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Rédactrices en chef Cristelle Cavalla, Agnès Tutin & Alice Burrows FIU --/^ Francophonie et innovation à l’université Quelle place pour le français scientifique dans un contexte universitaire ? Nº 1 — 2019 1 1 Préface Jean-Paul de Gaudemar Recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie Mais comment trouver la bonne voie pour infléchir un tel cours ? Francophonie et innovation à l’université (FIU) s’inscrit dans cette recherche. D’abord en soulignant dans son titre le lien entre francophonie et innovation et la vocation de l’Université à être le lieu privilégié de l’illustration de ce lien. La promotion de la francophonie ne peut plus être seulement, surtout à l’Université lieu par excellence d’ouverture à la pluralité des cultures et des méthodes, la célébration d’une langue ou la proclamation sous de multiples formes de l’amour ou de la vénération que nous lui portons. La force de la francophonie universi- taire doit résider dans la pertinence des solutions qu’elle apporte à de grands enjeux, académiques ou sociétaux, communs à toutes les parties du monde. Elle doit donc en permanence innover et se faire reconnaitre ainsi à l’extérieur de son propre monde, sur le plan linguistique notamment. Ce premier numéro de FIU est une tentative en ce sens en mêlant plusieurs regards sur le thème du français dans la science. Ceux des experts s’adressant à d’autres experts et mettant notamment en avant des recherches récentes en didactique comme en linguistique susceptibles d’aider à comprendre les vraies raisons de la disparition constatée du français dans la recherche scientifique mais en même temps d’en consolider l’usage. Il y a quelques années, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) avait publié, suite à l’un de ses colloques annuels, une étude sur l’évolution de la langue utilisée par les publications en sciences humaines et sociales dans deux pays européens (France et Allemagne) et au Québec. À partir notamment d’une exploitation des répertoires « Web of Science » et « Scopus », il en ressortait une évolution très marquée entre 1980 et 2014 selon laquelle les publications en anglais seraient passées en moyenne de 30 % à 80 %. Alors même que leurs objets et leurs fortes inscriptions sociales pourraient sembler les protéger d’une telle évolution, les sciences humaines et sociales se rapprochaient ainsi des sciences naturelles et médicales où l’on estime à 98 % le taux de publication en anglais. Nul doute, hélas, qu’en 2019, ce mouvement ne s’est pas arrêté comme en témoigne notamment l’état des revues scientifiques, la langue utilisée et les exigences correspondantes pour leurs auteurs. C’est dire combien la question du français dans les sciences reste d’actualité. Une vision fataliste pourrait même considérer que la cause est entendue et que la bataille du français dans la transmission de la science est perdue. Même en Sciences humaines et sociales. Ce n’est évidemment pas le point de vue de l’AUF, ne serait-ce que parce que nous connaissons la vivacité de la science produite en français. 2 3 Ceux des enseignants, forcément plus concrets et plus accessible à un public plus large. Ils mettent en avant des expériences d’une grande diversité tant dans le domaine concerné que dans le territoire d’exercice. Ils démontrent ainsi qu’en tout milieu, francophone ou non, l’enseignement du français a des vertus allant au-delà du seul apprentissage d’une langue ou de sa seule meilleure maîtrise, qu’il peut lui aussi être considéré comme un élément du bagage scientifique à acquérir à l’Université, qu’il peut être un outil de science et de sa transmission. Regards des lecteurs enfin qui veulent aller au-delà d’une bibliographie commentée en fournissant des sources de réflexion complémentaires. Symboliquement et significativement, ce numéro débute par un tableau de la « dispari- tion du français dans la recherche scientifique » notamment à travers l’analyse de l’évolution des revues scientifiques et il se clôture par la question de la « scientométrie ». Les deux questions sont évidemment liées et bouclent en quelque sorte la boucle du déclin à combattre. Toutes les études démontrent en effet à quel point le « facteur d’impact » est essentiel pour comprendre le phénomène. Ce n’est sans doute pas tant la langue utilisée par les revues qui pose problème que ses conséquences sur ce facteur d’impact, aujourd’hui trois à quatre fois plus important si un papier est publié en anglais (« lingua franca » contemporaine) plutôt que dans toute autre langue. Comment un chercheur pourrait-il, dans un tel contexte, résister à la tentation de publier en anglais s’il veut voir ses travaux connus et reconnus ? Voilà un angle d’attaque qui devra être exploré. Car le calcul du facteur d’impact n’est pas indépendant du fait que les grands répertoires utilisés pour « mesurer » l’impact scientifique d’une publication sont principalement anglophones. Comment atténuer ce biais sinon en faisant exister aux côtés de ces répertoires anglophones d’autres répertoires, francophones en l’occurrence ? Nos collègues lusophones ou hispanophones notamment s’y sont risqués avec un certain succès. Pourquoi les francophones ne s’y risqueraient-ils pas ? L’AUF a engagé une telle démarche en s’appuyant sur des outils existants tant en France qu’au Québec. Nul doute que si elle va jusqu’au bout, elle pourra redresser la situation et redonner au français la place que la qualité de la production scientifique francophone mérite. FIU s’en fera certainement l’écho dans de futures livraisons. Enfin, je voudrais remercier celles et ceux qui ont permis la sortie de ce numéro. On le doit d’abord aux trois rédactrices en chef, Cristelle Cavalla, Agnès Tutin et Alice Burrows, à leur compétence quant aux thèmes abordés comme à leur engagement auprès des différents auteurs pour une livraison dans les délais souhaités. Mes remerciements vont aussi à tous les auteurs dont il faut apprécier l’originalité et la diversité, à l’image de la diversité du monde francophone. Mes remerciements vont enfin à nos partenaires et amis de la Délégation générale de la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et de France Education International (FEI) qui se sont joints à l’AUF pour éditer le premier numéro de cette nouvelle revue et qui partagent notre volonté de la prolonger. Nous serons heureux de le faire ensemble, comme avec tous ceux qui croient à la pertinence d’une telle entreprise et partagent la même conviction de la force de la francophonie universitaire dès lors que loin de se refermer sur elle-même, elle se déploie au bénéfice d’innovations profitant à tout le monde universitaire dans la diversité de ses modes d’exercice ou de ses dispositifs linguistiques et culturels. Préface Paul de Sinety Délégué général à la langue française et aux langues de France à l’université rendra compte de l’ambition avérée des départements de langue, de linguistique ou de traduction de rencontrer les réalités techniques, économiques, culturelles et scientifiques contemporaines. La francophonie en acte et comme facteur d’innovation concerne toutefois l’ensemble des disciplines et l’ensemble des objets de recherche tant il est vrai que le français est l’affaire de tous. Nous faisons le pari que la langue française peut se montrer une langue partenaire du plurilinguisme et ouverte à la variété des questions de recherche. Les savoirs qui se sont constitués dans l’abri de la francophonie pourront trouver dans cette revue une reconnaissance ou une visibilité supérieure. Une approche en termes de justice cognitive milite pour faire du français l’instrument de la diversité épistémique et bibliographique. Espace au service de la recherche et de l’expérimentation, espace d’observation pour la conception de politiques linguistiques, Francophonie et Innovation à l’université est une revue d’un genre nouveau. Le titre d’une revue est toujours un manifeste politique. En choisissant de s’associer à l’Agence universitaire de la Francophonie pour créer la revue Francophonie et innovation à l’université qui succède à l’excellent bulletin Le français à l’université, la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) soutient plusieurs affirmations. Le terme F(f)rancophonie en particulier témoigne d’un positionnement qui n’est pas uniquement sur la langue et son enrichissement, mais montre que l’enjeu porte sur la langue française en acte et dans les espaces sociaux de ses locuteurs. Cet intérêt pour les contextes de la langue française se déduit des différents articles de la Constitution qui fondent l’action de la DGLFLF. Le souhait de se placer sur le plan de l’action se lit évidemment dans le choix du mot Innovation qui révèle non tant un fétichisme de la nouveauté qu’un intérêt pour les explorations et les expérimentations menées à l’université et dans le monde de la recherche, avec la pratique de la langue comme outil et objet transdisciplinaire. Cette optique élargit quelque peu les repères du précédent bulletin. La question de la didactique du français demeure, transformée au sein de l’université par sa mise en rapport avec des objectifs de transmission ou de rédaction scientifique. La revue Francophonie et Innovation 4 5 Éditorial Cristelle Cavalla, Agnès Tutin & Alice Burrows Quelle place pour le français scientifique dans un contexte universitaire ? dans un contexte universitaire ? », ce numéro a pour objectif de présenter la diversité des pratiques du français scientifique, qu’il s’agisse des sciences naturelles, expérimentales et techniques ou des sciences uploads/Science et Technologie/ francais-scientifique.pdf

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