/DPpWKRGHFRPSDUDWLYHHQVFLHQFHVGHJHVWLRQ 9HUVXQHDSSURFKHTXDOLTXDQWLWD

/DPpWKRGHFRPSDUDWLYHHQVFLHQFHVGHJHVWLRQ 9HUVXQHDSSURFKHTXDOLTXDQWLWDWLYHGHODUpDOLWpPDQDJpULDOH &RPSDUDWLYHPHWKRGLQPDQDJHPHQWVFLHQFH WRZDUGVDTXDOLTXDQWLWDWLYHDSSURDFK RIPDQDJHPHQWUHDOLW\ CURCHOD Corentin Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique, Paris curchod@poly.polytechnique.fr WORKING PAPER 5pVXPp Cet article présente une méthode de recherche comparative dépassant le classique clivage entre méthodes qualitatives et quantitatives : la méthode comparative quali- quantitative. Cette méthode vise à rendre compte de la complexité des phénomènes, par des études de cas qualitatives, tout en offrant une technique de traitement des données fondée sur l’algèbre booléenne, qui rend possible, comme les méthodes quantitatives, la généralisation des résultats au-delà des cas observés. Cette méthode de recherche est bien adaptée aux petites populations – c’est-à-dire à un nombre de cas entre 4 et 50 – ce qui est fréquent en sciences de gestion. 0RWV FOpV : méthodologie, méthode comparative, épistémologie, méthode qualitative, méthode quantitative $EVWUDFW : This article presents a comparative methodology that questions the usual qualitative vs. quantitative split: the quali-quantitative comparative method. This method is aimed at taking into account complexity of phenomena, through qualitative case studies, while offering a specific technique to deal with data, based on Boolean algebra, which makes it possible to generalize results beyond particular case studies, like quantitative methods. This research method is well fitted to small N populations – between 4 and 50 cases – which is a very usual configuration in management science. .H\ ZRUGV : methodology, comparative method, epistemology, qualitative method, quantitative method. &ODVVLILFDWLRQ-(/: B490 2 Dans les sciences de gestion, comme dans les sciences humaines et sociales en général, le chercheur n’a le pouvoir ni de provoquer le phénomène qu’il souhaite étudier, ni d’en contrôler les différents aspects. Ce rapport particulier de l’investigateur à son objet d’étude éloigne les sciences de gestion des sciences naturelles ou physiques, ce qui pousse à s’interroger sur le caractère « scientifique » ou non du domaine « management » [Marchesnay 1991 ; Porter 1991 ; Thiétart 1999], et sur les types d’approches les plus adaptées : quantitative ou qualitative. Ces interrogations ne sont pas spécifiques à la gestion : au siècle dernier, Claude Bernard se demandait déjà si la physiologie était une science de l’abstrait et de chiffres ou une science du concret et de l’expérimentation. En guise de réponse, il propose une métaphore : « 6¶LO IDOODLW GRQQHU XQH FRPSDUDLVRQ TXL H[SULPkW PRQ VHQWLPHQW VXU OD VFLHQFHGHODYLHMHGLUDLVTXHF¶HVWXQVDORQVXSHUEHWRXWUHVSOHQGLVVDQWGHOXPLqUHGDQV OHTXHORQQHSHXWSDUYHQLUTX¶HQSDVVDQWSDUXQHORQJXHHWDIIUHXVHFXLVLQH. » [Bernard 1865, p. 28]. Pour acquérir un statut de « sciences », le champ des sciences de gestion, comme celui des sciences économiques ou des sciences sociales, a développé l’utilisation d’outils statistiques de plus en plus sophistiqués, censés reproduire artificiellement la rigueur expérimentale sans expérimentation. Mais ces méthodes tendent à éloigner le chercheur de son objet d’étude en réduisant ce dernier à quelques aspects quantifiables : habitués aux « salons superbes tout resplendissants de lumière », les quantitativistes négligent la complexité inhérente aux phénomènes de gestion au profit de la recherche de régularités. C’est pourquoi les sciences de gestion, comme les sciences sociales en général, ont vu se développer des méthodes d’analyse plus fines fondées sur l’étude de cas, où l’investigateur est très proche de son objet d’étude. Mais le chercheur, en s’impliquant dans la complexité de ses cas, en reste souvent à décrire la spécificité de un à cinq cas, sans pouvoir rigoureusement 3 généraliser ses observations à d’autres cas : trop préoccupé par ce qui se passe dans la « longue et affreuse cuisine », le chercheur finit par ne plus pouvoir en sortir. Dans cet article, nous présentons un dépassement de ce clivage autour d’une méthode comparative qualifiée de « quali-quantitative ». Cette méthode est issue de la sociologie et des sciences politiques, et a été développée par le sociologue américain Charles Ragin. Elle est à la fois une démarche et une technique. En tant que démarche, elle permet d’envisager un dialogue entre des faits et des idées tout au long d’un processus de recherche, et ce de manière très explicite. En tant que technique, elle mobilise l’algèbre booléenne pour faciliter la comparaison d’un petit échantillon de cas, entre cinq et cinquante, avec un nombre élevé de variables : il s’agit de lister toutes les combinaisons possibles de variables, en termes de présence ou absence, et d’associer à chacune de ces combinaisons des cas analysés. Le chercheur est alors un qualitativiste, par sa connaissance intime des cas, et un quantitativiste, puisqu’il doit traduire les paramètres des cas en variables opérationnelles comparables. La première section pose le débat classique entre les méthodes dites « quantitatives » et les méthodes dites « qualitatives », tout en soulignant la complémentarité entre les deux, puis présente la méthode quali-quantitative comparée qui allie les avantages des deux types d’approches. La deuxième section s’intéresse à la démarche de la méthode. Nous montrons comment elle encourage un dialogue constant entre les faits – analysés en profondeur comme dans les études de cas – et les idées – exprimées sous la forme de variables comme dans les analyses statistiques – et comment elle permet de comparer les différents cas par les variables choisies. La troisième section présente certains aspects techniques de la méthode quali- quantitative comparée, sans pour autant rentrer dans les détails de l’algèbre booléenne sur laquelle elle repose. 4  /DV\QWKqVHGHVPpWKRGHVTXDOLWDWLYHVHWTXDQWLWDWLYHV En sciences de gestion comme dans beaucoup d’autres sciences de l’homme et de la société, un fossé de plus en plus large se creuse entre les partisans des méthodes quantitatives et les partisans des méthodes qualitatives. Pourtant, loin de s’opposer, ces deux types d’approches sont complémentaires. La méthode quali-quantitative comparée réconcilie ces deux pôles en combinant les avantages de l’un et de l’autre.  8QFOLYDJHSHUVLVWDQWHQWUHGHX[PpWKRGHVFRPSOpPHQWDLUHV Les deux principales stratégies de recherche en sciences de gestion sont l’approche par les variables et l’approche par les cas. Entre ces deux stratégies s’est établie une rupture de plus en plus profonde. L’opposition entre « quantitativistes » et « qualitativistes » n’est pas spécifique des sciences de gestion, et se retrouve dans l’ensemble des sciences sociales. Bien entendu, d’autres stratégies existent, mais cette opposition constitue les deux extrémités d’un axe de référence allant des études sur de très grands échantillons aux études de un à quelques cas. Très peu de travaux se situent au milieu de l’axe [DeMeur et Rihoux 2002, p. 26]. L’opposition entre les démarches quantitatives et qualitatives trouve ses racines dans des traditions de recherche héritées respectivement d’Amérique du Nord, avec le courant béhavioriste, et d’Europe, plus ancrée dans les sciences sociales [Thiétart 1999]. La sophistication croissante des méthodes et l’utilisation d’outils informatiques complexes pour traiter les données quantitatives ou qualitatives obligent une spécialisation plus forte des chercheurs dans l’une ou l’autre des méthodes, ce qui contribue à renforcer cette opposition pourtant souvent dénoncée [Langley 1999 ; Thiétart 1999]. Pourtant, ces deux approches sont complémentaires. Un passage en revue des avantages et des inconvénients de chacune d’elles permet de s’en rendre compte. La stratégie de recherche centrée sur les cas part du postulat qu’il existe des entités distinctes qu’il faut comprendre dans leur globalité et leur complexité. Chaque entité est 5 choisie à dessein pour ses particularités, et constitue le point de départ de l’analyse. Le dialogue entre les faits et les idées est à l’avantage des faits, et c’est pourquoi l’étude de cas est souvent assimilée à une méthode inductive ou exploratoire. Cette assimilation a largement été remise en cause [Yin 1994] et la diversité des recherches par étude de cas montre un panel allant de l’étude très qualitative sous la forme de recherche ethnographique longue [Schouten et McAlexander 1995], fondée sur l’observation [Arnaud 1996] ou sur la participation [Berry 1995], à l’étude quasi-quantitative avec une fragmentation des cas en variables opérationnelles [Eisenhardt 1989]. La principale limite à cette stratégie est la difficulté de généraliser les résultats trouvés, en particulier lorsque le chercheur n’étudie qu’un seul cas [LaVille(de) 2000]. En effet, considérer les phénomènes de management comme contingents et complexes suppose de n’étudier qu’un nombre limité de cas pour pouvoir rentrer dans leur complexité. Le chercheur reste donc dans une approche contextualisée, riche en données, mais peu parcimonieuse, comme le remarque Langley. La stratégie de recherche centrée sur les variables part du postulat que les observations empiriques sont des représentations partielles ou impures de principes théoriques sous-jacents. La plupart du temps, cette stratégie vise à tester des hypothèses issues de théories. Comme le chercheur se doit d’amasser un grand nombre de cas afin d’appliquer les outils statistiques adéquats et d’aboutir à des résultats significatifs, la connaissance concrète des cas ne dépasse pas la définition et l’opérationalisation des variables. Chaque cas devient un élément relativement anonyme et substituable d’un échantillon que l’on souhaite « représentatif », duquel on extrait des données chiffrées. Le dialogue entre les faits et les idées est alors à l’avantage des idées, et c’est pourquoi les études centrées sur les variables sont souvent assimilées à des méthodes déductives et quantitatives, même si des méthodes inductives et qualitatives centrées sur les variables existent également. A partir du moment où les variables sont spécifiées et où la population est définie, les discussions portent avant tout sur le 6 traitement uploads/Science et Technologie/ la-methode-comparative-en-sciences-de-gestion 1 .pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager