© Édi ti ons Al bi n Mi chel , S.A., 1995 EAN13 : 9782226078452 À ma fille, Déb
© Édi ti ons Al bi n Mi chel , S.A., 1995 EAN13 : 9782226078452 À ma fille, Déborah Prologue Un chercheur non standard Le 10 septembre 1991, une semaine après la sortie en France de mon livre Enquête sur des extraterrestres qui sont déjà parmi nous, je reçus une convocation de la direction du Centre national de la recherche scientifique, vaste organisation qui, en France, regroupe toute la recherche publique, et qui disait en substance : « Afin de préciser les rapports entre vos activités de chercheur et la publication de livres à fort impact médiatique, vous êtes prié de vous présenter à nos services dans les plus brefs délais. » Je n’étais pas vraiment inquiet. Depuis vingt-cinq ans j’avais publié un nombre tout à fait raisonnable d’articles dans des revues de haut niveau, à comité de lecture, et fait des découvertes réellement intéressantes, dont je n’avais pas à rougir. Tous ces travaux étaient solidement construits, et personne, dans mon entourage scientifique, ne s’était jamais hasardé à dire que j’étais un plaisantin ou un mystificateur. J’aime beaucoup mon métier, que je prends très au sérieux et je ne pourrais pas rester sans réagir si quelqu’un disait en public ou écrivait quelque part que je suis un charlatan. Les rares fois où cela s’est produit, j’ai toujours fini par avoir gain de cause. Mais depuis 1975, derrière toutes ces belles idées, il y avait un dossier d’origine non identifiée, où j’avais puisé l’essentiel de mon inspiration et qui avait totalement transformé mon activité professionnelle. J’avais été mis en contact avec ces textes par un ami astronome, Maurice, en 1975. Jusque-là je vivais une vie professionnelle normale, j’avais des idées normales, banales. Comme tout un chacun j’avais monté des expériences et fait des calculs. Mais cette année-là, tout avait basculé. Maurice m’avait montré une vingtaine de pages photocopiées. Le texte original était tapé à la machine, en espagnol, et avait été reçu par des gens de ce pays, des non- scientifiques : un industriel, un journaliste, un ingénieur, un médecin. Maurice disposait d’une traduction en français, que je parcourus avec une curiosité amusée. Ce jour-là, sans m’en rendre compte, je mis le doigt dans un formidable engrenage. Cela ne ressemblait en rien à ce que j’avais pu lire jusqu’ici, dans le genre. Depuis les années 50 circulaient de nombreux textes, émanant de soi-disant contactés, dans différentes langues, et liés au phénomène ovni. Il m’avait été donné d’en parcourir quelques-uns et cela ne m’avait jamais beaucoup intéressé. Parfois ils étaient écrits par des médiums en transe qui prétendaient recevoir des communications télépathiques de visiteurs d’outre-espace. D’autres fois ils émanaient de gens qui prétendaient avoir rencontré ces expéditionnaires, voire fait avec eux une promenade en soucoupe volante. En règle générale leur contenu était d’une vacuité remarquable et à part une sempiternelle mise en garde contre les risques que l’arme atomique faisait courir à la Terre, il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent, scientifiquement parlant. Les textes « ummites1 » était singulièrement différents. Ils utilisaient un langage scientifique et technique souvent très clair. Dès ce premier contact, intrigué, je voulus en savoir plus et une enquête rapide en Espagne me permit de réunir près d’un millier de pages. Ces documents traitaient pratiquement de tous les sujets scientifiques, allant de l’informatique à la structure du cosmos, en passant par la mécanique des fluides. Quelques mois après les avoir lus je me mis à les concrétiser sous forme d’expériences et de calculs, et les publications tombèrent, les unes après les autres, originales, intéressantes. Dès la fin de 1975 je publiais aux Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris un article2 décrivant un engin que j’avais baptisé « aérodyne MHD », qui se propulsait en brassant puissamment l’air à l’aide de forces électromagnétiques. J’expliquais que celui-ci pourrait, à terme, évoluer à vitesse supersonique sans faire de bang, puisque, à la différence des autres engins, au lieu de se pousser dans le gaz, il y forait une sorte de tunnel en aspirant les molécules qu’il rencontrait sur son chemin, en faisant littéralement le vide devant lui. Depuis cette date aucun spécialiste de MHD n’a dit ou écrit que cette théorie, qui était une première exploitation des idées contenues dans les documents ummites, était déraisonnable. En 1977 je publiais deux articles de cosmologie théorique3, montrant qu’on pouvait envisager non pas un seul univers, mais deux cosmos jumeaux, possédant des flèches du temps inverses. À ce propos jamais personne n’a non plus dit ou écrit que cette idée était fondamentalement stupide. Pourtant elle émergeait encore une fois de ces mystérieux textes reçus par les Espagnols. Avec ces quelques papiers je m’étais piégé moi-même, de manière irréversible, dans cette affaire. On n’abandonne pas un filon aussi riche, quelle qu’en soit l’origine. Ummo est une fantastique « machine à penser ». Après avoir introduit imprudemment le doigt dans cet engrenage, la main, puis le bras y étaient passés et depuis cet été 1975 mon activité professionnelle avait consisté à analyser ces textes comme on manie les pièces d’un immense puzzle, en m’efforçant de les convertir en science de qualité, ce que je fais toujours actuellement. Le dossier Ummo fait partie de l’immense dossier ovni, puisqu’il se réfère à l’hypothèse d’incursions d’extraterrestres sur notre planète. Je ne suis pas l’unique scientifique à avoir travaillé sur ce sujet, mais je crois bien être le seul à avoir publié des travaux directement liés au sujet ovni dans des revues scientifiques de haut niveau et non dans des « revues ufologiques ». En 1991 j’éprouvais soudain le besoin de dire la vérité, de révéler mes sources d’inspiration et je publiais un livre, qui connut aussitôt un fort impact médiatique. Je n’avais pas prévu une telle réaction et un tel démarrage en flèche des ventes. Pour moi ce livre était une sorte de testament, d’aveu. Ce secret me pesait. J’étais payé par le contribuable français et j’estimais que celui-ci avait à ce titre droit de savoir la vérité. C’était à cause de ce livre que je me trouvais dans la salle d’attente de la direction générale du CNRS, au département Science de l’Univers. Je me souviens de mes pensées de ce moment-là. J’avais pris un très gros risque, mais je ne le regrettais pas, quelles que puissent en être les conséquences. Je pensais avoir obéi à mon code de l’honneur scientifique, qui consiste à traquer et à dire la vérité. Je songeais à cette phrase de Dante, dans « l’Enfer » : « Non siamo fatti per vivere come bruti, mà per seguir la virtù e la cognoscença », « Nous ne sommes pas faits pour vivre comme des imbéciles, mais pour suivre les chemins de la vertu et de la connaissance. » J’estimais que je m’étais conformé à ce principe, même si en franchissant cette porte j’allais apprendre que j’étais sanctionné, suspendu, voire carrément mis à la porte. La secrétaire du directeur lisait mon livre et semblait s’en délecter. Soudain un appariteur vint me chercher. – Le directeur vous attend. J’avais imaginé la veille tout un système de défense et, d’entrée de jeu, lui parlais des travaux que j’avais publiés récemment et de ceux qui occupaient mon temps en ce moment, mais il m’arrêta rapidement : – Personne ne dit que vous ne faites rien et la qualité de vos travaux n’est pas en cause. Nous savons que vous avez la caution du mathématicien français Jean-Marie Souriau, qui fait autorité en matière de cosmologie théorique. Comme par ailleurs vous n’attaquez pas le CNRS dans votre livre, nous ne voyons aucune raison de vous censurer ou de vous blâmer. Je me retrouvais comme un idiot, complètement pris au dépourvu. Le livre était posé à plat sur son bureau, sous sa main. Il ajouta qu’il avait pris beaucoup de plaisir à le lire « en tant qu’ouvrage de science-fiction ». Je lui demandai pourquoi il m’avait convoqué. – Dès la sortie de votre livre j’ai été assailli d’appels émanant de scientifiques et de directeurs de laboratoire, en particulier d’observatoires astronomiques, qui réclamaient votre mise à pied immédiate et disaient que vous étiez devenu complètement fou. Je ne pouvais pas rester sans réagir et je vous ai convoqué. – Ai-je l’air d’un fou ? – Apparemment pas. Mais toutes ces émissions de télévision auxquelles vous avez participé et ces interviews que vous avez données ont fait beaucoup de bruit. – Reconnaissez qu’à chaque fois j’ai tenu à préciser très clairement, d’entrée de jeu, que je parlais au nom de « Jean- Pierre Petit, directeur de recherches au CNRS » et non « au nom du CNRS ». – Si vous continuez à bien marquer cette distinction, alors pour nous il n’y a pas de problème : vous êtes libre de penser et de dire ce que bon vous semble, à condition d’en assumer vous-même la responsabilité. Il me demanda ensuite sous quelle forme se présentaient les documents sur lesquels j’avais travaillé. Je lui promis de lui en envoyer quelques échantillons. Il me parla alors uploads/Science et Technologie/ jean-pierre-petit-le-mystere-des-ummites.pdf
Documents similaires










-
44
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 09, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 7.0472MB