Page 1 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX I
Page 1 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX Introduction Après avoir déterminé ce qu’est un fait social, Durkheim présente la méthode à adopter face ce dit fait. Il introduit donc 4 règles corollaires à l’observation de faits sociaux : considérer le fait social comme une chose, abandonner toute notion de préjugés, toujours prendre pour objet de recherches un groupe de phénomènes préalablement définis par certains caractères extérieurs qui leur sont communs et inclure dans la même recherche tous ceux qui répondent à cette définition, écarter toutes données pouvant biaiser l’étude. Page 2 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX Considérer les faits sociaux comme des choses I Dans une première partie, Durkheim affirme l’importance de considérer un fait social comme une chose. De fait, Durkheim justifie cette première règle par une explication selon laquelle « L’homme ne peut pas vivre au milieu des choses sans s’en faire des idées d’après lesquelles il règle sa conduite. »1 : c’est donc de nature humaine de vouloir comprendre son environnement afin de mieux l’appréhender et de pouvoir réagir en adéquation avec. Cette réflexion conceptuelle, idéologique, nous dit Durkheim, l’homme l’applique avant même l’apparition de la science, ce qui peut, entre autres, expliquer la naissance des religions. Remarque : l’explication de la création de la Terre, de l’univers et des hommes à travers la religion chrétienne. De fait, Durkheim soumet l’idée selon laquelle le sociologue ne serait pas dans une démarche « d’observation, de description, de comparaison »2 , mais plutôt dans une posture qui reste encore très abstraite, conceptuelle. Or, Durkheim explique que le fait social n'est pas un concept abstrait mais bel et bien une chose. Par chose, il entend un élément physique, un fait concret et observable tout comme les autres sciences concrètes. Il faut donc, d'après Durkheim, dans le cadre d’une étude de phénomène social, ne pas se contenter de partir d’un concept basé sur la spéculation, mais d’observer, de décrire, de comparer, de décortiquer, bref, adopter une posture scientifique. Il faut, dit Durkheim, que la sociologie s’inscrive dans la lignée des sciences naturelles. Son argument s’appuie sur les dires de son prédécesseur, Comte, affirmant que « les phénomènes sociaux sont des faits naturels, soumis à des lois naturelles. »3. Or, à son époque, la sociologie ne faisait état que de concepts, donc d’idées teintées de prénotions, et non de choses concrètes physiques et observables. A travers son affirmation, Comte admet implicitement une idée : le fait social étant un phénomène naturel, il s’observe dans son milieu naturel et est donc concret. 1 Citation à la page 115. 2 Référence à la page 116. 3 Citation page 120. Page 3 sur 8 Pourtant, Durkheim relève que Comte ne parvient pas à se défaire de ses prénotions et continue de regarder le phénomène social comme un concept puisqu’il continue de défendre la théorie de l’évolution humaine linéaire. En outre, plus loin, Durkheim prend l’exemple d’une science spéculative : l’économie politique. En effet, l’économiste répond à des concepts tels que la théorie de la valeur ou la loi de l’offre et la demande où les faits ne sont pas observables physiquement mais uniquement conceptuellement, dans l’idée : les postulats émis ne sont jamais vérifiés, l’intérêt général et optimal n’est donc jamais constaté. Pourtant, dit Durkheim « Il est logique que les industries les plus productives soient les plus recherchées ; que les détenteurs de produits les plus demandés et les plus rares les vendent au plus haut prix. »4. Enfin, Durkheim fait le parallèle avec la psychologie, une discipline de science humaine. De fait, le clinicien adopte un détachement de soi en ayant une méthode scientifique quant à l’observation des symptômes et la réalisation du diagnostic. Il est en fait, nécessaire de considérer la maladie comme une chose à part du patient pour pouvoir adopter une approche scientifique. Durkheim va même plus loin dans sa comparaison en avançant que la dissociation du fait psychique au sujet qui l’anime est davantage compliquée comparée à la dissociation du fait social aux sujets qui le rendent possible. Remarque : le clinicien, lors de consultation, doit se détacher de lui-même et de ses éventuels préjugés, idées préconçues afin d’observer et de donner un diagnostic objectif. Remarque 2 : il est, par exemple, difficile de donner un diagnostic à une personne que l’on sait menteuse (non pathologique), le simple fait de la savoir menteuse va biaiser le diagnostic. 4 Citation page 129. Page 4 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX Ecarter systématiquement toutes les prénotions II – 1 La deuxième règle, selon Durkheim, consiste à toujours écarter les prénotions. Cette deuxième règle va de pair avec la première puisque lorsque l’on étudie le phénomène social comme une chose, un objet scientifique, on doit forcément adopter une approche scientifique, tant dans la méthode que dans l’attitude, et donc rester neutre, dénué d’idée préconçue face à l’objet. Il n’est, nous dit Durkheim, pas nécessaire de démontrer cette règle puisqu’elle est issue de la première règle et qu’elle va de pair avec. Néanmoins, il tient à insister sur l’importance de la démonstration (qui devient la 4e étape scientifique selon Durkheim), « base de toute méthode scientifique »5 en introduisant le doute méthodique de Descartes qui consiste à remettre en question tous les savoirs acquis afin de n’en garder que les faits scientifiques (qui induisent donc une méthode scientifique). C’est donc à travers l’introduction du doute méthodique que Durkheim montre l’attitude à avoir lors de l’étude de faits sociaux. Il ajoute que le tri du savoir est à effectuer de préférence lors du choix d’objet d’étude ou lors de la démonstration afin de ne pas être sous une emprise complète de ces idées populaires. Par ailleurs, Durkheim, dans sa grande bonté, prend en compte l’éventualité où il n’est pas possible de se défaire d’une ou de plusieurs idées populaires et préconise de prendre conscience du peu de valeur (scientifique) qu’elles apportent. Durkheim précise sa pensée en mentionnant les croyances politiques et religieuses pouvant être très envahissantes. De fait, une croyance est une idée à laquelle on s’identifie (« je suis… » et non pas « je suis d’accord avec… »), qui tient à cœur, où les sentiments sont impliqués. Le danger d’avoir une croyance en tant que sociologue, explique Durkheim, est l’attitude négativiste qui peut en découler. C’est d’ailleurs ce négativisme que Durkheim illustre avec la religion chrétienne qu’il qualifie d’« empirisme déguisé, négateur de toute science »6. Exemple politique : Lors d’un désaccord la phrase « oui mais de toute façon tu es de droite » est lancée pour clore le débat. 5 Citation page 135. 6 Citation page 138. Page 5 sur 8 Page 6 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX Ne jamais prendre pour objet de recherches qu’un groupe de phénomènes préalablement définis par certains caractères extérieurs qui leur sont communs et comprendre dans la même recherche tous ceux qui répondent à cette définition II – 2 Après avoir préconisé d’écarter toute idées non scientifiques dans le cadre d’une étude, Durkheim explique comment réaliser une étude objective. Il est, dit Durkheim, fondamental de pouvoir donner une définition de ce qui va être traité non seulement pour savoir de quoi il s’agit mais aussi pour que l’objet d’étude soit clair pour le sociologue, qui ait une certaine ligne directrice. N’ayant pas accès à toutes les caractéristiques au commencement de l’étude, le chercheur doit donc donner une définition basée sur les caractères extérieurs des faits : des caractères « immédiatement visibles »7. La définition du sociologue doit, en outre, inclure tout phénomène ayant les mêmes caractéristiques sans « exception ni distinction »8, c’est-à-dire sans faire de tri au préalable. Exemple de la criminologie donnée par Durkheim à la page 140. Il faut donc séparer le criminel du crime et définir le crime dans son ensemble et à travers des données visibles. Par ailleurs, Durkheim insiste bien sur l’aspect général de la définition puisqu’elle ne s’appuie uniquement que sur le trait extérieur de caractéristiques étant « immédiatement visibles ». De ce fait, le regroupement de phénomènes selon la vue d’esprit du sociologue est impossible puisqu’ils ne sont groupés et classés uniquement que par des caractéristiques qui ne dépendent pas de lui. Aussi, il est important de bien définir chaque terme afin que la polysémie du mot ne porte pas à confusion. Durkheim prend l’exemple du mot monogamie qui réunit deux définitions induisant deux réalités distinctes : lecture à la page 143. Or, intervient Durkheim, Spencer, dans le cadre de son étude sur le mariage, ne définit pas le terme de monogamie alors qu’il l’emploi ce qui rend l’étude confuse. Exemple : verbe décoller. Cette étape n’est donc pas une définition à proprement parler mais plus une description de l’objet d’étude. 7 Citation page 139. 8 Citation page 140. Page 7 sur 8 CHAPITRE II – RÈGLES RELATIVES À L’OBSERVATION DES FAITS SOCIAUX Quand le sociologue entreprend d’explorer un uploads/Science et Technologie/ regles-relatives-a-l-x27-observation-des-faits-sociaux-durkheim.pdf
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- Publié le Sep 08, 2022
- Catégorie Science & technolo...
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