Guide du mémoire et de la thèse en sciences Zhou XU Stéphanie PRIGENT avec la p
Guide du mémoire et de la thèse en sciences Zhou XU Stéphanie PRIGENT avec la participation de Human Rezaei © Dunod, Paris, 2012 ISBN 978-2-10-057771-2 Illustration de couverture : Yuri Arcurs - Fotolia.com SOMMAIRE Introduction ........................................... 1 Chapitre 1. Le Master, une première expérience de la recherche ......... 9 Chapitre 2. Début de thèse ....................... 31 Chapitre 3. Le quotidien de la recherche ...... 65 Chapitre 4. La publication ........................ 107 Chapitre 5. La communication .................. 139 Chapitre 6. Le mémoire et la fin de la thèse .. 155 Index .................................................... 185 INTRODUCTION Apprendre à être ignorant Choisir de poursuivre ses études par une thèse est un choix courageux et, espérons-le, heureux, car personne n’est vraiment préparé à entreprendre une thèse en sciences et à faire ses premiers pas dans la recherche. Il est trompeur de qualifier une thèse « d’études », c’est-à-dire d’en faire la suite logique du parcours universitaire. En effet, même si cette expérience est finalement sanctionnée par le diplôme de plus haut niveau, c’est une activité intrinsèquement différente du reste des études, et ce quel que soit le parcours de l’étudiant. La thèse et la recherche en général suivent une logique inversée par rapport aux études universitaires. De l’école primaire aux études supérieures, en pas- sant par le collège et le lycée, nous grandissons, en confondant réussite et connaissance. « Connaître la bonne réponse », ou à défaut la trouver en suivant des raisonnements, des théorèmes et des méthodes Dunod – La photocopie non autorisée est un délit Guide du mémoire et de la thèse en sciences enseignés ou en puisant dans les connaissances des autres, tel est l’objectif premier. La connaissance est élevée au rang de valeur suprême pour l’étudiant en sciences, conclusion logique d’un système de notation reposant principalement sur la quantification des connaissances et sur l’application de théories existantes. C’est pourquoi les étudiants en sciences ne sont absolument pas préparés à la recherche. Ils ne savent pas que l’ignorance, ou plutôt la conscience de son ignorance, est la plus grande des qualités. Dans la recherche, le problème n’est pas de connaître la bonne réponse, mais de se poser une question. Qu’elle soit « bonne » ou pas détermine la qualité de la recherche, mais peu importe pour le moment. S’accrocher, même inconsciemment, à l’idée qu’il existe quelque part une bonne réponse à trouver ou que le problème a nécessairement une solution, comme c’est toujours le cas pendant les études, est une illusion qui entrave la recherche plus qu’elle n’apporte d’espoir. Nous ne savons pas précisément ce que nous cherchons, nous ne savons pas ce que nous faisons, nous ne savons pas quelle question nous poser et quand bien même nous aurions une question, nous ne savons pas si elle est bonne, nous ne savons pas si elle admet une réponse et si oui, nous ne savons pas si celle-ci est accessible, et nous ne savons pas si nous menons la bonne approche expérimentale, jusqu’à ce qu’au final nous tombions sur un résultat intéressant. Angoissant constat... Sauf 2 Introduction si nous prenons conscience que la difficulté de la recherche se trouve dans l’immersion dans l’inconnu et qu’il nous faut l’accepter. Constater notre ignorance est finalement plus un soulagement qu’un échec. De même, le doute, s’il n’est pas inhibiteur, est le meilleur allié de la démarche scientifique. De là, la recherche peut démarrer sereinement, sans angoisse. Or cela, « être ignorant », n’est pas enseigné. Il faudrait créer un cours intitulé « La productivité scientifique de l’ignorance ». Cette ignorance doit être un moteur et non pas un frein : il ne s’agit pas de l’ignorance paresseuse et résignée, mais de l’ignorance solide et motivante. Alors que dans les études « classiques », « je ne sais pas » est un fatal constat d’échec qui nous oblige à baisser les yeux, dans la recherche, « je ne sais pas » s’accompagne d’un sourire : « merci pour cette question, je la trouve très intéressante, justement je ne savais pas comment m’occuper ces cinq prochaines années ». Faire comprendre à des étudiants habitués à chercher (et trouver) la bonne réponse qu’il faut constamment se tromper et s’en trouver satisfait tant qu’on apprend quelque chose à chaque fois, n’est pas chose facile. Cette compréhension de la valeur de l’ignorance requiert une formation sur le tas : c’est la thèse ! Dunod – La photocopie non autorisée est un délit 3 Guide du mémoire et de la thèse en sciences Acquérir l’esprit de la recherche Trois ans de thèse sont parfois trop courts pour per- mettre à l’étudiant de réaliser cette acrobatie redoutable de l’esprit menant à l’inversion des valeurs. Toute l’éner- gie de l’étudiant devrait être exclusivement consacrée à cette conversion presque religieuse. Compliquer la thèse par des écueils pratiques, méthodologiques et quotidiens, retarde d’autant l’aboutissement d’un vrai projet de recherche. Dans l’ensemble de l’ouvrage, l’étudiant qui poursuit ses études doctorales est indifféremment désigné par les termes « étudiant », « doctorant » et « thésard », ce dernier étant légèrement familier. Selon les recomman- dations de l’Académie Française, le genre masculin est utilisé en tant que genre non marqué. Le doctorant peut donc tout aussi bien être un jeune homme ou une jeune fille et nous n’avons pas utilisé d’expressions du type « les étudiants et les étudiantes » qui sont lourdes, redondantes et incorrectes. De même, le « Directeur de thèse » peut être un homme ou une femme, car il s’agit d’un titre ou d’une fonction et non d’une profession, donc mis sous sa forme non marquée. Nous souhaitons aider l’étudiant à développer un cer- tain esprit de la recherche. Cette posture, cette attitude 4 Introduction face à l’inconnue du projet de recherche, ne s’acquiert que par la pratique mais peut être accompagnée par le présent ouvrage. Dans ce guide, l’étudiant trouvera aussi bien des modes de raisonnement théorique que des conseils pratiques et techniques spécifiques à la recherche expérimentale. Bien que l’étudiant mène un vrai projet de recherche, la thèse reste une formation qui se déroule dans des contextes différents à chaque fois. L’étudiant pourra utiliser cet ouvrage pour compenser certaines lacunes de formation dispensée sur le tas dans son laboratoire et pour contourner les pièges récurrents de la thèse que des générations de thésards ont connus avant lui. Nous avons également souhaité présenter de manière la plus large possible un panel des différents aspects inhérents à la recherche, qui vont du quotidien en laboratoire à la communication en congrès et à l’écriture d’articles scientifiques. Les débouchés Le grade de docteur ouvre à plusieurs voies profession- nelles. Il est nécessaire si on souhaite poursuivre une car- rière dans la recherche (en tant que chercheur), qu’elle soit académique ou privée. Il est également obligatoire si on veut accéder à un poste d’enseignement-chercheur (maître de conférences et professeur des universités). Le grade de docteur est reconnu au niveau international comme le plus haut grade universitaire. C’est un Dunod – La photocopie non autorisée est un délit 5 Guide du mémoire et de la thèse en sciences diplôme qu’on retrouve évidemment systématique- ment dans la recherche internationale mais également dans les entreprises privées dans tous les postes de haut niveau et à haute responsabilité. Ceci n’est pas le cas en France, bien que ce grade soit de plus en plus reconnu. En effet, l’existence en France d’un système d’écoles normales, d’écoles d’ingénieurs et d’écoles de com- merce, parallèle à la voie universitaire freine la recon- naissance des docteurs. Pourtant il n’existe rien d’équi- valent par exemple dans les écoles d’ingénieurs puisque le diplôme d’ingénieur est « seulement » équivalent au grade de Master et ne comporte pas une expérience de travail de plusieurs années. Dans le privé, certains postes accueillent préférentiellement des docteurs. C’est parfois le cas dans certains domaines de la biologie, dans ceux des biotechnologies et des industries pharmaceutiques entre autres, soit pour des postes à haute responsabilité (même si ce n’est pas toujours le cas), soit pour des postes liés à la recherche et développement, soit enfin pour des postes où il y a une forte interaction avec des partenaires académiques ou des entreprises fortement tournées vers la recherche. À titre d’exemple, les petites entreprises de biotechnolo- gies développant par exemple de nouvelles thérapies cherchent à recruter des docteurs car elles reposent sur une forte composante scientifique nécessitant une expertise de tous ses employés. 6 Introduction Au niveau international, le doctorat est incontour- nable à haut niveau, même pour des postes qui n’ont pas de lien direct avec le champ du doctorat, comme pour la haute administration ou même la politique. Les grandes écoles françaises restent mal connues à l’étranger et sanctionner ses études d’ingénieur par un doctorat en sciences est une manière d’acquérir le « passeport » international de la reconnaissance scientifique. À qui s’adresse cet ouvrage ? Ce guide s’adresse à la fois aux étudiants en Master qui font leur premier pas dans la recherche lors de leur stage en laboratoire (nous consacrons un chapitre entier à ce stade des études), uploads/Science et Technologie/ guide-du-memoire-et-de-la-these-en-sciences-stephanie-prigent-amp-human-rezaei-amp-zhou-xu.pdf
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- Publié le Jul 24, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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