1 AIREPME Association Internationale de REcherche en PME CIFPME 2000 5° Congrès

1 AIREPME Association Internationale de REcherche en PME CIFPME 2000 5° Congrès International Francophone sur la PME 25, 26 et 27 octobre 2000 à Lille Site web de l'Institut d'Administration des Entreprises de Lille : http://www.iae.univ-lille1.fr Site web du CLAREE (Centre Lillois d'Analyse et de Recherche sur l'Evolution des Entreprises) : http://www.univ-lille1.fr/claree Site web de l'ADREG (Association de Diffusion et de Recherche en Entrepreneuriat et en Gestion) : http://www.adreg.net Site web de l'AIREPME : http://www.airepme.univ-metz.fr/ 2 Créativité et PME : une étude empirique en contexte québécois Camille Carrier, Professeur Université du Québec à Trois-Rivières, Département des sciences de la gestion C.P. 500, Trois-Rivières, Québec G9A 5H7 Tel : (819) 376-5080, #3124, Fax : (819) 376-5079 Email : Camille_Carrier@uqtr.uquebec.ca Résumé La créativité et l’innovation sont devenus des impératifs cruciaux pour la majorité des PME, confrontées à un contexte concurrentiel plus féroce que jamais. Une importante littérature sur l’innovation dans la PME témoigne d’ailleurs de l’intérêt des chercheurs pour cette problématique d’actualité. Cependant, un examen de cette littérature révèle qu’on s’intéresse encore trop peu à la créativité, un processus concerné par l’émergence des nouvelles idées et qui se situe en fait en amont de l’innovation. La présente recherche vise à aider à mieux comprendre le phénomène de la créativité dans les PME. Cette étude, menée auprès de 25 propriétaires-dirigeants de PME manufacturières québécoises, fait état de leurs représentations quant aux sources d’idées nouvelles qu’ils privilégient, aux contextes dans lesquels ils se disent eux-mêmes plus créatifs ainsi que sur la perception qu’ils ont du degré de créativité de leurs employés et des caractéristiques de leur organisation contribuant à cet état de fait. 1. Introduction La créativité et l’innovation sont des concepts au cœur de tous les débats actuels sur le développement et l’émergence nécessaires d’entreprises renouvelées, plus aptes à sonder continuellement leur environnement d’affaires et à s’adapter rapidement à des marchés plus concurrentiels que jamais. Plusieurs arguments sont utilisés pour justifier cette importance accrue de la créativité et de l’innovation. La plupart d’entre eux s’articulent autour d’éléments comme la fin d’une ère croissance économique perçue à tort comme pouvant se poursuivre indéfiniment, la complexité et la turbulence croissantes dans tous les secteurs d’activités, le cycle de vie de plus en plus court des produits et des services, la rapidité des changements technologiques et la mondialisation des marchés. Une importante littérature sur le sujet témoigne de l’intérêt des chercheurs pour l’innovation. Ces intérêts sont fort variés. Comme le souligne Préfontaine (1994), deux grands groupes de chercheurs se sont penchés sur le phénomène de l’innovation de façon générale. Le premier groupe rassemble des économistes qui abordent le plus souvent le sujet dans une perspective macroscopique. Leur apport a été et reste considérable dans la compréhension du processus d’innovation, tant dans ses aspects économiques et sociaux qu’industriels et sectoriels. Les travaux de Schumpeter (1939), de Hill et Utterback (1979), de Piore et Sabel (1985), de Freeman (1986) et de Chakrabarti (1990) ne sont que quelques- unes des études s’inscrivant dans cette perspective. Le deuxième groupe de chercheurs est composé de théoriciens de l’organisation qui étudient plutôt l’innovation comme un phénomène émergeant des caractéristiques mêmes de ces organisations. Ainsi, par exemple, on s’est beaucoup intéressé aux dimensions structurelles, culturelles, organisationnelles et environnementales en lien direct avec le développement de 3 l’innovation dans l’organisation. On a également considéré l’innovation dans une perspective stratégique, cherchant à démontrer les moyens à mettre en œuvre pour la favoriser . Les petites et moyennes entreprises n’échappent pas à cet impératif d’innover continuellement et la littérature sur l’innovation dans les PME est elle aussi très importante. Un examen de celle-ci révèle que, fort heureusement, elles le font déjà avec des résultats qui peuvent très favorablement se comparer à ceux obtenus par les plus grandes organisations. Comme le souligne Julien (2000), de nombreuses études démontrent que les PME innovent beaucoup plus que les grandes entreprises et qu’elles sont plus efficientes à cet égard. En effet, elles réalisent beaucoup plus d’innovations par dollar investi. Plusieurs explications sont fournies par les chercheurs pour justifier les performances des PME innovatrices. À titre d’exemple, Herbig et al. (1994) distinguent certains facteurs structurels des PME susceptibles de les aider à être beaucoup plus innovatrices. D’autres l’expliquent plutôt par des variables reliées aux habiletés des dirigeants comme telles. Ainsi, par exemple, Freel (1999) démontre que certaines habiletés techniques, par exemple des capacités technologiques particulières ou des compétences avancées en commercialisation, s’avèrent cruciales au regard de la performance à l’innovation. Hartman et al. (1994) relient quant à eux la capacité innovatrice à l’importance et à la qualité des sources d’information qui sont utilisées et maîtrisées, à la fois par les dirigeants et les employés des petites et moyennes entreprises. Pour Jones (1998), la PME qui désire innover doit fondamentalement se préoccuper d’instaurer une culture propice à son développement tandis que pour d’autres, elle le fait plutôt partant de ses compétences technologiques (Lefebvre et al., 1991) ou de ses aptitudes à bien exploiter ses savoirs stratégiques et à s’insérer dans des réseaux appropriés (Jacob et al., 1997). Enfin, plusieurs auteurs se sont plus particulièrement intéressés aux stratégies d’implantation et de diffusion de l’innovation dans la PME et aux processus qui les amènent à devenir plus innovantes 1. Toute cette littérature sur l’innovation dans la PME apporte certainement des éclairages forts pertinents et intéressants sur le phénomène. Cependant, il reste étonnant de constater que l’étude de l’exercice de la créativité dans la PME reste aussi absente des préoccupations des chercheurs jusqu’à maintenant. Bien sûr, tel que mentionné précédemment, on approfondit abondamment le processus d’innovation à travers ses phases d’implantation, d’adaptation ou d’adoption, mais on ne s’intéresse à peu près pas aux processus cognitifs et sociaux susceptibles d’engendrer les idées nouvelles ayant généralement précédé l’innovation comme telle (Carrier et Garand, 1996). On semble d’une certaine façon considérer ces nouvelles idées comme tenues pour acquises, sans faire ressortir l’importance d’en assurer et d’en favoriser l’apparition. Ce désintérêt pour la créativité organisationnelle n’est pas uniquement observable dans les recherches sur l’innovation en contexte de PME et la situation reste la même pour les études sur l’innovation dans la grande entreprise. Ford (1995) a bien illustré ce désintérêt en rapportant qu’à la Conférence annuelle de l’Academy of Management de 1994, aucune étude empirique portant sur la créativité organisationnelle n’a été présentée, malgré un nombre considérable de communications, en l’occurrence plus de 1100 papiers. 1 À titre d’exemples, mentionnons les travaux de Paturel et Bariol (1999), Panizzolo (1998), Nooteboom (1994), O’Shea et McBain (1999), Foxall et Johnston (1987), Lefebvre (1991), Guilhon (1994) et Bougrain (1999). 4 Ce désintérêt flagrant pour la créativité surprend à double titre. Tout d’abord, pourquoi ignorer l’émergence des idées nouvelles et se limiter à l’étude de leur concrétisation effective ?. De plus en plus d’auteurs militent en faveur d’une réhabilitation de la créativité à l’intérieur même des préoccupations des études sur l’innovation. West et Farr (1990) sont d’ardents défenseurs de cette position et, dans la même veine, Woodman et al. (1993) présentent la créativité comme un sous-domaine essentiel de l’innovation organisationnelle. En deuxième lieu, il importe de se rappeler que la majorité des innovations que les études ont observées demeurent des innovations de routine, s’inscrivant à l’intérieur d’une démarche incrémentaliste (Audet, 1992) et qui sont plus près d’un processus d’amélioration continue que d’une innovation radicale souvent synonyme d’un changement de paradigme. À titre d’exemple, Acs et Audretsh (1988) ont effectué un recensement de près de 5000 innovations mises en marché en 1982 par des entreprises américaines et ont observé que plus de 80 % d’entre elles se limitaient à une amélioration marginale du produit, du service ou des processus de fabrication. Brisoux (1988) a rapporté des résultats allant dans le même sens au Québec. Dans un tel contexte, la créativité prend une importance particulière. Il ne s’agit plus seulement de se préoccuper de processus complexes d’implantation et d’intégration de grands changements mais, plutôt, de s’assurer que de nouvelles idées circulent continuellement et plus librement de façon à améliorer constamment ce qui peut l’être et à faire des changements fertiles et porteurs. C’est sur ce phénomène négligé qu’est la créativité dans la PME que porte la présente recherche. En nous fondant sur l’idée que « la créativité concerne le processus de développement et d’émergence de nouvelles idées potentiellement utiles pour l’organisation » (Leonard et Swap, 1999 p.6), nous nous intéresserons ici aux facteurs et circonstances entourant l’éclosion de nouvelles idées intéressantes pour le développement et la croissance de la PME. L’objectif de la présente recherche est de mieux connaître cette réalité à partir des représentations de propriétaires-dirigeants de PME sur le sujet. La première partie du texte qui suit présentera le cadre opératoire de la recherche, c’est-à- dire le contexte et la manière dont elle a été menée. Ensuite, nous exposerons les résultats obtenus et procéderons à une analyse de ces derniers. La dernière partie discutera plus abondamment de ces résultats, abordera les limites de la recherche et dégagera quelques pistes de recherche suggérées par les résultats. Nous apporterons aussi des considérations susceptibles d’être utiles uploads/Science et Technologie/ creativite 3 .pdf

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