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1 Université Paris Ouest Nanterre La Défense Service d'enseignement À distance! Bâtiment E - 3ème étage 200, Avenue de la République 92001 NANTERRE CEDEX Philosophie générale (L1) !Code Enseignement : 3LHU1741 COURS 2019-2020 Conscience et illusion Mme Claire ETCHEGARAY CM et TD Introduction Table des matières en fin de document 11 pages Avertissement Cette œuvre est protégée par le Code de la propriété intellectuelle.!Toute diffusion illégale peut donner lieu à des poursuites disciplinaires et judiciaires. 2 NATURE DU PARTIEL Durée de l’épreuve : 2h. L’étudiant aura le choix entre deux exercices : des questions sur texte ou des questions sur dissertation (introduction et plan détaillé). LE DEVOIR FACULTATIF Le devoir facultatif, à la maison est au choix : - une dissertation dont le sujet est : la conscience est-elle trompeuse ? - des questions sur un texte (que vous trouverez en ligne). Conseil de l’enseignante : pour le devoir facultatif, dont la note ne compte pas, entraînez-vous sur le sujet qui vous paraît le moins aisé. Pour le partiel en revanche, choisissez l’exercice que vous maîtrisez le mieux. (Mon cours suffit mais j’accepte tout autre référence ou argument). Quelques exemples de sujets possibles de dissertation sur ce thème : 1/ Suis-je ce que j’ai conscience d’être ? 2/ Toute conscience est-elle un savoir ? 3/ La conscience est-elle une connaissance ? 4/ Toute conscience est-elle conscience de soi 5/ Une science de la conscience est-elle possible ? 6/ La notion d’inconscient est-elle contradictoire ? 7/ La conscience est-elle une illusion ? 8/ Qu’est-ce que « prendre conscience » ? LE STAGE, LE FORUM ET LES EXERCICES Un cours de deux heures sera proposé pour ceux qui peuvent se déplacer, durant le semestre, à Nanterre. Je pourrai alors répondre à toutes vos questions sur le polycopié et à vos interrogations méthodologiques. Mais d’ici là n’hésitez pas à poser vos questions sur le forum. Tout au long du polycopié, je vous propose des exercices. Aucun n’est obligatoire. Mais je ne saurai trop vous conseiller de vous y essayer. Certains sont corrigés directement dans le cours (parfois en annexe). Certains seront corrigés sur le forum. Tous les termes en gras suivis d’un astérisque sont définis dans l’Index du cours. 3 INTRODUCTION Cherche, du moins, dis-toi, par quelle sourde suite La nuit, d’entre les morts, au jour t’a reconduite ? Souviens-toi de toi-même, et retire à l’instinct Ce fil (ton doigt doré le dispute au matin), Ce fil dont la finesse aveuglément suivie Jusque sur cette rive a ramené ta vie… Sois subtile… cruelle… ou plus subtile !... Mens !... Mais sache !... Enseigne-moi par quels enchantements, Lâche que n’a su fuir sa tiède fumée, Ni le souci d’un sein d’argile parfumée, Par quels retours sur toi, reptile, as-tu repris Tes parfums de caverne et tes tristes esprits ? Paul Valéry, La Jeune Parque REMARQUES DE METHODE Ce cours aura la structure d’une dissertation. Il comprendra en effet une introduction problématique (qui soulève un problème à partir du sens des termes « conscience » et « illusion ») et trois parties consacrées à trois thèses différentes (qui néanmoins s’enchaînent dans la progression de l’argumentation). Néanmoins, pour les besoins pédagogiques, il développera parfois des points biographiques, historiques ou contextuels qui n’ont pas à figurer dans une dissertation. Il pourra prendre le temps d’expliquer un point difficile. La longueur des parties sera donc moins proportionnée au poids de l’argument qu’à la nécessité de le clarifier. A l’intérieur de chaque partie des explications de texte seront proposées. Elles constituent ce qui, en présentiel, aurait été la matière des TD. Méthodologiquement, ce cours vise donc à illustrer les deux exercices principaux que vous rencontrerez tout au long de vos études en philosophie : la dissertation et le commentaire de texte. Le cours de méthodologie de la dissertation vous sera proposé au semestre 2. Je fais néanmoins deux rappels. 1/ Toute problématisation et tout argumentation en philosophie doivent s’entendre selon le sens des mots. C’est en définissant et en redéfinissant constamment « conscience » et 4 « illusion » à partir des usages linguistiques (communs, scientifiques et philosophiques) que l’argumentation doit progresser. 2/ Un sujet constitué de deux notions (ici « Conscience et illusion ») doit interroger le rapport entre elles (exclusion, contrariété, complémentarité, conditionnalité, etc.). Il est absolument exclu de consacrer la première partie à la seule conscience, la seconde à la seule illusion et d’en venir, seulement dans la troisième, à leur lien éventuel. AU PREMIER ABORD… LA CONSCIENCE EST UN SAVOIR Commençons par quelques mots relevant de la « grammaire de la conscience ». Que veut-on dire lorsqu’on emploie des phrases telles que a) « il a perdu conscience », b) « je n’avais pas conscience de t’offenser », c) « quand il a pris conscience que le chômage continuerait à augmenter » ? Dans la phrase a), la conscience désigne clairement une faculté définie par un ensemble de capacité mentales ou cognitives, qui peuvent être perturbées voire compromises par des pathologies. Dans la phrase b), le terme renvoie à un savoir en première personne : avoir conscience de t’offenser c’est pour moi, savoir que je t’ai offensé. Dans la phrase c), la prise de conscience désigne une découverte concernant des informations qui avaient peut-être été déjà reçues ou des éléments qui étaient peut-être déjà connus, d’une autre manière, mais qui ont pris un nouveau sens – c’est l’avènement d’une compréhension. Capacité cognitive, savoir en première personne, compréhension – ces trois usages connotent tous un certain savoir ou une certaine connaissance. Ne présumons pas pour lors que tous ces sens soient synonymes, ni qu’ils soient les seuls – par exemple, il est loin d’être sûr que dans le coma toute espèce ou degré de conscience soit abolie1. Mais relevons d’abord que le terme de conscience fait entendre une forme de savoir (en latin : scio, ire, qui a donné science). On parle de « conscience » lorsque quelqu’un agit ou fait quelque chose en le sachant (i.e. en sachant qu’il le fait), conformément à l’étymologie cum-scientia (avec- « science » ou savoir)2. 1 Du sommeil pathologique (comme dans l’hypersomnie cataleptique) au coma, différents niveaux de conscience sont distingués en médecine. Ils sont déterminés en fonction des signes de vigilance et des réponses présentes ou absentes, adaptées ou non aux stimulations. Par exemple, dans l’échelle du coma de Glasgow, l’état de conscience d’une victime de traumatisme crâniocérébral est évalué par l’ouverture des yeux, la réponse verbale et la réponse motrice. 2 En général, ayez la plus grande méfiance envers l’usage de l’étymologie. Il ne suffit pas à lui seul à prouver que le sens d’un terme correspond encore à son usage d’origine. Mais c’est un indice qui peut parfaitement figurer dans une introduction de copie. Ici, notez que l’étymologie cum-scientia (avec-science) pourrait être exploitée différemment. 5 Ainsi, les capacités de percevoir, déduire, conclure, découvrir, comprendre, etc. sont parfois tenues pour des formes de conscience. « Une fois que vous aurez perçu/compris que… » peut être remplacé par « une fois que vous aurez conscience que… ». Certes, il se peut que cette conscience connote davantage. Elle désigne parfois un savoir qui n’est pas du même ordre qu’un accès irréfléchi, inattentif, immaîtrisé, à des informations. Dans ce cas la conscience sera synonyme d’attention, de compréhension, de réflexion. L’on peut également y voir une forme particulière de savoir en ce qu’elle se reconnaît comme savoir – dire « je suis conscient du problème » c’est dire que « je sais « très bien » que c’est un problème » : c’est savoir reconnaître le problème, savoir le justifier, voire savoir que l’on sait. Enfin, on peut y voir un savoir sur soi : « j’ai conscience que c’est moi qui t’ai offensé, que c’est à moi que le problème se présente, etc. ». Exercice : distinguer « savoir réfléchi » et « savoir réflexif ». Mais, à tout le moins, la conscience paraît bel et bien être un savoir, par définition. Si tel est le cas, son rapport à l’illusion ne sera jamais que d’exclusion. D’après ce que nous venons d’observer, prendre conscience de, c’est par définition dissiper les illusions ou, à tout le moins, avoir conscience de c’est par définition ne pas se laisser prendre à l’illusion. Un exemple suffira : lorsqu’un magicien coupe son assistante en deux, la vue du corps séparé en deux moitiés n’empêche pas d’avoir conscience qu’il y a « un truc » ! Pour justifier conceptuellement ce point, analysons le mot « illusion » et distinguons son sens de « l’erreur ». Exercice : distinguer « l’illusion » de « l’erreur ». Faire une erreur dans un devoir de mathématique n’est pas se faire une illusion. Pourquoi ? Une erreur est répréhensible si l’on suppose que l’on aurait pu ne pas la commettre : à ce titre, elle a un caractère contingent ; compte-tenu de nos facultés cognitives, on aurait pu l’éviter. Une illusion est au contraire un phénomène qui est nécessairement lié au fonctionnement de nos facultés cognitives. Pensez aux illusions d’optique uploads/Science et Technologie/ philosophie-generale-conscience-et-illusion.pdf
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- Publié le Nov 20, 2021
- Catégorie Science & technolo...
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