Revue française de pédagogie Moscovici (Serge), Buschini (Fabrice). - Les métho

Revue française de pédagogie Moscovici (Serge), Buschini (Fabrice). - Les méthodes en sciences humaines. Mme Marie Duru-Bellat Citer ce document / Cite this document : Duru-Bellat Marie. Moscovici (Serge), Buschini (Fabrice). - Les méthodes en sciences humaines.. In: Revue française de pédagogie, volume 144, 2003. Dynamiques multiculturelles et politiques scolaires en Europe. pp. 143-144; https://www.persee.fr/doc/rfp_0556-7807_2003_num_144_1_2977_t1_0143_0000_3 Fichier pdf généré le 24/12/2018 d'acteurs qui rendent difficile l'élaboration d'un consensus. Cette absence de cohésion sociale est renforcée par un éclatement des identités au travail des enseignants, en rupture avec les anciennes professionnalités et dans une perdition du sens liée à la fragmentation des mondes scolaires. citoyenneté, comme on peut la retrouver dans les travaux de Dominique Schnapper, étrangement absents dans les références de l'ouvrage. Romuald Normand Si toute lecture possède sa part de subjectivité et de partialité, il nous semble que le livre de Béatrice Mabilon- Bonfils et Laurent Saadoun, malgré son ambition conceptuelle, suscite quelques critiques. De prime abord, pour l'absence d'une présentation et d'une articulation des trois parties, ainsi que pour le caractère succinct des introductions, qui tendent à désorienter le lecteur en l'obligeant à reconstruire par lui-même les chaînes de l'argumentation. Ensuite, pour la dissymétrie ressentie entre la richesse et la diversité des thèmes abordés et la pauvreté du travail de terrain censé leur donner consistance malgré l'insistance des auteurs à se réclamer d'une sociologie politique de l'école. On peut s'étonner par exemple que l'ambition de rendre compte de l'hétérogénéité des formes d'appartenance des élèves au système scolaire s'appuie sur un questionnaire adressé à 106 élèves et débouche au final sur une analyse qui ne fait que transposer le modèle de l'identité au travail de Sainsaulieu sans s'interroger sur sa pertinence et ses limites dans le contexte scolaire. L'argument pourrait être repris concernant l'analyse empirique des rapports des élèves à la citoyenneté qui, sous couvert d'élucider les représentations des lycéens par questionnaire, s'en remet sans grande réflexivité aux conclusions d'Annick Percheron sans considérer d'autres travaux sociologiques consacrés à ce thème depuis plusieurs années, notamment ceux de François Dubet et Patrick Rayou. Plus proche d'une philosophie politique de l'école, le livre n'en est pas moins déroutant dans la façon dont il mêle inextricablement des thèses contradictoires même si elles relèvent selon les auteurs d'une « transfiguration symbolique » : peut-on encore sérieusement envisager, à la suite des travaux de Danilo Martucelli ou ceux du philosophe Charles Taylor, la fabrication des individus à l'école en conciliant la microphysique du pouvoir de Michel Foucault et la psychanalyse ? Peut-on combiner dans l'explication de la sociabilité juvénile une filiation de l'habitus et une filiation interactionniste sans relever au passage les tensions et les contradictions qui les traversent ? Faute de cette discussion ou de cette mise en perspective qui aurait été sans doute nécessaire, les auteurs, en empilant les thèses, repoussent de page en page l'explication ultime de leur « choix épistémologique », pour élaborer en conclusion une synthèse méta-conceptuelle de la Politique du symbolique et de l'imaginaire de l'École, nous éloignant d'autant d'une réflexion sur la construction politique de la MOSCOVICI (Serge), BUSCHINI (Fabrice). - Les méthodes en sciences humaines. Paris : PUF, 2003. - 476 p. - (coll. Fondamental). Comme le note S. Moscovici dans la préface de ce qui peut apparaître comme un (gros) manuel (de plus) de méthodologie des sciences humaines, «le choix d'une méthode est en même temps le choix d'une manière de faire, à la fois manière de travailler et, jusqu'à un certain point, manière de vivre ». D'où la déception et même l'ennui que l'on éprouve souvent à consulter les manuels « classiques» dominés par la trilogie questionnaire-entretien- analyse de contenu. Rien de tel avec cet ouvrage. Destiné aux chercheurs autant qu'aux étudiants, il rassemble les contributions de chercheurs éminents, souvent étrangers, venant majoritairement de la psychologie sociale, pour composer un florilège des méthodes, consistant, documenté, instructif bien au-delà des « techniques » proposées, et abordant des méthodes très rarement traitées comme telles dans les manuels courants (construction de typologie, utilisation de matériaux historiques ou médiatiques...). Trois grandes parties structurent l'ouvrage. Tout d'abord, ce qui est désigné comme les « pratiques fondamentales » : Enquêtes versus expérimentation, bien sûr, mais aussi des chapitres plus originaux tels qu'un chapitre inédit d'A. Touraine sur les méthodes en sociologie, un chapitre sur les « expériences de psychologie sociale en milieu naturel » et, plus rare encore, un chapitre de collègues italiens sur les « études de communautés », dont nombre d'enseignements pourront être tirés par le chercheur en éducation voulant réaliser des monographies d'écoles ou de classes. Dans une seconde partie, sont présentées les techniques classiques de la recherche en sciences humaines, en ne se limitant pas aux principes mais en les illustrant toujours avec des exemples illustratifs de la pratique courante du chercheur, et en les faisant suivre d'une bibliographie volontiers internationale, mêlant les références « historiques » (fréquemment convoquées dans l'ouvrage) et des références très récentes. Certains chapitres sur des outils rabattus, tels le questionnaire (rédigé par F. Lorenzi-Cioldi), sont vraiment parfaits, à la fois ré- flexifs et concrets ; on peut aussi évoquer celui consacré à la construction des échelles d'attitude (de S. Laurens et S. Moscovici), qui donne des exemples très précis de Notes critiques 1 43 techniques pour construire ce type d'outils, très pertinent dans les sciences de l'éducation. Mais ce qui frappe le plus, c'est l'originalité de certains chapitres : sont présentées en effet des « techniques » comme les « focus groups », la sémiologie discursive, l'analyse typologique (avec un chapitre de la politologue D. Schnapper, qui convaincra le chercheur, qui se réfère souvent à des typologies implicites, de l'intérêt d'expliciter ce qui constitue une véritable méthode). La troisième partie est consacrée à des thèmes transversaux rencontrés dans la pratique de la recherche, ce qui, à nouveau, est assez inhabituel dans un ouvrage de méthodologie. Certains sont particulièrement intéressants pour le chercheur en Éducation. On notera par exemple ceux consacrés aux comparaisons entre cultures (qui s'appuie sur la recherche en psychologie inter-culturelle), ou à l'analyse des représentations sociales, avec une application aux représentations de la violence. Notons enfin un chapitre consacré à la « matière historique », c'est-à-dire à l'utilisation de matériaux historiques, ne serait-ce que la référence à des événements passés, pratique là encore courante qui mérite d'être réfléchie. De même d'ailleurs que la référence aux médias, qui fait l'objet d'un chapitre original, et pose des problèmes méthodologiques proches (représentativité par exemple). Au total, on pourra certes juger ce manuel un peu abstrait, plus emprunt de préoccupations épistémologiques que de détails techniques ; il est sans doute plus adapté au souci de mise à jour et de réflexivité du chercheur déjà un peu expérimenté qu'à l'initiation de vrais débutants. Mais à ces derniers, à défaut d'inculquer des « trucs » (qu'ils trouveront de toutes façons par eux-mêmes) il rappelle au fil des chapitres des principes fondamentaux précieux, notamment les limites de la méthodologie elle-même, qui ne peut par sa qualité compenser des données imparfaites. On pourra également estimer qu'il manque curieusement un chapitre sur l'analyse de données statistiques, et qu'il donne au total de la méthodologie une vision assez peu technique, ce qui facilite sans doute l'entrée dans l'ouvrage et convainc du caractère fondamental des questions de méthode, mais laissera sans doute le chercheur qui en attendrait plus un peu démuni dans l'analyse précise de ses données. Il reste au total que, comme Moscovici le souligne, la méthodologie est pour les chercheurs le « cœur du métier », et elle devrait, à l'aide d'ouvrages forts comme celui-là, se voir donner une place de choix dans les formations en sciences de l'éducation. Marie Duru-Bellat IREDU - Université de Bourgogne PIERROT (Alain). - Grammaire française de l'intégration. Jeux de langage et mythologie. Paris : Éditions Fabert, 2002. - 180 p. « L'identité de signification de deux expressions ne peut être affirmée dans le langage », écrit Wittgenstein dans le Tractatus. Elle ne se prouve pas, mais pour les locuteurs d'une langue, elle va de soi. De la même façon, pour Alain Pierrot, l'identité d'appartenance de deux personnes à une même société ne peut se prouver, elle ne peut se montrer que par ses effets : des activités reconnues comme « bien formées », de la même façon qu'on reconnaît, sans pouvoir le prouver, des propositions comme « bien formées », appartenant à une langue (p. 140). Par exemple, l'expression consensuelle : on ne peut pas être mieux intégré que Zidane. « Prenant une valeur proverbiale, cette formule ne se discute pas mais permet de discourir à perte de vue des difficultés d'intégration des uns et surtout des autres... Zidane sert ainsi de modèle à l'intégration, à titre de « prototype » ou d' « échantillon », sans qu'on sache clairement ni ce qu'est l'intégration, ni en quoi il en serait le meilleur exemple » (p. 12). En s'interrogeant sur l'intégration et ses paradoxes, Alain Pierrot brouille les pistes ordinairement disjointes pour traiter de l'intégration: pistes politico-juridiques (cherchant à réfléchir sur la façon dont la uploads/Science et Technologie/ moscovici-les-methodes-en-sciences-humaines.pdf

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