perspective infirmière mai > juin 2011 39 vec la température, la douleur, la pr

perspective infirmière mai > juin 2011 39 vec la température, la douleur, la pression artérielle et la respiration, le pouls est l’un des cinq paramètres fonda- mentaux que les infirmières évaluent quotidiennement. Reflet de l’activité du muscle cardiaque, cette pulsation est essentielle à la vie. Que ce soit la fréquence, le rythme ou l’amplitude, chaque composante de cette mesure mérite que l’on s’y attarde. À chaque contraction cardiaque, une onde de pression est générée par le sang éjecté par le ventri- cule gauche dans l’aorte : il s’agit du pouls. Cette onde se transmet dans l’ensemble du réseau arté- riel périphérique. Elle précède le flot artériel. La prise du pouls a plusieurs objectifs dont l’éva- luation de la perméabilité circulatoire. Ainsi, l’éva- luation symétrique simultanée de l’amplitude des pouls tibiaux postérieurs permet de déterminer si les artères sont perméables de manière adéquate, mais également symétrique. Cette observation est particulièrement utile en suivi postopératoire après une chirurgie unilatérale lorsque l’on veut vérifier si la circulation artérielle est redevenue normale. La prise du pouls sert également à évaluer l’état hémodyna- mique. Par exemple, l’élévation de la fréquence cardiaque par suite de l’augmentation de la stimulation sympathique provoquée par la douleur, ou encore la diminution radicale de l’amplitude en présence d’hypotension grave. Fréquence cardiaque Chez l’adulte, la fréquence cardiaque est évaluée le plus souvent en palpant le pouls radial. Le bras de la personne est placé avec la paume vers le haut tandis que l’index, le majeur et l’annulaire de l’infirmière appuient légèrement sur l’artère radiale. Le rythme cardiaque correspond à la régularité du battement cardiaque. S’il est régulier, on en cal- cule la fréquence pendant 15 secondes et on multiplie ce nombre par 4 pour obtenir une mesure sur une minute. S’il est irrégulier, sa fréquence sera calculée pendant une période de 60 se- condes. Cette particularité doit être notée au dossier. Dans le cas où le rythme est irrégulier, il est intéressant de recourir au stéthoscope. L’auscultation du pouls apical permet alors de vérifier si on est en On perçoit le pouls en pressant légèrement les bouts de l’index, du majeur et de l’annulaire sur un trajet artériel. A ÉVALUATION CLINIQUE « Le sentez-vous ? » Boum, boum, un cœur qui bat, une onde se propage… Que dit le pouls ? par Lyne Cloutier, inf., Ph.D., et Anie Brisebois, inf., M.Sc. Le pouls perspective infirmière mai > juin 2011 39 © Marcel La Haye perspective infirmière mai > juin 2011 40 présence d’un pouls déficitaire, c’est-à-dire d’un pouls dont la fré- quence est inférieure à celle calculée au cœur. En effet, la pulsa- tion dans l’artère périphérique reproduit l’onde pulsatile. Il peut arriver que les contractions systoliques soient moins efficaces, par exemple en présence d’une arythmie ventriculaire. Le manque d’impulsion affaiblit l’onde du pouls qui devient alors peu per- ceptible ou même, incapable d’atteindre le réseau périphérique. Dans un cas pareil, on perçoit un silence entre deux pulsations, une pause qui peut être interprétée comme un pouls irrégulier, et ce, même si la contraction cardiaque a bel et bien eu lieu. L’aus- cultation simultanée, c’est-à-dire en même temps que la palpation du pouls radial, aurait alors permis de constater que la fréquence cardiaque au cœur est supérieure à celle perçue à l’artère radiale. Il s’agit ici d’un pouls déficitaire. L’auscultation du pouls apical est faite en plaçant le stétho-­ s­ cope sur le cinquième espace intercostal à la ligne médioclavicu- laire gauche. Les deux battements entendus, « boum boum », reflè- tent la fermeture en alternance des valvules auriculoventriculaires (mitrale et tricuspide) et sigmoïdes (aortique et pulmonaire). Pour mesurer le pouls apical, on ne doit calculer qu’un seul battement par cycle cardiaque. La fréquence normale chez l’adulte varie de 60 à 100 battements par minute. On parle de bradycardie s’ils sont inférieurs à 60 et de tachycardie s’ils sont supérieurs à 100. Fréquence élevée Plusieurs stimuli peuvent entraîner une élévation de la fréquence car- diaque. Par exemple, la fièvre parce qu’elle active le métabolisme, ou encore un changement brusque de position parce qu’il stimule le sys- tème sympathique. Dans les deux cas, il s’agit d’un état transitoire. La fréquence cardiaque peut par ailleurs demeurer élevée et ce, même au repos. Des études récentes associent une fréquence cardia- que élevée au repos à un risque accru d’accident cardiovasculaire. Ce n’est pas un phénomène banal et les infirmières doivent s’en préoc- cuper autant en ce qui concerne la clientèle hypertendue que celle ayant subi un infarctus, ou encore que la population en général (Cook et Hess, 2007). Ainsi, elles doivent se demander : « L’élévation de la fréquence cardiaque correspond-elle à une fièvre ou à la consomma- tion de produits contenant beaucoup de caféine, par exemple de bois- sons énergisantes ? » Sans cause plausible, l’infirmière pourra alors évaluer les autres facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire et amorcer des interventions préventives. Fréquence ralentie On observe souvent une fréquence cardiaque lente au repos (60 bat- tements par minute ou moins) chez les sportifs pratiquant régulière- ment un entraînement aérobique. Le muscle cardiaque acquiert de la force et requiert moins de battements par minute pour assurer une bonne circulation sanguine. L’infirmière doit porter une attention particulière aux person- nes dont les battements se situent autour de 60 en raison de leurs médicaments. C’est le cas des bêtabloquants (aténolol) ou encore des inhibiteurs des canaux calciques non dihydropyridines (véra- pamil). Le cœur de ces patients est volontairement ralenti pour diminuer la charge de travail. Ainsi, la fièvre n’a que peu ou pas d’effet sur les patients prenant des bêtabloquants. Un lever brus- que après une longue immobilisation peut même entraîner une chute de pression artérielle chez ces patients, leurs mécanismes compensateurs ne pouvant s’activer. Rythme cardiaque Le rythme cardiaque est une succession de contractions cardiaques. Le terme anglais « heart rythm » est souvent traduit à tort par « rythme L’auscultation simultanée, c’est-à-dire en même temps qu’une palpation du pouls radial, permettra alors de constater que la fréquence cardiaque au cœur est supérieure à celle perçue à l’artère radiale. L’auscultation du pouls apical est faite en plaçant le stéthoscope sur le cinquième espace intercostal à la ligne médioclaviculaire gauche. perspective infirmière mai > juin 2011 40 Attention aux appareils On ne peut prendre le risque d’obtenir des résultats erronés en laissant les tensiomètres faire le travail « à notre place ». La technologie permet à plusieurs sphygmomanomètres et saturomètres d’indiquer presque instantanément la fréquence cardiaque. Par ailleurs, la calibration du temps d’évaluation n’est pas standardisée. Certains appareils mesurent la fréquence cardiaque pendant une période de deux, cinq ou dix secondes avant d’afficher la valeur estimée sur une minute. En y pensant, on comprend rapidement que cette période est insuffisante et qu’en présence d’arythmies, les valeurs indiquées risquent d’être erronées. De plus, en affichant seulement la fréquence, toutes les données révélant la présence potentielle d’une arythmie ou d’une modification de l’amplitude sont absentes. © Lyne Cloutier perspective infirmière mai > juin 2011 41 Pub_perspective.indd 1 11-03-10 17:00 cardiaque » pour parler de la « fréquence ». Dans le langage parlé, on trouve l’expression « décompte du rythme cardiaque » alors qu’il s’agit en fait du « calcul de la fréquence cardiaque ». Contrairement à la fréquence cardiaque, qui n’est qu’une don- née quantitative (nombre de contractions par minute), le rythme cardiaque fait aussi référence à des données qualitatives (façon dont les contractions se succèdent). Ainsi, le rythme cardiaque qualifie la régularité du cœur. Est-il régulier ou irrégulier ? S’il est irrégulier, est-il régulièrement irrégulier ou irrégulièrement irrégulier ? Encore une fois, il faut souligner que les appareils ne peuvent évaluer le rythme cardiaque. En présence d’aryth- mies, certains appareils doivent être utilisés avec circonspection. C’est le cas par exemple des sphygmo­ mano­ mètres oscillométriques permettant des mesures répétées (Cloutier, 2011). L’arythmie est un phénomène fréquent au Canada. La fibrilla- tion auriculaire, à elle seule, touche près de 0,4 % de la popula- tion (Levasseur, 2002). Le principal danger lié à ce type d’aryth- mie est l’accident vasculaire cérébral. Il faut aussi savoir que les patients souffrant d’arythmie cardiaque ne présentent pas tous des signes ou des symptômes importants. Certains ressentent des palpitations, soit une sensation que leur cœur bat rapidement ou s’accélère, ou encore ils ont l’impression que leur cœur bat par « à-coups ». Il est important de leur faire décrire le plus précisé- ment possible leurs symptômes et de poser les questions pertinen- tes. D’autres éprouvent de la fatigue. Dans tous les cas, un examen cardiovasculaire détaillé s’impose ainsi que la rédaction de notes d’observation détaillées. Amplitude L’amplitude doit être évaluée par palpation. Au plan hémodyna­ mique, elle révèle la force des contractions cardiaques. Ainsi, un pouls filant peut indiquer une hypotension artérielle, une hypovolémie ou une insuffisance cardiaque. Une amplitude augmentée ou pouls bon- dissant peut révéler une augmentation de la force des contractions, une augmentation du volume d’éjection, une résistance périphérique augmentée ou la combinaison de plusieurs de ces phénomènes. Ainsi, un exercice physique intense, une fièvre, une surcharge vasculaire ou uploads/Sante/ 14-pouls.pdf

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  • Publié le Dec 06, 2022
  • Catégorie Health / Santé
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