Sommaire Préface 5 Avant-propos 11 Chapitre 1. Les origines du purisme 17 1.1.

Sommaire Préface 5 Avant-propos 11 Chapitre 1. Les origines du purisme 17 1.1. L’histoire de la langue, une passion nationale 19 1.2. Histoire de la langue et historicisme 20 1.3. La variation « intrinsèque » du français 26 1.4. Pérennité, fixation et circulation de la passion de la langue 29 1.5. Documents, mythes et mémoire 32 1.6. La naissance du purisme « français » 36 Chapitre 2. Qu’est-ce que le purisme ? Définitions et circulation du discours puriste 41 2.1. De la pureté au purisme : un idéal nécessaire et une réalité complexe 42 2.2. Une définition : entre posture idéologique et pratique sociale 47 2.3. Quelques pratiques puristes : évaluation, stigmatisation, proscriptions 52 2.4. La circulation du discours puriste 57 Chapitre 3. Figures de puristes et classes sociales 73 3.1. Identification d’un puriste 74 3.2. Le puriste de la langue 75 3.3. Le puriste a-t-il un sexe ? 78 3.4. Le linguiste, le grammairien et le puriste 82 3.5. Les figures emblématiques du purisme 83 3.6. Le puriste, un sociologue spontané ? 98 Chapitre 4. L’orthographe, entre langue et société 119 4.1. Une question linguistique 120 4.2. Formes et pratiques de la norme : une question sociale 141 4.3. Pratiques sociales entre amour et soumission 159 3 Belle langue 1:Mise en page 1 19/04/08 18:05 Page 3 Chapitre 5. La grammaire : quelques cas de figure 169 5.1. Grammaire et esthétique 169 5.2. Maîtrise de la langue, correction syntaxique et cristallisation puriste 170 5.3 Qu’est-ce qu’une belle phrase ? 173 5.4. Le subjonctif, un mode d’investissement 179 5.5. Touche pas à mon participe passé 185 5.6. Le sexe « faible » des mots 192 5.7. On n’ira plus au coiffeur 197 Chapitre 6. Le lexique. L’amour et la valeur des mots 204 6.1. La notion de richesse lexicale 207 6.2. Les bonnes manières lexicales 211 6.3. Les mauvaises manières lexicales 225 Chapitre 7. Le bon style. Les belles manières de l’écrit 250 7.1. Le modèle de l’écrit 250 7.2. Le style français : le génie de la langue 260 7.3. Les stigmates de la phraséologie 282 Chapitre 8. Styles sociaux. Classes, classements, déclassements 294 8.1. Diction, prononciation, articulation 294 8.2. Les parlers de classe 304 8.3. La politesse verbale à la française 330 Conclusion 344 Bibliographie 349 Index des noms 369 Index des notions 375 Belle langue 1:Mise en page 1 19/04/08 18:05 Page 4 Préface Du bon usage du purisme quand on est linguiste L es linguistes aiment à se raconter que la position scientifique qu’ils adoptent par profession les fait radicalement différents des obscu- rantistes emportés par la passion que sont les puristes. Marie-Anne Paveau et Laurence Rosier (désormais MAP & LR) montrent cependant que l’on peut d’une part avoir la rigueur du linguiste sans être dépourvu de tentations puristes (le purisme pourrait sommeiller dans toute tenue de discours sur la langue), et d’autre part être puriste avec un sens affiné de la langue, au point sinon d’en produire des analyses, du moins d’en sentir les nuances dans les usages sociaux et ce qui est en train d’y advenir. Mais elles montrent aussi à quel point le passage d’une position à l’autre est graduel. 1. MAP & LR pratiquent un patient démontage des discours puristes (au pluriel, car il y a au moins deux attitudes qui s’y jouent, avec des implications sociales très différentes), pour mettre en lumière ce qui est dissimulé derrière une figure apparemment facile à décrypter, ou trop vite renvoyée au pré-scientifique ou au non-scientifique. C’est justement qu’il y a deux pôles chez les puristes : le puriste 1 est seulement un baromètre, un indicateur. Son hypersensibilité à la langue laisse émer- ger sous les formulations puristes un « linguiste spontané », et même souvent un « sociolinguiste spontané ». Quant au puriste 2, c’est aussi un censeur, traqueur de manquements. Même si un même puriste peut revêtir tantôt l’une tantôt l’autre apparence, il est préférable de distin- guer soigneusement les deux. L’arrière-fond premier est une caractéristique des mieux partagées (surtout en France) quant aux discours ordinaires sur la langue : tout le monde a quelque chose à en dire, effet attendu de ce que tout le monde parle, parle quotidiennement, et de ce que tout le monde est tissé de son rapport à sa/ses langue(s) ; du même coup, les locuteurs reconnaissent difficilement un savoir spécifique au linguiste. Alors que personne ne se mêlerait d’exposer une opinion « scientifique » sur son champ à un physicien nucléaire ou à un biologiste (qui ont des objets auxquels seul l’expert sait prêter des enjeux), beaucoup de gens au contraire apostrophent le linguiste sur le nombre de langues plus ou 5 Belle langue 1:Mise en page 1 29/04/08 13:30 Page 5 moins exotiques qu’il parle (d’où une mine navrée ou incrédule si le linguiste doit avouer qu’il travaille sur la sienne propre – ce qui d’ail- leurs ne saurait l’exonérer d’en savoir d’autres), ou lui donne péremp- toirement un avis sur la réforme de l’orthographe, sur la façon de par- ler de tel homme politique, ou sur la-langue-qui-fout-le-camp… Le discours ordinaire sur la langue est un discours de certitudes, au contraire du discours du linguiste, qui pratique la seule discipline scien- tifique auto-réflexive (dont l’objet même recouvre l’outil dont il use pour construire son objet de science). Le linguiste est donc aussi un locuteur comme les autres, dont l’attachement à sa langue peut constamment saper en sourdine la position scientifique revendiquée. 2. Comment un tel nœud en vient-il à se forger autour de la langue ? Au-delà de la première évidence, il y a la position de locuteur, et celle de locuteur francophone. Tous les locuteurs du monde, en effet (de toute langue, donc tous les humains), ont affaire à des discours tenus dans leur(s) langue(s). La langue, c’est, pour tous, la confrontation à l’autre, l’échange, la ren- contre de l’altérité dans l’interaction. Or, l’autre dispose du pouvoir de venir nous rappeler, au détour d’un accent régional ou d’un accent étranger (c’est l’autre qui a un accent, bien sûr), qu’il est différent de nous (donc que nous sommes différents de lui) ; ce qu’a bien montré Alain Fleischer 1, en se remémorant son malaise d’enfant devant l’ac- cent hongrois de son père, qui affleurait dès le premier allo. Et c’est un premier lieu où les deux types de puristes peuvent émer- ger, sous la figure d’un indéfectible rejet de la variation. Soit le contraire du produit d’une culture japonaise telle que la représente Jean-Pierre Jaffré, ce spécialiste de l’écrit qui, en présentant la « littéra- tie à la française » et ses contradictions, parle de la difficulté, pour cer- taines cultures dont la française, à admettre la possibilité de polygra- phie 2 : ce qui est important ici, c’est « poly- », car on peut extrapoler la thèse de Jaffré en comprenant que ce sera la même chose en encore plus douloureux quand il s’agit de poly-phonie, parce que parler met en jeu l’ensemble du corps, plus qu’écrire pour la plupart des usagers. Tenir sa langue a ainsi à voir avec tenir son corps. Si les puristes rejettent ainsi la variation, c’est encore au nom d’une pratique des locuteurs, qui sont enclins à une intrication serrée entre les mots et le monde (ainsi que le sujet, indispensable lieu de cette rela- tion au monde), car ils mettent toujours du sens. Ce qui avait été bien vu par le père des linguistes, Ferdinand de Saussure, avec l’anecdote des entailles sur un tronc d’arbre : le locuteur préfère toujours l’hypo- Préface. Du bon usage du purisme quand on est linguiste 6 1. L’accent. Une langue fantôme, 2005, Paris, Éditions du Seuil. 2. Parmi d’autres travaux, sa conférence « Literacy in France: has the situation come to a dead- lock ? », 14 et 15 mai 2004 à Athènes dans la conférence Literacy education: local perspectives in a globalized world. Belle langue 1:Mise en page 1 29/04/08 13:30 Page 6 thèse qu’il y a du sens sur la possibilité qu’il n’y en ait pas, qu’il y ait de la gratuité ou du hasard dans les comportements des autres, qu’il sup- pose au contraire toujours sémiotisés. 3. Dans la porosité des deux discours, celui du puriste et celui du lin- guiste, pourquoi les Français seraient-ils plus puristes que les autres locuteurs ? Les Français (et, souvent, les francophones) seraient de ce point de vue encore plus locuteurs que les autres, par exemple leurs voisins européens. MAP & LR font du purisme au sens large une « passion nationale », selon la jolie formule de l’un de leurs sous-titres, la fixation de la pas- sion étant bien partagée à travers le monde : il n’est que de voir com- ment les hommes se déchirent et se combattent au nom de la langue, dès qu’ils ont fini de le faire au nom de la religion, de l’ethnie ou de la politique. Certes, on trouve bien, dans l’histoire du rapport au langage en France, des raisons à une telle attitude, dans ce qui uploads/Science et Technologie/ la-langue-francaise-passions-et-polemiques.pdf

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