Les compétences psychosociales, c’est la capacité d’une personne à maintenir un
Les compétences psychosociales, c’est la capacité d’une personne à maintenir un état de bien‑être lui permettant de répondre aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. Les compétences psychosociales : définition et état des connaissances É galement nom‑ mées habiletés ou aptitudes psychosociales, les com‑ pétences psychoso‑ ciales (CPS) sont des compétences indivi‑ duelles de nature psy‑ chologique qui sont indispensables à toute vie sociale (life skills). Que signifie « compétences psychosociales » ? En 1993, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) introduit le concept et fait référence, en premier lieu, à une compétence psychosociale globale : « la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne. C’est la capacité d’une personne à maintenir un état de bien‑être subjectif qui lui permet d’adopter un comportement approprié et positif à l’occasion d’interactions avec les autres, sa culture et son environnement. La compétence psychosociale joue un rôle important dans la promotion de la santé dans son acception large ren‑ voyant au bien‑être physique, psychique et social » [1]. L’OMS propose de subdiviser cette compétence globale en sous‑CPS qui sont, dans un premier document, arti‑ culées autour de cinq paires de compé‑ tences : savoir résoudre des problèmes/ savoir prendre des décisions, avoir une pensée créative/avoir une pensée critique, savoir communiquer effica‑ cement/être habile dans les relations interpersonnelles, avoir conscience de soi/avoir de l’empathie, savoir réguler ses émotions/savoir gérer son stress. Dans les documents suivants de l’OMS, le nombre de CPS augmente et elles sont regroupées en trois grandes catégories [2‑4]. 1. Les compétences sociales (ou inter‑ personnelles ou de communication) • les compétences de communica‑ tion verbale et non verbale : écoute active, expression des émotions, capa‑ cité à donner et recevoir des feedback ; • les capacités de résistance et de négociation : gestion des conflits, capa‑ cité d’affirmation, résistance à la pres‑ sion d’autrui. L’empathie, c’est‑à‑dire la capacité à écouter et comprendre les besoins et le point de vue d’autrui et à exprimer cette compréhension ; • les compétences de coopération et de collaboration en groupe ; • les compétences de plaidoyer (advocacy), qui s’appuient sur les com‑ pétences de persuasion et d’influence. 2. Les compétences cognitives • les compétences de prise de déci‑ sion et de résolution de problème ; • la pensée critique et l’auto‑ évaluation, qui impliquent de pouvoir analyser l’influence des médias et des pairs, d’avoir conscience des valeurs, attitudes, normes, croyances et fac‑ teurs qui nous affectent, de pouvoir identifier les (sources d’) informations pertinentes. 3. Les compétences émotionnelles (ou d’autorégulation) • les compétences de régulation émotionnelle : gestion de la colère et de l’anxiété, capacité à faire face à la perte, à l’abus et aux traumatismes ; • les compétences de gestion du stress, qui impliquent la gestion du temps, la pensée positive et la maîtrise des techniques de relaxation ; • les compétences favorisant la confiance et l’estime de soi, l’auto‑ évaluation et l’autorégulation. Élisabeth Luis, étudiante de master en psychologie à l’université de Genève et stagiaire à l’Inpes, Béatrice Lamboy, docteur en psychologie, directrice des programmes, Inpes. 12 LA SANTÉ EN ACTION – No 431 – Mars 2015 Dossier Développer les compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes Quel est l’historique de ce concept ? En 1986, dans la charte d’Ottawa de l’OMS, la notion de compétences psychosociales, life skills en anglais, est présentée comme un élément essentiel de la promotion de la santé, comme un axe d’intervention majeur dans le cadre du développement des compétences individuelles [5]. Mais c’est en 1993 que le concept de compétences psychoso‑ ciales est largement mis en avant sur la scène internationale, dans le cadre d’un document de référence publié par l’OMS [1]. Dans ces deux documents de base, l’OMS souligne l’importance de promouvoir ces compétences afin de favoriser la santé globale positive (physique, psychique et sociale) [1, 5]. Depuis les années 2000, l’Unicef a publié de nombreux rapports sur les CPS et cherche à favoriser l’implanta‑ tion de programmes ou de parcours éducatifs visant à développer les CPS dans le monde entier [6]. En amont et en parallèle du déve‑ loppement du concept via les grands organismes internationaux de santé publique, les CPS ont été travaillées et promues dans le cadre de programmes de prévention tels que le LifeSkills Trai‑ ning (LST). Le célèbre programme LST de prévention de la consommation de substances psychoactives a été déve‑ loppé, à la fin des années soixante‑dix, par un psychologue américain, Gilbert Botvin, et validé par des études d’effica‑ cité [7]. Depuis trente ans, de nombreux programmes de prévention s’appuyant sur les CPS ont été développés et validés sur différentes thématiques de santé (santé mentale, addictions, santé sexuelle, etc.). Les CPS se situent donc à la croisée de la promotion de la santé et de la prévention des problèmes de santé, de la santé physique et de la santé men‑ tale. Elles sont aujourd’hui reconnues comme un déterminant clé de la santé et du bien‑être sur lequel il est possible d’intervenir efficacement. Quels sont les enjeux des CPS ? En effet, l’insuffisance du déve‑ loppement des compétences psycho sociales est l’un des déterminants majeurs de comportements à risque tels que la prise de substances psycho actives, les comportements violents et les comportements sexuels à risque, qui sont eux‑mêmes des déterminants de pathologies (addictions, IST, troubles des conduites, etc.) [2]. On parle alors de déterminants de détermi‑ nants (causes of the causes, en anglais). Développer les CPS permet donc de prévenir efficacement des problèmes COMPÉTENCES SOCIALES, COGNITIVES, ÉMOTIONNELLES : DE QUOI PARLE‑T‑ON ? Compétences sociales (ou interpersonnelles ou de communication) Compétences cognitives Compétences émotionnelles Compétences de communication verbale et non verbale : écoute active, expression des émotions, capacité à donner et recevoir des feedback. Compétences de prise de décision et de réso‑ lution de problème. Compétences de régulation émotionnelle : gestion de la colère et de l’anxiété, capacité à faire face à la perte, à l’abus et aux traumatismes. L’empathie, c’est‑à‑dire la capacité à écou‑ ter et comprendre les besoins et le point de vue d’autrui et à exprimer cette com‑ préhension. Pensée critique et l’auto‑ évaluation qui im‑ pliquent de pouvoir analyser l’influence des médias et des pairs, d’avoir conscience des valeurs, attitudes, normes, croyances et facteurs qui nous affectent, de pouvoir identifier les (sources d’) informations pertinentes. Compétences de gestion du stress qui im‑ pliquent la gestion du temps, la pensée positive et la maîtrise des techniques de relaxation. Capacités de résistance et de négociation : gestion des conflits, capacité d’affirmation, résistance à la pression d’autrui. Compétences d’auto‑évaluation et d’auto‑ régulation qui favorisent la confiance et l’estime de soi. Compétences de coopération et de colla‑ boration en groupe. Compétences de plaidoyer qui s’appuient sur des compétences de persuasion et d’influence. L’ESSENTIEL Ç Ç Savoir résoudre des problèmes, communiquer efficacement, avoir conscience de soi et des autres, savoir réguler ses émotions : telles sont quelques‑unes des compétences psychosociales (CPS) des personnes. Ç Ç Depuis trente ans, de nombreux programmes de prévention s’appuyant sur le développement de ces compétences ont été mis en œuvre à travers le monde. Ç Ç Les CPS sont reconnues comme un déterminant clé de la santé et du bien‑être, sur lequel il est possible d’intervenir efficacement. Ç Ç Toutefois, ce type d’intervention n’est mis en œuvre que de manière relativement récente en France. 13 de santé mentale, de consommation de substances psychoactives (drogues illicites, tabac, alcool), des comporte‑ ments violents et des comportements sexuels à risque [2, 8‑23]. À quoi sert le développement des CPS ? Chez les enfants, le renforcement des CPS favorise le développement global (social, émotionnel, cognitif, physique), améliore les interactions, augmente le bien‑être et contribue donc à diminuer les comportements défavorables à la santé et à augmenter les comportements favorables. Les CPS jouent aussi un rôle essentiel dans l’adaptation sociale et la réussite éducative. Chez les adolescents, outre les effets observés chez l’enfant (déve‑ loppement global, bien‑être, etc.), le développement des CPS permet de prévenir la consommation de subs‑ tances psychoactives (drogues illicites, tabac, alcool), les problèmes de santé mentale, les comportements violents et les comportements sexuels à risque [2]. Chez les adultes, il agit toujours sur le bien‑être subjectif et la qua‑ lité des relations. Il favorise, chez les parents, les pratiques éducatives positives. L’empathie, la capacité à répondre adéquatement aux besoins fondamentaux et la mise en œuvre de règles et de limites constructives en sont des exemples. Ces compétences et pratiques éducatives permettent l’établissement de relations positives entre parents et enfants, et augmentent le sentiment d’efficacité parentale. Ces CPS parentales ont également de l’impact sur les enfants et les ado‑ lescents. Chez les enfants, elles sont associées à une meilleure estime de soi, des capacités de résilience, de meilleurs résultats scolaires, de plus grandes compétences sociales, une moindre association à des pairs ayant des com‑ portements antisociaux et un faible niveau d’anxiété et de dépression [25]. Chez les enfants et les adolescents, il a été démontré que les CPS parentales étaient des facteurs de protection des troubles de uploads/Sante/ doc00002431.pdf
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- Publié le Jul 10, 2022
- Catégorie Health / Santé
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