1 PARTAGE DES SAVOIRS ET INFLUENCE CULTURELLE : L’ANALYSE DU DISCOURS « À LA FR

1 PARTAGE DES SAVOIRS ET INFLUENCE CULTURELLE : L’ANALYSE DU DISCOURS « À LA FRANÇAISE » HORS DE FRANCE Coordonné par Rachele Raus GERFLINT Essais francophones Volume 6 z 2019 © GERFLINT – éditeur et titulaire, France, 2019 www.gerflint.fr ISSN 2267-6562 ISSN de l’édition en ligne 2268-1582 Dépôt légal Bibliothèque nationale de France La collection scientifique Essais francophones du GERFLINT est éditée aux formats imprimé et élec­ tronique dans le cadre du libre accès à l’information scientifique et technique et dans le respect des normes éthiques les plus strictes. Sa commercialisation est interdite. Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. 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Essais francophones Collection scientifique du GERFLINT Groupe d’Études et de Recherches pour le Français Langue Internationale En partenariat avec la Fondation Maison des Sciences de l’Homme de Paris (FMSH) Collection dirigée par Jacques Cortès, Fondateur et Président du GERFLINT (France) La Collection Essais francophones a pour objectifs majeurs de montrer la vitalité internatio­ nale de la langue française comme outil de parole scientifique, rationnel et esthétique et de contribuer à l’analyse des grands faits de civilisation affectant positivement ou négativement les échanges internationaux. Elle s’adresse à tout chercheur travaillant dans le domaine des Sciences de l’Homme et de la Société. https://gerflint.fr/essais ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ Volume 6 / 2019 Partage des savoirs et influence culturelle : l’analyse du discours « à la française » hors de France Coordonné par Rachele Raus Responsables éditoriaux : Sophie Aubin (Universitat de València, Espagne), Thierry Lebeaupin (France), Inessa Cortès (France). ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ GERFLINT Préface 7 PAOLA PAISSA Université de Turin, Italie Juste quelques mots, pour inviter à la lecture... L’analyse du discours « à la française » (ADF) hors de France est depuis longtemps une réalité. Cependant, ce phénomène n’avait pas été cartographié jusqu’à présent. Que l’idée de dresser un pareil recensement vienne d’un pays comme l’Italie, arrivé bon dernier dans le panorama mondial de dissémination scientifique de l’ADF, semble relever du paradoxe. Or, à y regarder de plus près, ce paradoxe n’est qu’apparent, car le retard avec lequel l’ADF est apparue en Italie fait que, dans ce pays, on a connu quasiment en même temps les travaux des analystes français et ceux des analystes s’inspirant de l’« École française d’analyse du discours » (selon la formule de Louis Guespin), travaillant en dehors des frontières hexagonales. En Italie, en outre, on a souvent lu les analystes dits de la « deuxième génération » simultanément, voire antérieurement, à ceux de la première, quitte à remonter, après coup, aux fondateurs de l’ADF. Ce parcours de découverte scientifique quelque peu à rebours et par ricochet ne va évidemment pas sans inconvénients (les lacunes et les limites, dont font état Donella Antelmi et Rachele Raus, dans ce volume, sont nombreuses) mais il présente aussi quelques avantages, du moins face à une entreprise comme celle-ci. En effet, le recul qui découle de leur retard met les chercheurs italiens en mesure d’apprécier aujourd’hui, peut-être plus que d’autres, l’extraordinaire portée, à la fois heuristique et herméneutique, des outils qu’offre l’ADF, ainsi que l’actualité et la clairvoyance des lectures critiques que Michel Foucault, Michel Pêcheux et tant d’autres avaient offertes, dès les années 1960, de la société moderne et de l’énorme bruit discursif qui la parcourt. Ensuite, ce qu’on partage, en Italie, c’est une vision large et inclusive de l’ADF. Tout en étant bien conscients de l’existence des analyses du discours « à la française1 », l’ADF en Italie est exempte des particularismes, des divisions, 1. C’est en effet au moins depuis 1995 qu’on a coutume, en France, d’utiliser le pluriel (les AD) pour in­ diquer les différents courants et tendances qui coexistent au sein de l’ADF (cf. Maingueneau 1995b). Au Brésil aussi on a pu proposer l’emploi du pluriel, rendant compte des multiples facettes de l’AD (cf., entre autres, Mendes, Machado 2011). En revanche, ce choix n’a évidemment pu être gardé dans ce volume, où le pluriel représente un trait constitutif de l’objet, qu’il était impossible de fragmenter davantage. 8 des esprits de « chapelle » qui concernent d’autres pays et notamment sa patrie d’origine. Tout cela fait que les analystes italiens, bien que très peu nombreux et appartenant tous à un cadre institutionnel restreint (celui des « francisants », par ailleurs de plus en plus réduit, menacé qu’il est par l’anglophilie envahissante) ont été, dans ces dernières années, très motivés et plutôt actifs dans leurs recherches. Loin d’être paradoxal, le projet qu’a conçu Rachele Raus – l’une des premières chercheures italiennes à s’être penchée sur l’ADF dès sa toute première formation – est donc parfaitement cohérent avec le contexte culturel et académique italien. En effet, celui-ci réunit, d’une part, une longue et riche tradition d’études humanistes (y compris dans le domaine de la rhétorique et de l’argumentation2) et, de l’autre, un vif besoin d’ouverture et de renouvellement culturel, s’accompagnant de la nécessité de s’engager dans la lecture d’un univers discursif de plus en plus multiforme, traversé par des tendances manipulatrices, des instances contradictoires et volontiers inquiétantes3. C’est, par ailleurs, l’existence d’une potentialité si riche qui m’a personnellement persuadée, en 2013, d’accepter de coordonner, au sein du DORIF, une équipe de recherche italienne dans le domaine de l’ADF. Dès le lancement du premier appel pour la formation de ce groupe, réunissant à l’heure actuelle presque une trentaine de chercheur(e)s, issu(e)s de seize universités différentes et entretenant d’importantes coopérations internationales4, la réponse a été d’une ampleur exceptionnelle. Cinq ans après, le bilan est, somme toute, positif : si une certaine tendance à l’éclectisme des méthodes 2. Si l’ADF a encore du mal à s’imposer en Italie et que les traductions d’ouvrages français sont rares (cf. Antelmi, Raus dans ce volume), les études de rhétorique s’enracinent dans une tradition bien plus solide, remontant les siècles. Pour le XXe siècle, il convient de rappeler que les traductions des ouvrages fondamentaux de rhétorique et d’argumentation de Lausberg, Perelman et Olbrechts- Tyteca (avec l’introduction de Norberto Bobbio), Roland Barthes, Paul Ricœur, Groupe μ, etc., sont parues de très bonne heure en Italie, contribuant à inspirer des travaux italiens relevant de la linguistique générale et italienne ou de la philosophie du langage (Bice Mortara Garavelli, Michele Prandi, etc.) Bien que l’application des outils d’analyse rhétorique ait principalement concerné les textes littéraires, cette tradition a sans doute contribué à construire un terrain favorable à l’acqui­ sition de l’ADF. Ce n’est donc pas un hasard si l’une des premières et des plus dynamiques coopé­ rations internationales du groupe italien ADF – DORIF a eu lieu avec l’équipe israélienne ADARR, dont les membres s’intéressent notamment à la synergie des dispositifs heuristiques de l’ADF avec ceux qui proviennent de l’approche de l’argumentation et de la rhétorique post-perelmanienne. 3. La portée axiologique et morale de cet adjectif est indéniable, mais elle est en même temps relative, car j’ai surtout voulu évoquer par là le titre, célèbre et suggestif, de l’ouvrage que Denise Maldidier consacre en 1990 à Michel Pêcheux (Maldidier 1990). 4. Cf. la page AD, argumentation, rhétorique du site DORIF, au lien : https://dorif.it/gruppo-Ana­ lyse%20du%20discours 9 et des références, unie à un enthousiasme de néophytes, ont parfois engendré des recherches par trop disparates, n’allant pas sans quelques approximations ou naïvetés, la curiosité et la vivacité scientifiques des membres de l’équipe et la richesse des événements et des rencontres organisés ont rendu l’expérience passionnante. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai consenti à rédiger ces quelques lignes, en guise de préface à un ouvrage collectif dont la lecture m’a paru singulièrement riche et stimulante. Bien que le recueil présente quelques absences de taille, comme l’Allemagne ou la Suède (la complétude étant par ailleurs un véritable leurre dans ce genre de travail), il offre une vue d’ensemble significative de la diffusion d’un paradigme scientifique en dehors du pays et du cadre socioculturel qui lui a donné naissance. Or, une telle investigation n’est pas une mince affaire. Tout au long de l’ouvrage, le tableau que les auteur(e)s dressent de l’installation et de la circulation de l’ADF, se doublant constamment du récit de la vie culturelle des différents milieux et des vicissitudes intellectuelles des chercheur(e)s emblématiques du domaine (coïncidant souvent avec le/ la signataire de l’article) fait que chaque texte, avant de constituer une étude, est un précieux document historique, un témoignage prégnant d’une grande aventure collective. Effectivement, dans cette uploads/Science et Technologie/ partage-des-savoirs-et-influence-culturelle-l-x27-analyse-du-discours-a-la-francaise-hors-de-france.pdf

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