Théétète (Platon) 1 Théétète (Platon) Pour les articles homonymes, voir Théétèt

Théétète (Platon) 1 Théétète (Platon) Pour les articles homonymes, voir Théétète. Le Théétète est un dialogue de Platon sur la sagesse en tant que science (en grec ancien σοφία) et le savoir (en grec ancien ἐπιστήμη). Ce dialogue est le premier d'une série de trois (avec Le Sophiste et Le Politique), ou de quatre, si l'on compte Le Philosophe. Argument Platon veut démontrer l’importance des Formes : sans elle, on ne définit pas, et la science est rendue impossible ; sans elles, la dialectique est négative, elle est réfutative[1],[2]et la philosophie, qui en découle, ne produit rien qui puisse être dit science. Présentation du Théétète Dans le Théétète, Socrate et Théétète recherchent une définition de la science et examinent en premier lieu la question de savoir si la connaissance trouve sa source dans ce contact de l'âme au sensible. Les deux premières définitions considérées sont en effet que la science est la sensation et que la science est l'opinion. La première définition se heurte à l'objection suivante : le monde sensible est devenir, c'est-à-dire un ensemble d'objets qui naissent et qui se corrompent, s'accroissent et décroissent. Monde sensible et devenir sont synonymes. Mais si toute réalité est un devenir, elle se transforme sans cesse, et il est impossible d'y trouver la stabilité nécessaire à une connaissance vraie et certaine ; en effet, dans le sensible, un objet a tantôt telle qualité, tantôt telle autre, ou bien les deux en même temps, si bien que l'on en arrive à trouver des qualités contradictoires dans la même réalité. La conception héraclitéenne du monde sensible anéantit donc la connaissance, en soutenant que la nature du réel est d'être contradictoire. Mais cette conception fait également dépendre la connaissance, à la manière de Protagoras[3], des états empiriques de l'individu, selon la célèbre formule : « l'homme est la mesure de toute chose. » Ce relativisme, en posant que c'est de l'être-même des choses, et non seulement de leur connaissance, que chaque individu est le critère, fait de la connaissance un simple point de vue, et abolit toute possibilité de vérité. Le Théétète[4] présente au moins deux qualités remarquables quand on le compare aux autres dialogues : c'est le seul des dialogues classés à partir de la maturité de l'auteur à être un dialogue aporétique : le Théétète ressemble plus, de ce point de vue, aux dialogues que l'on regroupe sous le nom de socratiques, considérés et que l'on considère comme des dialogues de jeunesse. Le Théétète est également l'avant-dernier dialogue à mettre Socrate en scène comme interlocuteur principal - si on considère le dernier comme étant le Philèbe. Date de composition S'il est évident que le Théétète se déroule quelques jours avant le procès de Socrate[5], sa date de composition et la place qu'il occupe dans l'œuvre de Platon sont plus difficiles à déterminer. Dans le dialogue, il est dit que Théétète, blessé à la bataille de Corinthe, fut ramené à Athènes. Mais il y eut une bataille en juin ou juillet -394[6] et une autre en -369. C'est la seconde date qui est la plus généralement admise, car, mort vers -394, Théétète aurait eu 20 ans, et il est difficile d'admettre qu'il aurait eu le temps de confirmer les prévisions de Socrate et d'écrire l'ensemble des travaux que lui attribuent les historiens des mathématiques. Le Théétète est donc un dialogue qui se place à une époque tardive de la vie de Platon, aux côtés du Parménide et du Sophiste. Théétète (Platon) 2 La Maïeutique et son rôle Par l'intervention de la Maïeutique, Platon souligne l'intérêt de l'intervention de Socrate, parce qu'elle permet à l'interlocuteur de « dire plus de choses que l'on n'en potrait en soi »[7]. Datation et chronologie du dialogue Certains auteur et philosophes se sont demandé si ce dialogue ne faisait pas partie d'une tétralogie inachevée. Parmi les dialogues que l'on situe vers cette période de la vie de Platon, il est difficile, sinon impossible, de déterminer lequel de ces deux grands dialogues, du Théétète ou du Parménide, est antérieur à l'autre. On trouve dans le premier dialogue une allusion à une rencontre entre Socrate et Parménide, rencontre historiquement invraisemblable et qui renverrait donc au second dialogue, comme le soutient par exemple l’helléniste français Auguste Diès. Il reste en tout cas certain que le Théétète est le premier de trois ou quatre dialogues, les deux ou trois autres étant Le Sophiste, Le Politique et Le Philosophe. À la fin du Théétète, Socrate donne en effet rendez-vous à Théodore et à Théétète pour le lendemain, c'est-à-dire dans Le Sophiste, dans lequel les deux interlocuteurs de Socrate arrivent avec un étranger d’Élée, à qui l'on demande de définir le sophiste, le politique et le philosophe. Seul le philosophe n'aura pas de dialogue qui lui soit consacré. Cette lacune est diversement interprétée : on suppose que Platon n'a pas achevé la tétralogie ; on peut toutefois avancer que cette thèse est contredite par le fait que l'étranger estime, dans Le Sophiste, avoir trouvé la définition du philosophe[8]. Cadre Socrate discute avec le jeune Théétète d'Athènes, mathématicien contemporain de Platon et disciple de Théodore de Cyrène, de la définition de la science. Personnages • Personnages du prologue • Socrate • Euclide de Mégare : Fondateur de l’école mégarique, c’est lui qui a mis par écrit le dialogue entre Théétète et Socrate (selon ce que lui en a rapporté Socrate). • Terpsion de Mégare • Personnages du dialogue lu • Théodore : Originaire de Cyrène ; géomètre ; ami de Protagoras. Théodore a su discerner en Théétète un élève particulièrement doué et ressemblant par sa laideur physique à Socrate. • Théétète : Originaire d’Athènes, mathématicien doué, admiratif devant la science de Théodore et de Protagoras. Il ressemble à Socrate par sa laideur. Résumé du prologue Ce dialogue est raconté au style direct, ce que souligne Platon lui-même par l'entremise du personnage d'Euclide. Celui-ci, en effet, précise à la fin du prologue, qu'il rapportera au style direct le dialogue de Socrate avec Théétète et demande à Terpsion s'il approuve un tel procédé avant de commencer. Terpsion approuve en affirmant qu'il n'y voit rien de rebutant. Des différents narrateurs dont fait usage Platon, Euclide est le seul à avoir consigné le dialogue par écrit avec l'aide de Socrate. Le fait même qu'Euclide ait recours à l'écrit, au lieu de posséder un savoir vivant dans son âme, est peut-être le signe qu'il n'est pas à considérer comme un candidat apte à la philosophie. Théétète (Platon) 3 Prologue Un court prologue explique dans quelles conditions une discussion entre Socrate et Théétète va être lue. Dans ce prologue, Euclide et Terpsion se rencontrent. Terpsion s'étonne de n'avoir pas rencontré Euclide plus tôt. Ce dernier s'explique : il escortait Théétète, blessé à la guerre et victime de dysenterie, jusqu'à Érinos. C'est l'occasion pour les deux personnages de rappeler que Théétète est, selon l'opinion commune, un homme aussi beau que bon, deux qualités qui définissent l'excellence grecque, et que c'était là-aussi le jugement que Socrate, quelque temps avant son procès et sa condamnation à mort, portait sur lui, lorsque Théétète était encore adolescent. On a pu voir cependant dans la description de ces circonstances une forme d'ironie qui tranche avec le portrait flatteur qui est fait de Théétète[9]. On peut en effet faire le rapprochement entre la dysenterie dont Théétète aurait été affecté lors de son rapatriement, et la question de Socrate de savoir si le jeune Théétète n'émettra que des vents en cherchant à définir la science. En se fondant sur ce rapprochement, on peut supposer que Platon suggère que Théétète n'a pas réellement confirmé le jugement que Socrate portait sur lui. Quoi qu'il en soit, l'éloge de Théétète amène Terpsion et Euclide à évoquer la discussion qui eut lieu autrefois entre Théétète encore adolescent et Socrate. Euclide, qui n'a pas assisté à ce dialogue, se l'est fait rapporter par Socrate et l'a consigné par écrit en le corrigeant selon les indications de Socrate. Un esclave d'Euclide va en faire la lecture pour Terpsion ; le dialogue est écrit en présentant les propos des protagonistes de manière directe. Début du dialogue Socrate demande à Théodore s'il a rencontré à Athènes un jeune homme qui mérite qu'on en parle. Théodore évoque alors un garçon qui ressemble à Socrate par la laideur, et doué d'un naturel merveilleusement bon, apte à apprendre et modeste tout à la fois, et courageux. Théodore fait venir le garçon, Théétète, auprès d'eux, et Socrate commence sans délai à l'interroger sur les compétences spécifiques dont il faut faire preuve pour juger d'une manière qui soit digne de retenir l'attention. Si, pour ce qui regarde la ressemblance entre Socrate et Théétète, le jugement de Théodore n'est pas digne de confiance parce qu'il ne s'y connaît pas en dessin, en revanche, pour ce qui touche la louange de l'âme, il faut examiner celui qui en fait l'objet et que ce dernier se prête de bon cœur à la démonstration. Théétète doit donc accepter d'être examiné par Socrate afin de vérifier le jugement uploads/Science et Technologie/ theetete-platon.pdf

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