1 L’être humain est profondément relationnel1. Il se développe en lien avec les
1 L’être humain est profondément relationnel1. Il se développe en lien avec les autres et trouve, dans les relations, réponse à des besoins fondamentaux : amour, reconnaissance, plaisir, partage, connaissance de soi, accomplissement, etc. Pourtant, malgré l’importance du besoin d’être en lien, la solitude est de plus en plus présente dans nos sociétés : au Québec seulement, le tiers des ménages est constitué de personnes seules2. Une personne sur douze mentionne n’avoir aucune relation d’amitié2. La solitude touche toutes les couches de la société et n’épargne pas les jeunes, pour qui ce vécu s’accompagne souvent de honte, en particulier lorsqu'ils se comparent aux profils Facebook de personnes ayant des dizaines d’amis2. La solitude, même si elle peut faire partie d’une vie riche, et permettre un contact à soi et à sa créativité, peut devenir une source de souffrance importante lorsqu’elle se transforme en isolement chronique et non souhaité. Cette expérience peut même s'avérer aussi nocive pour la santé que la cigarette et la sédentarité2. Vous trouverez, à travers ce document, de l’information pour distinguer la solitude nourrissante de celle qui mène à la souffrance, ainsi que des pistes pour retrouver la capacité à être bien seul tout en restant relié aux autres. Apprivoiser la solitude Document préparé par Mélanie Thibault, psychologue, et l’équipe PE-SPO (Pauline Archambault, Marie-France Girard, Émilie Pigeon-Moreau, Joanie Poirier, Marie-Claude Robert et Jessica Levasseur). Service de psychologie et d’orientation de l’Université de Sherbrooke, Pavillon de la vie étudiante Téléphone: 819 821-7666—SPO@USherbrooke.ca 2 Être seul ou se sentir seul Le terme solitude peut évoquer le fait objectif d’être seul, mais peut aussi référer au sentiment d’être seul. En effet, on peut vivre de la solitude même si on est entouré de plusieurs personnes3. On peut donc distinguer deux formes de solitude. La première est la solitude sociale, qui réfère au fait de n’avoir presqu’aucun contact interpersonnel3,4,5,6. On parle alors d’isolement, un état qui s’accompagne souvent d’un sentiment d’exclusion4. La solitude affective, quant à elle, réfère à l'absence de liens affectifs intimes de qualité, et ce, malgré que la personne possède un réseau social3,4,5,6. La personne éprouve alors un mal-être en lien avec le manque de relations significatives : n’avoir personne à qui se confier et avec qui être authentique, peut créer un fort sentiment de vide et de solitude. Alors que choisir d’être seul de façon ponctuelle peut être enrichissant, être seul de façon chronique et non souhaitée peut devenir source de souffrance. Diverses raisons peuvent amener un individu à vivre de la solitude. Dans certains cas, la solitude peut être imposée, mais transitoire, comme lors d’une séparation, d’un déménagement ou de la mort d’un proche7. Dans ces circonstances, il reste important de chercher à nourrir son réseau social par d’autres moyens, puisque c’est celui-ci qui aide à faire face plus facilement à ces épreuves difficiles8. Dans d’autres cas, la solitude peut être délibérément choisie par un individu. Il est fréquent que des personnes ayant vécu des relations souffrantes choisissent de s’isoler, afin de se protéger. Cela peut être le cas, par exemple, des personnes ayant vécu de l’intimidation, de la violence ou des mauvais traitements. Cependant, en optant pour ce mode de protection, l’individu rejette par le fait même les relations sociales saines et se maintient dans l’isolement. Certains choisissent également un mode de vie qui génère plus de solitude. Citons par exemple, ceux qui doivent changer régulièrement de ville pour étudier ou travailler, ou encore ceux qui sont confrontés à une charge de travail tellement importante, qu’ils ne trouvent plus de temps pour entretenir leurs relations9. Il convient de rester prudent face à ce type d’isolement, puisque cela fragilise l’individu qui sera alors moins apte à faire face aux épreuves de la vie8. À l’inverse, il y a aussi des personnes qui choisissent de s’isoler temporairement pour profiter des bienfaits qu’apporte la solitude. Dans ce cas, l’isolement sera plutôt utilisé en vue de mieux se connaitre et éventuellement, permettra de créer des relations interpersonnelles harmonieuses7. 3 Plusieurs facteurs peuvent également prédisposer un individu à vivre plus de solitude, dont le manque d’habiletés sociales, la timidité et l’introversion. Le manque d’estime de soi est aussi un facteur important : une faible estime de soi peut amener à vivre un sentiment plus ou moins constant d’échec et de honte dans les relations. Éventuellement, l’individu qui en souffre s’isole en évitant les contacts sociaux3. Par ailleurs, certains problèmes de santé mentale peuvent également mener à vivre plus de solitude, comme c’est le cas de la dépression et des troubles anxieux8. En effet, l’anxiété, particulièrement l‘anxiété sociale, peut amener la personne qui en souffre à éviter les contacts sociaux de peur d’y vivre des émotions difficiles, ce qui génère plus de solitude10. Les périodes prolongées d’isolement peuvent mener à une détresse prenant la forme de puissants sentiments d’ennui, de tristesse, de désespoir et de dévalorisation. Cela augmente donc le risque de développer un état dépressif3. En outre, peu importe la cause de l’isolement, il est reconnu que celui-ci rend plus vulnérable sur le plan de la santé psychologique et de la santé physique,7,8 au point qu’il augmente le risque de décès par maladie ou même par suicide2. Le support social serait d’ailleurs le facteur de protection le plus important face à notre espérance de vie2. Un réseau social de qualité permet donc aux individus de faire face plus facilement au stress provoqué par les épreuves de la vie, ce qui réduit les facteurs de risque pour la santé mentale et physique8. La solitude chez l’étudiants L’entrée à l’université représente un défi important pour les jeunes adultes. En effet, de nombreux étudiants sont contraints de déménager dans une nouvelle ville pour poursuivre des études supé- rieures11. Ceci engendre, non seulement une perte de repères pour eux, mais aussi de grands chan- gements dans leur vie relationnelle12. Ces jeunes adultes se retrouvent alors loin de leurs proches, et confrontés à une situation où ils peuvent se sentir perdus dans une communauté entièrement com- posée d’inconnus11. Les recherches indiquent que 40% des étudiants qui arrivent à l’université vivent un sentiment de solitude dont l’intensité varie de moyenne à élevée33. La peur de perdre ses anciens amis est souvent présente13. Ces changements dans les relations interpersonnelles s’accompagnent aussi d’une nouvelle autonomie à laquelle tous n’étaient pas préparés12. Ils se doivent désormais de gérer leur temps, leurs finances et l’ensemble des aspects de leur vie, en plus de se trouver un loge- ment. Cela constitue une grande responsabilité pour de jeunes adultes3. Également, ils se trouvent plongés dans une nouvelle réalité académique où les attentes sont particulièrement élevées12. Cer- tains étudiants en viennent donc à travailler de façon excessive, que ce soit en fonction des exi- gences du programme ou de leurs exigences personnelles12. Entre autres, ils ressentent de l’anxiété et de la culpabilité lorsqu’ils ne travaillent pas, se fixent des buts très élevés et ne s’attribuent pas de temps libres pour s’amuser, voir des amis ou se reposer12. 4 La communication Toutes ces réalités peuvent générer de grandes anxiétés chez les nouveaux étudiants, et éventuellement, les mener à un épuisement causé par les multiples activités dans lesquelles ils tentent d'exceller12. Ce sont souvent leurs besoins sociaux et psychologiques qui sont alors sacrifiés pour arriver à correspondre aux standards de réussite qu’on leur demande d’atteindre, ou qu’ils se sont fixés personnellement12. Bref, à travers ces nouveautés, le jeune adulte devient vulnérable au sentiment de solitude. D'ailleurs, en première année, les étudiants universitaires qui se sentent seuls sont trois fois plus nombreux à éprouver des difficultés psychologiques que ceux qui ne se sentent pas seuls. Ils sont aussi plus nombreux à échouer leurs examens11. De leur côté, les étudiants internationaux sont eux aussi soumis aux phénomènes décrits précédemment14. Cependant, à ceux-ci peuvent s’ajouter une distance géographique bien plus grande avec leurs proches, une barrière linguistique, une culture différente et d’autres difficultés pédagogiques14. Également, le système scolaire varie beaucoup d’un pays à un autre, ce qui demande une période d’adaptation14. Aussi, s’informer sur le fonctionnement des cours, et adopter des comportements visant à briser l’isolement social et pédagogique, sont les meilleurs moyens de faciliter son intégration14. Les étudiants universitaires des cycles supérieurs sont aussi à risque de vivre plus de solitude lorsqu'ils en sont à l'étape de rédaction de leur thèse ou de leur mémoire15. Cette étape cruciale des études supérieures est une activité plutôt solitaire qui peut s’étirer dans le temps. Les étudiants se retrouvent alors seuls chez eux, à gérer leur horaire de travail, et peuvent parfois vivre une période très difficile. Leurs contacts sociaux sont réduits par rapport à la période où ils avaient des cours. Cela peut avoir des impacts importants sur leur motivation et leur capacité à poursuivre leur rédaction. D’ailleurs, il existe maintenant des retraites de rédaction où les étudiants se retrouvent pour rédiger ensemble, ce qui brise l’isolement des étudiants aux cycles supérieurs16. (Consultez le site www.Thesez-vous.com pour des informations sur les retraites de rédaction.) 5 Certaines personnes recherchent activement les moments de solitude alors que d'autres les fuient comme uploads/Sante/ brochure-solitude-2021-finale-01.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 02, 2022
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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