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The `se de doctorat La pratique clinique des premiers entretiens et le cheminem

The `se de doctorat La pratique clinique des premiers entretiens et le cheminement inte ´rieur de l’analyste. E ´tude en France et au Que ´bec§ The clinical practice of ﬁrst interviews and the analyst’s internal psychic development of thought. Study in France and in Quebec A. Lachan * Laboratoire PCPP (EA 4056), universite ´ de Paris, Paris, France 1. Contexte de la recherche Dans un contexte concurrentiel d’e ´valuation de l’efﬁcacite ´ des psychothe ´rapies, la question de l’indication — lie ´e a ` la pre ´diction des re ´sultats : quelle psychothe ´rapie va fonctionner pour quels types de patient ou de psychopathologie ? — s’ave `re tout a ` fait centrale. La spe ´ciﬁcite ´ de la de ´marche psychanalytique convoque une acception e ´tendue de la notion d’indication. Elle ne repose pas sur l’e ´valuation du seul patient, de ses sympto ˆmes ou de sa motivation consciente, comme cela peut e ˆtre le cas pour d’autres types de psychothe ´rapie. En effet, la subjectivite ´ de l’analyste est engage ´e dans le processus d’e ´laboration de la de ´cision the ´rapeutique1 d’engager ou non un travail analytique avec un nouveau patient. L’e ´laboration de la de ´cision tient compte a ` la fois de la rencontre entre un analyste particulier et un patient singulier, et a ` la fois de la personne qui e ´prouve une souffrance psychique non re ´ductible a ` un ensemble de sympto ˆmes, ensemble qui dans d’autres approches the ´oriques se voudrait lie ´ par implication re ´ciproque a ` un type de psychothe ´rapie pre ´de ´termine ´. Ainsi, cette recherche vise a ` expliciter l’expe ´rience des premiers entretiens aﬁn d’en appre ´hender l’ensemble des dimensions, en mettant en lumie `re la fac ¸on dont se de ´roule le processus de de ´cision the ´rapeutique d’engager un travail analytique dans la pratique clinique, au-dela ` des recommandations the ´oriques qui ne traduisent pas ce que la demande d’une personne peut susciter chez l’analyste qui l’e ´coute. Les premiers entretiens, malgre ´ l’importance qui leur est pre ˆte ´e, n’occupent qu’une place restreinte dans la litte ´rature psychana- lytique au regard d’autres the `mes, et apparaissent peu e ´tudie ´s dans la pratique clinique. Dans la litte ´rature, la technique des premiers entretiens varie d’une de ´marche d’investigation a ` celle de la mise a ` l’e ´preuve de la situation analytique avec ses enjeux transfe ´rentiels (Baldacci & Bouchard, 1998). Sche ´matiquement les analystes privile ´gient soit une de ´marche pre ´dictive, soit au contraire une position d’incertitude conside ´rant l’impre ´visibilite ´ des processus en jeu. Le « cheminement inte ´rieur » renvoie aux processus psychiques de l’analyste au travail, multiples et varie ´s. Suivant la litte ´rature, ce cheminement serait organise ´, spe ´ciﬁquement au cours des premiers entretiens, selon une trame d’e ´coute pre ´e ´tablie et plus ou moins implicite. Si les fondements de la de ´cision semblent globalement partage ´s (demande, fonctionnement psychique du patient, potentialite ´s transfe ´rentielles), la ponde ´- ration relative des diffe ´rentes dimensions prises en compte semble reposer sur la subjectivite ´ de l’analyste. De plus, les analystes auraient tendance a ` faire plus de place a ` leur perception des potentialite ´s d’e ´volution qu’aux caracte ´ristiques initiale- ment observe ´es (Leuzinger-Bohleber, 2007). Ainsi, dans la pratique clinique, la subjectivite ´ de l’analyste articulerait les prescriptions the ´oriques aux dimensions transfe ´rentielles de la rencontre avec un nouveau patient. Les recherches sur les pratiques analytiques reposent en grande partie sur l’e ´tude de cas re ´alise ´e par l’analyste « traitant » : elles constituent alors des constructions the ´oricocliniques dans l’apre `s- coup des premiers entretiens. Les recherches standardise ´es quantitatives dans le champ de l’e ´valuation des psychothe ´rapies se re ´ve `lent quant a ` elle inadapte ´es a ` la nature psychanalytique des processus en jeu. Ainsi, pour e ´tudier la pratique des premiers entretiens dans « l’avant-coup » de leur issue, la pre ´sente e ´tude s’engage dans une « voie interme ´diaire » ou ` le psychanalyste est observateur interne de la situation clinique (Braconnier, 2002 ; Kosmadakis, Braconnier, Hanin, Lancrenon & Widlo ¨cher, 2004 ; Kosmadakis & Widlo ¨cher, 2004 ; Rappard, 1993 ; Von Benedek, 1989). 2. Objectifs de la recherche La pre ´sente e ´tude vise a ` explorer, de manie `re qualitative, le processus d’e ´laboration de la de ´cision the ´rapeutique de l’ana- In Analysis 4 (2020) 89–93 § The `se dirige ´e par le Professeur Serban IONESCU. Soutenue le 6 novembre 2014, en vue de l’obtention du titre de docteur en psychologie clinique et psychopa- thologie, Universite ´ Paris 8, E ´cole doctorale cognition, langage, interaction no 224. En collaboration avec le laboratoire de recherche en sante ´ mentale Universite ´ du Que ´bec a ` Trois-Rivie `res, Canada. * Correspondance. 49, rue Marcel-Dassault, 92100 Boulogne-Billancourt, France Adresse e-mail : alicelachan@hotmail.com. 1 Nous retenons le terme de « de ´cision the ´rapeutique » — d’engager ou non un travail analytique avec un nouveau patient — pluto ˆt que celui d’indication, car ce dernier nous semble trop renvoyer a ` un jugement unilate ´ral, la ` ou ` cette de ´cision engage la rencontre subjective entre un analyste et un patient donne ´. Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com https://doi.org/10.1016/j.inan.2019.12.002 2542-3606/ C 2020 Association In Analysis. Publie ´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. lyste d’engager ou non un travail analytique avec un nouveau patient dans la pratique clinique, en rendant compte autant que possible des parts explicites et implicites de son cheminement inte ´rieur au cours des premiers entretiens. A ` cette ﬁn, elle s’appuie sur le discours de l’analyste — observateur interne de la situation analytique — te ´moignant de sa pratique au moment des premiers entretiens, c’est-a `-dire dans « l’avant-coup » du destin que prendra la rencontre entre l’analyste et un patient donne ´. Plus spe ´ciﬁquement, elle cherche a ` mettre en lumie `re : l’exi- stence d’une trame d’e ´coute spe ´ciﬁque aux premiers entretiens ; les caracte ´ristiques du cheminement inte ´rieur de l’analyste dans ce moment particulier ; et les fondements de la de ´cision the ´rapeutique du co ˆte ´ de l’analyste, c’est-a `-dire la de ´cision de proposer de s’engager dans un travail analytique avec un patient donne ´. 3. Me ´thode La pre ´sente e ´tude conside `re les processus psychanalytiques en tant qu’objet de recherche — recherche sur la psychanalyse — et prend soin par ses choix me ´thodologiques de respecter autant que possible leur singularite ´ et leur spe ´ciﬁcite ´. A ` vise ´e exploratoire et descriptive, elle s’est attache ´e a ` penser une me ´thodologie qualitative me ´diane entre la recherche psychanalytique a ` pro- prement parler2 et la recherche dite « scientiﬁque universitaire »3. Nous reprenons ici la distinction propose ´e par Bergeret (1987), qui estime que les psychanalystes privile ´gieraient soit un mode `le « artistique », soit un mode `le « scientiﬁque universitaire » pour penser les rapports entre la the ´orie et la clinique. Le mode `le « artistique » ou « the ´orico-clinique » favoriserait une certaine liberte ´ de circulation des ide ´es et le mode `le « scientiﬁque universitaire » permettrait une certaine rigueur de recherche. De ces deux conceptions de ´coule une fac ¸on d’entrevoir la recherche et sa place dans la pratique clinique. En effet, d’un co ˆte ´ le mode `le « artistique » proce `de a ` l’analyse de la clinique a ` partir de laquelle e ´merge la the ´orie. D’un autre co ˆte ´, le mode `le « scientiﬁque universitaire » s’attache a ` e ´laborer des the ´ories qui de ´ﬁnissent une technique applicable dans la pratique, aﬁn d’ame ´liorer celle-ci. Ces deux perspectives de recherche postulent respectivement : soit que l’observation du fonctionne- ment mental du clinicien n’a aucun sens en dehors de l’expe ´rience clinique ve ´cue inte ´rieurement, tenant compte de ses dimensions inconscientes et ne ´cessairement subjectives ; soit la possibilite ´ de mode ´lisation de l’objectivable. Entre ces deux mode `les, une voie me ´diane consiste a ` re ´aliser des recherches « syste ´matise ´es » a ` partir du discours de l’analyste sur sa pratique, c’est-a `-dire en l’utilisant comme observateur interne te ´moignant de son expe ´- rience clinique au chercheur. Elle n’est pas une recherche psychanalytique mais sur la psychanalyse (Emmanuelli & Perron, 2007). Elle respecte autant que possible les spe ´ciﬁcite ´s de la me ´thode analytique, en partant du discours de l’analyste sur sa pratique, et non pas en essayant de la « mode ´liser » par des outils « exte ´rieurs ». Ainsi, dans la pre ´sente e ´tude, le psychanalyste observateur interne te ´moigne au chercheur de son cheminement inte ´rieur au cours des premiers entretiens avec un nouveau patient, au moment ou ` il en a re ´alise ´ entre 2 uploads/Sante/ 1-s2-0-s2542360619301283-main.pdf