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I. De l’idée de recherche au problème et à la question de recherche D’où vienne

I. De l’idée de recherche au problème et à la question de recherche D’où viennent les idées de recherche? Comment trouver un « bon » sujet? Voilà deux questions difficiles à répondre qui seront abordées dans la présente section. Le thème que le chercheur choisira de traiter est en effet un facteur qui influencera tout le déroulement de sa recherche et dont dépendra en grande partie le succès de son projet. Le choix d’un sujet de recherche est rarement aisé. Il est certes plus facile de juger de la qualité et de la richesse d’un sujet une fois la recherche terminée que lorsque le travail est à peine entamé. De l’idée de recherche, le chercheur dégagera un problème de recherche. À partir de ce problème, il posera une question générale qu’il précisera par l’élaboration de questions spécifiques de recherche. C’est donc dire que toute la problématique de recherche s’articule autour de l’idée retenue par le cher- cheur. Les idées de recherche Avant d’entamer le projet de recherche proprement dit, le chercheur de- vrait s’être fait une idée générale des thèmes susceptibles d’aviver sa curiosité et ce, afin de délimiter grossièrement son champ d’intérêt. Une fois cette éta- pe franchie vient le questionnement qui peut être provoqué par un désir d’ap- profondir un sujet qui lui tient à coeur ou par l’observation d’un phénomène qui le laisse perplexe. Ainsi, le chercheur peut avoir constaté un phénomène qui le trouble, l’intrigue. Il se demande pourquoi les gens qui sont engagés dans la situation observée ou relatée réagissent tel qu’ils le font ou pourquoi tels gestes ont été posés. La lecture de la littérature est également une source potentielle de questionnement dans la mesure où elle révèle l’existence de failles ou de contradictions dans la théorie. Peu importe la source de ques- tionnement, le chercheur perçoit un problème, un écart entre la situation ou 108 V. La comparaison inter-sites : une approche encore peu utilisée La théorie qui émerge du terrain peut être vérifiée assez facilement par la suite : les construits ou variables sont déjà là, mesurables; ils l’ont été au mo- ment de la génération de la théorie en question. Cette théorie a de grandes chances d’être empiriquement supportée puisque le processus de construc- tion est très lié à la réalité. La comparaison inter-sites n’est pas sans faiblesses. On lui reproche entre autres de générer des théories trop complexes ou alors trop particulières au phénomène et au contexte étudiés. De plus, il est très difficile selon cette ap- proche de déterminer la force des relations mises au jour, le chercheur n’ayant pas à sa disposition des outils telle la régression multiple pour prendre des mesures semblables. Par ailleurs, cette approche se révèle particulièrement appropriée lorsque le chercheur aborde un champ de recherche relativement vierge ou lorsque des perspectives nouvelles sur un phénomène sont nécessaires. La comparai- son inter-sites permet certainement la multi-méthode dans son application et dans sa combinaison possible à d’autres démarches de recherche. C’est une approche qui peut non seulement faire émerger des hypothèses à être vérifiées plus tard; elle peut également d’une certaine façon être l’amorce de nouvelles théories qu’on pourrait initialement qualifier de particulières. Elle est aussi utile au chercheur en ce qu’elle peut l’aider à comprendre les résultats statis- tiques et ce, grâce à l’éclairage différent qu’elle projette sur le phénomène étu- dié. Il appartient à chaque chercheur de juger si la comparaison inter-sites lui permet d’aller plus loin que les analyses traditionnelles ou uniquement statis- tiques, même multivariées. Encore une fois, c’est la question de recherche qui lui permet de décider dans une situation précise quelle approche privilégier. Dans la mesure où le chercheur conduit rigoureusement sa recherche, respec- tant les principes énoncés par Yin et/ou Eisenhardt, l’approche de comparai- son inter-sites est certainement digne de gagner en popularité. 96 IV. L’approche holistico-inductive V. La comparaison inter-sites : une approche encore peu utilisée 107 Ainsi, l’engagement du propriétaire-dirigeant ou de l’équipe de gestion, manifesté par exemple par leur motivation à développer des territoires étran- gers, est apparu primordial pour atteindre le succès à l’exportation. L’étude a également mis en évidence une relation fort intéressante, auparavant insoup- çonnée, entre le profil décisionnel, la vision stratégique du propriétaire-diri- geant et la réussite à l’exportation. Ainsi, pour arriver à développer de nouveaux marchés à l’étranger, l’entrepreneur-artisan doit avoir une forte vi- sion stratégique. Quant au gestionnaire-cadre, il réussira à l’exportation en se concentrant plutôt sur un horizon à court terme. Par ailleurs, d’autres fac- teurs identifiés dans des études antérieures se sont également révélés fort im- portants pour les PME dans leur conquête de marchés extérieurs. Parmi ces facteurs qui étaient déjà connus, mentionnons l’utilisation de personnes lo- cales pour les activités de distribution et la poursuite d’une cible stratégique étroite. Les résultats de cette étude montrent qu’il est possible de mieux com- prendre une problématique organisationnelle sans adopter tout à fait la con- ception traditionnelle de la recherche. Le fait de comparer entre elles les caractéristiques de gestion des entreprises performantes à l’exportation illus- tre la technique de la reproduction littérale. Le recours aux configurations émergentes des entreprises moins performantes à l’exportation correspond plutôt à la suggestion d’effectuer une reproduction théorique. Les résultats sont intéressants, fiables et concrets. Ils ne sont toutefois pas généralisables; l’objectif de l’étude n’était d’ailleurs pas de généraliser les résultats à d’autres PME. Les configurations de variables retenues représentent cependant des constances observées, supportées par tous les cas étudiés. Une approche à expérimenter Le lecteur aura sans doute remarqué que la comparaison inter-sites est une approche hautement itérative. Cette juxtaposition constante de réalités, en conflit à certains égards, incite au « dégel » intellectuel. 72 III. L’approche hypothético-déductive Par ailleurs, il importe de souligner que l’étudiant ayant à produire un mémoire de maîtrise devra fort probablement s’astreindre à des directives particulières de présentation matérielle (mise en page, format, pagination, etc.) émises par son institution d’enseignement. À titre d’exemple, la Faculté des études supérieures de l’Université Laval a publié une brochure intitulée « Mémoire de maîtrise, du début de la rédaction à la diplomation » afin de guider l’étudiant dans sa démarche de rédaction. L’étudiant aurait donc inté- rêt à se familiariser le plus tôt possible dans son processus de recherche avec ces directives. 106 V. La comparaison inter-sites : une approche encore peu utilisée L’approche de Eisenhardt laisse davantage de flexibilité au chercheur que celle de Yin, mais elle n’en est pas pour autant peu structurée. Au contraire, les étapes du processus de recherche sont bien détaillées et exigent une grande rigueur et de la discipline du chercheur. L’exemple d’une étude qui s’inspire des travaux de ces chercheurs Afin d’illustrer l’approche de comparaison inter-sites, le travail de maîtri- se de Johanne Thibodeau (1994) intitulé « Les facteurs de succès à l’expor- tation chez quelques PME manufacturières du Québec : une étude de cas multiples » est présenté au lecteur. Notons que cette étude a respecté davan- tage les propositions de Yin que celles de Eisenhardt, le tout avec quelques adaptations. L’auteure a notamment débuté son projet avec des hypothèses de travail pré-définies, tout comme si elle avait suivi une logique hypothético- déductive. Tel que le titre du travail le laisse supposer, l’objectif général de cette re- cherche était de mieux comprendre l’ensemble des facteurs favorisant la per- formance à l’exportation chez les PME québécoises. Pour atteindre cet objectif, Thibodeau (1994) a cherché à faire ressortir un profil type des en- treprises exportatrices performantes. À cette fin, elle a jumelé les entreprises performantes de l’échantillon et les a comparées les unes aux autres en es- sayant d’identifier d’une part leurs similarités et, d’autre part, les caractéristi- ques de gestion qui étaient plutôt propres à leur secteur d’activités ou à leur taille. Le même exercice analytique a ensuite été effectué avec les entreprises non performantes de l’échantillon. De ces multiples confrontations a émergé une configuration composée des caractéristiques qui s’étaient manifestées chez toutes les entreprises performantes, peu importe leur secteur d’activités ou leur taille, à l’exclusion toutefois des caractéristiques qui se retrouvaient également chez les entreprises non performantes. Ainsi, son étude lui a per- mis de confirmer l’importance de quelques facteurs, de réduire l’importance de certains et d’en découvrir d’autres jusqu’ici moins généralement reconnus. IV. L’approche holistico-inductive 95 superior theory development and greater acceptance among social scientists and policy makers. À la lumière de ce qui précède, on peut dire que la plupart des principes organisationnels actuellement préconisés pour les PME ont été élaborés dans le contexte de grandes entreprises. Ces principes s’avèrent dans la plupart des cas incompréhensibles et infructueux pour les dirigeants de PME. Cette si- tuation nécessite la formulation de suggestions mieux adaptées à la réalité des petites et moyennes entreprises. L’approche holistico-inductive est certes la plus appropriée pour y arriver. Elle permet au chercheur de développer des théories à la fois fondées sur le réel et répondant aux critères d’une bonne science, mais aussi compréhensibles et utilisables par les praticiens non cher- cheurs comme les dirigeants de PME. 105 caractéristiques qui uploads/Science et Technologie/ livre-de-methodologie-de-recherche.pdf