Méthodologie de la recherche appliquée Sciences de gestion Jean-Max KONO ABE In

Méthodologie de la recherche appliquée Sciences de gestion Jean-Max KONO ABE Introduction générale L’apport de la recherche appliquée ou la recherche intervention 1. Le cadre épistémologique 1.1. Paradigme positiviste, approche hypothético-déductive et logique quantitative 1.2. Paradigme constructiviste, approche holistico-inductive et logique qualitative 2. Définition de l’objet Le problème de la recherche et la problématique 2.1. Les différentes facettes d’un problème 2.2. Les composantes d’une problématique 3. La collecte de données 3.1. Etudes documentaires 3.2. Enquête qualitative 3.3. Enquête quantitative 4. L’analyse des données 4.1. Le guide d’entretien 4.2. L'échantillonnage 4.3. Le raisonnement déductif ou quantitatif 4.4. Le raisonnement inductif ou qualitatif 4.5. Des échelles et modalités de réponse 4.6. Les résultats et les recommandations 2 Introduction générale : L’apport de la recherche appliquée Les sciences de gestion ont vocation à analyser et à concevoir les dispositifs de gouvernance d’entreprise. Une telle vision permet d’élargir le champ de la recherche en gestion à d’autres disciplines diverses. L’objectif de l’intervention est de remonter de l’analyse opérationnelle à des stratégies générales ou à des théories intermédiaires. Un travail de recherche appliquée est défini par opposition à un travail de recherche plus théorique ou « fondamental ». Plutôt que de relever de l’une ou l’autre de ces deux catégories, nombre de contributions de recherche en Sciences de gestion se positionnent sur un continuum entre ces deux pôles théorique et appliquée. Il n’en demeure pas moins que certains travaux sont plus proches d’un pôle que de l’autre. De manière simple, un travail de recherche appliquée en management présente des implications et des pratiques dans la gestion de différents personnels d’une organisation. Il s’adresse donc à la communauté académique mais aussi, dans le même temps, aux praticiens de la gestion tels que les décideurs, les managers. L’identification des problèmes et de leurs conséquences pratiques peut conduire à dessiner les contours de solutions possibles, voire à proposer directement ces solutions et, dans certains cas, à accompagner leur mise en œuvre. Un travail plus théorique s’adresse prioritairement aux membres de la communauté académique. Il vise par exemple à développer un cadre conceptuel original, à mettre en relation des approches théoriques existantes, ou encore à les enrichir par l’ajout de dimensions supplémentaires permettant d’en augmenter la portée. L’apport managérial comme académique réside dans l’identification des formes, dimensions ou éléments d’un problème ou d’une situation de gestion mettant en jeu des dispositifs relevant de ces domaines. Il s’agit alors d’une démarche de recherche intervention dont l’objectif est de contribuer à changer ou à développer des mises en œuvre (ou des applications). 3 Le principal apport d’un projet de recherche appliquée peut ainsi résider dans sa contribution empirique (ou pratique). Réunir un corpus théorique pour mettre en évidence les caractéristiques d’un contexte et en dessiner les évolutions possibles, présente des implications pour la pratique dans la mesure où ce travail de mise en forme et de mise en perspective peut informer la manière dont différentes parties se représentent des situations (ou problèmes organisationnels) par rapport aux défis et enjeux y relatifs. Dans un travail de recherche appliquée, les théories sont mobilisées d’abord pour leur portée heuristique (inhérente à la découverte ou à l’apport scientifique). Néanmoins, l’objectif n’est pas de faire émerger des concepts, mais de montrer en quoi les cadres mobilisés permettent de rendre compte, dans une perspective managériale, des cas opérationnels traitées. Ceci est le souci de cette perspective managériale originale qui permet de différencier cette posture de recherche appliquée des approches interprétatives ou positivistes pour lesquelles proposer un commentaire théorique nouveau de situations de gestion constitue la contribution à la recherche. Le statut épistémologique de ces théories heuristiques fait écho à la complexité des problèmes de gestion, quel qu’en soit le domaine. L’objectif est de rendre compte au travers de la connaissance produite susceptible d’être mobilisée par différents sujets et d’orienter leurs représentations, leurs actions, voire leurs décisions. La contribution pourrait être liée au développement d’un cadre analytique approprié témoignant du problème organisationnel analysé. 4 1. Le cadre épistémologique L’épistémologie, une branche de la philosophie des sciences, est la théorie de la science et concerne plus particulièrement les méthodes de construction et de validation de la connaissance. Elle apprend de manière critique la méthode scientifique, les formes logiques et modes d'inférence utilisés en science, de même que les principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, quant au fait de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective. Elle conduit à se poser des questions telles « Qu’est-ce que la connaissance ? » (Gnoséologie) ; « Comment se constitue-t-elle ? » (Méthodologie). Il est important de souligner qu’un paradigme représente un ensemble de croyances, de valeurs reconnues et de techniques qui sont collégiales à des membres d’une communauté donnée ; et par approche, il faut entendre une manière de concevoir les composantes ou les étapes de la recherche. 1.1. Paradigme positiviste, approche hypothético-déductive et logique quantitative Il faut reconnaître que même si le paradigme positiviste et l’approche hypothético-déductive ont longtemps constitué les « deux mamelles » de l’authenticité scientifique, les démarches hypothético-déductives adoptées actuellement, dans les recherches contemporaines en sciences humaines et sociales, ne reposent plus sur un paradigme strictement positiviste ; on pourrait plutôt parler actuellement d’un néo positivisme. Par ailleurs, tout un courant de recherche, affiliée à l’approche qualitative repose sur un paradigme opposé, le paradigme constructiviste et adopte une démarche alternative dans leurs études, démarche que l’on pourrait qualifier d’holistico- (ou empirico) inductive. 1.1.1. Le paradigme positiviste Fondées sur l’expérimentation scientifique, les recherches qui s’inscrivent dans ce paradigme répondent à des critères précis de rigueur, d'objectivité, de quantification et de cohérence dont la finalité est d'expliquer les phénomènes et de formuler les lois qui les régissent. Selon ce paradigme (modèle idéalisé), c’est en formulant et en testant différentes hypothèses, à la recherche de 5 régularités, que le chercheur découvrira cette réalité. Les hypothèses épistémologiques fondatrices sur lesquelles repose historiquement le positivisme se présentent, à cet égard, de la façon suivante :  Le « réel » a une essence unique, indépendante de l’attention que peut lui porter un observateur qui la décrit ;  La « réalité sociale » est extérieure à l’individu ;  Le « réel » est régi par des lois naturelles universelles immuables, dont beaucoup prennent la forme de relations (à chaque fois qu’A alors B). 1.1.2. L’approche hypothético-déductive Les positivistes prônent un raisonnement scientifique de type hypothético-déductif qui prend naissance avec une question (ou un problème) se traduisant par une hypothèse soutenant provisoirement une théorie qu’il s’agira de tester en confrontant cette dernière aux faits. Le terme hypothético-déductif qualifie également une démarche qui s’appuie sur des propositions hypothétiques pour en déduire des conséquences rationnelles. La recherche de type hypothéticodéductif est caractéristique de ce qu’on appelle l’approche quantitative de la recherche, également intitulée recherche quantitative. Les variables révèlent le phénomène, étudié de préférence avec un certain détachement du contexte, du milieu, l’idéal étant qu’il soit trans-contextuel de manière à favoriser la généralisation des résultats. En voici la logique :  Approche explicative et extensive du phénomène aboutissant à élaborer ou à conforter des règles, principes ou lois généraux ;  Démarche déductive ;  Centration sur les variables ;  Faible contextualisation ;  Peu ouvert à l’imprévu ; 6  Vise (à produire, conforter ou invalider) un savoir générique. Cette démarche doit permettre d’identifier des lois, à caractère universel, ou de construire progressivement des théories générales et des modèles explicatifs que la communauté scientifique a pour mission de chercher à conforter ou à réfuter en la mettant à l’épreuve des tests empiriques. Les résultats positifs conforteront les lois, les théories ou les modèles, tandis que des résultats négatifs les invalideront, les réfuterons. S’agissant de la vérificabilité de la théorie : si les expériences répétées réaffirment la théorie, il sera possible d’établir progressivement une loi générale valable pour toutes les situations rencontrées dans un contexte déterminé, voire dans tous les contextes possibles ; il s’agit dans ce dernier cas d’une loi générale.  Le principe de vérificabilité avancé par les positivistes a été remis en question parce qu’il n’est pas toujours possible de vérifier si une théorie est vraie. Il peut constamment exister un cas, non testé, pour lequel la théorie ne tient pas, quel que soit le nombre de cas étudiés. Pour autant, la « falsifiabilité » d’une théorie la rend scientifique et une théorie est scientifique dans la mesure où il est possible de la réfuter. 1.1.3. Approche quantitative La démarche adoptée par une approche quantitative est essentiellement hypothético-déductive. En ce sens, elle commence classiquement par une hypothèse ou une question de recherche habituellement construite sur la base d’une analyse de la littérature et elle se poursuit par l’élaboration et l’application d’un plan de recherche destiné à éprouver l’hypothèse ou à répondre à la question posée. Le terme déductif signifie que le mouvement de la recherche est foncièrement descendant, partant du général (une théorie, une loi, un principe, une « tendance » de résultats empiriques convergents) 7 que l’on veut aborder vers le particulier (une étude contextualisée, uploads/Science et Technologie/jmka-methodologie-de-la-recherche.pdf

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