qui fit suite au krach boursier de 1929, en est le parfait exemple. Des millions de personnes étaient au chômage et souffraient d’autant plus qu’elles avaient le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, leur incapa­ cité à trouver du travail révélait une faiblesse de caractère. Elles pensaient que le fait d’être au chômage était de leur faute, plutôt que de remettre en cause un système économique qui ne créait pas assez d’emplois pour tout le monde. Pourquoi ne pas appliquer ce raisonnement aux pro­ blèmes liés à l’écriture d’une thèse ? Nous pouvons adopter le raisonnement sociologique suivant : lorsqu’un grand nombre de personnes ont des origines sociales, des personnalités, des parcours de formation et des compétences différents, mais rencontrent les mêmes problèmes face à une situation simi­ laire, il y a de fortes chances que ces problèmes ne soient pas dus aux personnes elles-mêmes mais bien à la situation. Malgré tout ce que l’on entend sur les prétendues conditions de vie privilégiées des doctorants, malgré le capital culturel considérable qu’ils sont censés maîtriser, et malgré la forma­ tion qu’ils ont reçue tout au long de leurs études, il est difficile d’expliquer qu’ils perdent leurs moyens au moment de rédiger leur mémoire final. La réponse à cette question se trouve sans doute dans le contenu de leur formation initiale. Je n’ai jamais trouvé ce problème difficile à résoudre. La solution est évidente ; souvent, nous résolvons des problèmes en regardant d’autres personnes les résoudre - pas simple­ ment en ayant la solution sous les yeux, mais en observant les étapes qui l’ont rendue possible. Je vais vous donner quelques ficelles que j’ai apprises, parfois dans la douleur, au cours de longues années de pratique. Quelqu’un qui souhaite écrire une thèse n’a en fait que trois problèmes à résoudre : comment commencer, comment terminer et que faire entre les deux. La solution au premier problème - comment commencer à écrire une thèse - est simple. Il suffit d’admettre que ce n’est pas un problème du tout, puisque vous avez commencé il y a longtemps. «Non, ça ne peut pas être vrai ! Je suis là, assis devant mon écran d’ordinateur complètement blanc. Comment pouvez-vous dire que j’ai déjà commencé ? » Je peux le dire parce que c’est vrai. Jour après jour, en prenant de nombreuses décisions concernant ce que vous alliez faire de votre recherche, vous avez élaboré les réponses à de nombreuses questions qui vous semblent à présent si compliquées. Quelles données vais-je recueillir aujourd’hui? Quelles notes personnelles vais-je prendre pour interpréter quelque chose que je viens de découvrir? Où vais-je mettre ce fragment de matériau que j’ai collecté uploads/Science et Technologie/ ecrire-une-these-en-sciences-sociale-devenir-chercheur.pdf

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