HAL Id: halshs-01567013 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01567013 Sub
HAL Id: halshs-01567013 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01567013 Submitted on 21 Jul 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License Entre architecture et sciences sociales Pascal Amphoux, Gilles Barbey To cite this version: Pascal Amphoux, Gilles Barbey. Entre architecture et sciences sociales : Débat non contradictoire . Matières, PPUR presses polytechniques, 1998, p. 88-92. halshs-01567013 Entre architecture et sciences sociales - Débat non contradictoire - rédigé par Pascal Amphoux et Gilles Barbey IREC, DA, EPFL, mai 98 pour la revue Matières Après les impasses des années 70, les rapports entre architecture et sciences sociales se sont distendus ou durcis. Les raisons de la désillusion sont nombreuses : interdisciplinarité mal comprise, exigences naïves d'applicabilité des analyses, positivisme parfois primaire des techniques ou méthodes appliquées à l'objet architectural, ..., la déception a été grande et les deux domaines se regardent aujourd'hui en chiens de faïence. Tous deux, pourtant, en une génération, ont évolué. Entre le fonctionnalisme moderne et le formalisme post-moderne, l'architecture est aujourd'hui sommée de développer une voie tierce et d'inventer d'innombrables modalités pour intégrer le contexte. De même, entre la spéculation philosophique et l'expérience de laboratoire, les sciences sociales ont développé des savoirs intermédiaires et des méthodes nouvelles d'analyse in situ qui sont susceptibles de devenir opératoires pour le projet. De nouveaux rapprochements deviennent possibles. Davantage, ils paraissent incontournables aux auteurs, tous deux architectes et chercheurs, de ce débat non contradictoire . Le texte qui suit questionne les modalités d'un tel rapprochement, en proposant, sans prétention d'exhaustivité, six entrées successives qui, dans leur succession établissent une sorte d'itinéraire pour la réflexion : épistémologie, expérimentation, programmation, composition, maîtrise d'oeuvre et enseignement. Pour chacune de ces entrées, on pose d'abord une question binaire qui, s'appuyant sur des représentations stéréotypées ou du moins bien établies, renvoie dos à dos l'activité de l'architecte et celle du chercheur en sciences sociales; puis on propose une brève analyse de l'évolution ou de la mutation en cours; avant de montrer des voies tierces et de lancer des pistes prospectives pour échapper au dilemme initial. Epistémologie Déduction et/ou induction De tous temps, l'architecte croit mieux connaître le cadre bâti que le destinataire de son oeuvre - et c'est ce qui le dispense habituellement de consulter l'usager sur les modalités de conception. Ainsi peut-on considérer que la vision interne de l'habitant dans son habitat fait largement défaut à l'architecte, alors qu'elle serait centrale pour le sociologue ou l'ethnologue. Le savoir de l'architecte se voudrait inviolable (tel un fief qui se refuserait au partage), tandis que la position des chercheurs viserait une épistémologie constructiviste consistant en une recomposition en commun du savoir. Les stratégies seraient inverses et l'on pourrait se poser la question suivante : l'architecte ne raisonne-t-il pas principalement de manière déductive, à partir de son expérience de projet, là où le chercheur accorde davantage de crédit à l'exploration inductive, à partir de ses observations ? Explication et/ou compréhension La distinction entre déduction et induction est une distinction classique en épistémologie des sciences sociales (à l'intérieur de leur propre domaine). Elle ne saurait donc en soi constituer un signe de démarcation par rapport aux méthodes des architectes. Par contre, elle peut sans doute être opératoire pour décrire, dans ce champ d'activité qui a tendance à promouvoir une telle confusion, deux démarches qui, loin de s'opposer, peuvent être ou devenir complémentaires et constituer un premier fondement pour une épistémologie architecturale. Rappelons donc que dans le premier cas, la démarche hypothético-déductive inscrit le chercheur dans ce que l'on appelle une logique explicative, c'est-à- dire dans un mode de connaissance analytique qui repose sur la décomposition élémentaire de l'objet d'analyse ; tandis que dans le second, la démarche inductive relève de l'ordre de la logique compréhensive, mode de connaissance synthétique et intuitif, qui repose sur une recomposition "essentielle" des phénomènes observés . Le projeteur en architecture, à ce titre, est comme le chercheur en sciences sociales : il peut adopter l'une ou l'autre démarche. Et l'une n'est pas meilleure que l'autre a priori - elle est seulement plus ou moins adaptée suivant le contexte. Un juste retour des sciences sociales De même qu'après le positivisme chevronné auquel se sont ralliées les sciences sociales, dès la fin du XIXème siècle, pour se faire reconnaître et acquérir durement le statut de science qu'elles revendiquaient, est née toute une multitude de "branches compréhensives" (par exemple la sociologie du quotidien, l'ethnométhodologie, les théories interactionnistes, l'éthologie humaine, ... ), on attend avec impatience que la théorie architecturale, après sa première percée analytique, intègre des développements comparables (on pourrait par homologie développer une "architecture du quotidien", une "archiméthodologie", une théorie de l'espace en mouvement, une ergonomie de l'habiter, ...) - qu'elle dépasse la seule explication de l'objet architectural pour reconstruire une meilleure compréhension du phénomène architectural - par exemple de la morphogénèse d'une ambiance . De même, après avoir plaidé, dans la tradition des Beaux-Arts, pour des approches intuitives du territoire ou du projet qui savent s'affirmer, prendre parti, produire un grand geste ou, comme certains ont pu le revendiquer, "un coup de poing dans le paysage"..., on attend avec impatience que la pratique architecturale développe une foule de savoir-faire minuscules, hybrides et complexes, qui ne sont pour le moment formalisés que de manière embryonnaire, mais qui réintègrent de manière active et sensible des données techniques et des savoirs scientifiques avancés. Les sciences sociales offrent aujourd'hui une palette de méthodes d'observation des pratiques et d'interprétation des représentations qui, loin de se réduire aux techniques traditionnelles de la psycho-sociologie des années 60, devient directement opératoire en amont, au cours ou en aval de l'activité de projet . Expérimentation "Faire avec" ou "chercher toujours" A chaque nouveau projet, l'architecte tend à considérer sa mission sous l'angle du cas particulier, c'est-à-dire sous celui d'un objet à définir intégralement. Alors que son expérience professionnelle lui fournit habituellement l'essentiel de ses références, il oriente sa recherche vers l'espoir de déboucher sur un prototype inédit susceptible d'être homologué. En revanche, le chercheur, dans sa quête de l'universel, va s'appuyer sur l'expérimentation pour établir des résultats généralisables à partir de l'étude ou de l'observation des interactions, des modes d'appropriation de l'habitant ou d'adaptation de l'espace bâti à l'usage ordinaire. En schématisant grossièrement, ne pourrait-on pas dire que le concepteur "fait avec" (avec ce dont il dispose, c'est-à-dire à partir de son expérience), tandis que le chercheur vise à découvrir les lacunes de la mission architecturale (en recourant à l'expérimentation) ? Test rétrospectif et observation prospective Une telle opposition entre concepteur et chercheur serait dangereuse (dommageable, acculturante et lâche) si elle devait ramener à la représentation stéréotypée de l'opposition entre pratique et théorie. Les architectes (comme les sociologues ou d'autres métiers), ont l'habitude de s'entre-déchirer entre théoriciens et praticiens, les premiers étant considérés par les seconds comme des analystes froids et abstraits (la théorie architecturale de fait est souvent cantonnée à l'analyse typologique et morphologique), les seconds comme des intuitifs concrets et approximatifs (la pratique est alors réduite à une forme d'activité quasi inconsciente soumise aux contingences du projet). Le processus d'acculturation est réciproque. Si le but matériel n'est pas le même (construire ou écrire), l'intention doit rester commune : pour reprendre la distinction épistémologique précédente, le théoricien peut parfaitement adopter (comme le praticien) une démarche inductive qui ne refoule pas l'intuition; et inversement le praticien doit souvent adopter au cours du projet (comme le théoricien) une démarche déductive qui ne refoule pas la connaissance analytique. Simplement, le statut de l'expérience n'est pas le même dans les deux cas. Dans la démarche déductive, c'est un test a posteriori, qui permet de vérifier la justesse d'une hypothèse ou les performances d'un bâtiment (c'est par exemple le principe du bâtiment expérimental); dans la démarche inverse, c'est un matériau d'observation a priori, qui permet de fonder l'induction d'un concept ou la pertinence d'un parti architectural (c'est par exemple l'expérience acquise dans une même équipe, indicible, implicite au cours de la pratique de projet). L'expérimentation n'est pas seulement technique et ne se réduit pas seulement à des tests de vérification, elle est aussi sociale et doit fonder la valeur heuristique du projet architectural. A la redécouverte du contexte Dans les sciences sociales, existe actuellement une revendication pour faire repasser les résultats des sciences expérimentales du côté de l'analyse in situ, en actes et dans le contexte d'émergence des phénomènes. Là où celles-ci dégagent des variables pertinentes en plaçant des sujets hors contexte, dans des situations dont toutes les variables environnementales sont soit neutralisées, soit contrôlées, on plaide aujourd'hui pour l'observation de phénomènes récurrents et l'explicitation de leurs conditions uploads/Science et Technologie/ w-matiere2.pdf
Documents similaires
-
24
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 05, 2021
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3423MB