Epistemologie des sciences sociales Plan de ce semestre: Nous allons décrire da
Epistemologie des sciences sociales Plan de ce semestre: Nous allons décrire dans un premier temps trois positions typiques (la première étant elle-même divisée en deux sous-positions typiques): ⁃ Celle considérant que les sciences de la société sont dans la continuité des sciences de la nature, ces sciences se lançant dans une démarche scientifique cherchant à mettre en évidence les lois de fonctionnement de la société, analogues aux lois de la nature; cette position a été déployée soit au niveau macrosocial (au niveau des ensembles sociaux, avec Auguste Comte et Emile Durkheim, qui se refuseront à accorder à la psychologie une capacité à expliquer le social), soit au niveau microsocial (au niveau des comportements individuels, avec John Stuart Mill, qui se fondera sur la psychologie); (position encore défendue aujourd'hui par Harold Kincaid); ⁃ Une position critique vis-à-vis de la question de loi, affirmant qu'il n'y en a pas du tout dans la vie sociale, que les sciences sociales n'ont absolument pas une telle vocation: c'est la position dualiste, dont l'auteur de référence est Dilthey, dont Jean-Claude Passeron se fait l'héritier; Dilthey introduit l'idée d'une approche compréhensive des phénomènes sociaux; ⁃ une approche intégrant les deux perspectives, avec Max Weber. Nous nous intéresserons tout d'abord à la mise en évidence de Lois au niveau macro-social. Les Sciences sociales se sont développés dans quatres directions: analyse économique, sociologie (avec les disciplines de la démographie et de la science politique qui lui sont associées), anthropologie, et histoire. Une science distincte de ces quatre disciplines peut s'y apparenter: La psychologie, qui peut être considérée comme une science de la nature, ou comme une "pseudo-science", ainsi que la considère Comte. Deux gdes positions antagonistes en sciences sociales: la position qui considère que ces quatre disciplines reposent sur la psychologie, l'étude du comportement humain; celle qui considère que les sciences sociales sont fondamentalement non-psychologiques (décrivent des pratiques sociales qui ne sont pas naturelles). Sciences sociales divisées entre deux projets possibles: l'un qui serait purement descriptif et explicatif, qui ne prendrait pas position sur la manière d'organiser la vie sociale, et l'un qui évaluerait celle-ci. Praticiens des sciences sociales ont mené des réflexions épistémologiques sur les sciences sociales, ainsi que les philosophes... Six grandes questions épistémologiques à propos des sciences sociales: 1 ⁃ Le statut de la connaissance en général par rapport à la réalité empirique: l'épistémologie est partagée avec l'épistémologie générale de la connaissance scientifique; partie dont on ne traitera pas; ⁃ Les sciences sociales sont-elles des sciences du même type que les sciences de la nature ou sont-elles d'un type different ? A une position continuiste (position adoptée par Comte, qui avait pensé la connaissance de la vie sociale sur le modèle de la connaissance de la nature, les deux types de connaissance conduisant à la mise en évidence de lois, à partir de régularités; Durkheim s'inscrivait dans la continuité de cette position, considérant que la connaissance des lois pouvait améliorer la réalité sociale), s'oppose une position discontinuiste (au contraire, en particulier à partir de l'analyse faite par la tradition philosophique, a été mise en place une séparation entre sciences de la nature et sciences sociales; le premier ayant théorisé ceci étant Dilthey, qui considère que les types de savoir dvpés par les deux types de science sont différents; trois raisons explicitées par Dilthey pour spécificité des sciences de l'esprit: - la vie sociale est essentiellement historique, chaque situation sociale étant différente d'une autre; – les phénomènes de la nature sont observés de l'extérieur, tandis que les ph sociaux font l'objet d'une compréhension (verstehen), pour une interpretive sociology; - les ph de la nature sont déterminés, alors que les hommes sont libres; ⁃ Rapport interne existant entre les différentes sciences sociales: les phénomènes sociaux sont abordés par différentes disciplines, et pourtant ces disciplines traitent fondamentalement des mêmes objets, sous différentes dimensions, ce qui pose le pb de la relation qui existe entre les différentes disciplines, de leur complémentarité ou de leur opposition (quelqu'un comme Vilfredo Pareto considérait qu'il y avait une sphère économique pertinente, qu'il s'agissait d'intégrer ; au contraire, qq1 comme Durkheim considérait que science économique était fondamentalement erronée, primauté étant à donner à la sociologie; autre position est de considérer que science économique et tradition sociologique fondée sur le mainstream économique, sont une seule et même méthode, voire science); ⁃ Différences internes à chacune des disciplines: s'il existe des lois du monde social (cf. Par exemple Alain Testart, dans Avant l'histoire: aucune société de chasseurs-cueilleurs n'a d'habitat en dur, tous les cas ayant été repérés, l'explication étant assez simple, que les chasseurs-cueilleurs n'en ont pas besoin; il s'agit d'expliquer une régularité macro-sociologique par une rrégularité micro-sociologique ("habitudes" de ces chasseurs-cueilleurs), par exemple; des auteurs comme Emile Durkheim pensent qu'on peut mettre en évidence des lois à partir de régularités macro; au contraire, des aauteurs comme John Stuart Mill vont considérer que les lois existent au niveau du comportement individuel, et que ce serait à partir de ces comportements individuels qu'on peut déterminer des régularités au niveau macro (p ex: existe-t-il qq chose comme une loi de l'O et de la D? Des régularités st constatées (si tx d'i augmente, demande d'emprunt diminue), est-ce que les choses sont à ramener au niveau individuel?) => débat sur la relation entre le niveau macro et le niveau micro, avec trois positions typiques: 1/ des lois au niveau macro (Durkheim, Comte); 2/ des lois, mais au niveau micro seulement, dont on dérive des régularités au niveau macro; 3/ il n'y a pas de lois (mais dès lors, comment expliquer en sciences sociales? Peut-on se référer à des scénarios causaux ayant portée explicative?); exemple de la loi de Tocqueville sur les révolutions, 2 amenant à considérer qu'il y a des ph révolutionnaires lorsque la situation des gens s'améliore, en sorte qu'ils vont anticiper la possibilité d'une amélioration encore plus forte, suite à une révolution; ⁃ Questions ontologiques, la question étant de savoir si dans le monde social existent des réalités autres que les individus: les institutions existent-elles indépendamment des individus? Existence spécifique ou non? Quel est le statut ontologique d'un type moyen? Il s'agit de savoir en outre dans quelle mesure les institutions jouent un rôle et exercent une influence sur le comportement des individus; exemple de la monnaie, de l'argent, sous la République de Weimar, avec gens qui ne croient plus en la monnaie: représentations que l'on se fait de la monnaie joue fondamentalement sur son rôle; ⁃ Articulation du positif et du normatif : Il y a dans les sciences sociales trois (deux?! La troisième n'est pas vraiment une pratique...) grandes pratiques normatives: 1/ la pratique normative la plus ambitieuse consiste à dire ce qu'est la bonne société, ou la bonne économie: prescrire des règles d'organisation de la vie sociale; de ce point de vue, l'analyse économique est profondément ambivalente, en ce qu'elle se veut essentiellement positive, alors que néanmoins, d'une part, il y a une tradition d'économie normative, et d'autre part, il y a des concepts flous, comme celui d'efficacité, recelant à la fois une dimension normative et une dimension positive 2/ deuxième usage normatif, indirect: si, par exemple, on explique les engagements normatifs de telle ou telle catégorie de la population par son origine sociale, et non pas par ses croyances normatives propres, on prend position sur les croyances normatives des gens; question de la catégorisation: est-il possible de décrire les pratiques sociales sans jugement normatif? Il y a fondamentalement quatre types de pratiques dans les sciences sociales: -la première est l'analyse quantitative de données entre lesquelles on essaie d'établir des corrélations plus ou moins fortes; c'est le mérite d'Emile Durkheim d'avoir théorisé cela comme étant la spécificité de la connaissance sociale (mise en évidence de corrélations entre des variables, "variations concomitantes");; la question des corrélations pose la question de la causalité: on pourrait considérer qu'il n'y a pas de relation causale au niveau macro en tant que tel, la causalité n'étant repérable qu'au niveau micro; -la deuxième grande pratique dans les sciences sociales repose sur des données qu'on pourrait qualifier comme étant qualitatives, posant elles aussi le problème de la description et de l'explication: à partir de quel moment, sur la base de données quali, a-t-on une explication satisfaisante? -la troisième pratique qui se dvpe dernièrement est celle de l'expérimentation: historiquement, elle a été dvpée par la psychologie, elle est désormais répandue dans les sciences 3 sociales, en particulier en économie, où on fait varier les circonstances dans lesquelles sont placés les individus pour essayer de connaître leurs réactions à différentes situations qui s'ensuivent; mais on observe alors des tendances, ceci posant question de la causalité encore une fois; -le quatrième type de pratique est la construction de modèles hypothético-déductifs, qui partent d certaines hypothèses pour en étudier toutes les conséquences prévisibles, qui sont ensuite confrontées à la réalité empirique: c'est ainsi que l'analyse économique a essentiellement procédé au XIXème, jusqu'à la fin du Xxème. S'agit de faire l'hypothèse d'un comportement économique d'un certain type, d'en étudier les conséquences prévisibles en matière de vie uploads/Science et Technologie/ epistemologie-des-sciences-sociales-mis-a-jour.pdf
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- Publié le Jan 08, 2023
- Catégorie Science & technolo...
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